Italie du sud rime souvent avec Naples et la Sicile. Cette mécanique intellectuelle en oublie trop souvent que cette région regorge de bien des trésors. Parmi eux, la Campanie recèle entre ses invisibles frontières le meilleur de cette jolie botte de terre : berceau des plus ensoleillées des ruines romaines, d’une nature qui fit à la fois la richesse et le malheur de ses habitants, d’une multitude urbaine qui tient à rester modeste. Découvrir la Campanie signifie partir à l’assaut du Vésuve, du passé, du présent, des couleurs chatoyantes, des criques, ports et bords de mer, de l’essence même de l’Italie du sud.
La mémoire antique de Pompéi et Herculanum
Au matin du 24 octobre 79, le Vésuve entame son œuvre de destruction et va ravager de sa fureur les cités de Pompéi, Herculanum, Stabies, Boscoreale et Oplontis. Ces prospères villes romaines, enrichies par le commerce maritime autour de la Méditerranée, sont englouties en quelques heures et très peu de leurs habitants ont le temps de fuir. Étrange conséquence, les tonnes de cendres et de pierres ponces déversées par le volcan sauvegardent ce qu’il en reste.
Près de dix-huit siècles plus tard, elles restituent des trésors témoins d’un passé à peine connu de quelques biographes impériaux. Comme alors, la Campanie vit de la splendeur de ces cités. Pour visiter les plus proches de Naples, Pompéi et Herculanum, armez-vous d’une bonne paire de chaussures, de quoi boire et pensez au pass économiquement attrayant et facilitateur d’accès aux grands sites antiques.
Pompéi, merveille des merveilles
Impossible de visiter la Campanie sans passer par Pompéi. Cœur antique, historique, dramatique de la région, c’est aussi un haut lieu de mémoire. Arpenter cette cité romaine est une expérience unique puisqu’il n’existe rien de comparable au monde : une ville antique entière (ou presque) à découvrir. La Pompéi antique se dévoile aux yeux des curieux depuis les prémices de l’archéologie. Elle fut à l’origine des premières campagnes de fouilles au XVIIIe siècle.
De nos jours, la cité continue d’étonner les visiteurs qui peuvent y voir, à grande échelle, la réalité de la vie au Ier siècle après J-C. Le site demeure en état de fouilles permanent mais laisse deviner au détour de ses rues et ruelles, pavées de lourdes pierres polies par le temps, l’animation qui régnait sur Pompéi.
Les façades des maisons ont, certes, perdu de leur superbe, ne laissant voir que leur structure de briques, mais l’agencement des habitations, des commerces permet de se faire une idée du quotidien qui précéda la catastrophe. Des indications aident à la visite que l’on peut faire à son rythme, avec un plan ou bien accompagné d’un guide et/ou un audioguide.
Ce qu’il faut voir à Pompéi
- lieux publics dont les dimensions laissent deviner une importante population pour l’époque : forum, basilique, temples, marché, thermes, palestre, théâtres ;
- commerces dont une boulangerie dans laquelle furent retrouvé des fours, des pains tout frais calcinés et même un mulet, des tabernae (ou tavernes), des lupanars ;
- caserne ;
- maisons privées richement ornées et agencées : Maisons du Centenaire, de Méléagre, du Centaure, de Castor et Pollux, du Faune, des Vettii, des amours dorées, etc. ;
- villas grandioses : Villa des mystères et la Villa de Diomède.
La Villa des mystères est la plus remarquable à visiter avec ses fresques peintes qui recouvrent entièrement les murs de chaque pièce. Tous les styles graphiques établis à l’époque y sont représentés tout comme l’influence égyptienne d’alors. Ces lieux étalent les croyances, les mœurs, les habitudes de vie intime et sociale de l’époque romaine à travers des peintures à la fois superbes et explicites.
Pour leur préservation, de nombreuses demeures sont fermées au public. On peut admirer leurs peintures au musée archéologique de Naples. Au détour d’un croisement subsistent des graffitis encourageant le soutien électoral de tel ou tel citoyen éligible quand ils n’en dénoncent pas les fautes.
Conseils de visite de la cité pompéienne
Il faut prévoir une bonne journée pour espérer profiter pleinement de la ballade. Sur place, il est possible de faire une pause pour manger son casse-croûte ou en acheter un au restaurant installé non loin des thermes. L’heure d’ouverture est l’instant le plus propice, la foule arrivant ensuite par grappes.
L’accès se fait aisément depuis Naples. La ligne de chemin de fer Circumvesuviana y mène directement. Après 20 minutes de voyage, avec une vue imprenable sur la baie, on quitte la gare, on grimpe un peu en admirant les citronniers chargés de leurs fruits colorés et on parvient à la caisse.
S’il vous reste de l’énergie après la visite, partez à la rencontre de la Pompéi moderne. La ville est installée aux pieds de sa jumelle antique. Tranquille, estivale, elle possède un charme très napolitain avec son église baroque à souhait et son atmosphère typique de la région.
Les vestiges d’Herculanum
Dans la ligne droite d’une découverte des sites antiques les plus marquants de Naples et de la Campanie, Herculanum est plus qu’un complément. Si les rues et l’ambiance font écho à Pompéi, Herculanum a son âme propre. Ne vous laissez pas tromper par l’impression d’un lieu plus restreint à découvrir.
Comme Pompéi, mais de façon plus importante encore, la cité dispose de nombreux espaces qui n’ont pas encore été dégagés ni fouillés. Il en résulte un parcours plus petit mais tout aussi saisissant.
Tandis que Pompéi fait étalage de ses peintures murales miraculeusement préservées grâce à la magie de sa couverture de cendres, Herculanum révèle des mosaïques d’exception. D’autres témoins de cette vie antique éloignée des grandes cités et bercée par la mer sont accessibles.
Les beautés d’Herculanum à ne pas manquer
- le port et ses quelques 300 squelettes de malheureux rattrapés par les fumées brûlantes alors qu’ils tentaient de fuir par la mer ;
- la maison de Neptune et Amphitrite avec son triclinium orné et sa boutique de vin attenante avec comptoir, vases et amphores encore pleines ;
- la maison du bicentenaire enfin accessible après restauration de ses splendides fresques et mosaïques réparties sur 600 m² ;
- les maisons l’atrium à mosaïque, du squelette, du grand portail, du relief de Télèphe ;
- les curiosités de préservation témoignant des pratiques architecturales : maison à cloison de bois ou à treillis de bois donnant sur la rue ;
- les thermes ;
- quelques échoppes étrangement intactes ;
- et la villa des cerfs, l’une des plus vastes demeures antiques de Campanie.
Comme pour rallier Pompéi depuis Naples, le train fait escale dans la petite gare de Ercolano Scavi sur la ligne Circumvesuviana. La visite est payante, libre avec un plan ou guidée.
Découvrir la Campanie et la baie de Naples
L’Histoire est le premier des joyaux d’Italie. Mais qui veut découvrir la Campanie ne peut passer à côté de ses nombreux autres splendeurs. Au programme, un volcan redouté, une station balnéaire éclatante et une île au nom célèbre.
L’ascension du Vésuve pour explorer la beauté campanienne
Quitter l’euphorie palpable de Naples pour ce site naturel est à la fois simple et un challenge physique. Faire l’ascension du Vésuve est une activité ludique, sportive, qui permet d’admirer l’ensemble de la côte Amalfitaine. Une bonne demi-journée est recommandée. Enfilez la paire de chaussures adéquate avant de vous diriger vers les bus qui proposent le transfert depuis Naples.
En général, ils stationnent près de la gare centrale de Naples. À défaut, il est possible de prendre la ligne de train Napoli-Sorrento, de descendre à Ercolano Scavi et d’attraper un bus qui fait la liaison tout exprès.
Le choix vous revient pour la suite. Grimper tout du long à la seule force de vos jambes, sachant que la première partie du trajet se fait sur une route goudronnée sans grand attrait, ou bien descendre du bus à la station Quota Mille, à 1 000 m d’altitude. Tout l’intérêt de la promenade commence à ce point qui ouvre également sur la partie payante de l’ascension.
Une fois votre accès payé, à vous les 1 200 m restants ! Chacun marchant à un rythme différent, il est difficile de fixer un délai. La moyenne est d’1 heure à 1 heure 30. Si vous avez oublié de prendre du ravitaillement, pas de panique. De petites échoppes vous accueillent avec boissons et douceurs en réserve. Attention toutefois à ne pas vous faire surprendre par les horaires. Le site ouvre à 9h mais ferme à :
- 15h en janvier, février, novembre et décembre ;
- 17h en mars, avril, mai, juin et juillet ;
- 18h en août.
Votre courage de marcheur sera récompensé par une vue imprenable, une expérience rare et l’agréable impression de découvrir la Campanie sous tous ses angles.
Pouzzoles entre champs phlégréens et terre volcanique
Parmi les autres merveilles antiques que recèle la Campanie, Pouzzoles est à voir. Cette ancienne cité grecque fut l’un des premiers ports d’importance sous l’autorité romaine. Malheureusement, elle fut aussi la première victime du volcan tout proche. Sans subir la catastrophe qui ravagea ses voisines, Pouzzoles endura une lente destruction dont les conséquences sont encore visibles et même subies de nos jours.
En cause, le Vésuve et ses champs phlégréens. Ils provoquent un phénomène nommé bradyséisme qui soulève ou rétracte le sol à intervalles irréguliers et imprévisibles, sous l’effet de la pression interne. Les constructions et les habitations sont ainsi malmenées tant par les caprices du sol que par la montée des eaux. Depuis toujours, les habitants doivent rebâtir ou partir.
L’amphithéâtre Flavius de Pouzzoles en témoigne encore. Il date du règne de Vespasien (69-79) et pouvait accueillir jusqu’à 40 000 personnes. On peut encore y admirer galeries souterraines, gradins et arène. Autre curiosité, le temple de Sérapis bien mal nommé. Il fut en réalité un marché et l’état de ses colonnes encore debout témoigne du phénomène volcanique. Les différentes teintes de la pierre indique les longues périodes de montée des eaux. De manière générale tout le quartier historique dit Rione Terra est en constante restauration.
Sorrente et son panorama sur la côte Amalfitaine
Ville de bord de mer, Sorrente dégage un charme pittoresque différent de la grande Naples. Elle peut être un lieu de résidence pour les touristes qui souhaitent visiter la région. Depuis Sorrente, on peut rallier Napoli, les cités antiques, le Vésuve et son parc national mais aussi la côte Amalfitaine.
On comprend son surnom de « jardin des délices » dès que l’on y entre. Ses flancs donnent directement sur la baie et ses rues mènent à des trésors visuels étonnants. Son centre historique palpite au gré de ses chatoyantes couleurs. Sa piazza Tasso accueille le promeneur fatigué et curieux avec une ribambelle de terrasses et de cafés. Son cloître médiéval attenant à l’église Saint-François étale sa paisible verdure.
Et pour les plus acharnés à la contemplation? Sorrente recèle une surprise avec sa vallée des moulins. Ces ruines médiévales couvertes de végétation sont en plein cœur de la ville. Sa gastronomie évoque largement la richesse locale entre orangers, citronniers, oliviers qui, tous, s’invitent dans les assiettes. Ultime dépaysement : les plages de Sorrente entre parasols des hôtels de luxe et simplicité gracieuse du port de pêche chamarré à souhait !
À Capri, rien n’est jamais fini
Depuis Sorrente ou Naples, un court, mais un peu coûteux, trajet en bateau mène vers l’île mythique. Ses 10,5 km² font de Capri un lieu aisé à explorer. L’île se divise en deux communes, Capri et Anacapri. Un service de petits bus permet de gagner du temps pour couvrir l’ensemble des lieux. Si une grande partie des habitations, hôtels et attractions est concentrée sur les bords de mer, il n’en faut pas moins compter sur quelques bonnes grimpettes à l’aide d’escaliers. Le centre historique de Capri est à ce prix.
À vous la piazzetta de Capri, l’église de Santo Stefano et surtout les rues de la ville. Entre sol très foncé qui rappelle combien la région est volcanique et les couleurs des façades, l’attraction fait son œuvre. Le contraste entre ruelles discrètes menant aux maisons et la via Camerelle est flagrant.
Cette rue commerçante entre toutes est avant tout un agréable lieu de ballade. En effet, les boutiques affichent un appel au tourisme de luxe. Pour autant, le plaisir est là et la récompense aussi. On enfile directement sur la via Tragara, avec sa débauche d’arbres et de fleurs, pour finir sur une vue renommée. Les fameux Faraglioni, ces pitons rocheux surgis de la mer ont même leurs noms respectifs : Stella, Mezzo et Scopolo.
Anacapri, l’autre facette de l’île paradisiaque
Pour gagner Anacapri à pied, il faut emprunter la promenade des marches phéniciennes. Une bonne heure sera nécessaire avant de s’émerveiller sur l’église de San Michele Arcangelo et la casa Rossa à la façade rouge. C’est aujourd’hui un musée qui présente des collections de peintures et les trésors archéologiques découverts dans la grotte Bleue. Cet ancien nymphée romain hanté par des récits de sorcellerie et de superstitions se visite également en bateau. Les amateurs de points de vue en hauteur auront le coup de foudre pour le monte Solano et le funiculaire qui offrent un tout autre aperçu de l’île et du golfe de Naples.
Découvrir la Campanie est une aventure à vivre et à offrir ! Entre terre et mer, volcan à la nature sauvagement séduisante et bouquet d’îles paradisiaques, on y rencontre toute la beauté de l’Italie du sud. La tranquillité des ruines antiques offre un voyage dans le temps tandis que la douce animation du présent révèle un délice d’évasion.