Un coin de la Chine à vélo

par Expérience Outdoor
descente vers les Gorges du Saut du Tigre

Après le Kirghizistan, voyage à vélo en Chine la prochaine étape du voyage à vélo à travers l’Asie et l’Afrique pendant 1 an par Anais et Nicolas de  « 2 coins du monde 2 roues » .

Informations pour préparer un voyage à vélo en Chine

Date de notre voyage à vélo en chine

Séjour du 2 novembre au 15 décembre 2015.

Lieux visités

Xinjiang : D’Irkeshtam à Kashgar, Turpan
Gansu : Jiayuguan, Zhangye, Lanzhou, Hezuo
Sichuan : Chengdu, Emeishan, Leshan, route G318 (Kangding, Litang),
Yunnan : Shangri la, les gorges du Tigre, Lijiang, Shaxi, Dali, Kunming, Hekou

Pour dormir en Chine

Obligation d’aller dans les hôtels 3 étoiles dans les villes touristiques lorsqu’on est étranger (règle plus ou moins appliquée)
Beaucoup d’auberges de jeunesse
Camping sauvage facile
Utiliser Ctrip (plutôt que booking) pour trouver les auberges de jeunesse

Pour se restaurer / se réapprovisionner en Chine

Très simple, nombreuses commodités (restaurants, supermarchés), jamais besoin de prévoir plusieurs repas d’avance.
Plus limité sur la G318 (surtout hors saison) et difficile entre Litang et Shangri La.

Caractéristiques du voyage à vélo en chine

L’accès à l’eau en Chine :

Facile

Les transports en Chine

Relativement chers et difficile de se faire comprendre lorsqu’on transporte des vélos : Supplément pour les vélos (train et bus), besoin de wagon cargo pour le train (pas disponibles sur tous les trains et ni sur toutes les lignes). En bus, le vélo doit rentrer dans la soute (pas de vélo sur le toit).

Le climat en Chine

Nous n’avons jamais eu de pluie et nous avons eu très froid en montagne (G318).

Coût de la vie en chine

27€ par jour et par personne
Elevé car nous avons pris beaucoup de transports, plus d’hôtels que prévu à cause du froid et les activités touristiques sont généralement très chères.

La chine est elle une destination adaptée au vélo ?

Oui, mais se concentrer sur une zone et/ou ne pas multiplier les transports.
Les routes sont de très bonne qualité.

Communication en Chine

Les gens ne parlent pas anglais (sauf grandes villes et classes aisées). On conseille d’imprimer des mots clés en caractères chinois.

Conseil pour un voyage à vélo en Chine

Utiliser un VPN pour avoir accès à Google, Facebook et la plupart des blogs
En plus des vêtements chauds, prévoir des sur-chaussures et sur-pantalons. Les descentes sont longues et on se refroidit très vite.

Plus d’1 mois en vélo pour découvrir la Chine

Xinjiang

Sans surprise le temps ne s’est pas amélioré en passant la frontière. Le dérailleur de Nico, gelé, refuse toujours de réagir.
On est obligé de prendre un taxi pour parcourir les 140km de zone franche. Quelques âmes trainent çà et là autour des différents checkpoints. Avec toutes les formalités, le passage de la frontière nous aura pris la journée. Le vent est favorable, ça descend et l’autoroute déserte toute neuve est un billard. Dans ces conditions on a le temps de faire 40km avant que le soleil décline.

On s’arrête dans une ville de routiers. L’endroit ne fait pas rêver. Il n’y a quasiment que des hommes.
On trouve un restaurant plus attrayant que les autres et on entre se mettre au chaud. Le propriétaire nous laisse planter la tente dans la cour et nous propose de prendre une douche. Et elle est chaude!

Kashgar

Ce n’est pas la seule surprise. En arrivant à Kashgar on a un peu de mal à réaliser qu’on est en Chine. Les faciès ne sont pas « chinois ». Pas de lampions rouges avec des écritures en mandarin dans les ruelles, mais des mosquées et des gens qui parlent arabes ou ouighours.  Personne ne mange de riz mais des pains en forme de pizza, des grillades et des pates.

en vélo dans la vielle ville de Kashgar

Durant notre voyage à vélo en Chine dans la vielle ville de Kashgar

Le centre-ville est piéton ou uniquement accessible aux véhicules électriques. Remuant et silencieux en même temps.
En quittant le centre, on change d’univers. Grandes artères, bâtiments ultramodernes, on serre les fesses au carrefour. De chaque côté de la rue, il y a une voie dédiée aux 2 roues. Il ne faut pas se poser trop de questions : « fais attention à celui qui est devant toi » et à charge de celui qui te suit de faire attention à toi. etc. On observe pas mal d’accrochages sans gravité et les gens n’y prêtent pas beaucoup d’attention.

Carrefour historique de la route de la soie, on trouve de tout au bazar de Kashgar. On y échangeait des chameaux contre des yaks pour poursuivre la route vers l’ouest. On se contente de faire le plein de fruits secs et d’épices et on se fait un repas de melons, grenades, bananes, etc.

Turpan

Le 5 novembre, on prend le train pour Turpan. 22 heures de trajet. Mais avant ça, il faut trouver la gare. On avait beau montrer nos billets de train à des passants, ils ne comprenaient jamais ce qu’on voulait savoir. De quoi devenir fou.
On dépose nos vélos et le gros de nos sacoches au service bagages (évidement ce n’est pas aussi facile que ça en a l’air…) et on pénètre dans le hall de la gare. Militaires, policiers, agents de sécurité et portiques détecteurs de métaux derniers cris. Anais est arrêtée. Les agents ont repéré son couteau (celui de Nico était mieux caché). On essaie d’expliquer que c’est vital pour nous. Le voyage, tout ça.

Après quelques minutes le militaire finit par le scotcher et nous fait promettre de ne pas l’utiliser…
On est réveillé en pleine nuit par une forte agitation devant notre compartiment. Une femme est en train d’accoucher et pendant que le personnel s’agite au talkie-walkie ou en lisant ce qui semble être un manuel de bord émanant de la trousse de secours, les passagers s’organisent. 2 vieilles femmes prennent les choses en main. Un ciseau, du fil, une serviette et 5 minutes plus tard on aperçoit le nourrisson.

Une fois débarqués, on a le temps de rouler 60 bornes avant de planter la tente à côté des plantations de coton. Pas très loin de nous, une famille se réchauffe à côté d’un feu. Des morceaux de bois et une bâche leur sert de tente. Ou plutôt de maison.

Direction Tuyok

On a visiblement raté les monts flamboyants. Surement derrière la brume? On décide de poursuivre jusqu’à Tuyok. La route traverse un canyon magnifique avec des vestiges bouddhistes en contrebas entre des montagnes rougeâtres.

en vélo dans le canyon près de Turpan

voyage à vélo en Chine dans le canyon près de Turpan

Sur le retour vers Turpan, le ciel s’est dégagé et on aperçoit enfin les monts flamboyants. Atypique certes, mais heureusement qu’on a fait le canyon quand même.

Depuis Turpan, l’organisation de la suite du parcours n’est pas simple. On opte finalement pour 6h de bus direction Hami. Plus ou moins 300 km de ligne droite à travers le désert et une alternance de champs géants d’éoliennes et de pylônes électriques. Avant de reprendre un bus pour Jiayuguan, on passe une nuit glaciale dans un terrain vague au milieu d’un chantier pharaonique de tours en construction.

Gansu

On est débarqué au péage de Jiayuguan dans l’après-midi du 10 novembre. En changeant de province on a changé d’ambiance. C’est plus chinois. En tout cas plus proche de l’idée qu’on se faisait de la Chine.

Moins bruyant et toujours très animé, c’est surtout plus riche. Ça se sent à tous les niveaux. Les types de véhicules, de magasins, la manière dont les gens s’habillent. L’ambiance a changé. La nourriture aussi. Ce soir au dîner c’est nourriture inconnue, avec ce qu’on pense être des pommes de terre, des oignons et du porc.

Au petit matin, on se dirige vers la forteresse au nord-ouest de la ville. Idéalement située, elle fait face au seul point de passage dans la chaine de montagnes enneigée.

Muraille de chine

Fort de Jiayuguan

Fort de Jiayuguan étape de notre voyage à vélo en Chine

C’est aussi le point le plus occidental de la muraille de Chine qui comprend en fait plusieurs murs. Sa hauteur varie de manière significative. Si elle fait plusieurs mètres dans la plaine, elle peut facilement être enjambée sur les crêtes.
A quelques kilomètres de là, on repère un endroit où on peut escalader le mur sans être repérés. Et c’est parti pour une visite exclusive!

balade sur la Muraille de Chine

balade sur la Muraille de Chine

Le repas

En fin de journée on s’occupe du ravitaillement pour les prochains jours. Tous les aliments sont sous vide. A l’instinct, on sélectionne ce qui nous parait être le plus comestible. Et à l’inverse, on décide de tenter un restaurant traditionnel « ultra-fraicheur » : on sélectionne nos légumes dans les frigos et on choisit notre poisson dans l’aquarium. 10minutes plus tard, tout est magnifiquement préparé et très bon.
La sortie de la ville est interminable. On roule sur l’équivalent d’un boulevard périphérique parallèle à l’autoroute. 2 fois 6 voies à certains endroits. L’hyper développement urbain, a finit par faire se rejoindre des villes encore distinctes il y a peu. Des tours de plus de 30 étages sortent de terres par douzaines. On n’aurait jamais pu imaginer ça. Dire qu’il ne s’agit que d’une ville de 3ème catégorie!

Préparation du bivouac

En fin de journée, la ville laisse enfin place à la campagne. Ici on fait pousser du maïs. Traduction, tout le monde fait du maïs. Et en ce moment c’est le séchage, devant les maisons.
Un peu plus loin c’est la culture des oignons et des piments. Sur une surface de plusieurs terrains de football, sur plus d’ 1,50m d’épaisseur, des oignons attendent, recouverts par des canisses, d’être chargés sur des camions géants.
On passe la nuit dans une plaine désertique entourée de montagnes.

bivouac entre Jiayuguan et Zhangye

bivouac entre Jiayuguan et Zhangye durant notre voyage à vélo en Chine

Le vent qui s’était levé pendant la nuit a encore forci. On va l’avoir en pleine tête. Vraiment dommage. Ca pèse rapidement sur le mental, d’autant que l’autoroute en ligne droite c’est pas franchement excitant.

Zhangye

3 jours plus tard, on découvre Zhangye. Avant d’arriver sur le site on traverse un nouveau chantier à ciel démesuré. Une véritable ville est en train de sortir de terre.  Le site se prépare à accueillir des centaines de milliers de visiteurs. Peut-être davantage.

Dans le parc, un bus nous dépose devant chaque point de vue. Des passerelles et des escaliers permettent d’évoluer dans ce décor balayé par un vent glacial. Des travailleurs, hommes et femmes passent leurs journées dans ces conditions, avec parfois des pauses autour d’un brasero.

Les montagnes multicolores sont moins colorées que sur Google. La luminosité n’aide pas non plus. Soleil en face et brume persistante. Dommage.

On prend le train pour Lanzhou puis un bus pour Hezuo à 2830 mètres d’altitude. Encore un changement radical d’ambiance. Nous sommes au Tibet, ou presque. Les faciès sont différents, les gens s’habillent différemment. Les toits dorés des temples bouddhistes scintillent au soleil sur les flancs des montagnes.

dans le quartier des temples à Hezuo

Pause dans le quartier des temples à Hezuo durant notre voyage à vélo en Chine

La suite du parcours s’annonce compliqué. Plusieurs cols sont déjà fermés à cause de la neige. Et Nico se sent vraiment mal. On est obligé de trouver un hôtel en urgence et c’est le début de 36 heures d’horreur. Peut-être une intoxication alimentaire.

On décide finalement de rebrousser chemin en raison des nombreuses incertitudes sur les transports et la praticabilité des routes. Et puis il faut penser au renouvèlement du visa. C’est trop risqué de se retrouver bloqué quelque part.
Plus de place en couchette, c’est donc en « hard seat » que l’on fait les 21 heures de train pour atteindre Chengdu. Pour les vélos c’est encore la galère pour se faire comprendre. Cette fois nos vélos arriveront 1 jour après nous à destination.

Sichuan

C’est beaucoup moins froid mais plus humide ici. On visite une réserve de Pandas, animal symbole du pays. On y découvre notamment que pour la modique somme de 2 millions de dollars, une entreprise comme Chrysler peut devenir parrain d’un ou deux pandas.

On laisse les vélos et les sacoches dans notre auberge à Chendgu et on prend un bus pour Emeishan. L’occasion d’une randonnée mais aussi d’y faire étendre (rallonger ?)  notre visa.

Mont Emei

Le lendemain, on attaque l’ascension du Mont Emei, mais avant ça il faut payer: 200 Yuans pour l’entrée au parc, et 40 Yuans pour le bus. Pour ceux qui le souhaitent, les possibilités d’alléger encore un peu plus son porte-monnaie sont nombreuses : premier tronçon en télécabine, poursuivre encore en bus, snack dont les prix ont déjà doublés par rapport à la ville, bâtons de marche, peluches et souvenir en tout genre.

Le chemin est pavé et la fréquentation baisse à mesure que l’on grimpe. Passé le premier temple on ne voit presque plus personne. La brume persistante participe à l’ambiance mystique des lieux.

temple sur la randonnée d

temple sur la randonnée d’Emeishan

L’activité reprend lorsqu’on atteint le départ du 2ème tronçon du télécabine. Des randonneurs marchent en pantoufle, certaines sont en talon. D’autres encore ont payé des porteurs et évoluent cigares aux lèvres au-dessus des têtes. Au bout de 5 minutes dans cette foule, rien n’aurait pu nous surprendre.

Après 10 heures de marche et 2100m de dénivelé, on atteint le sommet. Par chance la brume a commencé à se dégager et le spectacle est saisissant. Un bouddha géant trône sur une pyramide d’éléphants. On accède à la terrasse par un escalier colossal, gardé par des éléphants dorés.

Buddha géant au somment d

Etape de notre voyage à vélo en Chine pour découvirir le Buddha géant au sommet d’Emeishan

On passe la nuit dans une « maison-cabane-hôtel » dans un confort sommaire. La redescente est longue. La boucle nous emmène au milieu de la jungle par des descentes vertigineuses. Heureusement que tout est pavé car avec l’humidité et la pluie cela n’aurait pas été impraticable.

Retour à Chengdu

Avant de récupérer notre nouveau visa, on fait un passage par Leshan pour voir les statues de Bouddha : assis, couché, dans une grotte. Il y en a pour tous les goûts. Mais une fois encore, ce n’est pas donné! C’est finalement, et comme d’habitude, les alentours avec ses temples isolés, et peu fréquentés, nous plaisent plus que le parc lui-même.
Retour à Chengdu, préparatifs puis bus pour Ya’an, point départ pour la G318.

Il va falloir grimper avant de pouvoir observer les hauts plateaux tibétains. Et ça commence dans les travaux et dans la boue. Évidement on venait de nettoyer les vélos la veille à l’auberge… classique.

Au soir, plus une zone de tissu visible au dessous du genou. On voit à peine nos lacets. Un couple nous accueille dans une chambre qu’il nous loue pour la nuit. La douche est chaude, un vrai bonheur.

Le lendemain ça grimpe encore. La végétation est luxuriante et les travaux continuent. Les rivières sont prises d’assaut par les pelleteuses. On y drague le sable. Des usines provisoires produisent du béton tous les 10 à 15km. Les paysages sont massacrés.

On a l’impression de monter pour redescendre presque d’autant. C’est dur pour le moral. A cette vitesse là on n’est pas près d’atteindre les cols à 4500m.

Kangding

Le 28 novembre au soir on atteint Kangding à 2500m d’altitude.
La Tibetan Highway commence réellement ici pour nous. Un vrai décor de montagne, des troupeaux de yaks, et des températures bien tibétaines. On atteint le col vers 16h30. Le vent est fort et agite les drapeaux des prières.

premier col après Kangding - G318

premier col après Kangding – G318 de notre voyage à vélo en Chine

Il est temps de partir. Le soleil est déjà bien bas et il nous reste 40 km à parcourir avant la ville. On enfile plusieurs couches : pantalon, sur-pantalon, sur-chaussures, polaire, doudoune, goretex, bonnet, gants de ski et malgré ça, au bout de 20 minutes on a froid!

Ce soir encore il est impensable de bivouaquer dehors sous la tente. Dormir dans le froid ne serait pas le problème, c’est surtout le fait de cuisiner, se laver, et passer la soirée dans ces conditions qui est difficile. Outre le prix, on est obligé de calculer nos étapes en fonction des possibilités d’hébergement. C’est bien plus pesant qu’on imaginait.

En ce matin du 30 novembre, il fait encore -6°C à 11h. On peine à se réchauffer même en montée. On traverse des petits villages d’architecture tibétaine. Des maisons carrées, aux murs décorés et inclinés vers le centre de la bâtisse. Le premier étage est consacré aux animaux.

maison traditionnelle tibétaine - G318

maison traditionnelle tibétaine – G318

Col à 4200m

Au programme ce matin, un col à 4200m.  Ça monte régulièrement comme généralement sur la G318. La route semble barrée et une déviation est suggérée. Que faire, l’itinéraire bis a l’air atroce et une moto vient de continuer sur la route principale. On la suit. Une heure passe sans qu’on ait la certitude d’avoir fait le bon choix. Une heure de côte. Et puis c’est l’entrée d’un tunnel. L’ouvrage est loin d’être terminé.

A l’intérieur la température grimpe en flèche. Il y a autant d’humidité que dans un hammam. La visibilité est mauvaise. On est seul. Des groupes de travailleurs jaillissent de temps en temps des brumes. Après 3 kilomètres, le sol n’est plus bétonné. Il faut descendre dans la boue. A la sortie, on réalise qu’on a évité le col et économisé pas mal de dénivelé.  La route descend vers Yajiang à 2600m, une cité enclavée dans les montagnes sur les rives du fleuve Yalong.

Ce soir encore, une foule multi générationnelle s’est retrouvée sur la place du village pour danser tous ensemble.

foule qui danse sur la place centrale à Yajiang - G318

foule qui danse sur la place centrale à Yajiang – G318

Une journée calme

C’est reparti! Mais ce matin l’énergie nous manque. La pente est raide et a débuté juste après le départ. C’est décidé, on arrêtera la première voiture que l’on verra. Mais ce matin, personne sur la route.  On n’en revient pas! Les rares véhicules qui nous dépassent ne sont pas du tout adaptés pour prendre des vélos. On grimpe encore 2 heures avant de faire une pause juste en dessous des lacets qui montent jusqu’au col. C’est tellement raide que la route est construite sur des piliers en bétons.

aperçu de la route aérienne après Yajiang - G318

aperçu de la route aérienne après Yajiang – G318

Toujours personne. On repart. Un petit van s’arrête enfin et on accroche nos vélos sur le toit.

La soirée en altitude

Nos routent se séparent au bout de 20 minutes et on poursuit la montée vers le plateau. Le soleil déclinant on décide d’aller demander à ce qui ressemble à une casse si on peut passer la nuit chez eux. Ce doit être en fait une halte de routier. A 4350m d’altitude.

4350m. Depuis la France on imagine des sommets alpins, pentes raides ou faces verticales et arêtes tranchantes. 4350m ici, c’est des plateaux herbeux. On voit encore des arbres pousser à plus de 5000m. Une route et un motel.

sur les crêtes à 4300m entre Yiajiang et Litang - G318

voyage à vélo en Chine sur les crêtes à 4300 m entre Yiajiang et Litang – G318

Une fois installés dans notre « suite », on est invité à venir prendre place dans leur pièce à vivre. Les 2 tibétains qui vivent ici sont de solides gaillards. Après le thé au lait de lait de yak, on suit la préparation d’une pate brume : notre hôte malaxe un mélange de poudre, de thé au lait et de beurre de yak puis nous tend une petite boulette. Personnellement on ne s’est pas lavé les mains depuis la veille. Lui on ne sait pas. On croque. Difficile de savoir de quoi il s’agit. On ne pose pas de questions, on grignote petit à petit et on s’interroge sur les « épreuves » à venir.

En route pour Litang

Ca monte ça descend, puis remonte et redescend.

traversée d

traversée d’un village avant Litang – G318

La route est belle et se termine par un nouveau tunnel juste avant Litang. On apprend que les températures doivent encore chuter. On se souvient que la veille on avait -5°C dans la « chambre ». Une baisse de 10°C est attenue pour le lendemain. Fin de l’aventure. On poursuivra en transport, direction le sud et le chaud.

On a rendez-vous au petit matin avec notre chauffeur de minibus. Et alors qu’on attend que d’autres clients arrivent, il nous dit de monter en vitesse et nous conduit dans une petite ruelle à l’abri des regards. Au moment où il quitte le véhicule, 2 voitures de polices déboulent. L’homme est arrêté et un officier ouvre la portière et nous prend en photo. Il referme la porte, le chauffeur est menotté et embarqué. On est seuls, assis à l’arrière du van. C’est quoi ce bordel ?

Quelques minutes plus tard, un collègue du chauffeur, monte dans le van et va le garer encore un peu plus profondément dans les ruelles de la ville. On n’ose pas demander des explications. De toute façon personne ici ne parle anglais. Une fois stationné, l’homme nous fait des gestes. On comprend qu’il faut attendre ici une heure. Il part.

Au bout d’une heure notre chauffeur revient avec trois autres clientes. On comprend qu’il a dû payer un bakchich important mais impossible d’en connaitre la raison. Racket courant semble-t-il puisqu’il ne semble pas trop affecté mais résigné. La police lui a extorqué plus de la moitié de ce qu’on a payé pour le trajet.

Yunnan

On atteint Shangri-la après une journée de transport chaotique. Il neige.
Derrière le nom enchanteur se cache un véritable business et le nom d’origine de la ville : ZhongDian. Le cœur « historique » sent un peu le plastique et tout est prêt pour accueillir des hordes de touristes c

ue de Shangri-la depuis un temple

ue de Shangri-la depuis un temple

2 jours plus tard, les températures ont bien baissées, même plus au sud. Ce matin, le sol est gelé et la glace se propage rapidement sur le vélo : les dérailleurs avant et arrière de Nico sont rapidement pris par la glace. Plus possible de changer de vitesse pendant près d’une heure.

En milieu d’après-midi on se met à rattraper tous les véhicules qui nous avaient doublés. Bouchon sur des kilomètres jusqu’à ce que l’on découvre que 2 camions se sont percutés. On s’arrête à proximité et on manque de « zipper ». Puis on découvre qu’un 4×4 est pris en sandwich entre les 2 poids lourds. Le conducteur a eu chaud.

Descente vers les Gorges du Saut du Tigre

descente vers les Gorges du Saut du Tigre

descente vers les Gorges du Saut du Tigre

Superbe et interminable descente pour atteindre le départ de la route des Gorges du Saut du Tigre. On trouve difficilement un petit espace où coincer la tente et on profite du spectacle avec une bière, assis 200m au dessus des eaux. Ca fait bien longtemps qu’on n’a pas pu passer un moment dehors à la nuit tombée.

C’est plus chaud mais faut pas exagérer. Au matin la tente est toujours givrée et la doudoune est indispensable. On laisse les vélos un peu plus loin dans les gorges pour partir en randonnée un peu plus haut. Quel spectacle! Des falaises abruptes s’élèvent à plusieurs milliers de mètres au dessus du fleuve Yang Tsé. Vertigineux.

en rando dans les Gorges du Saut du Tigre

en rando dans les Gorges du Saut du Tigre

Après 2 jours, on quitte les gorges et on remet cap au sud. Le trajet nous semble d’un coup monotone le long des rives du fleuve. On n’en a pas complètement terminé avec le froid même si l’on est plus qu’à 2000m d’altitude. C’est tellement humide. Des nappes de brumes volent au dessus des plantations en terrasse. Ici, pas de mécanisation, le terrain ne le permet pas. Hommes, femmes et enfants commencent de bonne heure, et passent la journée courbés au dessus de rangées de légumes.

Une fois le soleil bien levé, la température grimpe en flèche. On transpire à grosses gouttes et le terrain n’aide pas. Encore 800m de dénivelé juste après le repas de midi. Bim! Et lorsque le soleil décline, la température descend encore plus vite. Il ne fait plus que 3°C une demi-heure après le coucher du soleil.

Lijiang

Il n’est pas encore midi lorsque l’on atteint Lijiang. Au milieu des montagnes, cette ville a su préserver son centre historique. Et business oblige, l’accès au centre est payant. Dans toutes les ruelles permettant d’accéder à la vieille ville, des équipes sont postées pour récupérer les droits d’accès. D’autres cyclos nous ont tuyautés sur la manière « d’esquiver » la taxe : entrer après 18h ou « forcer un peu le passage ». On retient la deuxième méthode. Les fonctionnaires crient un peu mais personne ne nous suit. De toute manière, on ne comprend pas le mandarin !

A l’auberge on prend la machine à laver d’assaut et on envahit en quelques minutes le patio pour faire sécher tente, footprint, etc.

La ville est jolie. On se croirait dans un décor de vieux film de kung-fu. Les rues sont étroites et pavées.

vélo dans les rues de Lijiang

vélo dans les rues de Lijiang

Des petits ponts permettent de passer par dessus les canaux qui quadrillent la ville. Les bâtisses en pierre sont de bonne facture.  Beaucoup sont transformés en hôtel de luxe ou en auberge.  Il reste encore un peu de vie locale, en tout cas dans le quartier de notre auberge, car en remontant vers le nord et la grande place c’est tout autre chose.

Pour s’y rendre, plusieurs ruelles avec le même choix de boutiques de bijoux en argent, de djembé/ukulélé, souvenirs en tout genre, pâtisseries. On ajoute un snack, un glacier et on recommence. Sur la place, les traces du régime communiste de la Chine ne saute pas au yeux : Quand on est dos à Haagen Daz,  McDonalds est en face de nous côté droit, Pizza Hut sur la droite, et KFC entre les deux. Et les touristes se concentrent ici.

Sauf dans les auberges de jeunesses, on n’a jamais vu que des touristes chinois depuis qu’on est arrivé en Chine (juste 2 cyclos français croisés dans les gorges du saut du tigre). Dans les lieux qu’on a visité on a eu le sentiment que tout est pensé et adapté pour la demande des touristes nationaux.

Parvenus presque en haut de la colline qui surplombe la ville, on est arrêté à une barrière. Il faut payer pour accéder au point de vue. Le montant demandé est délirant. Demi-tour donc et on finit par trouver une petite place où on domine la ville. C’est très beau mais le côté touristique surdéveloppé nous gâche un peu le plaisir. C’est décidé, on repart demain matin.

Nous aurions dû reprendre la même route qu’à l’aller pour rejoindre les rives du fleuve Jinsha, mais la simple pensée des dénivelés à venir nous pousse à choisir l’option B : le tunnel et l’autoroute. Le seul petit problème c’est que ni le tunnel ni l’autoroute ne sont autorisés aux vélos. On n’a pas encore atteint le péage qu’on aperçoit un policier se diriger vers nous. Anaïs crie :

« on s’arrête pas ».

L’homme se met à siffler puis à hurler. On fonce! On jette des regards dans le rétroviseur pour voir si on est suivi. On prépare notre argumentaire au cas où.

Il faut savoir que dans les autres provinces que l’on a traversées, on pouvait circuler en vélo sur l’autoroute. Parfois les tunnels étaient interdits mais on n’avait pas d’autres choix.

Personne ne nous suit finalement. La bande d’arrêt d’urgence est large et on monte laborieusement  vers l’entrée du tunnel. Le vent est fort aujourd’hui encore. Tellement fort et mal orienté que Nico faillit être déstabilisé en sortant du tunnel. On passe de 40km/h à 15km/h à cause des bourrasques alors que la route descend toujours. On finit par trouver un trou dans le grillage de l’autoroute après 2 heures de galère le vent pleine face. Une heure plus tard, on pose la tente la tente dans une carrière désaffectée un peu abritée du vent.

Ce matin c’est encore givré. Dire qu’en quittant les plateaux tibétains on pensait que ça allait se réchauffer.
On va faire un crochet par Shaxi. Située sur une ancienne route commerciale, on a entendu que la ville a su garder un mode de vie traditionnel.  Ca devrait nous changer de Lijiang. Et par chance, le vendredi c’est jour de marché. On trouve évidement de la viande, légumes, épices, outillages, etc. mais aussi des cheveux et des dents. C’est animé et authentique.

dans le marché de Shaxi (Yunnan)

dans le marché de Shaxi (Yunnan)

Pour rejoindre Dali depuis Shaxi soit on rebrousse chemin, soit on « coupe » à travers la montagne. Se rajouter une cinquantaine de kilomètres ne nous emballe pas plus que ça, alors on met le cap à l’est. La route est top au départ. On zigzague gentiment au milieu des plantations avant de rouler sur des pavés puis sur un chemin caillouteux. La grimpette s’annonce compliquée. On est obligé de s’arrêter avant le sommet et on va se cacher au milieu d’une forêt de pins pour passer la nuit.

Encore 2 bonnes heures avant d’atteindre le col. La vue est dégagée et on remarque des dizaines et des dizaines d’éoliennes sur les crêtes. Mauvais signe.

dans la descente après Shaxi (Yunnan)

Dans la descente après Shaxi (Yunnan) durant notre voyage à vélo en Chine

On devrait encore avoir du vent dans les prochains jours. La piste est un vrai tape cul. C’est donc débout sur les pédales que l’on dévale les 800m jusqu’à la route goudronnée. Comme on n’a pas l’habitude on arrive en bas complètement cuits.
Plus on avance en Chine plus la nourriture nous régale. Ce matin encore on s’installe dans une petite salle. Deux femmes tiennent le petit établissement. On choisit nos légumes dans le frigo et la cuisinière nous les prépare.  On lui demande de remplir nos Tupperwares pour notre dîner.

En approchant du Lac Erhai, on change de décors. Il y a des rizières partout. C’est beau mais ça complique les choses lorsqu’il s’agit de trouver un bivouac.

sur la route vers Dali au milieu des rizières en Chine à vélo

sur la route vers Dali au milieu des rizières

On pousse les vélos sur les flancs de la montagne et on s’arrête sur un chemin qui semble moins emprunté que les autres. Ce sera ici cette nuit. On domine le lac et on sait que demain le lever de soleil sera magnifique.

On rejoint Dali par les rives du lac. Le temps est à l’orage c’est très étrange. Des nuages noirs s’accumulent au niveau de la montagne et le ciel reste bleu au dessus du lac. Le vent s’est levé avant nous ce matin encore et souffle par rafales. Des tornades se forment çà et là et Nico se fait rattraper par l’une d’elle et se retient de justesse. Les nuages sont toujours concentrés au dessus des crêtes, et s’épaississent. L’orage n’arrivera finalement jamais.

Cela fait pas loin de 6 semaines que nous sommes entrés en Chine et on a envie de voir autre chose. On consacre un bon moment à planifier la suite du programme et à regarder comment rejoindre la frontière avec le Vietnam.

On enchaine les trajets en bus et 3 jours plus tard on est débarqués à Hekuo, ville frontière entourée de jungle. A peine montés sur les vélos on se prend une belle saucée. On est trempé. On tourne autour de la ville à la recherche d’un endroit pour la nuit. Une piste boueuse nous amène dans des plantations de caoutchouc. On monte tant bien que mal la tente sous la pluie.  Il y a des moustiques, fourmis rouges et pleins d’autres insectes à huit pâtes. Mais ca y est, il fait chaud!

Conclusion sur notre voyage à vélo en Chine

« On déteste et on adore ». C’est un sentiment partagé également par d’autres cyclos qu’on a croisé. Des paysages grandioses mais une nature saccagée. La vie de tous les jours est peu chère mais les activités touristiques sont hors de prix. Les infrastructures sont de très bonne qualité mais c’est une galère pour les transports avec les vélos. Etc.
Un véritable choc culturel. C’est un pays immense, multiethnique, aux coutumes très différentes. Des paysages incroyables et variés.

En montant à plus de 4000m sur la G318 on s’attendait à évoluer dans un paysage de haute montagne mais ce sont des plateaux. Jolis mais moins grandioses que notre itinéraire au Kirghizistan, pourtant moins haut.
On n’était pas encore bien rôdé au voyage en entrant en Chine. Avec plus d’expériences, notre séjour aurait certainement été différent. Il faut provoquer les rencontres.

La Chine est une destination confortable pour le voyage à vélo à condition de ne pas multiplier les transports.
Il y autant d’interdits que de moyens de le contourner.

Découvre la liste du matériel utilisé pour ce séjour à vélo avec les avis et conseils de Anais et Nicolas et si tuas aimé découvre l’étape suivante au Vietnam.

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1 commentaire

Tristan 25 août 2019 - 1 h 28 min

Vous êtes de vrai aventuriers je suis très impressionné ! Ca avait l’air d’être la galère plus souvent que prévu 😉
Je vous envie de vivre vos voyages à deux. Bonne continuation.

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