Tour du Mont Blanc – A quoi s’attendre et comment s’y préparer ?

par Expérience Outdoor
coucher de soleil lac des cheserys

Valentin GEVAUX, accompagnateur en montagne sur le TMB, vous donne ses trucs, astuces et conseils pour préparer son Tour du Mont Blanc (TMB )

Le Tour du Mont Blanc

Un sentier de trekking qui attire des touristes des 4 coins du monde. Le pitch est vendeur : 170km de randonnée balisée à cheval entre 3 pays, la France, la Suisse et l’Italie. Une moyenne de 10 jours de marche en autonomie. Et des options taxis, transports en communs, pour sauter une journée ennuyante ou éviter un orage. De même que des solutions pour le portage des bagages. Bref, les infos sur le Tour du Mont Blanc sont nombreuses sur internet, on ne va pas revenir dessus ici. On va essayer de vous aiguiller sur comment l’organiser pour que vous en profitiez au mieux.

Vous trouverez ici le récit de Julien sur son Tour du Mont Blanc de 4 jours en pré saison.

La saison

Les premiers tours guidés débutent en général la première semaine de Juin et se terminent fin Septembre.

Avant la neige est présente sur les cols. Il peut être judicieux de partir avec des chaussures d’alpinisme, crampons, piolets, voir éventuellement la corde si vous évoluez avec d’autres marcheurs peu expérimentés. Partir en début de saison rajoute une vraie dose d’aventure et ne sera pas de tout repos. Les glissades sur les névés peuvent être dramatiques. Les chaussures de trail lors des passages de col sont à proscrire. Gants et manches longues en cas de chutes sont préférables.

Dès le mois d’Avril les agences et le guides connaissent la tendance vis au vis des conditions de neige. Le mois de Mai sera le juge de paix mais vous pouvez facilement vous faire une idée avant de partir en les contactant.

Juillet-Aout est la saison touristique. Le chemin est bien tracé s’il reste des névés. Les températures sont généralement clémentes. Mais il y a beaucoup de monde sur les sentiers. La majeure partie des marcheurs démarrent des Houches et fait le tracer dans le sens anti horaire. La meilleure technique est de partir dans le sens horaire. Vous croiserez du monde en fin de matinée, au col à l’heure du pique nique et un peu en début d’après midi. 50% de votre journée vous serez tranquilles.

Septembre les températures rafraîchissent. La neige peut refaire son apparition. La clientèle internationale est encore là en masse avec les agences. L’eau se fait de plus en plus rare. Sur les sentiers et en refuge. Les travailleurs saisonniers sortent de 4 mois éprouvants et peuvent être un peu moins accueillants qu’en début de saison. Miser sur l’été indien du mois de Septembre est une idée, mais aux mauvaises surprises.

val ferret italien

Refuges & Bivouac

Au début du mois de Juin et à partir de la mi Septembre certains hébergements sont fermés. Les saisons sont plus courtes côté italien. Sans oublier le tunnel du Mont Blanc qui ferme généralement courant septembre jusqu’à l’hiver pour travaux ces dernières années.

Certains refuges ouvrent les réservations aux tours operators jusqu’à 2 saisons à l’avance. Le site du TMB vous permet de réserver vos places sur les différents refuges du circuit. Si jamais tout est complet et que vous ne pouvez modifier vos dates faites preuve de souplesse. Trient en Suisse est rapidement complet. La ville de Martigny est à 30min en Navette/Taxi. Côté Italien des bus gratuits tournent toutes les heures entre le Val Ferret – Val Veny et Courmayeur.

La vallée de Chamonix dispose aussi d’un système de bus. Gratuit pour les détendeurs d’un forfait de remontées mécaniques.

Ça rajoute un partie de logistique mais cela peut vous permettre d’effectuer ce trek mythique dans le cas où les refuges ne pourraient pas vous accueillir.

Pour ce qui est des bivouacs. Il est interdit en Suisse dans les vallées du tour du mont blanc. En Italie c’est également très compliqué. Des campings se trouvent sur Trient, Champex, Val Ferret, Val Veny si vous souhaitez faire ces 2 pays en tente.

Pour ce qui est de la France le bivouac est toléré sur les terrains publics. Du coucher au lever du soleil. Généralement étendu de 19h à 9h ces dernières années avec l’explosion de la pratique. Pensez à vous renseigner sur les bonnes pratiques du bivouac. Également demander l’autorisation si vous êtes sur des terrains privés ou à proximité des habitations afin d’éviter les mauvaises surprises. Les Réserves naturelles des Aiguilles rouges et des Contamines Montjoie ont également instauré des systèmes de permis ces dernières années. Pensez à regarder sur leurs sites les délimitations des réserves et comment faire pour poser votre tente dans ces zones.

bivouac sur le tour du mont blanc

Les orages

Durant l’été les orages sont fréquents sur le Tour du Mont Blanc comme dans le reste des Alpes du Nord. Ils arrivent la plupart du temps les après-midis.

Si vous vous faites prendre par l’orage :

  • Plus vous êtes haut plus vous êtes exposés 
  • Ne vous abritez pas sous un arbre isolé 
  • Ni sous un surplomb ou l’eau ruisselle 
  • Évitez les points d’eau 
  • Délestez vous de vos objets métalliques 
  • Si vous trouvez un abri écartez vous des murs 
  • Ne courrez pas 
  • Si vous êtes exposés à sseyez-vous sur votre sac pour vous isoler du sol et espacez-vous d’au moins 5m les uns dés autres.

On considérera un orage terminé 30min après avoir entendu le dernier coup de tonnerre.

Les orages évoluent vite. La météo 48h à l’avance n’est pas fiable. De 48h au matin cela vous donne une tendance et vous permet de vous organiser. Échangez avec votre hébergeur pour négocier un transfert ou un petit déjeuner très tôt le matin.

L’application MétéoSwiss dispose d’un système de radar pour les perturbations qui est précis à 2-3h avant l’orage. Vous savez quasiment à 15min près quand la perturbation arrive. Et ça fonctionne également sur les parties françaises et italiennes du TMB.

L’eau 

Elle est présente partout sur l’itinéraire. Les années de sécheresse c’est un peu plus compliqué et certains refuges peuvent rationner. Avant Août vous n’aurez pas de problème. Après ça dépendra des épisodes de sécheresse et de canicule. Renseignez vous.

Pour ceux qui ont les intestins bien accrochés et qui ont l’habitude de boire l’eau directement à la rivière la plupart du temps vous trouverez votre bonheur sur le Tour du Mont Blanc. 

Remplissez votre gourde directement à la sortie de la fontaine. Le plus haut possible dans la rivière. Également en amont des troupeaux ou des zones où l’on observe de la faune de montagne.

Bien évidemment, vous ferez vos besoins le plus loin possible des cours d’eau. Interdit à moins de 30m. Petite ou grosse commission.

Pour ceux qui ne veulent pas prendre de risques (et ils ont bien raison), de nombreuses façons de filtrer l’eau existent vous épargnant ces soucis.

Les secours 

Le numéro d’urgence en Europe est le 112. C’est le même pour les 3 pays. L’appel de secours se mettra sur un autre réseau que le vôtre si votre portable ne capte pas. 

Il y a également des endroits sur l’itinéraire comme en Savoie, ou certaines vallées en Suisse qui sont en zone blanche. Il faut éviter d’avoir un problème à ces endroits là 😉

Au cas où vous croiserez certainement du monde pouvant vous aider.

Repérez également où se situent les refuges par rapport à votre position pour aller demander de l’aide. 

Pour partir plus sereinement il y a également des téléphones satellites qui existent. Des balises satellites Garmin. Le système Starlink. Mais aussi les iPhone dernière génération qui sont équipés gratuitement d’un système de téléphone satellite. À partir du modèle iPhone 14.

Vous pouvez aussi vous faire encadrer par un accompagnateur en montagne.

La chasse 

L’Automne marque l’arrivée de la chasse. Renseignez vous pour les variantes et le hors sentier quand vous partez au mois de Septembre. La législation diffère entre les 3 pays et les chasseurs eux mêmes ne sont pas toujours au courant de ce qu’il se passe pour les équipes de vallée d’à côté. 

Portez des vêtements colorés si vous souhaitez sortir des sentiers au mois de Septembre et n’hésitez pas à faire un peu plus de bruit que d’habitude si vous vous retrouvez à bartasser dans les buissons.

Les chutes de pierre

Avec le réchauffement climatique les chutes de pierres sont devenues un réel danger en montagne dans les Alpes. Le sol gelé (permafrost) subit un phénomène de gel et dégel (la gélifraction). Le souci sur le tour du Mont Blanc se situe aux environs des 3000m. Les sols restent gelés l’hiver et le printemps. Puis avec l’arrivée des premières chaleurs les sols dégèlent. La glace (10% de volume en + que l’eau) qui cimente les roches fond. Cela fragilise le rocher. Le jour se passe. La nuit suivante nouveau regel. Puis dégel le lendemain. Etc… 

Les chutes de pierre peuvent arriver de n’importe où. Pensez à regarder et ouvrir les oreilles quand vous traversez des pierriers et des cônes de déjection.

Une attention toute particulière est nécessaire ces dernières années pour ceux qui prendront la variante de la Fenêtre d’Arpette ainsi qu’au Col des Tufs (section entre le Col du Bonhomme et les Lacs Jovets).

Les punaises de lit

Un véritable fléau et un sujet tabou dans le milieu de l’hébergement d’altitude. Si le GR20 est le principal ambassadeur de la punaise de lit, l’arc alpin n’est pas épargné. Il est possible d’en retrouver en refuge sur le TMB. Dans votre hôtel à Chamonix ou même dans un Airbnb à Annecy.

La punaise va venir vous mordre pendant la nuit. Au petit matin ça gratte et les boutons sont généralement alignés (on les diffère du moustique comme ça). C’est inconfortable mais le réel danger est de les ramener chez vous. Personne n’est à l’abri.

Inutile de psychoter mais quelques bonnes pratiques vous permettent de diminuer significativement les risques.

La première règle :

la punaise n’aime pas la lumière. Elle ne sortira que la nuit ou dans les pièces sombre.

La deuxième règle est la communication. Inspectez sous votre matelas (regardez si vous voyez des taches rouges/noires de quelques millimètres). Si c’est le cas prévenez l’hébergeur. Idem si vous arrivez avec des punaises ou que vous vous réveillez au petit matin avec des morsures. Certains mettent en place des protocoles stricts pour lutter au mieux contre ce fléau. Mais il est nécessaire de les prévenir pour qu’ils puissent effectuer les traitements au plus vite et ne pas laisser plusieurs voyageurs se faire infecter les nuits suivantes.

Il existe des bombes/spray. Rien n’est réellement magique. Vous pouvez asperger vos fermetures éclaires de sacs/valises.

Essayez d’être méthodiques quand vous arrivez en refuge avec vos affaires. Ne laissez pas traîner tout et n’importe quoi sur les moquettes et les lits. Fonctionnez avec des sacs étanches et isolez vos affaires pour la nuit dans une housse à part entière.

Apparemment la punaise n’aimerait pas l’odeur de l’huile essentielle de tea-tree. Vous pouvez vous procurer un flacon avec spray. Mélanger l’huile de tea-tree avec de l’eau et asperger matelas et couvertures. Vous embaumez la pièce mais vous diminuez le risque.

Enfin, si jamais vous vous faites mordre. 

Protéger vos sacs

Isolez les affaires que vous portiez au moment du crime dans un sac étanche ou sac poubelle. Petit coup de spray, bombe, tea tree, tout ce que vous voulez. Fermer avec du scotch. Transporter à l’extérieur de votre sac à dos.

Si rien ne se passe la nuit suivante vous avez trouvez là ou les coupables. Si ça continue c’est la merde…

Lorsque le tour est terminé il est important d’isoler toutes les affaires susceptibles d’être contaminées. 

Si vous voulez la jouer Monk jusqu’au bout vous pouvez prévoir une tenue de rechange dans votre véhicule et sceller toutes vos affaires de trek avant de monter dedans. De même avant d’arriver dans votre logement. Strip tease sur le palier et douche direct.

Chaud ou froid ?

La punaise ne survit pas à 70 degrés Celsius. Une option est de faire bouillir vos affaires. Pratique.

Tout laisser dans des sacs poubelles quelques jours en plein caniard et même dans le coffre de votre voiture ( un vrai four ) peut également être une solution.

Et pour vos vêtements qui ne peuvent pas supporter un lavage au dessus de 40°C, la solution la plus simple est le congélateur. -18 degrés Celsius pendant 72h et la punaise ne survivra pas. 

Se faire mordre par des punaises n’est pas grave en soit. C’est la ramener chez soit qui est embêtant. Elle affectionne le bois, les plinthes, le lambris. En fonction de la configuration de votre logement il peut être très difficile et onéreux de s’en débarrasser.

Petit guide rédigé non pas pour planifier votre itinéraire sur le tour du mont blanc mais pour vous aider à faire en sorte qu’il se passe au mieux en évoquant des sujets qu’on ne pense pas toujours.

Cet article est forcément incomplet et chaque randonneur expérimenté dispose de ses propres « trucs et astuces ». À vous de comparer, tester et de vous faire votre propre opinion.

Lorsque qu’ils ne sont pas en montagne les accompagnateurs se feront un plaisir de vous aiguiller. Ça dépendra de si vous demander en début ou en fin de saison 😉

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