La Haute Route Chamonix Zermatt : une rando méconnue et magnifique

par Julien DEFOIS
schöllijoch

Julien Defois partage son récit de la haute route Chamonix Zermatt, une traversée à pied entre la France et la Suisse. Vous avez sûrement entendu parler de la Haute Route Chamonix Zermatt. Mais c’est sûrement dans sa version glaciaire, en ski de rando ou avec piolet et crampons. Ici, je vais parler de la Walker’s haute route telle que désignée initialement, un itinéraire qui ne nécessite pas de compétence en alpinisme ni de traversée glaciaire.

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Informations pratiques pour préparer la Haute Route Chamonix Zermatt

Dates :

Du 6 au 10 août 2025

Lieu :

France (vallée de Chamonix) et Suisse (Haut Valais).

Comment s’y rendre :

trekking dans le valais

Pour ma part, j’ai fait une version écourtée de la walker’s haute route, comme je vais l’expliquer plus bas.

Dans la mesure où je connaissais déjà la partie ouest du parcours, mon point de départ a été Verbier. J’ai laissé mon véhicule au Châble, qui dispose d’un parking longue durée gratuit. Un bus m’a ensuite conduit jusqu’à la station de Verbier. Pour le retour, j’ai fait du stop depuis le Turtmanntal pour rejoindre la gare de Turtmann avant de remonter en train jusqu’au Châble. A noter que quelques bus desservent le Turtmanntal mais ils sont peu nombreux et ne partent pas du haut de la vallée où j’ai fini mon trek. Le stop est donc la meilleure solution.

Cependant, si vous faites l’itinéraire officiel, vous n’aurez pas à faire cette manipulation. Chamonix se rejoint très facilement en transports en commun, que ce soit depuis Lyon ou Genève. En voiture, l’accès se veut sans problème également. Par contre le parking dans la vallée de Chamonix peut être payant. Bien se renseigner auprès de l’office du tourisme avant.

Pour le retour depuis Zermatt, des trains vous ramèneront à Chamonix. Il faudra passer par Visp puis Martigny avant de rejoindre la frontière. La ligne Zermatt Visp offre de très belles vues mais se paie cher. Ne vous attendez pas à des tarifs bon marché. Sachez aussi que le train est très contrôlé en Suisse donc l’option de ne pas payer les billets s’avère plus que risquée.

Meilleure période pour partir :

Comme beaucoup d’itinéraires de randonnée, la Haute Route Chamonix Zermatt ne déroge pas à la règle : l’été est la meilleure période. Il faut aussi avoir en tête que certains cols avoisinent les 3.000m et restent enneigés très tard dans la saison. Lorsque j’ai fait la walker’s haute route, il restait de la neige à plusieurs endroits alors qu’on était dans la première décade d’août. Il faudra donc bien se renseigner pour savoir si les crampons de randonnée sont requis. Par conséquent, n’envisagez pas un départ en mai. Si vous faites la Haute Route Chamonix Zermatt en juin, soyez préparés à utiliser les crampons voire le piolet.

randonnée pra fleuri arolla

Par ailleurs, en fin de saison d’été, c’est à dire à partir de mi septembre (voire un peu avant certaines années), la neige peut s’inviter à plus ou moins haute altitude. De ce fait, la progression se retrouve parfois entravée voire impossible. A noter que la proximité avec les glaciers induit un froid certain dans ces secteurs, particulièrement prégnant dès septembre.

A mon sens, à partir d’octobre, la walker’s haute route est déconseillée.

Participant à la haute route Chamonix Zermatt :

Jullien, accompagnateur en montagne, passionné par la rando longue distance. Mon travail et mes vacances, c’est la même chose!

Où dormir sur la Haute Route

préparer son trek en suisse

Il s’agit d’un itinéraire qui offre de multiples possibilités d’hébergements.

Il est tout à fait possible de réaliser la Walker’s Haute Route en bivouac. Néanmoins il faudra bien respecter les règles du bivouac en Suisse. Ces dernières ne s’avèrent pas toujours des plus claires. Vous pourrez trouver plus d’informations ici. Sachez toutefois qu’il n’est en général pas possible de bivouaquer à proximité des villages. Les entorses aux règles ne sont pas toujours bien acceptées en Suisse et vous pouvez être dénoncés à la police. Alors mieux vaut se montrer respectueux!

Quelques campings permettent à ceux qui bivouaquent de prendre des douches chaudes et de bénéficier d’un peu de confort. A noter que le camping d’Arolla a été très récemment définitivement fermé pour cause de risque naturel.

Il est en général possible de dormir en hôtel ou en gîte. Certaines étapes se déroulent en haute montagne notamment entre Verbier et Arolla. Dès lors, il vous faudra soit réserver un refuge soit bivouaquer. Dans la vallée de Zermatt, l’itinéraire reste en altitude : pour trouver un hébergement confortable il faudra alors redescendre dans la vallée.

Où manger et se ravitailler?

La Haute Route Chamonix Zermatt traverse de nombreux villages. Vous trouverez des épiceries dans chacun d’eux ou presque.

A Trient, il existe une épicerie avec une proposition très limitée. Pour les autres points de ravitaillement, voici où les trouver :

épicerie zinal
  • Champex (prononcer Champet)
  • Le Châble
  • Verbier
  • Arolla (basique)
  • Evolène (juste sous La Sage)
  • Zinal
  • Sankt Niklaus

Cette offre généreuse permet de partir avec un sac léger, ce qui facilitera le passage des cols d’altitude. J’apprécie particulièrement les supermarchés Coop, qui proposent des produits de qualité à des prix raisonnables (pour la Suisse), en plus d’un très bon rayon boulangerie.

Dans tous les villages précités mais également dans tous les hameaux étapes, tels que Gruben, des restaurants vous permettront de découvrir la cuisine suisse. Les restaurants d’altitude sont par contre peu fréquents sur la Haute Route.

Caractéristiques de la Haute Route Chamonix Zermatt

Présentation de l’itinéraire et de ses difficultés

Voilà un itinéraire encore peu connu en France, même si cela tend à évoluer. Eclipsé par la célébrité de la haute route glaciaire, la haute route de randonnée doit sa célébrité au public anglophone. En effet, la création de la haute route glaciaire est l’oeuvre de membres du Club Alpin Anglais au 19ème siècle. Il en va de même pour la Walker’s Haute Route, désignée sous ces termes en anglais, pour mettre en évidence qu’elle se destine aux marcheurs et pas aux alpinistes. Un guide Cicerone (en anglais donc) a largement contribué à la popularité de l’itinéraire outre manche et outre atlantique. D’ailleurs, l’essentiel des groupes guidés sur cet itinéraire ne viennent pas de France.

randonnée france suisse

La Haute Route s’étend sur 220km et implique le franchissement de plus de 15000m de dénivelé positif. Même si elle redescend dans les villages, elle monte très haut, à près de 3000m hors variante. Le terrain n’est pas toujours roulant et mélange des bons sentiers agréables avec des sections de pierriers malcommodes ou encore des sentiers assez rocheux. Quelques sections demandent un pas sûr notamment le col de Riedmatten ou son pendant plus difficile le pas de chèvres (fermé à ce jour).

L’itinéraire ne présente pas de difficulté technique (au sens de l’alpinisme). Néanmoins, comme expliqué plus haut, le terrain parfois difficile exige une certaine habitude de la montagne et de l’aisance sur tout type de terrain. Certains itinéraires sont exposés et protégés par des câbles. Il ne faut pas avoir le vertige. Il ne s’agit donc pas d’un itinéraire pour débutants.

Les étapes officielles

Voici le déroulé de l’itinéraire si vous le faites dans son ensemble :

  • J1 Chamonix – lac Blanc – Argentière 16Km + 1330m -1100m
  • J2 Argentière – col de Balme – Trient 16Km + 1100m -1100m
  • J3 Trient – Fenêtre d’Arpette – Champex 15km +1400m -1200m
  • J4 Champex – Sembrancher – Le Châble 15km +350m -1000m
  • J5 Le Châble – Verbier – Cabane du Mont Fort 10km +1636m -0
  • J6 Cabane du Mont Fort – Col de la Louvie – Col de Pra Fleuri – Cabane de Pra Fleuri 15km +950m -750m
  • J7 Cabane de Pra Fleuri – Col de Riedmatten ou pas de Chèvre – Arolla 18km +800m -1500m
  • J8 Arolla – Les Haudères – La Sage 12km +500m -800m
  • J9 La Sage – col de Torrent – Gîte du Lac de Moiry 13km +1300m -700m
  • J10 Lac de Moiry – Corne de Sorebois – Zinal 10km +650m -1300m
  • J11 Zinal – Col de la Forcletta – Gruben 18km +1200m -1100m
  • J12 Gruben – Augstborgpass – Sankt Niklaus 18km +1200m -1900m
  • J13 Sankt Niklaus – Europa Hütte 13km +1700m -600m
  • J14 Europa Hütte – Zermatt 23km +1200m -1900m

Bien entendu, il sera toujours possible de coupler 2 étapes, certaines étant en effet un peu courtes.

Pour ma part, le récit commence à l’étape 5. En effet, je connais très bien la première partie, que je parcours régulièrement dans le cadre de mes activités professionnelles de guide sur le TMB.

De plus, je n’ai pas poussé jusqu’à Zermatt. L’Europa Weg étant fermée, ma préférence s’est portée sur une variante très spéciale car vraiment technique. De ce fait, il n’en sera pas question dans la section suivante car il s’agit d’une via ferrata et plus de randonnée à proprement parler.

Les variantes

Très honnêtement, à moins que vous ne soyez fan des itinéraires surfréquentés, la montée au lac Blanc le premier jour peut s’avérer fastidieuse. Vous serez en effet très vite dérangés par les masses de touristes et les files de randonneurs sur les sentiers.

variante haute route chamonix zermatt

Pour le J5, vous pouvez poursuivre jusqu’à la cabane de Louvie, située dans un très beau décor.

Pour le J6, mon conseil est de poursuivre jusqu’à la cabane des Ecoulaies, située dans un cadre bien plus beau que celle de Pra Fleuri. Néanmoins, il vous faudra porter votre nourriture car le gardien, présent l’été uniquement, ne propose que des boissons à la vente. Dans le même style, vous trouverez la cabane de Barme (ou Barmaz), située tout proche des Ecoulaies.

Une variante de J4-5-6 consiste à prendre la direction de Liddes depuis Champex. De là monter au col des Milles, puis passer à la cabane de Brunet avant de rejoindre la magnifique passerelle de Corbassière. Il faut ensuite rejoindre Fionnay puis remonter à la cabane de Louvie où l’on retrouve l’itinéraire normal. Une variante bien plus intéressante que le chemin classique de la haute route.

Pour J9 et J10, vous pouvez faire le col de Tsaté puis descendre à la cabane de Moiry. De là vous rejoignez le lac éponyme et l’itinéraire normal.

J12, l’alpage de Jungu est desservi par un téléphérique automatisé d’une capacité de 4 personnes. Cela vous épargnera la longue descente sur Sankt Niklaus. Sensations fortes assurées, la cabine se trouve par moment à plusieurs centaines de mètres au dessus du vide!

J14, l’itinéraire direct entre Europa Hütte et Zermatt est coupé suite à des éboulements. Les dommages étant colossaux, il est possible que cette section ne rouvre jamais. Il faudra donc passer par le fond de vallée.

Quoi d’autre dans les environs?

La Haute Route Chamonix Zermatt est un itinéraire cousin du Tour du Mont Blanc. Dans l’ombre de son célèbre voisin, elle bénéficie de sentiers moins fréquentés mais s’avère plus exigeante. Les randonneurs moins aguerri iront donc vers le TMB. Les paysages récompensent tous les efforts quelle que soit l’option choisie.

Un autre itinéraire de randonnée longue distance en Suisse s’appelle la Via Alpina. Sentier plus long, elle traverse la Suisse d’est en ouest. D’ailleurs, la Suisse n’est qu’un des pays traversés par la Via Alpina, qui s’étend sur tout l’arc alpin.

Enfin, pour ce qui est de la randonnée, le chemin des cols alpins partage une section avec la Haute Route. Il s’étend lui aussi de l’est à l’ouest de la Suisse mais s’étend plus au sud du pays.

La Suisse offre de multiples possibilités pour les sports outdoor. Le vélo itinérant n’y est pas en reste, tout comme l’escalade ou l’alpinisme.

Il ne faut évidemment pas oublier le ski de randonnée qui se pratique aussi sur la haute route. Voici un très beau récit de cette traversée glaciaire à ski de rando :

Offices du tourisme

Plusieurs offices du tourisme pourront vous apporter des informations complémentaires.

Tout d’abord, celui de Chamonix Mont Blanc pour la partie française.

Ensuite, voici celui de Verbier et du val de Bagnes, où se trouve le Châble.

Une autre étape importante se trouve être Zinal, dont l’office couvre tout le val d’Anniviers.

Enfin, vous trouverez un office du tourisme à Zermatt.

Bien entendu, d’autres offices existent. Je n’ai listé que les principaux.

Bibliographie pour la Haute Route Chamonix Zermatt

Ce chapitre comporte une seule entrée. En effet, le livre de Kev Reynolds intitulé « Chamonix to Zermatt, the classic Walker’s Haute Route » décrit de manière très complète l’itinéraire. Cependant, il est réservé à ceux qui déchiffrent bien l’anglais!

Liens internet pour préparer la Haute Route Chamonix Zermatt

J’ai deux recommandations de sites internet pour préparer et bien mener votre traversée.

randonnée lac de moiry

Le premier s’avère un outil important pour bien repérer les sentiers. Il s’agit de Suisse Mobile. Vous y trouverez toutes les informations sur l’ouverture des sentiers, leur éventuelle fermeture, la description des itinéraires, etc. Une mine d’informations!

Le second lien qui semble important à connaitre vous conduit vers le site officiel de la météo suisse. Appuyé par une application efficace, Météo Suisse délivre des prévisions gratuites et fiables. J’apprécie particulièrement le radar des pluies qui permet d’avoir une bonne idée de note humidité future. Les alertes météo y figurent également et il est important de les suivre car elles peuvent arriver à tout moment, et pas forcément longtemps à l’avance.

Récit de la Haute Route Chamonix Zermatt

Ces kilomètres que je ne referai pas

Certains endroit en montagne deviennent infréquentables car trop fréquentés. Le lac Blanc, au dessus de Chamonix, témoigne de l’intensité ravageuse du tourisme aveugle, également appelé tourisme de masse. Tourisme aveugle car la célébrité du lieu provoque une cécité temporaire pour de nombreux visiteurs de la vallée de Chamonix. Celle-ci regorge de merveilles mais personne ou presque ne les voit. Les yeux sont attirés par quelques points renommés : lac Blanc, aiguille du midi, Montenvers. Les autres, pas moins beaux, se voit délaissés.

haute route chamonix Zermatt

Alors quand un itinéraire me propose de passer par là, je décline poliment mais fermement. Le plaisir n’est jamais au rendez vous lorsque je monte au lac Blanc. La montagne semble dépossédée de son essence : sauvage et tranquillité. Je fuis.

Pour le col de Balme et la fenêtre d’Arpette, qui me conduisent à Champex, je passe encore mon tour. Si les foules du TMB volent une partie de ma joie à être là, mon choix s’avère dicté par le bon sens : je repasserai par à la semaine d’après, et la suivante, et encore la suivante. Plus deux autres fois avant la fin de la saison. Point trop n’en faut.

Glacier du Trient

Je connais déjà la jolie variante qui passe à Liddes, au col des Milles puis à la passerelle de Corbassière. J’y renonce aussi, pour explorer une autre variante, sur la fin du parcours. Me voilà donc à Verbier, point de départ, où j’achève de remplir mon sac avec des provisions.

Minéral

Le passage par la fenêtre d’Arpette présente un intérêt certain : il plante le décor et annonce l’ambiance. Des cailloux, parfois des pierriers, des pentes un peu raides, une solide montée et un environnement grandiose. Si c’est le col le plus difficile du TMB, c’est un col « normal » sur la Haute Route Chamonix Zermatt. De quoi s’échauffer avant de passer aux choses sérieuses.

col de la chaux haute route chamonix zermatt

Celles-ci m’attendent après Verbier. Il faut d’abord progresser non loin de la station de ski, parfois sur les pistes ou à proximité des remontées mécaniques. Pour l’expérience sauvage, il faudra attendre un peu. Quelques jolis chalets et forêts alpines viennent agrémenter la montée. Au sommet de la station, la cabane du Mont Fort, frontière symbolique au delà de laquelle peu d’humains poursuivent. Quelques uns prendront le téléphérique pour monter au col des gentianes, un des hauts points de la station.

De mon côté, la cabane du Mont Fort m’offre un choix : poursuivre très directement vers le très austère col de la Chaux ou suivre un long sentier en balcon vers le col Termin. Le second se pose comme une meilleure option si vous voulez dormir à la cabane de Louvie. Il se montre aussi plus accueillant et facile. Je mettrai de côté ces avantages pour privilégier le côté direct du col de la Chaux.

walker's haute route col de la chaux

La montée se fait d’abord sur une piste de la station puis suit un chemin balisé bleu et blanc (les sentiers les plus difficiles en Suisse). La neige le recouvre encore par endroit mais les traces des randonneurs passés avant moi balisent très bien le terrain. Le sentier louvoie, semble hésiter sur sa direction, cherche les coins les plus accueillants de la montagne, un peu en vain. Ici, sur l’ancien glacier, tout n’est que minéral.

Le Grand Désert, terre des lacs

Lorsque je parviens au col de la Chaux, un désert de pierre s’étend devant moi. Un frêle sentier trace un itinéraire qui tente de fuir ces blocs instables. Il semble pressé, filant d’abord droit dans la pente – bonnes chaussures exigées. Puis il marque un détour vers la gauche, restant en altitude, comme s’il était un peu désespéré face à ce pierrier infini qu’il ne pourrait franchir. Le sentier se ressaisit et retourne dans la pente, guidant le randonneur hors du dédale de pierre. Plus loin, le lac du Petit Mont Fort offre un réconfort et de l’espoir : la pierre doit parfois partager le territoire.

haute route chamonix zermatt verbier pra fleuri

Le lac ouvre la voie vers des espaces plus verdoyants et accueillants. Je rejoins le sentier qui monte du refuge de Louvie vers le col éponyme. Il y a plus de monde ici. L’envers du col me ramène dans un univers minéral. Mais celui-ci ne partage pas l’austérité du col de la Chaux. J’arrive dans le Grand désert, un espace immense abandonné par quelques glaciers maintenant réfugiés sur les pentes les plus hautes. Dans leur retraite, ils ont laissé des lacs, qu’ils abreuvent de leurs eaux laiteuses. La neige apporte également sa contribution aux lacs, rendant la descente du col bien plus ludique.

le grand désert haute route chamonix zermatt

La progression se fait plus facilement que sur les pentes du col de la Chaux, même si le terrain exige la sueur du randonneur comme droit de passage. Il n’y a pas beaucoup de dénivelé jusqu’au col de Pra Fleuri, une quarantaine de minutes seront nécessaires pour rejoindre les deux cols. Il va falloir que je m’y habitue : les glaciers m’attendent à chaque col. Pra Fleuri n’y déroge pas et conduit l’oeil vers d’immenses pentes aux couleurs blanches et grises.

Du désert à la verdure

col de pra fleuri haute route chamonix zermatt

Me voilà dans la descente vers le refuge de Pra Fleuri. La pente d’abord raide cède la place à une sorte de haut plateau d’altitude maltraité par des constructions bétonnées aujourd’hui à l’abandon. Vestiges de la construction des grands barrages, ces verrues rajoutent à l’austérité du paysage. Pra Fleuri n’est pas si fleuri et ce n’est vraiment pas mon endroit préféré. La Haute Route Chamonix Zermatt me réserve des accueils plus chaleureux un peu plus loin. Je fuis donc le secteur sans m’arrêter au refuge mais un bouquetin mâle aux cornes majestueuses m’impose un arrêt émerveillé.

faune sauvage haute route chamonix zermatt

Au col des Roux, je retrouve des paysages plus doux. L’immense lac de la Grande Dixence se niche dans une vallée verdoyante mais surveillée par d’imposants glaciers. Ses eaux laiteuses donnent une teinte originale au paysage, surtout avec les lumières de la fin de journée. J’arrive à la cabane de Barme (ou Barmaz), bien fréquentée en cette période de pointe qu’est la première quinzaine d’août.

lac des dix haute route chamonix zermatt

Un bivouac plus tard, je me réveille sous un ciel apparemment peu enclin à faire de la place au soleil. Rapidement, une confirmation arrive sous la forme d’une pluie soutenue. Hélas, les tentatives des nuages de prendre le pouvoir dans le ciel se voient rapidement déjouées par la météo assez implacable du mois d’août. Le soleil est roi et bientôt le roi trône de nouveau dans son ciel. Je ne me plains pas, il aurait été dommage de ne pas profiter des paysages somptueux qui m’attendent.

Les visages de la montagne

Aucune surprise ne m’attend sur le chemin : je connais déjà les paysages à venir. Mais cette familiarité nourrit encore plus ma joie d’être là. J’ai hâte de retrouver ces merveilles de la Haute Route. Les eaux vert argile du lac de la Dixence m’accompagne pendant quelques kilomètres, avant que l’élévation des pentes ne viennent les arrêter. L’ambiance change et la verdure s’efface elle aussi. Ici, la végétation rase qui peine à se développer, les rochers épars, parfois couverts de mousse et les glaciers qui trônent au fond me convient dans l’Arctique.

Mont Blanc de Cheilon haute route chamonix zermatt

Ce ne sont pas les mêmes paysages austères et désolés que la veille à Pra Fleuri ou au col de la Chaux. Ici, les glaciers, maitres des lieux, illuminent encore les paysages de leur puissante présence. Les couleurs sont plus chaudes que la veille et les roches noires n’ont pas trop droit de cité dans ce territoire.

col de riedmatten chamonix zermatt

Je m’élève encore un peu, le long de l’ancienne moraine du glacier. Deux cols sont possibles : Riedmatten ou le pas de Chèvre. Ce dernier suppose le franchissement d’échelles loin au dessus du glacier. Malheureusement, celles-ci menacent de se décrocher de la paroi et le passage est donc fermé. Je n’ai jamais fait Riedmatten donc cette fermeture me donne l’occasion de découvrir un nouveau passage. L’ambiance se fait intimiste, à mesure que les parois se rapprochent. Le terrain devient austère, raide et engagé. L’arrivée au col me redonne de l’air et de la douceur.

Quand la Haute Route Chamonix Zermatt s’adoucit

De l’autre côté, la descente vers Arolla surprend par sa transition agréablement brutale : herbe, soleil, pentes tranquilles (mis à part au début). Le décor n’est pas moins spectaculaire. Les montagnes s’habillent de glaciers et leur robe blanche les met en lumière. Elles sont immenses, paraissent même infinies par moment. Le chemin remplit les yeux de beauté.

arolla walker's haute route

Il y a plus de monde de ce côté-ci. On voit bien que la montagne se fait plus accueillante. Arolla n’est pas si loin, le tarif pour assister au spectacle qui se joue devant moi n’est pas très élevé pour les jambes de ceux qui partent depuis le village. D’ailleurs, la route qui y conduit permet aux bus postaux de faciliter la vie des randonneurs qui n’ont pas envie de s’enfoncer à pieds dans une vallée pas si sauvage. Me voici donc très rapidement aux Haudères, moyennant quelques francs suisses. Je poursuis jusqu’au supermarché à Evolène pour me ravitailler avant de retrouver l’itinéraire officiel à la Sage.

col de torrent haute route chamonix zermatt

Je monte au col de Torrent dans une étonnante solitude. Les randonneurs de la Haute Route Chamonix Zermatt sont peut être déjà passés depuis longtemps : c’est l’intérêt de faire deux étapes en une. Le col de Torrent n’a rien d’insipide mais mes yeux sont toujours remplis par les glaciers et les hautes montagnes aperçus ce matin. Ils n’ont pas envie de laisser filer ces merveilles alors ce col ne brille pas autant que ses prédécesseurs.

haute route chamonix zermatt flore de montagne

Mais il reste un beau passage entre deux vallées. Panoramique à souhait, il déborde de générosité puisqu’il ouvre la voie vers deux lacs, dont le très turquoise lac de Moiry, que je verrai le lendemain. Avant cela, un bivouac au premier lac, le lac des Autannes, où des milliers de fleurs se sont rassemblées pour fêter l’été.

Bleu, vert, blanc

val d'anniviers sur la haute route chamonix zermatt

Le bleu céleste éclate particulièrement ce matin. Tacheté de quelques nuages blancs, il brille d’une intensité puissante. Elle trouve un écho terrestre pas moins étincelant avec le lac de Moiry dont les eaux accumulées derrière le barrage recèlent des minéraux issus de la fonte des glaces lui donnant cette couleur spéciale. Je poursuis rapidement vers la Corne de Sorebois d’où je domine Zinal et le Val d’Anniviers, dernière terre francophone avec une germanophonie qui s’étend jusqu’au bout des Alpes.

corne de sorebois walker's haute route

Dans la station de ski, je ne trouve pas vraiment d’intérêt à l’itinéraire. Mais il n’y a pas d’autre passage donc pas de regret. Après un ravitaillement à Zinal, une nouvelle montée se dresse sur le chemin vers le col de la Forcletta. Là encore, la Suisse fait de la Suisse : alpages verdoyants, chalets et vacheries, pentes douces et fleuries.

glaciers haute route chamonix zermatt

Le col de la Forcletta fait lui aussi très bien son travail de transition entre deux mondes. La descente s’annonce plus raide, rocheuse, un peu plus austères et les paysages glaciaires qui se révèlent invitent au voyage. Magnétiques, ils appellent le randonneur à les révéler, à confirmer que la beauté aperçue de loin ne s’avère pas une vaine promesse.

haute route chamonix zermatt col de la forcletta

La Haute Route Chamonix Zermatt sait varier les plaisirs et bientôt je retrouve les alpages verdoyants, puis un peu de civilisation à Gruben. Une boisson fraîche plus tard, me revoilà sur le sentier pour une ultime montée. Le fond des vallées suisses n’est probablement pas le meilleur endroit pour planter une tente. Tôt ou tard, je serais découvert et peut être chassé par la police au prix d’une amende peu sympathique. Alors je monte vers Augstbord Pass, à la recherche d’une terre d’accueil, suffisamment éloignée des humains qui n’aiment pas les tentes.

La dernière vallée de la Haute Route Chamonix Zermatt

bivouac haute route chamonix zermatt

Cette terre d’accueil, je l’ai trouvée après 600m de dénivelé et il m’aura fallu bien la chercher. Si la carte promettait une vaste zone assez plate et propice au bivouac, la montagne n’a eu que faire des espoirs suscités par la traduction numérique des paysages. Il me faut donc chercher cet espace véritablement plat un moment : la gravité saura vite se rappeler au randonneur qui plante sa tente en pente, même légère, en le tassant doucement contre les parois de son abri. Néanmoins, l’orientation ouest de mon bivouac me garantit un ensoleillement optimal, alors je peux trainer un peu dans ma recherche de l’emplacement idéal.

randonnée chamonix zermatt

Augstbord Pass, à près de 2900m, se drape dans une parure de cailloux sombres. L’absence du soleil, occupé à chauffer d’abord les versants orientaux des montagnes, rajoute encore à l’obscurité du lieu et hâte mon pas vers la lumière. Fracassées, par le gel, le dégel, la glace, le vent, la pluie et le temps qui passe, d’innombrables roches jalonnent le parcours et deviennent même ce parcours, tant il ne reste rien d’autre à cette altitude après la liquéfaction des glaciers.

Au col, la lumière a déjà été rallumée. On voit bien une sente qui se fraie un passage dans les pierriers, filant sans perdre un instant vers des pentes plus herbeuses. Plus loin, les crêtes à perte de vue dessinent des reliefs dans le ciel. Mes jambes m’entrainent vers le bas et me voilà parti en trottinant, jouant joyeusement avec la gravité qui m’invite à courir plutôt qu’à marcher. Je chemine dans le Matertal, ultime vallée de la Haute Route Chamonix Zermatt.

Suspendu dans le vide

Quelques traversées de pierriers instables plus tard, et après une rencontre avec des chèvres aussi curieuses que photogéniques, me voilà au hameau d’alpage de Jungu, d’où la vue sur le Matertal est imprenable. Avec son petit étang, des jolies maisons, son herbe vert suisse et son restaurant, l’endroit est accueillant. D’autant plus qu’un téléphérique dessert le lieu, épargnant au visiteur la pénible ascension de 1000m de dénivelé.

grande randonnée suisse

Etant plus un randonneur qu’un visiteur, je réfléchis à cette « pénible » portion de 1000m de dénivelé, que je devrais descendre. Un rapide calcul du temps qu’il me reste pondéré avec les lieux que je souhaite visiter m’amène à opter pour une descente rapide vers le bas du Matertal. Je suis certain que la Haute Route Chamonix Zermatt ne m’en voudra pas trop d’éviter cette section.

Un téléphérique comme ça, je n’en ai jamais pris. Il s’agit d’un modèle semi-automatisé, activé depuis le bas de vallée. La capacité de transport donne au téléphérique une dimension intimiste : tout au plus, 4 personnes peuvent se serrer dans l’étroite cabine. Me voilà à l’intérieur, seul.

jungu matertal

La porte se ferme, laissant un filet de lumière passer entre les joints qui n’arrivent pas à se toucher. Je ne me sens pas très en sécurité. La cabine s’ébroue, tangue et vole 1000m au dessus de la vallée. Je déteste être suspendu au dessus du vide, c’est une de mes grandes peurs. La solitude mêlée avec une confiance très relative dans l’engin propulsent cette peur vers des sommets. Brutalement, le téléphérique s’arrête. Je me maudis : j’aurais pu rester sur la plancher des vaches et là je pends à des centaines de mètres au dessus du vide. La peur est à son paroxysme : et si le téléphérique était en panne pour longtemps?

Un balcon engagé

Après une éternité, il repart. Mais le mal est fait : la peur a grippé mon cerveau et je vais en subir les conséquences plus tard. Je sors, soulagé. La terre sous mes pieds offre un accueil rassurant. Direction Randa, en stop : l’Europa Weg, qu’emprunte la Haute Route Chamonix Zermatt, est fermée et je choisis donc une option rapide pour remonter le bas de la vallée et récupérer à nouveau l’Europa Weg.

pont charles kuonen

Je la rejoins à hauteur du pont suspendu le plus long de Suisse, le pont Charles Kuonen. Pas moins de 600m entre chaque extrémité et 85m de vide sous les pieds. Mon cerveau n’a pas oublié le téléphérique de Jungu et ce qui d’ordinaire ne me pose pas de problème devient ici source d’une inhabituelle tension. Mais mes pieds connaissent bien le chemin : un pas devant l’autre. Bientôt, l’impressionnante passerelle est derrière moi.

randonnée europa weg

La section qui suit vient mettre encore un peu plus de piment dans cette journée déjà très épicée. L’Europa Weg ne se distingue pas par ses dénivelés impressionnants : non, il s’agit surtout d’un itinéraire en balcon. Mais, parfois, le balcon se dresse très abruptement au dessus du vide, à tel point qu’il faut protéger le passage par des câbles. Des tunnels sont creuser dans la paroi pour les sections qui ne seraient pas franchissables autrement.

Mais l’objectif véritable pour moi de cette section sur l’Europa Weg c’est de voir le Cervin. Je n’aurai pas le temps de me rapprocher assez près alors j’espère pouvoir l’apercevoir au détour d’un virage sur ce beau balcon. Mais un obstacle me barre la route…

Le chemin vers le Cervin

Le Cervin, c’est une des récompenses majeures de la Haute Route Chamonix Zermatt. J’y tiens mais devant moi le sentier est fermé. Le mois précédent, des orages majeurs ont ravagé la vallée et de nombreux sentiers sont fermés. Notamment celui qui m’ouvre le chemin vers le Cervin. Alors je réfléchis un peu, gagné par cette habitude très française de ne pas tenir compte des itinéraires fermés, que ce soit sur route ou sur sentier.

Après avoir établi quelques points de vigilance (ne pas prendre de risque objectif, faire demi tour s’il y a un doute, rester vigilant sur les chutes de pierre) et compte tenu des très bonnes conditions météo qui tendent à stabiliser le terrain, me voilà de l’autre côté de la barrière. Un gros rocher ferme le sentier : il est tombé récemment, sûrement pendant les orages. Son contournement ne pose pas de problème.

Plus loin, une section de tunnels a beaucoup souffert des intempéries. Leurs entrées sont parfois obstruées et nécessitent un contournement prudent car les pentes ravagées demandent beaucoup de vigilance. Néanmoins, mon passage se fait sans prendre de risque inconsidéré. Et bien sûr, le Cervin qui pointe au loin illumine ma journée!

panorama sur le cervin

Après une salutation respectueuse au seigneur des lieux, je descends vers Täsch où je prends un bus pour Herbriggen, plus bas dans la vallée, pour la dernière ascension de la journée.

Adieu la Haute Route Chamonix Zermatt

A partir d’ici, je quitte la Haute Route Chamonix Zermatt. Je vais aller explorer une variante qui a l’air somptueuse. Et oui, n’ayant pas assez de jours pour tout découvrir, j’ai dû faire un choix et je ne le regretterai pas. Direction le Schöllijoch, un col à presque 3350m d’altitude. Situé plus de 2000m au dessus d’Herbriggen, ce haut col attendra ma venue jusqu’à demain. Il est 17h30 quand je commence l’ascension. D’après la carte, un joli point de bivouac se trouve 1000m plus haut : je vais aller voir si elle dit vrai.

randonnée dans la vallée de zermatt

L’ascension parait d’abord improbable : des parois raides bordent la vallée et aucun chemin ne se dessine dans ces zones peu hospitalière. Mais je fais confiance à la carte qui m’assure du contraire. L’itinéraire est presque aussi raide que les parois mais il existe bel et bien. Il monte sans fioriture, aussi droit que possible dans ces falaises où les chamois et les bouquetins vivent tranquillement. A ma grande surprise, un petit chalet en bois accroché sur un petit replat sert de résidence secondaire pour des amateurs de solitude et de montée raide.

trekking valais

Même quand je crois le sentier impossible, il sait se faufiler dans les interstices de la montagne et me faire gagner de l’altitude. Je finis par déboucher au dessus de ces parois pour gagner le replat prometteur. Effectivement, l’emplacement me ravit : un belvédère somptueux, une belle pelouse pour poser la tente et de l’eau pas si loin pour la toilette et l’hydratation. Je ne serai pas seul ce soir pour le repas : d’imposants sommets couverts de glace s’invitent à ma table. Nous ne mangerons pas la même chose : eux se nourriront des derniers rayons du soleil, moi de pâtes au fromage.

bivouac suisse

Le Schöllijoch, un col de haute montagne sur une variante de la Haute Route

Dernier jour sur la Haute Route Chamonix Zermatt, ou du moins sur sa variante. Demain, je vais reprendre le travail et guider un groupe sur le tour du Mont Blanc. Cette journée, déjà annoncée parfaite par la météo, sera également la plus belle du parcours – et aussi la plus engagée. Le Schöllijoch suppose une petite « grimpette » pour son franchissement. Je n’ai pas vraiment idée de ce qui m’attend même si les renseignements déjà pris me permettent d’être serein quant à sa traversée.

randonnée schöllijoch

En effet, il me faudra passer par un glacier et franchir une section protégée par des équipements. Le niveau de difficulté n’est pas très important mais il s’agit d’une randonnée côtée T5 en Suisse, soit le niveau le plus difficile. Je dispose de chaussures de randonnée rapide, peut être pas vraiment adaptées à ce terrain mais j’ai totalement confiance dans mon pas pour me lancer dans cette ascension.

randonnée zermatt

Les premières pentes me rappellent à mes mauvais souvenirs de la veille. D’ordinaire, ces passages exposés mais sans danger ne font pas frémir. Mais là, j’y suis étonnamment sensible. Les kilomètres passent et je me rhabitue. La peur se dissipe et me laisse davantage profiter des montagnes qui se parent de leurs plus beaux atours en cette journée très estivale.

Bientôt, le refuge Topali est en vue et marque l’entrée dans le royaume des glaciers. Je me rapproche de puits de mémoire en cheminant sur ce qui fut leur terre avant qu’ils ne refluent plus haut vers les sommets. L’herbe ne sait pas encore comment arriver si haut et la végétation se limite à de frêles pousses qui s’élancent vers le ciel là où les cailloux leur laisse un peu d’espace.

Un chemin improbable

Les couleurs n’en sont pas moins bariolées. La géologie a su se montrer inventive ici et mixe des roches plus différentes les unes que les autres, parfois presque blanches, parfois beaucoup plus sombres, parfois ocres. C’est un spectacle fantastique.

Le sentier se fait plus discret à mesure que son terrain devient minéral. Quelques cairns et piquets balisent bien la progression et la trace ne se perd pas tout de suite. Mais, alors que je me rapproche du glacier, il n’y a plus grand chose pour me guider et je navigue à vue. Devant moi, un immense cirque fermé par des parois qui semblent imperméables. Si le décor est fabuleux, il m’interroge aussi : par où vais-je passer? Il me faut faire confiance au chemin et le laisser me conduire à destination.

Le glacier de Schölli ne présente pas de difficulté particulière : presque plat, aucune crevasse ne risque d’avaler un montagnard imprudent. Néanmoins, je mets les crampons pour m’assurer d’une accroche impeccable et éviter une chute douloureuse sur la glace suite à une glissade.

randonnée schöllijoch par topalihütte

Une trace dans la neige à l’aplomb du glacier semble mener vers une des parois soutenant le col. Son escalade me parait hautement improbable. Pourtant, c’est bien là que me conduit l’itinéraire. Je jette un oeil autour de moi. L’endroit est merveilleux, tranquille, puissant. En me retournant vers mon chemin, je réalise qu’il est aussi exigeant et ne se laisse pas traverser facilement, loin de là.

Le passage le plus difficile de ma Haute Route Chamonix Zermatt

difficulté schölijoch

Me voilà au pied d’une échelle. Enfin, de plusieurs échelles attachées sommairement les unes aux autres. La base flotte dans l’air, soumettant l’ensemble à des contraintes mécaniques fortes et balançant le montagnard d’avant en arrière dans un balai acrobatique à l’issue incertaine.

montée au schöllijoch

Une fois les échelles franchies, c’est une via ferrata qui indique la marche à suivre. Les équipements sont de bonne qualité et j’ai tout le nécessaire pour une progression sécure. Néanmoins, l’exposition importante se montrera implacable en cas de chute. Il me faut donc grimper en utilisant barreaux, cordes, étriers, prises sur le rochers. L’ascension est plaisante et je suis content de ne pas avoir à descendre par ici.

Plus loin, je m’arrête. Une échelle est disposée à l’horizontal au dessus du vide. Il y a bien 100 mètres sous les barreaux. Une corde solide mais très lâche doit sécuriser la progression. Mais elle est quasiment au ras du sol et l’absence de tension lui enlève sa capacité à sécuriser réellement le passage. Tout au plus, elle sera un lien avec la terre. Les barreaux métalliques sont ronds : je me demande si je ne vais pas glisser en passant dessus. Un instant d’hésitation : la chute est interdite et le passage incertain. Mais je n’ai aucune envie de redescendre ce que j’ai déjà monté. Alors je saisis la corde et traverse sans encombre l’échelle. Soulagement.

Il ne me reste qu’à gravir les derniers mètres qui me séparent du Schöllijoch. Je viens de terminer la section la plus difficile de ma Haute Route Chamonix Zermatt.

Au pays des glaciers

schöllijoch

Me voilà en haut. Partout d’immenses glaciers glissent vers les fonds de vallée. Le Barrhorn déploie ses pentes ocres jusqu’à 3610m d’altitude à ma droite. Il s’agit d’un des plus hauts sommets alpins atteignables sans matériel d’alpinisme, avec la Grande Sassière. Voilà un des plus beaux paysages qui m’ait été donné à voir cette année. Je reste un moment, à m’imprégner d’un peu de cette beauté pour la ramener plus bas sous forme de joie et d’émerveillement.

randonnée barrhorn

La descente commence, tellement facile. Il faut dire que ce côté du col contraste fortement avec celui que je viens de monter. D’ailleurs, les randonneurs bien plus nombreux ne s’y sont pas trompés. En effet, personne n’a osé affronté le col de mon côté (du moins je n’ai pas vu d’autres montagnards). Mais les pentes occidentales du col sont parcourues par ceux qui veulent monter au sommet du Barrhorn.

randonnée vallée de turtmann

Je chemine, honorant la beauté des glaciers qui me font l’immense honneur d’être encore là et de pouvoir témoigner de leur vie.

Le refuge de Turtmann apparait bientôt et avec lui le fond de la vallée, point final du trek. Le parking très fréquenté en ce samedi me remplit d’optimisme : le retour en stop vers la gare ne sera pas difficile.

Conclusion de la Haute Route Chamonix Zermatt

chamonix zermatt pra fleuri

Le tour du Mont Blanc a trouvé son maître. La Haute Route Chamonix Zermatt qui partage une partie de ses sentiers avec son prestigieux voisins n’a absolument rien à lui envier. Bien au contraire. La variété des paysages, des ambiances, des cols s’ajoutent à l’omniprésence des hauts sommets refuge d’immenses glaciers. Le terme « grandiose » suffit à peine à décrire l’émerveillement que j’ai pu ressentir pendant ces quelques jours en Suisse. Bien loin des foules qui se massent sur le TMB, la Haute Route s’avère plus paisible, plus tranquille, moins frénétique et embouteillée. Que c’est agréable!

Pour autant, elle se montre plus difficile que son voisin. Les cols sont plus hauts, les sentiers moins roulants, les hôtels luxueux quasi absents. On ne pourra pas le lui reprocher.

Quant à la variante que j’ai empruntée, quel choix judicieux! Même si je ne peux la recommander à tous car il faut être bien accroché dans ses chaussures et dans sa tête, elle offre des paysages incroyables, parmi les plus beaux que j’ai vus dans les Alpes. Et, pour les plus motivés, la possibilité de monter jusqu’au Barrhorn à pied permet de vivre une expérience rare dans le massif.

Matériel utilisé pour la Haute Route Chamonix Zermatt

Matériel de bivouac

CatégorieMarqueModèlePourquoi avoir fait ce choix?Ce choix a-t-il répondu à mes besoins?Et si c’était à refaire?
TenteBig AgnesCopper Spur HV UL 1Tente autoportante la plus légère du marché, grande abside et volumes généreux.Dans cette nouvelle version, la tente me satisfait toujours autant, mis à part les sardines beaucoup moins efficaces.Je ne changerais rien
FrontalePetzlActik CoreUne frontale légère avec une batterie rechargeable et une très bonne autonomie.Autonomie incroyable, une charge suffit pour un très long trek.Je ne changerais rien
DuvetRabNeutrino 400Un sac léger, avec un duvet de qualité et une température confort entre 0 et -5.Un sac polyvalent et agréable, une très bonne résistance à l’humiditéJe ne changerais rien
Matelas Big AgnesZoom ULConfort et légèretéMatelas très léger, épais et isolé. Le gonflage est rapide. Confort pas toujours parfait, je ne saurais l’expliquer. Sensation très subjective en tout cas.J’ai essayé le Rab Ultrasphere 4.5 et il coche toutes les cases, confort inclus.
RéchaudJetboilMinimoRéchaud intégré, assez léger, très efficace pour bouillir de l’eau6 ans que je l’utilise et j’en suis totalement ravi. Je ne changerais rien

J’ai utilisé la tente Big Agnes Copper Spur HV UL 1 pour ce trek. Voici le test de cette tente ultralégère.

Equipement pour la Haute Route Chamonix Zermatt

CatégorieMarqueModèlePourquoi avoir fait ce choix?Ce choix a-t-il répondu à mes besoins?Et si c’était à refaire?
CouteauOpinelN°7Made in France et léger. Un produit solide et durable qui m’accompagne partout en montagne.Je ne changerais rien
BâtonsMcKinleyMigra 4Pliables sur 3 brins avec une poignée en mousse très confortBâtons grand confort, surtout pour moi qui m’appuie beaucoup avec la paume de la main sur le haut de la poignée. Usure rapide des pointes.Je ne changerais rien
Sac à dosOspreyAtmos 50Son confort remarquable.C’est mon deuxième Atmos 50 et j’en suis toujours ravi. Il convient parfaitement pour 7 jours d’autonomie car son volume est très généreux. Confort impeccable et grande praticité: accès aux bouteilles d’eau, poches, accroches de bâtons sans poser le sac, etc. Cependant il est fragile au niveau du filet dorsal qui finit immanquablement par se trouer.Je ne changerais rien
CuillerLight My FireSpork TitaniumTrès léger et polyvalent.Parfaitement.Je ne changerais rien
Balise de détresseGarminGPS Map 66iBalise Inreach qui peut aussi servir de gps de secours si le téléphone est HS.Utilisé en situation réelle de secours et cela fonctionne très bien même au fond d’une gorge. Par contre la version avec écran de navigation est vraiment lourde et encombrante.Je prendrais un modèle plus léger.
CramponsCampIcemasterCrampons légers, adaptables sur tout type de chaussures et adapté au trek estival.Ces crampons disposent d’une accroche incroyable. Il ne faut cependant pas les utiliser sur glace ou sur des pentes supérieures à 25° car le risque d’un dévissage mortel est possible. Ils sont très pratiques à enfiler et à enlever.Je ne changerais rien.

Vêtements utilisés sur la Haute Route Chamonix Zermatt

J’ai eu l’occasion de tester les Merrell Moab Speed 2 GTX sur ce trek. Voici mon avis sur ces chaussures de randonnée légères.

CatégorieMarqueModèlePourquoi avoir fait ce choix?Ce choix a-t-il répondu à mes besoins?Et si c’était à refaire?
ShortDynafitTransalper HybridShort long, léger, sans ceintureTout à faitJe ne changerais rien
PolaireHaglöfsLIM Mid Comp HoodUne polaire ultralègère, zippée, avec une capuche pour gagner en thermicitéAbsolument ravi de mon choix, pour 270g c’est parfait!Je ne changerais rien
Veste imperméableRad’ysR1 X light techUne veste très légère (300g), super respirante et très imperméable.Parfaite à tous les points de vue.Je ne changerais rien
Pantalon de pluieKalenjiTrail RunningUne couche imperméable légère pour les moments froids et pluvieux. Très bon marché pour un vêtement respirant.Un vêtement qui m’accompagne depuis des années avec satisfaction.Je ne changerais rien
Chemisette Mountain HardwearShade LiteGrande respirabilité, meilleure protection dans le cou qu’un T Shirt et elle a du style!Impeccable. Séchage très rapide, ventilation au top, gestion des odeurs parfaite.Je ne changerais rien
DoudouneCumulusIncredilite EnduranceLégère (350g) et construite avec un duvet 850cuin qui apporte beaucoup de chaleur. Tissu imperméable.Ma meilleure amie dans le froid et au bivouac.Je ne changerais rien
GantsCampG airGants légers et thermiquesVraiment très solides et très adaptés à la randonnée estivale. Pas imperméables mais cela ne me dérange pas en été.Je ne changerais rien
ChaussuresMerrellMoab Speed 2 GTXConfort, accroche et imperméabilité.Le confort et la capacité des chaussures à affronter tout type de terrain constituent des atouts majeurs. Je regrette cependant une certaine fragilité.Je testerais les Nnormal Tomir

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