Jérémy Bigé nous partage son expérience de traversée de l’Himalaya Ouest à pied durant 90 jours sur 2300km, réalisée en 2024 avec pour seul viatique un sac de 5kg.
C’est à partir de 2023 que je construis ce projet de traversée démesurée. Une marche de plusieurs milliers de kilomètres du Cachemire indien au Népal par les routes oubliées. Je souhaite jouer l’explorateur, défricher du terrain et célébrer l’esprit d’aventure qui animait à l’unisson les pionniers de la cartographie.
Informations pour préparer cette traversée de l’Himalaya ouest à pied
Dans cet article, j’essaie donc de partager les informations engrangées au cours de ma préparation qui m’a occupé l’année précédant ma marche. On peut se lancer « les yeux fermés » sur un sentier de grande randonnée existant en téléchargeant la trace gpx dédiée. Ce n’est absolument pas le cas lorsque l’on projette une traversée de l’Himalaya, d’autant plus lorsqu’elle déborde du Népal.

Des informations existent, il suffit de taper Great Himalaya Trail dans une barre de recherche. Pour autant, seul le Népal est bien documenté. Concernant l’Inde, hormis le Ladakh, il a fallu fouiller et contacter en plus des gens sensibilisés à la randonnée qui vivent sur place. Qui plus est, je me suis lancé le défi de me tenir loin des zones documentées (au Népal et au Ladakh), loin des permis et des checkposts, en m’inspirant des cartes éditées aux siècles derniers.
J’ai donc fait parler mon imagination pour créer une trace originale, inédite, haute perchée à l’image des expéditions transhimalayennes d’antan (Sven Hedin). J’espère à mon tour transmettre l’esprit d’aventure et filer un petit coup de pouce à qui se lancerait dans ce projet qui paraît bien trop impressionnant sur le papier.
Un autre article relatant une traversée plus courte de l’Himalaya est disponible sur le blog :
Date
Cette traversée de l’Himalaya a été réalisée entre le 11 août et le 8 novembre 2024.
Quand partir ?
Il y a deux saisons propices à une traversée de l’Himalaya : le printemps et l’automne. En été, c’est la mousson et des régions telles que l’Himachal Pradesh et l’Uttarakhand sont impraticables à cette période. Il faut donc respecter un timing assez précis. À l’inverse, des régions comme le Dolpo ou le Ladakh restent « assez » épargnées par les précipitations en été. Cependant les temps changent et il n’est plus rare d’avoir de la pluie au mois d’août ou septembre au Zanskar. J’en ai fait l’expérience avec un passage du Parang la à 5600m sous la neige un 4 septembre !

En fonction du projet
En résumé, il faut calquer sa traversée sur les saisons :
- Dans le cas d’une traversée complète de l’Himalaya (5000km), il n’y a pas tellement de questions à se poser. Il faut marcher du printemps jusqu’à l’automne en acceptant l’épisode de mousson qui vous fera barrage en milieu de marche. Attention alors aux glissements de terrain qui sont très fréquents.
- Dans le cas d’une traversée partielle comme ce fut mon cas, il faut plutôt opter pour le printemps ou l’automne. J’ai choisi l’automne pour la simple raison que je termine ma saison de ski fin avril et que je souhaitais prendre le temps de dérouiller les jambes avant de me lancer dans une telle traversée de l’Himalaya. J’ai eu beaucoup de pluie (30-40 jours), même au Ladakh en août/septembre et surtout en Uttarakhand en septembre. La mousson déborde de plus en plus et il est maintenant compliquer d’en cerner les limites exactes. Cette année 2024, il aurait ainsi fallu privilégier le printemps qui fut plus ensoleillé. Mais qui sait pour les prochaines années ? La gestion de la météo fut une grosse difficulté et source d’un grand stress au cours de ma traversée.
Lieu
J’ai marché à travers deux pays, l’Inde et le Népal, liés ensemble par la chaîne de l’Himalaya.
L’Inde est un immense pays situé en Asie. Il est montagneux seulement au Nord à la frontière avec la Chine. Je ne me suis intéressé qu’à sa partie nord-ouest à savoir les états du Cachemire, du Ladakh, de l’Himachal Pradesh et de l’Uttarakhand. Le Cachemire est en proie à de vives tensions puisqu’il est revendiqué par le Pakistan, l’Inde et la Chine, faisant de lui un lieu politiquement très instable. Il est même placé en rouge « formellement déconseillé » sur France Diplomatie. Le Ladakh, ensuite, est connu mondialement pour ses paysages de déserts d’altitude, le tourisme y est développé (Zanskar, Leh, Tso Moriri). Enfin, les états de l’Himachal Pradesh et de l’Uttarakhand sont bien moins connus bien qu’ils abritent les lieux parmi les plus sauvages et mystiques de l’Himalaya.

Le Népal, beaucoup plus petit, se terre entre les immenses Inde et Chine. Une grande majorité de son territoire est montagneux. Il abrite ainsi 8 sommets de plus de 8000m, dont le mont Everest. Le trekking y est aussi très développé et plusieurs entreprises de cartographie existent. L’accès aux informations concernant les itinéraires montagneux est donc assez facile en comparaison de l’Inde. Il existe deux sentiers, les hautes et basses routes du Great Himalaya Trail, qui traversent le pays et qui ont été empruntés par plusieurs centaines de marcheurs.
Sur le blog, des informations complémentaires pour préparer un voyage au Népal :
Comment se rendre au départ et à l’arrivée d’une traversée de l’Himalaya Ouest ?
Se rendre au départ
Jusqu’à Jammu
J’ai commencé ma traversée de l’Himalaya dans la vallée du Cachemire à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec le Pakistan et quelques kilomètres au nord de Srinagar. Voici les étapes suivies jusqu’à mon point de départ (les localisations apparaissent sur la carte interactive plus bas dans l’article) :
- Avion de Genève à New Delhi avec escale à Istanbul. Attention, les appareils satellites sont interdits sur le sol indien. J’ai pris le risque de déjouer la règle en emportant une balise Spot dont j’avais pris soin de retirer les piles dans mon bagage en soute. Je ne l’avais pas au Cachemire, zone trop critique pour se balader avec ce genre d’outils. Je connais quelqu’un qui s’est fait arrêter avec un Garmin Inreach mini à l’aéroport en sortie de territoire et qui est passé devant le juge en Inde. Il a finalement écopé d’une amende de plusieurs milliers d’euros et d’une confiscation définitive de son appareil. Concernant le visa indien, j’ai obtenu un e-visa pour un an.
- Je suis resté une journée à New Delhi pour faire mes derniers achats et envoyer mon colis avec ma paire de chaussure de change à la frontière népalaise (Pithoragarh). J’ai donc pris une chambre dans le quartier Majnu ka Tila (Lhassa Guest House, 900 roupies), compter 1400 roupies pour le taxi depuis l’aéroport (réservé à l’avance). Pour se déplacer facilement dans New Delhi ou dans toute ville indienne, téléchargez l’application Rapido !
- Train de nuit de New Delhi (NDLS) à Jammu Tawi. Durée 10h, prix environ 25€ en classe 2A (couchette, climatisé). J’ai utilisé la plateforme 12Go pour prendre mon billet depuis la France.

Jusqu’à Srinagar
- Taxi partagé de Jammu à Srinagar. Les taxis partent à toute heure au niveau de la gare routière Jammu Katra Bus Stand. Compter alors 6h de trajet et environ 600 roupies indiennes. Les militaires sont partout le long de la route et contrôlent les véhicules. Ils ont même regardé dans mon sac.
- J’ai coulé de doux jours à Srinagar au bord du lac Dal : nuit sur un bateau, marché aux fleurs à l’aube…
- Bus local de Srinagar à Sumbal. Compter 5-6h dans des conditions dantesques !
Quitter l’arrivée
J’ai terminé ma traversée de l’Himalaya au village de Lete dans la région des Annapurnas au Népal. Voici les différentes étapes suivies jusqu’à mon retour en France :
- Bus local de Lete à Béni.
- Bus local de Béni à Pokhara où j’ai passé plusieurs jours de repos.
- Bus à touristes de Pokhara à Katmandou (une dizaine d’heures). Possible également de faire Lete – Pokhara ou Béni – Katmandou direct.
- Je suis resté deux semaines à Katmandou chez des amis à Budhanilkanta. Pour se déplacer facilement à Katmandou, téléchargez l’application InDrive.
- Vol retour Katmandou – New Delhi puis New Delhi – Paris CDG.
Participant

Je m’appelle Jérémy Bigé. Depuis plusieurs années, en parallèle de mes métiers de moniteur de ski et d’accompagnateur en moyenne montagne, je consacre une partie conséquente de mon temps à la marche en montagne. Ces pérégrinations prennent alors souvent la forme de très longs treks dans des massifs plus ou moins connus. Je mets un point d’honneur à dénicher les itinéraires qui ont échappé au regard des cartographes. Voici donc les balades qui m’ont occupé ces dernières années :
- 2018 : traversée du Népal d’Est en Ouest pendant 87 jours sur 1400km en suivant la basse route du Great Himalaya Trail et accompagné par trois amis.
- 2020 : traversée des Pyrénées d’Ouest en Est par la Haute Route (HRP) sur 750km en 23 jours.
- 2021 : traversée des Balkans en suivant en partie les sentiers de la Via Dinarica sur un total de 1300km de la Croatie au Kosovo.
- 2022 : traversée de la chaîne des Monts Célestes au Kirghizstan et au Tadjikistan pendant 86 jours sur 1900km.
- 2023 : traversée des Alpes du Nord au Sud par la Trans’Alpes enchaîné avec le GR20 en 5 jours.
- 2024 : traversée de l’Himalaya Ouest sur 2300km pendant 90 jours.
De ces marches, il m’arrive aussi de réaliser des films à destination des festivals de films de montagne et d’aventure. Le dernier en date, Fils du Vent, retrace ma marche en Asie Centrale et compte une quarantaine de sélections en festivals :
Où dormir ?
Les montagnes himalayennes sont habitées, il est donc très facile de trouver un logement dans les villages. Ils prennent alors pour appellation lodges, guesthouses, hôtels… Les prix sont variables, mais il faut compter en moyenne 1000 roupies indiennes pour la nuitée et le repas en Inde et un peu moins au Népal. J’ai ainsi placé sur la carte interactive les différents logements rencontrés le long de ma route.

Il m’est arrivé également de dormir chez l’habitant ou bien dans des monastères. En échange, je laissais l’équivalent de 5-10€.
Dans les zones plus isolées (Ladakh, Ouest népalais), j’ai aussi bivouaqué. Les montagnes sont immenses, ce ne sont donc pas les emplacements qui manquent ! Ma plus longue itinérance sans rencontrer de village fut de 5 jours (180km) au Ladakh. Je transportais aussi un mini tarp de 300g de la marque Rab.


Comment se ravitailler lors d’une traversée de l’Himalaya ouest ?
Les villages disposent de petits shops qui vendent les produits de base tels que des nouilles chinoises, des biscuits et parfois des produits plus frais comme des fruits. J’ai placé sur la carte les différents endroits où j’ai pu me ravitailler. Quand il n’y a aucun magasin, il m’est aussi arrivé de me ravitailler directement auprès de l’habitant en chapatis, pommes de terre bouillies ou encore œufs durs. Lorsque je passais une ville, je prenais soin d’acheter des choses que je ne pouvais pas trouver dans des lieux plus petits comme des barres de céréale, du muesli, des fruits secs, etc.

En dehors des ravitaillements in situ, je m’étais organisé deux déposes le long de ma traversée de l’Himalaya avec pour motivation principale de changer de chaussures. La première a eu lieu à Thangso dans un village du Zanskar où mes amis de l’association Alpes Himalaya m’ont apporté un colis. La deuxième a eu lieu à Pithoragarh à la frontière avec le Népal. J’ai fait parvenir un colis depuis New Delhi (7€ les 6kg en speed post) à un contact local. Dans ces colis, il y avait une paire de chaussures de trail neuve, des médicaments et de la nourriture achetée en France (mélange semoule/épices/fruits secs, barres énergétiques, lyophilisés…).
Pour apprendre à bien gérer son alimentation, rendez-vous sur cet article du blog :
Caractéristiques de cette traversée de l’Himalaya Ouest
Le terrain himalayen est très varié et fluctue selon si l’on se trouve au nord ou au sud du massif. Au nord, ce sont les hauts plateaux d’altitudes arides et secs où le sol semble affleurer le ciel. Au sud, dans les contreforts, ce sont les vallées encaissées verdoyantes et les reliefs déchiquetés. Le dénivelé y est beaucoup plus soutenu, mais il est plus courant de rencontrer un village ce qui rend plus aisé le ravitaillement alimentaire.


Au Ladakh, j’ai marché des journées entières le long de vallées plates et interminables alors qu’il m’est arrivé de faire des semaines en Uttarakhand avec plus de 15 000m de dénivelé positif ! Oui, vous avez bien lu ! S’il y a bien un état à ne pas négliger, c’est l’Uttarakhand. Peu de marcheurs le parcourent, les informations sont rares, les sentiers sont difficiles à trouver et les vallées sont très abruptes.
Au sujet des températures, la plage est très grande puisque les altitudes ont oscillé entre 900m et 5700m. Au plus froid la nuit, j’ai donc mesuré -7°C quant au plus chaud la journée cela à oscillé autour des 30°C. Il est donc nécessaire de prévoir l’équipement adéquat. On peut ainsi avoir les 4 saisons dans la même journée.

Bibliographie, contacts et liens complémentaires pour organiser une traversée de l’Himalaya Ouest
À qui aimerait se lancer dans un projet de traversée similaire, je livre ici toutes les sources d’informations engrangées lors des longs mois de recherche qui ont précédé ma traversée de l’Himalaya. Ce travail de préparation a aussi été documenté dans une petite vidéo :
Bibliographie
Mon amour pour l’Himalaya trouve son origine en 2018. J’ai passé 6 mois au Népal, accompagné par trois amis rencontrés en classes préparatoires. La première moitié de ce séjour fut consacré à une traversée d’est en ouest du Népal sur 1400km environ. Nous portions des sacs de 15kg, novices en matière de marche longue distance et de haute montagne. De cette aventure est né un petit film et surtout une envie furieuse de consacrer du temps à l’aventure. Voici le lien vers le film en question :
Par la suite, j’ai lu beaucoup de récits, regardé beaucoup de documentaires ayant pour sujet l’Himalaya. Je suis certain qu’ils sont à l’origine de ma traversée de l’Himalaya en 2024.
Livres
- La Marche dans le Ciel de Sylvain Tesson et Alexandre Poussin. Lu et relu, ce récit haletant m’a inspiré le dépouillement matériel et l’audace de pénétrer un massif montagneux à corps perdu.
- Liberté, foulées, fraternité de François Suchel. Rencontré quelques jours avant ma traversée de l’Himalaya à Annecy, François m’a fait réaliser que ce que je projetais n’était finalement pas complètement fou et m’a beaucoup conseillé sur mon parcours.
- Vol au dessus de l’Himalaya de Jean-Yves Fredriksen. Un projet titanesque à travers l’Himalaya qui m’a fait minimiser le mien !



Documentaires
- Lessons from the Edge. Film retraçant le record de la traversée du Népal par Ryan Sandes et Ryno Griesel.
- Great Himalaya Trail, Hight Route – Le sentier ultime de Phillipe Gatta.
- Himalaya, l’enfance d’un chef de Éric Valli.
- Himalaya, la marche au-dessus de Eliott Schonfeld. Ce dernier a réalisé une traversée « miroir » à la mienne mais en 2017. Dans mes recherches, j’ai retracé précisément son itinéraire. Il aurait ainsi emprunté plusieurs cols indiens (Manirang la, Gharang Ghati, Lamkhaga la) à mon sens très engagés d’un point de vue terrain et militaire.
Cartes papiers utiles pour une traversée de l’Himalaya Ouest
Durant ma traversée de l’Himalaya, je n’avais pas de carte papier pour des questions de poids, mais je me les suis procurées en amont pour travailler l’itinéraire. Sur place j’utilisais essentiellement mon téléphone avec les cartes chargées en hors-ligne dessus.
En Inde
Il existe très peu de cartes papier en Inde du fait de la situation géopolitique avec les pays environnants (Pakistan et Chine). Les cartes les plus fiables sont celles de la Survey of India, mais uniquement au format numérique (voir plus bas). Voici les quelques cartes en version papier qui existent :
- La série Ladakh et Zanskar de Olizane. Il en existe une globale au 1:300 000 et trois plus précises au 1:150 000. Elles étaient éditées par un suisse Abram Pointet mais elles ne sont plus imprimées à ma connaissance. Il faut chercher ! Elles sont tops pour les régions en question.
- Les vieilles cartes Leomann au 1:200 000 éditées pour toutes les régions traversées du Cachemire à l’Uttarakhand mais elles ne sont pas topographiques et plutôt imprécises.
- Les cartes militaires soviétiques (1:100 000) et américaines (1:250 000) mais introuvables au format papier et obsolètes.

Au Népal
Au Népal, il est beaucoup plus facile d’avoir accès à des cartes papier. Qui plus est, elles sont mises à jour régulièrement et donc assez utiles pour prendre du recul lors de la création d’un itinéraire.
- Les cartes de la série Great Himalaya Trail de Map House. Elles couvrent l’entièreté du nord du Népal avec une échelle de 1:150 000. Disponibles dans les librairies sur place ou bien en ligne en livraison ou bien au format pdf.
- Les vieilles Schneider Maps au 1:100 000, premières cartes de trekking initiées par l’alpiniste autrichien du même nom. J’en ai trouvé quelques-unes à Katmandou.
- Les cartes du gouvernement népalais au 1:50 000. Les plus précises ! Les moins lisibles aussi ! On peut les acheter pour 100 roupies pièce au Survey Department à Katmandou.

Cartes numériques utiles pour une traversée de l’Himalaya Ouest
Pour des questions de poids, je n’utilisais non pas des cartes papiers mais des cartes numériques téléchargées sur mon téléphone via l’application Osmandmaps. Cela fut possible grâce à Peter Van Geit (voir plus bas) qui m’a aidé à regrouper toutes ces sources numériques sous forme de calques sur la même interface mobile (également possible via un logiciel tel que QGIS) :
- Les fonds de cartes au 1:50 000 de la Survey of India, plus vieil institut de cartographie en Inde. Les cartes sont disponibles sur ce lien. Ce fut ma base de travail la plus fiable et la plus riche pour élaborer mon itinéraire en Inde.
- Les fonds de cartes Olizanne abordés plus haut.
- Les fonds OSM accessibles à tous via toute application de cartographie.
- Les cartes népalaises de Map House en version PDF. Accessibles gratuitement et en basse résolution via ce lien.
- Les cartes Topo Sheet au 1:50 000 du gouvernement népalais disponibles en version pdf via ce lien.
- Les cartes militaires soviétiques disponibles via ce lien.
Note : avec l’aide de Peter Van Geit j’avais sur une même application les différents fonds de carte abordés ici, ce qui m’a beaucoup aidé une fois sur place. Vous pouvez le contacter directement via son propre site internet si vous avez besoin d’aide.
Contacts qui m’ont apporté leur aide lors de cette traversée de l’Himalaya Ouest
Cette traversée fut possible grâce à l’aide de différentes personnes qui m’ont partagé leurs connaissances et leurs conseils avant et pendant la traversée de l’Himalaya. Si vous souhaitez une mise en relation, vous pouvez m’envoyer un message.
En premier me vient Peter Van Geit, un aventurier belge qui vit dorénavant en Inde et qui dédie sa vie à la cartographie de l’ouest himalayen ainsi qu’au partage de ses compétences en la matière auprès de la communauté de marcheurs indiens ou autres. Ses connaissances en informatique lui permettent d’être très actif dans la répertorisation des sentiers sur OSM. J’ai été en contact avec lui tout au long de ma traversée de l’Himalaya au sujet de mon itinéraire, de la météo ou bien des coutumes locales.

Les Français sont très actifs dans l’Himalaya et rapportent beaucoup d’info à son sujet. J’ai ainsi pu être en contact avec Paul Grobel, guide de haute montagne, Martin Pierre, organisateur de treks hors des sentiers battus, Laurent Boiveau, baroudeur de l’Ouest népalais, François Suchel qui a traversé l’Himalaya en 2017, Bertrand Courtot qui m’a apporté des informations « à chaud » alors qu’il parcourait le massif d’est en ouest en 2024 ou encore Françoise Giroud de l’association Alpes Himalaya.



J’ai également échangé avec Zeesham Mushtaq, marcheur et grimpeur dans la région du Cachemire et Jahid Azad, directeur du tourisme à Pahalgam au Cachemire.
Pour le Népal, je me suis appuyé sur les conseils de Robin Boustead et Pawan Shakya à l’origine du développement du Great Himalaya Trail et des cartes associées. J’ai aussi croisé la route de Jamie McGuinness, l’un des plus grands défricheurs de sentiers himalayen !
Liens internets pour cette traversée de l’Himalaya Ouest
Voici aussi les ressources web que j’ai utilisé pour mener à bien cette traversée de l’Himalaya :
- Blog de Paul Grobel et notamment l’article sur les pistes d’exploration en Himalaya.
- Blog de Peter Van Geit, ses articles au sujet des outils de cartographie, ses comptes-rendus et encore ses échanges avec d’autres marcheurs himalayens.
- Sathya’s Trek blogs, les comptes rendus d’un ami à Peter, disparu en montagne au Spiti en 2018. Ses articles au sujet du Pangpo La et du Larsa Way ont été précieux.
- Blog de Martin Pierre et tous les retours d’expériences sur ces treks au Ladakh et au Népal.
- Blog de Laurent Boiveau et en particulier le récit de sa traversée de l’Ouest népalais en 2017.
- Le site du Great Himalaya Trail.
- Le site de David Brophy qui a réalisé la haute route du GHT en 2019 et qui donne tous les outils à qui voudrait se lancer dans pareil aventure.
- Blog de Roger Nix, compère de Jamie Mcguiness, avec qui il a traversé l’Ouest népalais et la région de Mugu en 2015 complètement hors des sentiers battus.
Trace GPX interactive de ma traversée de l’Himalaya Ouest
Tout au long de ma traversée de l’Himalaya, j’ai enregistré les traces gpx ainsi que les localisations des hébergements et des magasins. Le tout est répertorié dans la carte ci-dessous en libre accès. Pour autant, comme énoncé plus haut, il ne suffit pas de la télécharger et de la suivre les yeux fermés. Je me décharge de toute responsabilité.
Parmi les points sensibles à creuser : les itinérances sauvages et abruptes autour du Pangpo la, du Larsa Way et de l’extrême ouest népalais. Se renseigner également sur la situation au Cachemire vers Pahalgam (cf attentats du 22/04/2025).
La traversée de l’Himalaya ouest en 90 jours de marche
Cachemire (Inde) : jours 1 à 6

Départ de la marche
Note : pour la partie indienne de la marche je conseille vivement de prendre une carte sim de l’opérateur Jio. En effet, c‘est celui qui marche le mieux en montagne et au Ladakh. Seul hic, il faut avoir un passeport indien pour y souscrire. Il faut donc demander à quelqu’un (un passant ou une connaissance) de venir avec vous au magasin pour qu’il souscrive en son nom. Le mieux est de le faire à Delhi. J’avais Airtell au début mais je n’ai pas eu de réseau pendant toute ma traversée du Ladakh et j’ai pris Jio à Kaza.
Je quitte mes hôtes de Sumbal vers 8h30. Direction le col de Sanamus à 3900m d’altitude. Il pleuviote, la forêt vit, les bruits me surprennent. Là, un singe, là, une baraque engloutie par la végétation. Où sont les ours à collier, scalpeurs de l’Himalaya ? On m’a mis en garde car ils sont nombreux dans le coin.
Je pose le bivouac sur les rives du lac Sundersar. Tout est gris. L’eau, le ciel, mon moral. Que suis-je en train d’entreprendre ? Je ne réalise pas. Cette traversée de l’Himalaya est trop grande, trop éloignée de tout. Vais-je trouver l’énergie pour en venir à bout ? Mes proches me manquent déjà.

Lac de Tar Sar
Au matin, je croise des bergers près de leur campement. Ils s’affairent à la tonte des brebis. Au ciseau s’il vous plaît ! Ils m’indiquent alors la route à suivre en montrant vers le haut, la crête. Premier passage à 4000m derrière lequel apparaît le lac de Tar Sar, immense et impassible. Sylvain Tesson et Alexandre Poussin sont aussi passés par ici le 15 septembre 1997. Les descriptions du lac apparaissent dans leur livre La Marche dans le Ciel. Je me plais à les imaginer, déambulant là, en leur 124ème jour de traversée.


Aru et Pahalgam, la vallée ultra militarisée
Du lac, je déroule une longue vallée jusqu’à Aru, petit village d’altitude qui regroupe différents magasins, restaurants et guesthouses. Une piste asphaltée s’en échappe ensuite vers le sud, vers Pahalgam que je t’atteins en fin de journée. Les contrôles militaires sont fréquents. Les soldats montent la garde le long des routes. Et pour cause, le Cachemire indien est source de tensions multiples, revendiqué à la fois par l’Inde, le Pakistan et la Chine. Et, en ce mois d’août 2024, a lieu le yatra d’Amarnath. Tous les ans à cette période, les hindous affluent en terre musulmane pour se rendre à une grotte sacrée perchée à plus de 3800m où trône une stalagmite de glace à l’apparence de Shiva linga. Les forces de police et militaires sont alors omniprésentes pour veiller à la sécurité des pèlerins.
Ditap Gali (4030m)
Note : Officiellement, il faudrait un permis pour marcher au Cachemire. Il se demande à Srinagar au Recreation Wing of the Directorate of Tourism, TRC, Srinagar ou à Pahalgam au bureau du tourisme. Prévoir un certificat médical, une copie du passeport et un certificat d’assurance. Je n’ai rien fait de tout cela et je n’ai jamais été contrôlé. Autre chose : en temps de yatra, il serait aussi interdit de quitter Pahalgam après 14h pour des raisons de sécurité.
De nombreux sentiers sont ainsi fermés aux touristes non indiens. Le passage des cols de Gulol Gali et Sonsar Gulu est donc proscrit pendant deux mois. Je dois faire un détour par le sud et la passe de Ditap Gali (4030m). C’est Zeesham Mushtaq, marcheur et grimpeur très actif dans la région du Cachemire qui m’a mis sur la voie. Après une nuit au Paradise Hotel, je poursuis donc ma route vers ce mystérieux col dont la trace OSM n’est pas totalement enregistrée.

Mais, en ce troisième jour de ma traversée de l’Himalaya, je suis pris de nausées fulgurantes et d’une très grande fatigue. Quelque chose ne va pas. Est-ce dû au chicken fried rice de la veille ? Je me traîne le long d’une vallée dense en végétation. Des bergers m’accompagnent et compatissent dans mon calvaire. Je ne suis que l’ombre de moi-même. Surtout, mon moral est à zéro. Comment vais-je venir à bout de cette marche si je suis à plat au troisième jour ? Il me faut alors 9h pour grimper 1000m de dénivelé. Je me laisse finalement tomber sur un replat vers 16h30. Je ne peux plus faire un pas de plus.
Vallée de Warwan
Au col, le lendemain matin, je vomis les quelques fruits secs que j’ai réussi à avaler la veille. La vue s’ouvre sur les montagnes verdoyantes du Cachemire. Au loin, quelques sommets glacés pointent le bout de leur nez. C’est le Ladakh ! Pour le moment, il me faut descendre dans la méconnue et très isolée vallée de Warwan. Les habitants y arborent de magnifiques longues barbes à la couleur rouge !


Je passe la nuit au village de Sukhnai, hébergé par des habitants. Ashiq bredouille quelques mots d’anglais et nous discutons de la situation au Cachemire, de la vie en hiver dans la vallée ou encore des incendies qui ont ravagé le village il y a quelques années.

Il me faut remonter le cours d’eau sur plusieurs dizaines de kilomètres pour atteindre les prémices d’une moraine au lieu dit Kaintal. J’y laisse une famille de berger qui m’a offert son toit et m’attaque ensuite à cet immense tas de cailloux lugubre qui cache de nombreux pièges : les crevasses. Je mets vite le pied sur la glace, seul, si petit au milieu de cet empire minéral, je grimpe en louvoyant entre les trous et les rivières glaciaires. Plus haut, je croise un groupe de touristes indiens emmené par leur guide. Ils viennent de Panikhar, de l’autre côté, et font la traversée en plusieurs jours.
Col de Bhot Kol


Je passe le col de Bhot Kol à 4400m alors que le ciel s’assombrit. Les lieux me terrifient. Je suis encerclé par des crevasses sans fin, les chutes de séracs lointaines font des bruits sourds et résonnants, il se met à pleuvoir. Je vais alors vite dans la moraine et ses pentes scabreuses. Que c’est long ! Après une traversée d’éboulis risqués au-dessus d’un lac glaciaire, je mets finalement un pied sur un sentier digne de ce nom. Je passe sans m’arrêter au campsite de Mithung et je me heurte à la rivière Bobang Gali en contrebas. Il est tard, le débit est très important. Je choisis donc un endroit qui me semble approprié pour un gué, je fais un pas et je disparais jusqu’à la poitrine ! Je patauge, barbote, m’agite en me débattant et je parviens de l’autre côté essoufflé et trempé.
Le chemin menant à Panikhar est long, doux, facile. Je me laisse descendre des heures durant. La végétation a disparu, le vent souffle, les nuages paraissent si proches. Aucun doute, je m’apprête à entrer au Ladakh, le pays où le ciel est trop bas. Au village qui borde la route 301 menant à Kargil, je pose mes affaires à l’hôtel Khayoul. Je suis en paix, je viens de traverser la région qui me faisait peur. Le Cachemire est finalement derrière moi.
Ladakh (Inde) : jours 6 à 25

Un autre article du blog aborde le Ladakh :
Vers Rangdum
Je rentre au Ladakh comme dans un rêve. J’ai tant fantasmé sur ces lieux, les paysages chauves s’étendant à perte de vue, les cimes qui touchent le ciel, les bergers qui transhument au gré des saisons. Mais avant, un obstacle m’en sépare. J’ai beau retourner les cartes dans tous les sens, je fais face à une portion de 45 km de bitume inévitable. Je lance donc une série de podcasts, je rive mes yeux sur mes pensées et je m’élance de Parkachik pour une longue journée monotone au pied du Nun et du Kun, deux sommets de plus de 7000m.
Finalement, au détour d’une vallée, perché sur un éperon rocheux, la gompa rouge de Rangdum apparaît. Terminé les mosquées, je suis en terre bouddhiste !


De Rangdum à Dibling
Je passe une douce nuit au monastère, seul dans ma cellule, à bénéficier de l’hospitalité des moines. Au matin, je prends la direction des montagnes, j’en ai finalement terminé avec l’asphalte. J’espère atteindre en une journée le village de Dibling, mais un col m’en sépare, le Pigdong la, le premier à 5000m. Surtout, après une demi-journée de marche, vers 13h30, je bute au niveau de la rivière Spangbrok Nala qui s’écoule du glacier de Pangbok parce que les eaux sont en furie, pleines de limons. Impossible alors de traverser sans risquer de me faire emporter. Las, je me vois donc forcé de poser le bivouac pour attendre le lendemain.

À 7h, la rivière est méconnaissable et se traverse sans danger. Le froid mordant me réveille, j’avance vite en direction du col dans le lit du ruisseau. Vers 4800m, les sommets prennent des teintes de violet et de rouge, cela semble irréel. Puis c’est le Pidgong, la, ses drapeaux à prières, ses crânes de yacks et de bharals. Il me suffit de suivre une sente timide jusqu’à Dibling, village typiquement ladakhi, esseulé au creux d’une vallée, mais relié d’ici un ou deux ans par une piste à Lingshed !

De Dibling à Zangla
J’y rencontre deux moines de la gompa de Lingshed et je me joins à eux pour la longue étape à pied qui nous mènera au village. L’ambiance est bonne, à base de rigolades, de pauses thé, de pauses sieste et de pauses chapati ! Après le passage du Barmai la (4656m), Lingshed se dessine finalement au loin sur un flanc de montagne. Quelques semaines auparavant la bourgade a subi de grosses coulées de boue et les stigmates sont encore présents. Une courte nuit au monastère et c’est reparti en direction du très raide Hanuma La (4750m).

Dans la montée je rattrape Guillaume, son guide, son horseman et son cuisinier. Il arrive du Kanji la et je me joins à eux quelques heures. Je bénéficie même de la pause déjeuner à base de soupe, de dal bhat, de pastèque et de cookies ! Royal ! Eux font halte au pied du Parfi la (3809m) tandis que je poursuis jusqu’au village de Hanumil où un habitant m’ouvre sa porte.

De Zangla à Phuktal
En suivant des traces fraîches d’ours, j’atteins le lendemain Zangla, gros village de la vallée où les guesthouses sont nombreuses. J’obtiens d’un habitant qu’il me partage la connexion de son téléphone (Jio) pour donner des nouvelles. Je m’engouffre dorénavant dans les gorges très étroites de la Zumlung Nala. Le sentier se perd dans les caillasses et oscille entre rives gauche et droite m’obligeant à guéer la rivière à une quinzaine de reprises. Je progresse donc très lentement jusqu’au lieu dit Zangla Sumdo qui dispose d’une unique petite masure habitée par une famille qui s’affaire à couper du bois. Je poursuis dans une forêt d’arbrisseaux dense et je m’extirpe enfin de ce fouillis pour poser mon bivouac à Kong Lumche. La nuit, deux yeux m’observent depuis la forêt.



Il me faut enchaîner trois cols (Ningri la 5206m, Lar la 4708m et Gautang la 4870m) pour rallier le village de Shade. Les paysages sont immenses, magnifiques, et la météo est avec moi. Je dors dans une doksa, un abri d’été pour le gardiennage des yacks. Je parviens finalement à la Niri Nala, sous le village de Shade, que je traverse par un minuscule pont branlant et pas très rassurant. Jusqu’à Phuktal, j’emprunte un sentier haut perché en balcon qui surplombe la rivière Tsarap turquoise.



Jours de pause à Tangso
Après une visite du monastère, je dors à la guesthouse de Phuktal (douche chaude !) et le lendemain je prends la direction de Tangso, petit village du Zanskar où il est prévu que je retrouve mes amis de l’association Alpes Himalaya. J’y coule deux doux jours à partager le quotidien des habitants qui passe la grande majorité de leur temps dans les champs à cette période. Je retrouve aussi Françoise Giroud qui m’a beaucoup aidé dans la préparation de mon itinéraire au Ladakh/Zanskar et qui m’a apporté du matériel que je lui avais confié à savoir une paire de chaussures neuves, une balise de suivi satellite, des fruits secs et des barres.
Note : pour rappel, tout appareil satellite est interdit en Inde. J’avais pris le parti d’en récupérer un à partir de Thangso alors que les contrôles militaires étaient derrière moi. Attention aux contrôles à l’aéroport donc privilégier une mise en soute sans la batterie bien évidemment.


Suruchin la (5671m)
Le départ du village est douloureux, mais je suis motivé. Je passe le Suruchin la à 5671m dans la souffrance, pris de forts maux de tête. Il neige quelques flocons dans la descente et je passe ensuite la nuit dans la doksa du village de Tangze que l’on m’avait indiqué la vieille. Je me bourre de Doliprane et dors pendant 11h. Au matin, tout va pour le mieux et je longe une vallée immense, toute la journée durant, qui me mène finalement à Sarchu, ensemble de baraquements éphémères postés le long de la route de Manali – Leh. Il est possible d’y dormir, d’acheter des nouilles chinoises et des biscuits et de profiter d’une connexion Jio. Je rêvais de fruits, mais ce ne sera pas pour cette fois-ci !

Pangpo la, le col oublié
La section qui suit est l’une des plus ambitieuses de ma marche. J’ai repéré sur les cartes un vieil itinéraire empruntant le col de Pangpo la à 5400m d’altitude, permettant de rallier le lac Tso Moriri depuis Sarchu. À son sujet, j’ai glané les informations auprès de :
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- Laurent Boiveau. Il a emprunté le col en 2012 dans le sens Sarchu – Tso Moriri et m’a alors fourni une trace gps.
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- Pierre Martin. Il a essayé de passer le col dans le sens Sarchu – Tso Moriri en 2014 mais a du rebrousser chemin car l’itinéraire n’est jugé pas praticable avec des bêtes et il se retrouve bloqué au pied d’un couloir d’éboulis. Il y retourne en 2018 mais dans l’autre sens et parvient finalement à passer le col. Voici les conseils qu’il m’a donné avant mon départ :
« Quand vous venez côté Tsarap, vous arrivez au pied de l’éboulis atteint lors de ma reconnaissance ; vous montez sur la D dans les fortes pentes et vous trouverez un peu plus haut les traces du sentier qui monte vers le Pangpo La (quand j’y suis passé la dernière fois en venant du haut, certes c’était en descente, mais il y avait vraiment un sentier muletier en zigzags que j’ai suivi).
Pierre
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- Jamie McGuinness. Il a passé le col avec toute son équipe en 2014 et en 2023 et m’a plutôt mis en garde :
« Côté Ladakh, le sommet du col est facile à trouver, même s’il n’y a pas de sentier. Cependant, pour descendre par le bon chemin, il faut connaître le chemin. C’est un parcours difficile, avec plusieurs obstacles et, à moins qu’une équipe ne vienne de traverser, il n’y aura aucun sentier et le terrain est exposé. Je suppose qu’une trace GPS ne sera pas assez détaillée. L’itinéraire commence par le ravin, mais s’éloigne et traverse des pentes abruptes. Il est impossible de descendre la gorge. C’est également un col à sens unique en raison des éboulis abrupts ; ne le traversez que du côté Ladakh-Tso Moriri au côté Himachal Pradesh. Ne le faites que lorsque le Tsarap Chhu est bas. »
Jamie
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- Sathya. Il a passé le col en 2017 dans le sens Sarchu – Tso Moriri et livre des informations précises sur son blog.
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- Manav, un youtubeur indien passionné de trekking qui a essayé de franchir le col depuis Sarchu en août 2022 mais il a dû faire demi-tour après s’être perdu dans la gorge. Il a fait une vidéo à ce sujet :
La remontée de la Tsarap Chhu
Il me faut un jour pour rejoindre le lieu dit Thochuung Ri (37km). De Sarchu, je suis la route bitumée en direction de Leh sur plusieurs kilomètres jusqu’au pont au-dessus de la Tsarap. De là, je reste en rive gauche et déroule une maigre sente qui s’enfonce vers l’Est. Le chemin disparaît vite, mais la navigation est aisée. Il suffit de suivre la rivière parfois sur ses berges, parfois sur les hauteurs. Par moment, un cairn est là pour me remettre sur la bonne route !

Les choses se compliquent plus tard, quelques kilomètres après le passage d’un très gros cairn inratable. Il faut descendre à même le lit de la rivière pour marcher à même les galets à partir du lieu dit Lamaguru. De là, des bras de rivière me barrent la route à plusieurs reprises et je me décide finalement à traverser en rive droite. Je poursuis quelques kilomètres, mais je me retrouve bloqué à nouveau par la rivière. Cette fois-ci elle est plus agitée, mais je prends mon courage à demain pour la franchir à nouveau et repasser rive gauche. Je parviens finalement à Thochuung Ri en fin de journée sous une pluie fine. Je pose le bivouac derrière un gros rocher. Demain matin il faudra traverser à nouveau la rivière.
Passage du Pangpo la
Vers la gorge
Au réveil, le ciel est dégagé. Ouf ! Je redoutais de passer le col sous la pluie. Il faut traverser la Tsarap glaciale à cette heure si matinale en faisant face à de magnifiques formations géologiques. Je crois être sur une autre planète.

Je quitte donc le lit de la rivière pour passer derrière les « pénitents » et tire droit vers le Sud-Est à la recherche de l’entrée de la gorge du Pangpo la. On ne peut pas la louper, de nombreux cairns ont été construits à cet endroit.
Note : il est possible d’éviter la première partie de la gorge en contournant par le sud le sommet à 5090m puis en redescendant dans la gorge à ce niveau : 32.71841, 77.90253
Dans la gorge
Par peur du mauvais temps, je remonte alors la gorge au pas de course, sautant de bloc en bloc, oscillant entre rive gauche et droite du ruisseau qui ne présente aucune difficulté à traverser. Les choses se compliquent ensuite au niveau de l’embranchement entre deux gorges. Je file dans celle de gauche, très étroite. Par moment les traces d’un vieux sentier se font sentir. Je m’obstine à rester dans le lit de la rivière et je perds la trace de la sente qui part sur les hauteurs en rive droite. J’escalade de gros blocs dans un chaos sans nom et finalement je parviens à l’endroit où la trace quitte la rivière. À l’endroit où Pierre s’est retrouvé bloqué en 2014.

Une pente très raide en éboulis part sur la droite. Je fonce alors, à quatre pattes. Du fait de l’altitude, je suis très essoufflé, mais j’essaie de maintenir le rythme. Plus haut, je découvre avec bonheur les traces d’une sente en zigzag. Je suis donc sur le bon chemin ! Il me suffit de ne plus la quitter pour m’extraire enfin de la gorge et rallier le col. Aucun drapeau à prière, aucune trace de passage récent. Seul un cairn nu marque la passe alors j’y accroche quelques khatas que je transportais dans mon sac. Quel soulagement !
Transition vers le Parang la
Pour sortir du Ladakh et entrer en Himachal Pradesh, je vise ensuite un col assez emprunté et proposé par les agences de trek, le Parang la, pas loin de la frontière chinoise.
Note : pour cette section, il faudrait officiellement se munir d’un Inner Line Permit mais comme mon itinéraire évite les zones de contrôle (Karzok), j’ai fait sans. Pour en faire un, il faudrait passer par Leh et par l’intermédiaire d’une agence. C’est possible même pour un marcheur solo, mais la durée de validité du permis est seulement de 14 jours. Je crois qu’il est aussi possible d’en obtenir un à Rekong Peo en Himachal Pradesh.

Vallée de Pang
La descente du Pangpo la est ensuite longue, très longue. Il est difficile de s’imaginer l’immensité des vallées dans ces coins reculés sans y avoir mis les pieds. Je marche alors droit, la tête enfoncée dans les épaules et emmitouflée dans ma serviette de toilette pour me protéger du soleil brûlant. Je fais l’erreur de ne pas remplir mes gourdes à la rivière pensant qu’elle ressurgirait plus tard. Que nenni ! Impossible de trouver de l’eau en 25km car les galets m’entourent. La rivière doit couler en dessous. Je poursuis jusqu’à atteindre la vallée de Pang où je trouve finalement une petite flaque.


Tso Moriri
Les kiangs, ânes sauvages, me tiennent compagnie dans ma solitude. Ils sont nombreux dans ces hautes vallées. La vallée de Pang est comme la précédente : plate. J’y passe une journée entière jusqu’à déboucher finalement sur la plaine qui borde le lac Tso Moriri. Quel n’est pas mon étonnement quand j’y croise des engins de travaux et des ouvriers ! Comme à beaucoup d’endroits en Himalaya, ils construisent une piste ! Le projet est démentiel, une route reliera donc un jour le Ladakh au Spiti par le Takling la !
Il me suffit de la suivre pendant une dizaine de kilomètres pour rejoindre la vallée du Parang la où je pose mon bivouac faute de pouvoir traverser la rivière en cette fin d’après-midi.

Passage du Parang la (5562m)
La vallée menant au Parang la est grandiose. Malgré le vent de face, je suis comme aimanté par les sommets qui m’entourent. Le chemin est assez bien tracé (attention à traverser la rivière assez tôt le matin pour passer en rive droite). Je croise 4 randonneurs ! J’essaie de monter le plus haut possible pour réduire l’ascension du lendemain et je pose donc le bivouac à 4900m près de la rivière (là où il faudra traverser au petit matin) avec vue lointaine sur le col.

Je suis réveillé par la pluie. Il est difficile de m’extirper du sac de couchage et de me mettre en route. J’enfile ma doudoune et mes moufles et j’entreprends ensuite le gué glacial auquel je commence à être accoutumé. Le glacier du Parang la se perd dans les nuages. Quel temps pour passer un col aussi haut ! Je suis les cairns dans la moraine et je mets finalement un pied sur le glacier recouvert par une pellicule de 5 cm de neige fraîche. Aucune trace, je navigue à l’aveugle dans le brouillard, les yeux rivés sur mon téléphone.

Je distingue le col et j’essaie de grimper au plus direct mais la dernière pente raide est pleine de glace. Impossible de la gravir avec mes baskets de trail ! Après plusieurs tentatives qui se soldent par des glissades, je contourne finalement la difficulté par la droite en louvoyant dans les barres rocheuses. Dans un vent glacial, j’aperçois enfin les drapeaux à prière qui claquent dans le brouillard. Je suis en Himachal Pradesh !

Himachal Pradesh (Inde) : jours 25 à 38

Spiti
Par le Parang la, je quitte finalement le Ladakh, la région la plus documentée de mon parcours. En « montagnes russes », je parviens à Kibber puis Kaza en ne manquant pas de faire une halte au monastère-forteresse de Kee gompa le plus grand de la vallée.

À Kaza, où il y a plus d’hôtels que de touristes, je marque une journée de pause essentiellement dédiée à obtenir une carte sim Jio et à m’empiffrer de fruits en tout genre. Je me renseigne également sur la prochaine difficulté de ma traversée de l’Himalaya, le col de Larsa Way qui devrait me permettre de rejoindre la vallée de Kinnaur.
Deux étapes de transition par le col de Demul-Hikkim 4765m puis Lhalung et son monastère millénaire me permettent d’atteindre le village de Tiling en fin fond de la vallée de Pin. J’espère engranger des informations au sujet du col de Larsa Way qui viendraient compléter celles trouvées sur le web.
Col de Larsa Way (5284m)
Contexte
Voici alors les informations à ma disposition : le col de Larsa Way (ou Larsa We) à 5284 m est un vieux col permettant de passer des vallées de Spiti à Kinnaur. Il est donc une alternative au plus connu col de Pin Bhaba (4898 m) fréquemment emprunté par des trekkeurs. Sur internet, on trouve alors trace de passages du Larwa Way en 2005 et en 2016. Le seul compte rendu existant a été rédigé par Sathya sur son blog. Il l’a franchi lui aussi en 2016 dans le sens Kinaur – Spiti. Voici son commentaire :
Le trek de LarsaWe est difficile et fatigant, avec plusieurs montées et descentes de plus de 500 m (environ 4-5), et 3-4 traversées de ruisseaux avant d’atteindre le pied du col du côté du Kinnaur (appelé Lipu kanda). Trouver son itinéraire, notamment celui du camp de base au col, peut s’avérer difficile, à moins d’avoir un guide local (ce qui n’était pas mon cas) ou une bonne carte et un GPS. Les vues sont magnifiques et le trek est tout simplement magnifique. Le berger local a déclaré n’avoir vu personne faire ce trek depuis 4 ans.
sathyastravels.blogspot.com
Le passage semble faisable, mais entre 2016 et 2024, il y a 8 ans. Et en 8 ans, les glaciers ont donc pu changer, des pans de montagnes ont même pu s’ébouler, les lits des rivières ont pu se transformer. À Tiling, je rencontre un vieux villageois qui a fait le col 2-3 fois quand il était plus jeune. Il me donne quelques détails notamment qu’il y a deux façons d’entrer en Kinnaur après le passage du col : une plus courte, mais plus dangereuse en suivant la rivière Taiti Garang et une plus longue et plus physique qui traverse de nombreuses vallées en amont de la rivière. Il me dit qu’avec cette dernière, j’en ai pour 4 jours de traversée avant le premier village : Asrang. La dernière fois que quelqu’un a passé le col c’était un berger il y a trois ans.

Passage du col
Vers 6h, je me mets en route car je redoute la météo qui tourne au mauvais souvent ces derniers jours. Je suis une piste jusqu’au lieu dit Ensa puis je remonte une petite sente bien marquée jusqu’à 4100m d’altitude. Elle se perd dans le lit du ruisseau et j’ai ensuite la bonne idée de monter sur un éperon en rive gauche. C’est la bonne route car je surplombe des gorges très étroites en contrebas.
Je débouche sur un espace de pâturage pour les yacks (vieilles bouses fréquentes), mais aucun signe d’un quelconque animal. Je poursuis ma montée en hors sentier et j’arrive sur la moraine. J’essaie alors de faire au plus logique, apercevant quelques rares cairns. Il se met à neiger. Je rage, il fait jamais beau quand je passe un haut col ! Des langues de glacier apparaissent et je dois donc faire attention à ne pas glisser quand je les traverse ou les remonte. Après un dernier raidar scabreux, j’atteins finalement le col où trônent d’imposants cairns que j’apercevais depuis le bas.

Longue transition vers Kinnaur
La descente est très raide. J’aperçois la pluie qui me guette au loin alors je vais au plus vite sans me poser beaucoup de questions. Je désescalade des canyons glissants sans vraiment savoir si je suis sur la bonne route (surement pas ! Et j’ai dû mal à imaginer que l’on puisse trouver le bon itinéraire dans l’autre sens) et je débouche finalement au lieu dit Larsa Kaptang Tash. Dans ma tête je suis finalement tiré d’affaire et je prends une petite pause avant d’entamer la descente le long de la rivière.
Je dois la traverser à plusieurs reprises, car les ponts de neige se sont effondrés et je finis par la longer sur les hauteurs en rive gauche. En fin de journée, j’atteins une petite hutte de berger, parfaite pour passer la nuit !

Bloqué dans la gorge
Le lendemain, je n’échappe pas à la pluie. La journée s’annonce terrible et ça ne manque pas. Aucune trace de sentier. Je redescends dans la gorge et je cherche ensuite désespérément un moyen de m’en échapper par le haut en rive droite. C’est l’itinéraire que décrit Sathya, mais tout me paraît trop raide, trop dangereux et trop humide. Sans solution, je grimpe donc sur une crête très escarpée m’agrippant aux racines et aux rochers branlants. Je me retourne, si je tombe c’en est terminé. Je suis à la limite du risque que j’accepte de prendre.

Enfin, je quitte la gorge et je reconnais l’itinéraire décrit par Sathya. Surtout, j’aperçois une hutte de berger et un troupeau. Un humain ! L’homme, tout étonné de ma présence, m’envoie alors sur le bon chemin : un enchaînement de montées et de descentes entrecoupées de gués glacés et turbulents. Je passe ensuite différents campements abandonnés et c’est à celui de Drimbling que je mets un terme à ce long calvaire humide. Trois bergers sont abrités sous une bâche et me font un peu de place pour la nuit.



Après cette nuit chaleureuse, passée donc à 4 dans 3 m2, asphyxiés par la fumée du feu à la bouse de yack, je repars sous la pluie et je parviens au village de Taktu à la mi-journée. Je suis finalement tiré d’affaire, j’ai atteint Kinnaur et sa végétation luxuriante. Je n’avais pas vu d’arbres depuis le Cachemire il y a 20 jours !
Kinnaur
Il pleut durant des jours. Tellement que je décide de faire une journée de pause à Rekong Peo tant je suis trempé jusqu’aux os. Mon corps comme mon moral sont rincés. J’en profite donc pour donner des nouvelles et me refaire une santé ! Il faut encore que je franchisse un col d’altitude, le Rupin Ghati perché à 4659m.
Je me procure un parapluie, car le mauvais temps va me suivre pendant des jours encore. Et c’est dans la boue, la neige et le brouillard que je passe le col transi de froid. J’aurais aimé essayé le col de Nalgani (4470m) mais la météo a raison de ma motivation.


Je rejoins des bergers avec qui je fais la descente et nous pataugeons tous ensemble dans la boue jusqu’au village de Jakha où se trouve un petit homestay bien apprécié. Ça y est, je suis finalement au sud de l’Himalaya, dans ces contreforts verdoyants. Les hauts plateaux du Ladakh paraissent maintenant si loin ! J’essaie un temps de trouver le chemin vers le lac de Baraadsar, mais c’est peine perdue. Les chemins sont engloutis sous la végétation et les autochtones ne comprennent pas où je veux aller. À contrecœur, je rebrousse donc chemin et je déniche un beau sentier en balcon qui me permet de rejoindre le village de Masri, dernière halte avant l’Uttarakhand.


Uttarakhand (Inde) : jours 38 à 60

De Masri à Hanuman Chatti
C’est parti donc pour le dernier état indien, l’Uttarakhand. Je l’avais complètement sous estimé car il s’agit de la partie la plus éprouvante de ma traversée de l’Himalaya en termes de dénivellation, de météo et d’orientation. D’ailleurs, au village de Jakhol, le ciel se déchaine dans un orage puissant. Le sentier qui mène à Taluka est devenu quasi impraticable car une coulée de boue a tout emporté et je traverse la zone en vitesse.

La suite est une succession de cols oscillants entre 3000 et 4000m d’altitude entrecoupés de descentes profondes et abruptes dans les vallées habitées. Souvent, j’ai repéré le col sur les cartes de la Survey of India, mais la végétation luxuriante rend la progression très compliquée. En mon quarantième jour de marche, dans la montée vers le col de Pachikandi (4227m) je note dans mon carnet :
« Je loupe le début du sentier et je dois couper droit dans la forêt. Tout est plein de boue. Je m’enlise à chaque pas. Je retrouve la trace d’un vieux sentier et le suis, seul, pendant longtemps avec quelques traces d’ours. »
Jour 40 (29km, 2610m d+)


Je surestime souvent ma progression journalière et, du fait des difficultés à orienter et du relief escarpé, je n’atteins que rarement les objectifs que je me fixe les matins. Là où je pense mettre quelques heures, il me faut finalement la journée entière pour en venir à bout. Plusieurs fois, je n’arrive pas à rallier un village avant la nuit et des bergers m’accueillent en pleine forêt. C’est le cas peu avant le village d’Hanuman Chatti, quand, désespéré, je tombe finalement sur des maisons habitées au milieu de nulle part.

De Hanuman Chatti à Malla
Et, au fond de chaque vallée, il faut traverser la rivière. Parfois les ponts sont importants, présents depuis des années, mais souvent ce sont des petites passerelles éphémères reconstruites chaque saison. Je n’ai qu’une peur, c’est que le pont soit emporté et que je me retrouve bloqué sans pouvoir traverser. Cela m’arrivera plusieurs fois et dans ce cas il me faut tout remonter sur mes pas et chercher un passage plusieurs kilomètres en amont ou en aval.


Après le passage au sommet du Dayara (3651m) dans une brume épaisse, je redescends sur la route menant à Gangotri au niveau du village de Malla. C’était prévu depuis le départ, je mets en pause ma traversée de l’Himalaya durant quelques jours pour me rendre à Dehradun où j’espère rencontrer des employés de Survey of India qui pourraient m’informer sur l’histoire de cet institut. J’aimerais alors réaliser une interview à intégrer dans un prochain film.
Jours de pause à Dehradun
Pour me rendre à Dehradun, capitale de l’Uttarakhand, je saute donc dans un camion jusqu’à Uttarkashi où je passe la nuit dans un hôtel crasseux infesté de cafards. Aux toilettes, j’urine noir ! Panique ! Je bois alors un litre d’eau cul sec et tout redevient normal. Ouf ! Au petit matin, j’intègre un bus local et il nous faut ensuite 6 heures pour rejoindre Dehradun. C’est le retour à la civilisation, les routes grouillent de véhicules en tout genre, ça klaxonne, ça crie. Je m’offre deux nuits à l’auberge de jeunesse Art Buzz et me goinfre de pizzas, pancakes et pâtes dans les restaurants alentour dont le très agréable Cafe de Piccolo !
Je me rends ensuite aux bureaux de Survey of India où se trouve un musée relatant toute l’histoire du plus vieil institut de cartographie au monde. On me donne finalement, après quelques signatures, l’autorisation d’enregistrer une interview de Payal Arya, surveyor.

Je profite de mon passage en ville pour régler plein de petits détails tels que la réparation de mes chaussures détériorées par l’humidité et la boue ou encore racheter des chaussettes au Décathlon du coin (si si !) pour changer les miennes qui ont moisi. Trois jours après l’avoir quitté, je suis finalement de retour au village de Malla, prêt à poursuivre ma traversée de l’Uttarakhand et m’imaginant un peu naïvement que le Népal est tout proche.


Lac et col de Shastru Tal
Montée du col
La prochaine difficulté est imminente puisque j’ai choisi de passer par le lac de Shastru Tal perché à 4600m d’altitude et pour ne rien changer, il pleut ! Je bénéficie d’une aide précieuse pour cette section car j’ai en ma possession les traces gpx de François Suchel passé par là avec sa femme en 2017 lors de sa traversée de l’Himalaya en courant.
La montée est facile en termes de navigation. Le sentier est bien tracé puisque le lac est un lieu de pèlerinage plus tôt dans l’année. J’avale les 3000m de dénivelé positifs dans la journée et je pose finalement mon bivouac à la tombée de la nuit sur les rives du lac de Lingam Taal. Le sol est imbibé d’eau alors je me réveille plusieurs fois pour écoper les flaques qui se forment sous mon matelas. Au réveil, la météo n’a pas changé et toutes mes affaires sont trempées.

Un dernier raidar me mène au lac de Shastru Tal caché dans la brume et au passage du col, marqué par un cairn, une petite éclaircie arrive en récompense de mes efforts. Le moment est suspendu, j’en profite avant que les nuages ne m’avalent à nouveau.


En 2017, François Suchel s’est égaré dans la descente en face est. Avec sa femme, ils ont erré plusieurs heures dans les pentes glissantes cherchant désespérément la sortie. Ils finissent par bivouaquer au milieu de nulle part et trouvent finalement une échappatoire au petit matin. Il faut dire que personne ne redescend de ce côté. Les pèlerins font un aller-retour depuis Malla. Cet épisode est retranscrit dans le film de François : Liberté, Foulées, Fraternités à 5min20 :
Descente du col
Je ne veux pas reproduire les mêmes erreurs et je garde constamment un œil sur leur trace gps pour ne pas descendre aussi bas qu’eux dans les ravines. Mes cartes de Survey of India m’indiquent un itinéraire qui reste sur la crête, mais elle est impraticable et beaucoup trop dangereuse sous la pluie. Je descends un peu plus bas, mais je ne trouve aucune trace du passage et je finis par me perdre, moi aussi, dans des pentes scabreuses entourées de buissons et de falaises où l’eau ruisselle. Je tente une traversée en biais pour rejoindre la crête plus loin, mais je prends des risques considérables. C’est si raide, et je ne vois rien avec ce brouillard épais ! Enfin, j’aperçois un cairn et une sente. Elle passait un peu plus haut, mais depuis la vallée qui descend du col il est impossible d’en voir le point de départ.

Pour autant, je ne suis pas tiré d’affaire. La pluie persiste, la végétation m’arrive au torse et le brouillard rend en plus la tâche ardue. Par moment, je passe des grands cairns, puis plus rien. Seul un chaos de blocs et de broussailles s’offre à moi. Mon moral et ma patience sont en berne, je vais droit malgré tous les obstacles qui m’assiègent en suivant un cap. Je retrouve la trace de François plus bas dans la forêt et je déroule finalement une minuscule sente très abrupte jusqu’au fond de vallée. J’atteins le village de Gangi, à bout de nerfs et complètement épuisé.
De Gangi à Gopeshwar
La suite est à l’image du reste. La pluie me cueille régulièrement et je passe les cols sans qu’aucune vue ne me soit offerte. Les jours où j’ai de la chance, je rencontre un autochtone qui me montre le bon chemin en me proposant alors de le suivre. Cela se termine souvent pas une invitation à partager un repas chaud au campement.

Il me faut plusieurs jours pour rejoindre la ville de Gopeshwar. J’ai réussi à éviter la route provenant du yatra de Kedarnath en suivant les chemins indiqués par les cartes de Survey of India. J’assiste de loin au tumulte des hélicoptères et je reste dans des vallées isolées loin de l’asphalte et du vrombissement des moteurs. La tendance du moment : on m’offre régulièrement des concombres ! Je m’empresse alors de les manger pour m’éviter de les porter.

Du village de Mansuna, je répertorie un nouveau sentier à travers la jungle permettant de rejoindre le col routier de Chopta Chatti où les pèlerins en nombre se pressent pour monter au temple de Tungnath. Je file par la route, empruntant les nombreux shortcuts glissants. En contrebas je crois trois Tchèques qui font Singapour – République tchèque à pied. Ce sont les premiers touristes occidentaux que je croise depuis Kaza il y a un mois !
De Gopeshwar à Munsyari

Le beau temps revient pour quelques jours et j’enchaîne alors les étapes à avec une moyenne à 2000m de dénivelé. Je passe les villages de Ramni, Wan, Barakani. J’arrive à ce dernier en m’étant fait surprendre par la nuit. Dans la forêt je marche en éclairant avec mon frontale mais je ne vois aucune lumière au loin qui annoncerait un village. J’arrive finalement à une première maison. C’est le noir et le silence total. Je tombe ensuite sur des gens. Il y a une panne de courant ! On m’ouvre une porte, on m’offre un lit et un repas. Le petit shop est à sec, ils n’ont pas ravitaillé depuis un bail. Il faut tout faire à dos d’homme !

En ce moment c’est la récolte du cannabis. Les tiges sont plus grandes que moi et toutes les familles s’affairent alors à frotter les feuilles pour en conserver qu’une petite partie qui sera vendue 800 roupies les 100g. Le village de Khati est assez touristique avec de nombreux lodges et shops. C’est le point de départ pour le trek glaciaire de Pindari au nord. De mon côté, je poursuis ma quête vers l’est, avalant entre deux et trois cols à chaque étape.


Je débarque finalement à Munsyari par les crêtes de Khalia Danda, magnifiques, avec vues sur le sommet du Panchchuli avoisinant les 7000m. En théorie, il faudrait un permis pour cette section, mais les gardes me laissent passer et m’indiquent gentiment un hôtel local peu onéreux (300 roupies la nuit !).
De Munsyari à Darchula
Il ne me reste que quelques étapes pour rallier la frontière népalaise, mais pas des moindres. Je vise un premier village, Bona, mais je me retrouve bloqué à la rivière faute de pont pour traverser. En essayant malgré tout, je fais une chute de plusieurs mètres qui me coutent des écorchures et une peur bleue. De Bona, en une étape de 2700m de dénivelé, je rejoins Teejam par trois cols très isolés : Dharti Khal (3420m), Dharti Kharak (3797m) et le Balsi Khal (3897m). Je me perds dans la montée vers le premier. Le chemin a disparu sous la végétation qui m’avale jusqu’à hauteur de nuque. Je crie, je n’en peux plus de me frayer un passage à coup de bâton. Sur la crête un peu plus haut, je retrouve ensuite une sente digne de ce nom.

En arrivant à Teejam, je sais que les difficultés sont définitivement derrière moi. Il ne me restera plus qu’à suivre la route frontalière jusqu’à Darchula puis d’entrer au Népal. Pour cette dernière soirée en Inde, je suis logé chez des cueilleurs de yarsagumba. Ils me montrent des vidéos où ils prennent tous les risques pour trouver le précieux champignon-chenille qu’ils vendront à prix d’or en Chine. Ils m’en offrent deux, j’en suis donc super honoré !


Dernière étape pour rallier Darchula depuis Teejam qui consiste à suivre une route asphaltée envahie par la poussière. Je marche vite, happé par l’objectif, et j’atteins la grosse bourgade en début d’après-midi. Après 59 jours de marche, j’ai finalement traversé l’Himalaya indien !

Far West (Népal) : jours 60 à 69

Passage de la frontière Inde – Népal
Côté indien
Il n’est pas possible de passer la frontière à Darchula si l’on n’est pas de nationalité indienne ou népalaise. Une passerelle fait la jonction entre les deux pays, mais elle ne m’est pas accessible. Je dois donc faire un long détour par le sud. Je saute dans un bus à 6h30 qui m’emmène à Banbasa pour 1000 roupies et 10h de trajet. Nous faisons un bref arrêt à Pithoragarh en cours de route pour que je récupère le colis que je m’étais envoyé depuis Delhi avec une paire de chaussures neuves.
A Banbasa, un tuk-tuk m’emmène jusqu’à l’office de l’immigration qui vérifie mon passeport puis mes bagages. Un tuk-tuk népalais prends ensuite le relai jusqu’au bureau qui peut me délivrer un visa. Il n’accepte que les euros, les dollars ou les roupies népalaises, mais pas les roupies indiennes. Un petit bureau de change juste à côté me convertit alors mes roupies indiennes en dollars avec un taux qui sent l’arnaque. Mais pas moyen de négocier c’est ma seule solution.
Note : si c’était à refaire, j’aurais transporté depuis la France les 125$ destinés à payer mon visa de 3 mois pour le Népal. En faisant au dernier moment, cela m’est donc revenu à presque 180$ !

Côté népalais
Je vais directement à un hôtel puis je réserve le bus pour le lendemain. Départ 5h pour Darchula au prix de 1600 roupies népalaises !
Note : je fais l’erreur de prendre une carte sim népalaise de l’opérateur Ncell, mais c’est Nepal Telecom qui marche le mieux en montagne. Je changerai plus tard sur la route.
Le bus népalais est bien plus grand et les routes bien plus mauvaises. Nous sommes serrés les uns sur les autres. Beaucoup vomissent à même le couloir central, les odeurs sont épouvantables. Ce calvaire se termine après 15h de route. À Darchula, je suis le chauffeur qui me montre un hôtel pour népalais de passage qui fera l’affaire pour deux nuits et une journée de repos.
Api Himal
J’ai beaucoup analysé les cartes au Népal pour imaginer un itinéraire loin des pistes et des checkposts. Paul Grobel m’a mis sur la voie d’un itinéraire isolé et non documenté sur les hauteurs de Darchula et qui permettrait de contourner au plus près le massif de l’Api Himal. Il y a dédié un article sur son blog.
Note : il faut officiellement un permis pour marcher dans l’Api Nampa Conservation Area. Il coûte une quinzaine d’euros et se prend à Darchula, mais il n’y a aucun contrôle le long de mon itinéraire.
Crêtes de Kopu Lek
Cet itinéraire est à tout point de vue une pépite. Il longe les crêtes du Kopu Lek offrant de magnifiques vues à 360°. Bien qu’il faille chercher un peu son chemin du côté de Aphare et livrer une rude bataille de 3000m de dénivelé pour s’y hisser, cette option vaut largement le coup. Voici une magnifique variante à la basse route du ght qui termine sa course par des pistes interminables avant Darchula.


Note : À qui voudrait s’y frotter, il existe sans aucun doute des itinéraires encore plus sauvages qui s’approcheraient au plus près de l’Api Himal au Nord. J’ai une photo peu lisible d’une carte où ils apparaissent et surtout j’ai pu apercevoir au loin des chemins bien distincts s’en allant vers l’est et possiblement la vallée de Shabaya. Qui osera ?!
Dhambad
De mon côté, j’en reste à ce que j’avais préparé, c’est à dire continuer de suivre la crête et de basculer plus au sud vers le lieu dit Dhambad. L’itinéraire est facile à suivre, monte parfois assez raide, passe au niveau de campements désertés, mais qui peuvent offrir des abris précaires si nécessaire. Les choses se compliquent après le col de Sinntol.
Pour m’orienter sur ce tronçon je dispose des cartes népalaises au 1: 150 000 (peu utiles sur place) et des vieilles cartes du gouvernement au 1:50 000. C’est ces dernières auxquelles j’accorde le plus d’importance, mais une fois entré dans la forêt, le tracé sur la carte est faux et je me perds dans une végétation très dense. Je crois ne jamais arriver à trouver la sortie et je tourne en rond pendant des heures quand j’entends des bêlements. J’abandonne toute tentative de trouver ma route et je me rends en direction des bruits. Au beau milieu de la jungle non loin du lieu dit Dhambad, il y a un camp de bergers. Ils m’invitent à passer la nuit sous leur bâche.


Le lendemain, je suis un des hommes qui rentre au village et heureusement. Il m’aurait été impossible de trouver ma route sans trace gpx dans cet empire végétal. Au prix d’une longue journée sur des sentiers très utilisés en ce temps de Dashain, je parviens au village de Chhetti à la nuit tombée.
Saipal
Chhetti est le dernier village sur ma route avant une longue et sauvage itinérance qui devrait m’emmener dans le district de Simikot. C’est un gros challenge de ma traversée de l’Himalaya que de réaliser ce tronçon. Il n’a été documenté que par deux personnes :
-
- Laurent Boiveau en 2017 dans le sens nord-sud. Le récit de sa traversée est à retrouver sur son blog.
-
- Jamie McGuinness et Roger Nix en 2015 dans le sens sud-nord. Le récit est à retrouver sur le blog de Roger.
Jour 1
Faute de trouver le shop de Chhetti ouvert, je me ravitaille directement chez l’habitant en chapatis, œufs durs et pommes de terre bouillies. Cela devrait faire l’affaire pour un tronçon que j’estime à 4 ou 5 jours.


Le premier jour j’enchaîne trois cols : le Patan Rashi Bhanjyang (4698m), le Dubai Bhanjyang (4583m) et un dernier non nommé sur les cartes à 4320m. Il n’y a pas vraiment de sentier qui les relie, mais quelques traces humaines existent : cairns, drapeaux sur les crêtes, et cabanes entre le deuxième et le troisième. Je pose le bivouac près du lac de Tansera qui semble être un lieu de pèlerinage vu les édifices existants autour.

Jour 2
Durant la deuxième étape, je pars à la recherche du col de Nilkhati Khal à 4950m. Le sol est complètement gelé au réveil et l’itinéraire est peu visible, mais l’orientation n’est pas trop dure et j’atteints la passe dans la matinée. La descente côté nord est assez abrupte sur quelques mètres, il faut faire attention à de potentielles chutes de pierres. Ensuite, le vallon se descend tranquillement, je passe à nouveau devant des abris sans personne puis j’arrive au pont du lieu dit Naya Odar.

Je suis alors au début de la longue vallée qui mène vers l’Urai la et la Chine ! Plus tôt dans l’année, c’est un itinéraire parcouru par les marchands qui transitent entre les deux pays. De nombreux détritus aux écritures chinoises jonchent le sol et il existe même un lodge au lieu dit Dahachaur, mais fermé le jour où je passe. Je pensais la remontée aisée, mais ce n’est pas du tout le cas. Tantôt le sentier pars dans le lit même de la rivière qu’il faut traverser à plusieurs reprises, tantôt il part sur les hauteurs en rive gauche de façon très escarpée.


Alors que j’arrive au lieu marqué Saipal, broyant du noir dans ma solitude et sous un ciel plutôt gris, quelle n’est pas ma surprise quand j’aperçois une dizaine de tentes en contrebas de la rivière ! Il s’agit du premier trek commercial organisé dans la vallée et des Français y participent ! Alors que je devais me contenter de mes patates bouillies froides, je me retrouve invité dans la tente mère autour d’un plat de momos et de mangue au dessert. Irréel.
Jour 3
En ce troisième jour, je pars avant tout le monde en direction du « col rouge », le Dauphan la à 5137m. Je laisse l’itinéraire bien tracé de l’Urai la et m’engouffre dans ce qui seront les kilomètres les plus sauvages de ma traversée de l’Himalaya. Aucun sentier, aucune trace de passage. Au col, un maigre cairn composé de trois ou quatre rochers semble ici par hasard. Sur l’autre versant, un épais névé glacé me barre le passage. Je dois monter plus haut pour le contourner. Puis c’est la moraine et enfin les hautes prairies où le silence résonne.


Bien plus bas, au niveau d’un petit lac, il faut remonter 700m de dénivelé afin d’éviter des gorges trop abruptes. Le sentier est assez visible et est sans doute utilisé par les cueilleurs de yarsagumba. Très fatigué, je pose mon bivouac au lieu dit Syangtal. Ce sera la nuit la plus froide de ma marche avec -7°C relevés au thermomètre.

Jour 4
Le quatrième jour, je pars dans un froid mordant pour remonter une vallée qui arrive du nord. Je suis très fatigué, j’ai faim tout le temps, mais j’arrive sur des plateaux perchés à 5000m d’altitude et avec vue sur le raide col de Krarang la (5306m). De loin il ne paraît pas accessible, mais finalement une maigre sente traverse les éboulis sans difficulté particulière sinon l’altitude et le vent glacé. Au sommet, le Saipal apparaît, grandiose. Je reconnais en contrebas un lac décrit par Laurent en 2017. Le village de Chala n’est plus très loin !

Les difficultés ne sont pas terminées. Par erreur, je m’engage dans des barres rocheuses trop abruptes et je me fais une belle frayeur qui dure de longues minutes. Une fois dans le lit de la rivière, je peste quelque peu contre le chemin inexistant, mais je le retrouve plus bas peu avant le village près de baraquements non habités. Une dernière montée et ça y est. Chala apparaît, ancré dans une pente vertigineuse, j’ai réussi mon défi !

Mugu (Népal) : jours 69 à 77

De Chala au Sakya Lagna
Il ne faut pas compter sur Chala pour se ravitailler. Le village n’a aucun commerce. J’obtiens des villageois des chapatis, des pommes de terre tarkari et du tchang. On est plus très loin de la Chine et cela se ressent sur le visage des gens. D’ailleurs certains habitants travaillent dans le pays voisin.

De Chala je pourrais rejoindre le tracé officiel de la haute route du ght au niveau de Simikot, mais je n’ai pas le permis pour et je risque de me faire contrôler. Je souhaite faire sans alors j’ai travaillé au préalable un itinéraire de traverse qui part vers le sud, une route caravanière qui emprunterait le col de Sakya Lagna à 4709m. J’ai trouvé quelques informations sur le web sur cet article qui relate une traversée par cet endroit en 2017. Cela m’a d’autant plus conforté que les images satellites montrent un chemin bien emprunté.
Note : Même pour marcher autour de Chala il faudrait le permis pour la restricted area d’Humla qui est assez onéreux, mais encore une fois, il n’y a aucun contrôle sur mon itinéraire.
C’est donc parti pour le col de Sakya Lagna. Le chemin bien tracé part en contrebas du village pour aller traverser la rivière. La montée est logique, on ne peut pas se tromper. Avant le dernier raidard, je laisse un chemin sur la gauche qui part vers Simikot.

Du Sakya Lagna à Lampata
La descente est longue et logique encore une fois. Il suffit de « se laisser couler » jusqu’au lieu dit Dhaulekharka habité par quelques personnes. Puis, je longe la rivière pendant plusieurs heures jusqu’à atteindre Lampata où il y a une petite maison qui fait office de lodge pour les nombreux Tibétains qui transitent par cet itinéraire. J’y passe une nuit coincé entre deux enfants en bas âge qui pleurent continuellement et le père de famille qui ronfle dans mon oreille.


De Lampata à Gamgadhi
Pour rejoindre la haute route du ght, je fais le choix de partir à la recherche du col de Dhid Lagna dont le tracé n’apparaît que sur les cartes gouvernementales au 1:50 000. Pari gagnant. Bien qu’épuisé, je trouve le col assez facilement et des escaliers raides permettent de descendre jusqu’au lointain village de Rip et ses communautés chhetri.

En un jour de plus j’atteins Gamgadhi par le tracé officiel de la haute route du ght.
De Gamgadhi à Talphi
Je passe une journée entière à Gamgadhi, grosse bourgade de l’Ouest népalais. Un matin de fin octobre, je quitte la ville par la vallée de Mugu en suivant l’itinéraire du ght. J’avais imaginé un temps entré au Haut Dolpo sans permis par le Chyargo la et suivre des routes très au nord décrites par Paul Grobel jusqu’au Ghemi la, porte d’entrée du Mustang.
Contexte
« Ce challenge est particulièrement gigantesque pour éviter de suivre la vallée principale du Upper Dolpo avec sa route qui arrive jusqu’à Charka. «
Paul Grobel
Cependant je n’ai aucun permis et je ne souhaite pas en prendre, et surtout je suis seul, ce qui peut poser problème en cas de contrôle dans une restricted area telle que celle du Haut Dolpo. Après 75 jours de marche, je n’ai pas l’énergie pour déjouer les règles de peur de subir la clandestinité et de ne plus profiter de ma marche.
Mais, ce n’est pas pour autant que je fais une croix sur les itinéraires aventureux ! Roger Nix décrit en 2015 une traversée par la vieille route commerçante menant du district de Mugu à Jumla. Avec toute l’équipe menée par Jamie McGuinness (encore !), ils ont rallié le village de Dolphu à celui de Talphi par les montagnes et de vieux cols plus empruntés. Qui plus est, au passage de la rivière Kang Khola, Roger écrit :
« Il est possible que vous puissiez également atteindre cette jonction en remontant la vallée de Puwa Khola / Kang Khola depuis Puwagau, mais ce n’est pas certain. »
Roger Nix
Il n’en faut pas plus pour attiser ma curiosité et je décide de me rendre au village de Puwa avec l’idée de faire la liaison avec leur itinéraire. Si c’est le cas, ce serait une première en termes de trekking puisque cette possibilité n’apparaît sur aucune carte en 2024 !


Malade, à la recherche du col
Après une douce nuit chez l’habitant, je m’enfonce dans la forêt. Je me trompe une première fois en partant sur une sente de berger pendant 2h puis je reviens sur un chemin plus approprié et qui semble utilisé. Mais très vite, je suis pris de nausées et l’énergie me quitte comme si je faisais une indigestion. Je vomis et je fais une sieste, mais rien ne va, je n’arrive pas à avancer. Le sentier a disparu une fois la forêt quittée et je me hisse difficilement jusqu’en haut de la vallée de la Kang Khola où il y a un replat pour le bivouac.


Le lendemain je me sens mieux mais affaibli d’avoir le ventre vide. Je monte doucement en suivant une faible sente jusqu’à la neige. Quelques vieilles traces de pas me précèdent. Je parviens difficilement au col à 4989m, le Dele Lagna d’après les villageois de Puwa. Les vues sont splendides et l’itinéraire est facile à suivre jusqu’au lac de Chanya Daha puis un deuxième col, le Sankada Lagna à 4445m. La descente est bien tracée (sauf au début) jusqu’au village de Talphi.



Dolpo (Népal) : jours 77 à 81

Bas Dolpo
Dans le bas Dolpo, les pistes pullulent et il est dorénavant difficile de réaliser la traversée Jumla – Dunaï par les sentiers. J’essaie des variantes telles que celle par le Leti Lagna (3385m). Bien que cet itinéraire ne soit pas cartographié sur les cartes au 1:150000, on y trouve une vieille piste usée par le temps qui mène au village de Chotra. Cela me rappelle de doux souvenirs puisque j’y étais passé en 2018 lors de notre traversée du Népal est-ouest par la basse route !

Je pensais trouver un chemin vers le lac de Dueli Patan Daha, mais les habitants me certifient qu’il n’y en a pas. Je dois me résoudre à suivre la piste jusqu’au col de Maure Lagna (3894m) déjà emprunté six ans plus tôt. De là je pense suivre la piste (pas sur la carte) qui s’en va vers le col de Bhalu Lagna puis m’essayer à un itinéraire peu documenté : Sarmi – Lahagaon – Majhphal.
Ce n’est pas tout ce qu’il s’est passé puisqu’un Népalais bourré au rakya se trompe de chaussure durant la nuit au Maure Lagna et s’en va dans la nature avec une des miennes. Je suis horrifié, car je me retrouve avec sa chaussure trop petite de deux pointures et bien détériorée à mon pied gauche. Cela remet tout en question, il faut que je trouve une nouvelle paire au plus vite. La plus grosse ville du coin est Juphal à deux jours de marche.

Je tire donc au plus direct par les pistes pendant 50km (Khame La, Balangra Lagna, Tripurakot). Je suis un peu blasé sur cette section déjà parcourue en 2018 et surtout dans la perspective de passer les hauts cols du Dorpathan en babouches népalaises.
Vers le Dhorpatan par un col secret
À Juphal, je trouve une paire de baskets à semelle lisse en 42. J’espère que ça fera l’affaire, ce sera toujours mieux que ce que j’ai actuellement ! En une petite étape, je me rends à Tali, village le plus au sud du Dolpo. Les habitants me mettent sur la voie d’un col secret qui permettrait de rejoindre le lac de Sun Daha directement depuis Tali. Le chemin est aventureux et il faut que je me fasse accompagner par un chasseur local. Je suis partant pour l’expérience, tout excité à l’idée de répertorier un nouveau tronçon !
Avec mon guide
Départ à l’aube, dans les pas de mon guide qui file à grandes enjambées. Je le suis les yeux fermés dans des talus très raides et pleins de végétations. Plusieurs fois, il passe des appels et je comprends bien qu’il ne sait plus vraiment où il est. Je rage intérieurement de lui avoir fait confiance. Nous nous extirpons de la forêt par des barres rocheuses abruptes et dangereuses. Je ne fais pas le malin avec mes chaussures lisses !

Finalement, nous mettons le pied sur un chemin bien tracé. On distingue les lacets qui sortent de la forêt en contrebas. Nous étions trop en amont ! On voit aussi un deuxième chemin qui descend derrière les crêtes de Phurke Lek vers Dunaï. À explorer !

Le sentier nous mène à la vallée sous le Sundaha Lek. La crête est en vue, il suffit de monter droit dans sa direction. Sur la gauche, un chemin reste à flanc en direction des vallées parallèles plus à l’est. Mais où va-t-il ? Peut-être rejoint-il le Jang la ?




Nous parvenons à la crête sertie de cairns et avec vue sur le Dhaulagiri au loin ! La dernière pente enneigée était bien glissante. Mon guide m’accompagne jusqu’au lac de Sun Daha (le grand du bas) et nous posons le bivouac sur la rive. Il va faire froid alors nous partons dans une grande mission bois et crottin de cheval qui sont nombreux dans le coin. La nuit est passée collés l’un contre l’autre, grelotant et attendant que le jour se lève.

Dhorpatan (Népal) : jours 81 à 87

Sortir de là

Au matin, je paye mon guide 2500 roupies et il s’en retourne au village par le même itinéraire. De mon côté je rêve d’une traversée haute du Dhorpatan. Les cartes au 1:150000 indiquent une possibilité de rallier le Jang la depuis le Sun Daha par plusieurs cols qui flirtent avec les 5000m. Je serais alors de retour vers Purbang, lieu qui a marqué notre traversée de 2018. Mon idée serait ensuite de poursuivre vers l’Est : Thado Dogari, Marmi, Phalyaghar et enfin Gurjakhani par un itinéraire haut perché et au sujet duquel on ne trouve aucune information.
Perdu dans le Dhorpatan
Du lac, je cherche désespérément le sentier qui s’en irait vers le lieu dit Ghurang. Je me lance sur des sentes à flanc de falaise certainement créée par les animaux. Je rebrousse chemin. J’essaie à nouveau en montant raide au-dessus du lac, mais il n’y a aucune trace de passage et surtout je n’ai plus l’énergie pour risquer un nouveau demi-tour. Je suis à plat. Sans doute qu’il aurait fallu persévérer dans cette dernière direction, monter jusqu’à la crête lointaine pour avoir un aperçu de la suite.

Je retourne au lac quitté trois heures plus tôt et j’opte pour un sentier aléatoire qui s’en va vers le sud. C’est ma seule option à ce stade. Je parviens sur une crête où se tient en contrebas une habitation esseulée et vide et je pars en versant gauche, car la carte indique un itinéraire jusqu’au lieu dit Rajari. Mais je perds vite ma route et je tourne en rond des heures dans les broussailles.
Je crie de toute mes forces, je ne veux qu’une chose c’est de terminer cette traversée de l’Himalaya qui m’en fait voir de toutes les couleurs. Alors je remonte sur mes pas jusqu’à l’habitation et je bascule sur l’autre versant de la montagne. Un chemin descend en direction de la rivière Chhapka Khola. Il semble utilisé puisque je vois plusieurs fois des détritus. Il me mènera le lendemain jusqu’au village de Ranma.
La « basse route du Dhorpatan »
Pour quitter le Dhorpatan et atteindre l’objectif de ma traversée de l’Himalaya, à savoir la Kali Gandaki, je me vois forcé de suivre un itinéraire de plus basse altitude, similaire à celui de 2018. La navigation est facile puisque, dans cette région où les routes n’existent pas, les locaux transitent beaucoup à pied.
Note : il faut un permis pour traverser le Dhorpatan. Je savais où était le checkpost à Gurjaghat et je me suis intégré à un troupeau de chèvres pour passer incognito.
Mon itinéraire est donc un classique du Dhorpatan : Maikot – Pelma – Kayam – Thankur – Dhorpatan – Gurjaghat – Moreni. C’est une superbe route, isolée, qui passe de nombreux villages où les habitants vivent loin de tout. J’ai le plaisir de recroiser notre hôte de 2018 dans l’une des deux maisons de Thankur. Cela ravive en moi de chaleureux souvenirs.

J’ai très mal aux pieds avec mes nouvelles chaussures alors je traîne un peu la patte. Je prends une journée de pause à Dhorpatan au superbe Norling Tibetan Homestay. Je quitte la réserve par le col du Jaljala (3414m) et je bascule dans la vallée très habitée qui mène à Béni.

Dhaulagiri & Annapurna (Népal) : jours 87 à 90

Jérémie Coinon a vadrouillé dans ce secteur en 2019 et il a rédigé le compte rendu de son trek du Dhaulagiri sur le blog :
Je souhaite terminer cette traversée sur une bonne note : un dernier col peu documenté. Je suis pendant plusieurs jours l’itinéraire passant par les villages de Malkabang et Kuinekham pour rejoindre la longue vallée de la Thulo Khola.

Sur les cartes, il existe un passage permettant de rejoindre directement le village de Lete en traversant les crêtes du Daulaghiri. La piste qui mène à Dhar et Chhari est boueuse, empruntée par des camions. Là où je pense que mon itinéraire vers le lieu dit Pairo Kharka commence, je quitte la piste vers la forêt sans qu’il y ait de signe distinctif de sentier. Et ça paie puisque plus haut dans la végétation, je retrouve les traces d’un vieil escalier en pierre. Il devient en meilleur état à mesure que je monte et me mène au-dessus de la limite de végétation au niveau d’un campement délaissé.



Je continue ma grimpée vers le col, passe d’autres campements d’été et je parviens finalement sur de longs névés qui aboutissent sur un cairn et un petit lac. Il est noté Pairo Kharka (4326m) sur la carte, mais je doute que ce soit le nom du col. Peu importe, les vues sur les Annapurnas sont magnifiques. Je fonds en larme. La rivière Kali Gandaki, terme de ma traversée de l’Himalaya, coule 2000m en contrebas. Demain, j’y tremperai mes pieds. Je me trouve un beau rocher qui fera office de protection pour la nuit et je me couche face à l’un des plus hauts massifs du monde, ressassant les moments vécus ces derniers mois.

Au matin, je prends mon temps, savourant mes derniers instants sur la route. Le chemin vers Lete est minuscule, mais il me suffit. Je suis sur une autre planète, déjà baigné dans une douce nostalgie. Une dernière fois, je me perds avant le village et j’arrive enfin sur l’asphalte de la route de Jomoson. Je souffle en regardant le ciel. J’ai traversé l’Himalaya ouest sur 2300km pendant 90 jours.

Matériel emporté lors de cette traversée de l’Himalaya Ouest
Il y a quelques années, j’a rédigé un article sur le blog pour apprendre à alléger son sac en randonnée :
Matériel lié au portage lors de cette traversée de l’Himalaya Ouest

CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POIDS (g) | REMARQUE |
Sac à dos | Hybride 30L personnalisé | Atelier Longue Distance | 401 | Le même qu’en 2022 et 2023. Passé entre temps dans les mains de Jason pour une remise en état. Il arrive vraiment en fin de vie après 5000km. |
Sac étanche | Nylofume | 29 | RAS | |
Banane | TRAVEL RFID | Forclaz | 47 | Discret sous le T-shirt et pratique avec sa double poche pour mettre papiers, argent et téléphone. |
Pochette étanche | Raidlight | 13 | Utile pour naviguer en temps de mousson. |
Matériel lié au couchage lors de cette traversée de l’Himalaya Ouest

CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POIDS (g) | REMARQUE |
Sac de couchage | Mythic Ultra 360 | Rab | 616 | Il a fait ses preuves en 2022. RAS. Entre temps Rab m’en a renvoyé un à ma taille ce qui explique le poids plus léger. Tout habillé et avec le sursac en liner je n’ai jamais eu froid. |
Moustiquaire | Tête | PharmaVoyage | 7 | Pas utilisé mais peut sauvé une nuit en cas de moustiques. |
Matelas | Switchback Small | Nemo | 220 | Coupé encore plus court qu’en 2022. Mon matelas de coeur, ultra robuste ! |
Bâche au sol | Film de survitrage | Castorama | 52 | RAS |
Sac de bivouac | Escape Bivy light | Sol | 156 | Nouveauté. Utilisé en liner il booste d’environ 4°C la température de confort du sac de couchage. Il peut aussi s’utiliser en sur sac déperlant lors de nuits à la belle étoile. |
Abri | Siltarp Plus Solo | Rab | 344 | Avec 4 aubans + 6 sardines. Il a fait l’objet d’un test sur le blog. |
Voici l’article de test au sujet du Siltarp Solo de chez Rab :
Vêtements lors de cette traversée de l’Himalaya Ouest

CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POIDS (g) | REMARQUE |
Haut thermique | Tee-Shirt seamless Manches longues | Simond | 112 | Comme en Asie Centrale, RAS. |
Collant thermique | Collants HEATTECH | Heattech | 113 | Comme en Asie Centrale, RAS. |
Tour de cou | Guidetti | 30 | Multifonction et simple. | |
Doudoune | Mythic Alpine | Rab | 286 | Elle a fait l’objet d’un test disponible sur le blog. |
Caleçon | MT500 | Forclaz | 62 | En merinos et en double. Super, pas d’odeur. |
Chaussettes | run 900 | Kiprun | 41 | Trouées assez vite, j’ai acheté une autre paire au Decathlon de Dehradun. |
Veste de pluie | Phantom | Rab | 88 | Il a fait l’objet d’un test sur le blog. |
Pantalon de pluie | Ultra Pant | On Running | 76 | Très léger et efficace mais bougrement fragile avec les frottements du sac dans le bas du dos notament. |
T-shirt | Atmosphere Short Sleeve 2.0 | Brooks | 120 | Simple, respirant, presque sans odeur. |
Pantalon convertible | MH550 | Quechua | 228 | Nouveauté moi qui ait l’habitude de ne prendre que des shorts. Permet de palier aux plages de température très grandes et à la végétation luxuriante ! |
Casquette | MT900 | Forclaz | 68 | Simple, basique. |
Chaussures | Cascadia 18 | Brooks | 603 | Mes chaussures de coeur. Confortables et robustes. J’ai utilisé trois paires lors de cette marche. |
Gants | Mouffles Xénon | Rab | 59 | Elles ont fait l’objet d’un test sur le blog. |
Voici l’article au sujet de la veste Phantom de chez Rab :
Matériel lié à l’hygiène lors de cette traversée de l’Himalaya Ouest

CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POIDS (g) | REMARQUE |
Serviette | Kalenji | 32 | Ras. Mais perdue au cours de la marche alors qu’elle séchait sur mon sac. J’en ai acheté une autre à Dehradun. | |
Brosse à dent | Paos | 4 | Pas besoin de la découper ! | |
Dentifrice | 29 | RAS. Un mini tube de voyage pour trois mois. | ||
Savon | Netoyant multi usage | Paos | 50 | Pratique mais se consomme trop vite. |
Trousse de secours | 113 | Smecta, Tiorfan, micropurs, ciprofloxacine, dolipranes, compresses, tire-tique, deslorotadine, ibuprofen, diamox, tul gras, cortisone | ||
PQ | 24 | RAS | ||
Pastilles | Micropur | Katadyn | 9 | Quasi pas utilisées. |
Coupe-ongle | 15 | Très utile sur trois mois. | ||
Gel Hydroalcoolique | 58 | Très utile pour maintenir l’hygiène quand on a rien d’autre sous la main. | ||
Boules Quies | 7 | Très utile pour les nuits chez l’habitant mais je les ai perdu tôt dans ma traversée de l’Himalaya. La prochaine fois je prendrai deux paires car ça m’a manqué. |
Matériel électronique lors de cette traversée de l’Himalaya Ouest

CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POIDS (g) | REMARQUE |
Trépied | Ultrapod I | Pedco | 50 | Comme en 2020, 2021, 2022 et 2023. Il s’est finalement cassé au cours de cette traversée de l’Himalaya et j’en ai trouvé un semblable à Dehradun. |
Batterie externe | 20 000 mAh PD | Anker | 357 | Largement suffisant. L’électricité est partout dans les villages. |
Appareil photo | Poweshot G7x Mark III | Canon | 311 | Comme en 2022. Il chauffe trop vite lors de prises longues telles que des interviews. Sinon les images sont tops. |
Sacoche Appareil | 126 | Permet de porter l’appareil en bandouillère tout en le protégeant des chocs et de la poussière. | ||
Caméra embarquée | 9 + module média | Gopro | 208 | Robuste. Mais j’ai perdu le cache étanche au Ladakh. |
Balise satellite | Gen 4 | Spot | 120 | Récupérée au Ladakh, marche beaucoup moins bien que le Garmin InReach (en Asie). |
Frontale | Bindi | Petzl | 34 | RAS |
Câbles | 137 | adaptateur USB, adaptateur USB-c, câble USB-USBa, USBc-USBc, USB-USBc, iphone, adaptateur garmin | ||
Batteries | 53 | 2 canon et une Gopro. Une canon de trop ? | ||
Cartes mémoires | Sandisk | 21 | 8 sd/micro sd + clé USB. J’ai perdu les données de deux cartes sd en tout.. Heureusement sur des 64 Go. | |
Écouteurs | 10 | RAS | ||
Mobile | Iphone SE 2022 | Apple | 177 | RAS. Nickel pour la navigation via OSM. |
Montre | Instinct 2x solar | Garmin | 67 | Nouveauté. J’arrivais à tenir 70h en enregistrant le gps en réglant sur économie d’énergie. Petit adapteur vers USB-C bien pratique. |
Micro cravate | Lavalier Go | Rode | 14 | Nouveauté. Utile pour les interviews et chants. |
Micro bonette | VideoMicro | Rode | 81 | Nouveauté. Dans le but d’avoir un meilleur son sur l’appareil photo. |
Thermomètre | WS7002 | La Crosse | 22 | Utile pour connaître son matériel et se connaître ! |
Matériel lié à la nourriture et à l’hydratation lors de cette traversée de l’Himalaya Ouest

CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POIDS (g) | REMARQUE |
Popote | 550 mL Pot | Toaks | 71 | RAS si ce n’est le fait qu’elle a terminé à la poubelle car souillée par l’essence au Népal (pas d’alcool à brûler). |
Couteau | N°2 | Opinel | 8 | RAS. |
Réchaud | Toaks | 45 | Grille + pare vent + réchaud alcool. Mauvais choix car très difficile de trouver du combustible liquide lors de cette traversée de l’Himalaya contrairement à l’Asie Centrale. | |
Briquet | Bic | 11 | RAS | |
Gourdes | BeFree 0.6L | Katadyn | 59 | Les classiques au top mais le débit diminue avec l’utilisation. Bien les entretenir. |
Couvert | Cuillère | Sea to Summit | 5 | RAS |
Matériel divers lors de cette traversée de l’Himalaya Ouest

CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POIDS (g) | REMARQUE |
Lunettes de soleil | Shield | Julbo | 39 | A ma vue, photochromiques de 2 à 4. |
Lunettes de vue | 33 | RAS | ||
Kit de réparation | 15 | Super glue, aiguille, fil, épingles, patchs | ||
Porte monnaie + papiers | 50 | RAS | ||
Carnet + stylo | Leuchiturm1917 | 108 | RAS | |
Bâtons de randonnée | Lacal | 430 | Prototypes légers et robustes, sur-mesure et avec système de fixation GoPro intégré. |