Alexandra ROLLAND, du blog de voyage En route Pour l’Asie, nous partage son expérience, son défi d’un retour d’un long voyage , ce difficile retour au quotidien après 6 mois en Asie du Sud Est.
6 mois en Asie du Sud Est
Nous y pensions depuis quelques temps comme une évidence. Partir longtemps à l’autre bout du monde et vivre à un autre rythme… Partir quelques mois loin de notre petit monde quotidien. Se détendre dans une société où tout s’accélère. Changer notre rapport au temps… Prendre le temps avec les gens, avec nous-mêmes, prendre conscience du temps qui passe, découvrir d’autres cultures, d’autres coutumes.
Prendre le temps d’apprendre des Autres, d’apprendre sur soi…Remplir notre vie d’émotions nouvelles. L’Asie nous a toujours attiré car c’était pour nous un continent totalement inconnu. On nous a souvent parlé de ce « sourire, de cette population adorable » que nous avions envie de découvrir ce mode de vie aux antipodes de la nôtre.
La fête du Têt à Hanoi, Vietnam Février 2018
Alors, parce qu’on repousse souvent les choses. Parce qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait. On s’est juste fait cette réflexion :
« On va le faire maintenant, avant que plus tard ne devienne jamais !. »
Nous avons donc décidé de faire une « pause » de 6 mois (on a trouvé que c’était un temps idéal pour un premier test !) dans notre vie professionnelle en prenant un congé sans solde.
Le Voyage en terres inconnues
Nous avions conscience au moment du départ que c’était une opportunité extraordinaire mais sans mesurer à quel point…Indéniablement, ce qui nous a fait le plus vibrer, c’est, à la fois, ce fougueux sentiment de liberté et surtout des formidables rencontres.
Entre Saïgon et Bali, entre la Malaisie imprévue et Singapour la moderne, entre la féerie d’Angkor au Cambodge et les Bouddhas Thaïlandais, entre ce coup de cœur avec la population du Vietnam, nous avons eu le temps de vivre des expériences extraordinairement riches en émotions…
On a aimé par-dessus tout cet instant où l’on débarque avec son sac à dos en territoire totalement inconnu. Plus aucun repère. Plus aucune habitude sur laquelle se raccrocher. On a rencontré des gens formidables. visité des endroits de fou. Entendu parler des tonnes de langues. Ouvert nos esprits à la différence comme jamais auparavant. Fait des trucs qui nous paraissaient absolument impossible il y a encore un an.
La diversité des situations et leur intensité nous ont donné l’impression de vivre 10 ans de notre vie en à peine 6 mois de voyage… On a appris énormément sur 6 pays et on a surtout eu affaire à des gens honnêtes et incroyablement bienveillants.
Vivre cette magnifique aventure de 6 mois en Asie du Sud Est restera une expérience riche et marquante au-delà de toute imagination. 6 mois à l’étranger, ça vous change, inévitablement…
Le défi du retour
Le retour d’un long voyage chez soi après une telle Aventure de plusieurs mois pourrait être considéré comme une étape à part entière du voyage. La phase la plus délicate, et c’est d’ailleurs celle dont on ne parle quasiment jamais…
En effet, mettre la clé dans la serrure de sa porte pour rentrer chez soi après une absence de 6 mois reste un moment un peu étrange. Chargé d’émotions quelques fois fort contradictoires. C’est la joie du retour. La peine de voir se terminer une grande Aventure. La joie de revoir ceux qu’on aime. La peine du retour à la vie « normale » où tout est plus prévisible. C’est surtout, lorsque vous êtes restée exposée de longs mois à la décontraction et au positivisme Asiatique, ressentir de plein fouet l’énergie négative et l’anxiété qui circulent dans l’hexagone et avoir l’impression de sortir tout droit du monde magique de Oui-Oui!
L’ascenseur émotionnel
Par conséquent, rentrer en France c’est clairement le choc de la réadaptation.
C’est se sentir agressée par la consommation de masse dans les magasins, par le bruit, les lumières, la foule et ressortir au bout d’une minute, dégoûtée par le « trop ».
C’est poser une question d’orientation à ses compatriotes dans la rue et donner raison aux étrangers quand ils disent que la France fait partie des pays les moins accueillants au monde…
Comme avoir pris un recul sur la vie et se rendre compte que cela dérange…
C’est avoir des attentes simples au quotidien et avoir l’impression qu’elles sont assimilées à un manque d’ambition plutôt qu’à une simple recherche de bonheur.
C’est répondre des dizaines de fois aux 3 questions « qui tuent ». Et se demander si l’aventure que l’on a vécue ne mérite pas plus que ces 3 questions :
« alors c’était comment ? »
« Quel pays as-tu préféré ? »
« Et il ne t’est rien arrivée ? « ….
C’est parfois se sentir étranger dans son propre pays…Se sentir plus seule en France qu’en 6 mois d’aventures sur les routes d’Asie du Sud Est et se dire que les rencontres sont plus évidentes en voyage que chez soi…
La fin d’une Aventure
Qu’importe la durée du voyage, au retour, on n’est ni tout à fait la même personne, ni tout à fait une autre. On le sait maintenant…On sait que beaucoup de choses ont changé, et le changement le plus important ne s’est pas opéré autour de nous, mais en nous.
En fait, on a juste compris qu’on évolue tous dans un monde de possibilités et non de contraintes…Tant de lieux qui n’étaient qu’un point sur une carte sont devenus des souvenirs. Tant de gens qui n’étaient que des nationalités sont devenus des regards et des sourires qu’on gardera précieusement dans nos cœurs. Tous ces gens que nous avons croisés ne se souviendront probablement pas de notre passage. Mais leurs visages à eux sont gravés, pour toujours, dans nos mémoires à nous ...
Le temps de la réadaptation
Les voyageurs au long cours disent qu’il est une légende. Il faudrait environ la moitié de la durée de son aventure pour se remettre sur les rails d’un « retour à la réalité »
On a profité d’une vie dont on n’a pas cherché à se soustraire le temps des 6 mois de voyage. Le voyage s’intègre dans cette vie extraordinaire que l’on tente toujours aujourd’hui de savourer jour après jour. dans les petits comme dans les grands moments. dans l’extra comme dans l’ordinaire. Comme dans le simple, le facile, le bien. Comme dans le complexe, le déstabilisant, le merveilleux…
Tout cela pour vous dire que si, un voyage se prépare, vous l’aurez compris : n’oubliez pas qu’il ne faut surtout pas négliger le retour…Il n’y a pas de « remèdes miracles » pour atténuer cette « réadaptation ». Les sentiments ressentis semblent étonnamment proches de la sensation que nous avions au moment de notre départ, il y a 6 mois en arrière…
Le retour d’un long voyage c’est quoi finalement, sinon un autre départ ?
Des conseils ?
Il semble indispensable d’avoir en tête un projet, de quelque nature qu’il soit :
- nouveau voyage (même un petit week-end ailleurs !)
- changement d’orientation professionnelle
- ouvrir un blog voyage, etc).
L’important est de rester curieux. De garder cette capacité à s’émerveiller. Ne pas reprendre sa vie où on l’avait laissé en partant sous peine de la retrouver un peu monotone…
Pour notre part, il y a eu changement de travail, ouverture d’un blog voyage, et déjà un autre projet de voyage au long cours qui commence à voir le jour. Nous participons aussi, régulièrement aux Apéros Voyageurs qui fleurissent aujourd’hui dans de nombreuses villes. Cela reste l’occasion de croiser d’autres voyageurs et de pouvoir partager nos expériences, nos anecdotes, nos petites astuces.
La gestion de notre retour ? Elle est en cours de téléchargement !
Alors finalement, non, le retour d’un long voyage ne signifie pas, pour nous, le simple « retour à la réalité ». Notre réalité, on l’a emportée dans nos sacs à dos et on la remporte avec nous, ici, comme une continuité du voyage pour construire une vie qui nous ressemble et nous plaise, où que l’on soit…On parlera plutôt de décalage sur la façon de voir la vie… Bientôt plus de 20 jours que nous sommes rentrées… Le décalage horaire s’estompe, pour le reste, vous avez compris, ce n’est pas encore gagné…
Quant au voyage, il ne finit pas plus quand on arrive qu’il ne commence quand on part. Il y a l’inertie du voyage. Tant qu’il en reste des traces visibles, je crois qu’on peut dire qu’on n’est pas encore tout à fait revenu… Chaque voyage comme chaque retour est une initiation à la vie.