Kayak de mer au Groenland : de Kullorsuaq à Upernavik

par Line KONG A SIOU
Kayak de mer au Groenland de Kullorsuaq à Upernavik

JC et Line nous partagent leur expérience de kayak de mer au Groenland. Une itinérance de 3 semaines au Sud de la Baie de Melville.

Informations pour préparer une randonnée itinérante en kayak de mer au Groenland

Date :

16 Juillet – 8 août 2019

Lieu :

Nord-Ouest du Groenland. Région de Upernavik

Comment s’y rendre :

Seule la compagnie Air Greenland dessert cette zone, depuis Copenhague en plusieurs étapes : Copenhague à Kangerlussuaq à Ilulissat à Upernavik à Kullorsuaq. Il est possible, en saison, d’arriver directement à Ilulissat depuis Reykjavik avec la compagnie Air Iceland.

Participants au Trip Kayak de mer au Groenland :

Agnès, Gilles, Quentin, JC (@jseakayak) et Line KONG A SIOU.

Retrouvez les expériences de Line en Kayak de mer:

Ou dormir pendant votre randonnée Kayak de mer au Groenland :

Sans hésiter, le cafe de Upernavik

A mi-chemin entre un hôtel et un gîte, Nicolaj et Zennifer vous accueillent comme des rois dans une maison toute neuve et équipée tout confort. Le petit-déjeuner est copieux et délicieux. Un super camp de base pour découvrir la région. Il faut absolument penser à réserver car les possibilités de logement sont peu nombreuses et vite saturées en saison.

Où se restaurer/où se réapprovisionner pour un séjour Kayak de mer au Groenland:

Possibilité de dîner au cafe de Upernavik sur réservation. Autrement il est possible de faire des courses et d’utiliser la cuisine du café. Pour le réapprovisionnement, nous avons pu faire des courses à Upernavik et à Kullorsuaq (choix plus limité dans ce village). Nous avions également envoyé des colis de nourriture à Kullorsuaq (compter environ 3 semaines pour l’acheminement du colis).

Office du tourisme du Groenland:

Le Conseil sur le Tourisme et les affaires au Groenland

Caractéristiques du Groenland :

La côte entre Upernavik et Kullorsuaq est constituée de très nombreuses îles. En naviguant près de la cote, on est donc très abrité de la houle par les îles, mais on est plus exposé aux packs de glace. A plusieurs endroits la calotte glaciaire se jette dans la mer, créant des « Isfjord ». La prudence s’impose pour les traverser lorsqu’ils sont encombrés de glace. Par ailleurs il y a un marnage, pouvant donc créer des courants, mais cela reste modéré.

Quoi d’autre à faire au Groenland :

Bibliographie sur le Groenland :

Cartes topo éditées par Tage Schjøtt : Ce sont les plus précises que l’on peut trouver (1/250 000ème). Elles sont indispensables pour s’orienter et avoir quelques indices pour identifier les lieux de bivouac. Au vu de l’échelle, il n’est pas possible de déterminer avec certitude si tel ou tel lieu se prêtera au bivouac, ni même s’il sera possible de débarquer. Même chose pour Google earth : les photos aériennes sont de mauvaise qualité sur la zone et ne permettent donc pas un repérage précis… mais c’est mieux que rien.

Lien Internet utile pour préparer un voyage Kayak de mer au Groenland:

Le site de Nicolaj, guide de kayak local.

Pulkayak un blog bien utile qui nous a permis de repérer grossièrement quelques bivouacs possibles

3 semaines d’itinérance en kayak de mer au Groenland de Kullorsuaq à Upernavik

Kayak de mer : petite embarcation mue par la force humaine à l’aide d’une pagaie. Inventée il y a plusieurs milliers d’années par les inuits qui l’utilisaient pour la chasse. Quoi de plus normal pour des kayakistes que d’aller à découverte du pays d’origine de cette embarcation, de laquelle dépendait la survie de tout un peuple arctique. Tout cela a bien changé, mais nous avions envie, nous aussi, de tremper nos pagaies dans ces lieux historiques du kayak de mer.

Carte du parcours et bivouacs de nos 3 semaines de kayak de mer au Groenland

Le son de la glace

Imaginez le silence, le vrai silence : pas de vent, pas de bruit de vague, rien. Rajoutez le son de la glace, ou devrait-on dire LES sons de la glace. Du tonnerre que font les gros icebergs qui se cassent ou se retournent, aux petits cliquetis des glaçons dans l’eau en passant par le bruit de l’eau qui tombe des icebergs, en petites gouttes ou en grandes cascades. Par-ci par-là, quelques cris d’oiseaux, et, deux fois par semaine, le bruit de l’hélico qui fait la liaison entre Upernavik et Kullorsuaq… ce même hélico dans lequel nous nous trouvons, par un ciel bleu sans nuages.

Hélicoptère Air Greenland au départ de Upernavik

Le premier chargement

Sous une chaleur incroyable (je suis en short et en débardeur et j’ai trop chaud), nous passons tout l’après-midi en courses, récupération des colis de nourriture et chargement de tout cela dans les kayaks. Pas vraiment de route à Kullorsuaq, nous devons donc transporter « à la main » tout notre équipements et les 3 semaines de nourriture depuis l’héliport (ou le magasin) jusqu’au plus près de l’eau. Le premier chargement prend un temps infini. Il faut se répartir le matériel commun et les vivres, puis chacun bataille de son côté pour que tout cela rentre dans un kayak de 5,50 m de long et de 56 cm de large. Pas une mince affaire. Enfin, vers 21h, nous donnons nos premiers coups de pagaie. Ces deux premières heures de navigation sont magiques.

Premiers coups de pagaie au milieu des icebergs du Groenland

La lumière commençant à baisser, on flâne au milieu des glaçons aux formes toujours plus surprenantes. Pour la plupart d’entre nous, c’est la première navigation auprès des glaces. Inoubliable. On en profite un maximum : nous sommes bien au-dessus du cercle polaire, et le soleil ne se couchera donc pas ce soir ce qui nous laisse tout le temps pour arriver au bivouac « avant la nuit » ! 

Retour du temps groenlandais

A notre arrivée, le beau temps durait depuis près de 15 jours déjà. Il fallait bien que ça se termine. Nous sommes au 5ème jour de voyage. Après un confortable temps d’adaptation,  le vent et les nuages sont arrivés hier et avant-hier, et maintenant c’est la pluie qui entre dans la partie. « Averses fréquentes » on dirait à la météo, et avec 5 ou 6°c au thermomètre, il fait froid. D’ailleurs l’huile d’olive a figé… mauvais signe !

Navigation en kayak de mer dans le vent Groenlandais

Le vent de face lève un peu de clapot. Les kayaks sont si chargés qu’ils s’enfoncent dans ces petites vagues ce qui les stoppe net, et il faut à chaque fois relancer. Epuisant. Ma progression est plus que laborieuse et JC m’aide un peu avec un bout de remorquage pour ne pas avoir à trop attendre et se refroidir. Je ne suis pas bien fière, si ça commence comme ça, comment vais-je arriver jusqu’à Upernavik ?

Nous avons fait plusieurs petites traversées aujourd’hui, et il y a peu d’endroits où s’arrêter en fin de journée. On finit par débarquer au fond d’une baie, près d’une maison. Les abords de la maison sont un véritable dépotoir. Tampis, nous venons de faire 19 MN (35 km), il n’est que temps de s’arrêter après cette journée éprouvante. Je trouve l’endroit assez sinistre et j’ai juste envie de me mettre dans la bulle « toute propre » de la tente et dormir.

Le village de Nuussuaq

Le lendemain, chargement des kayaks dans le froid et la pluie. C’est le 3ème jour de mauvais temps, et on aimerait bien que ça cesse car tout commence à être mouillé, les mains sont abîmées, le moral élimé. La journée se passe dans les nuages très bas, la pluie, et un peu de vent. On ne voit pas grand-chose si ce n’est qu’il n’y a que très peu d’endroits où débarquer. On zappe la pause de midi. Je n’ai de toute façon pas tellement envie de m’arrêter… pas faim, et puis dès qu’on s’arrête de pagayer, le froid se rappelle à nous. Enfin, dans l’après-midi, se dessine dans la brume le village de Nuussuaq (près du B6 sur la carte ci-dessus). J’éprouve une certaine joie en voyant les maisons On arrive quelque part…

Arrivée à Nuussuaq au Groenland

Les abords du village ne présentent pas de zone de bivouac évidente (peu d’endroits plats, présence chiens etc.), et les avis sont donc partagés, notamment sur la possibilité de bivouaquer dans le village même. La communication avec les villageois n’est pas très facile dans un premier temps car ils ne parlent pas ou peu anglais (et nous ne parlons ni groenlandais ni danois !). Finalement, prévenu via un célèbre réseau social, un des villageois parlant bien anglais vient trouver Agnès et lui indique un lieu de bivouac un petit peu plus loin sur la côte. Il nous propose même la maison d’un parent, dans le village. Va pour le bivouac un peu plus loin, nous ne voulons pas déranger. Après avoir contourné une zone de très gros icebergs collés contre la côte, on trouve notre 6ème bivouac, le dernier sous la pluie : ouf !

La calotte glaciaire

Le soleil est revenu (l’huile d’olive a retrouvé son état liquide) et, pour la première fois, nous nous rapprochons de la calotte glaciaire. Difficile de savoir à quelle distance nous en sommes. Les cartes sont datées d’il y a 15 ou 20 ans, bien assez pour laisser le temps à un glacier de reculer par les temps qui courent ! Et puis l’absence de trace humaine fausse notre perception des distances. Le camp est posé pour 2 jours, dans l’espoir pour certains de pouvoir atteindre demain le glacier que ce soit par voie terrestre ou maritime.

Notre plus beau bivouac

Il faut dire deux mot sur ce bivouac (B8-9 sur la carte), sans doute un des plus beaux du voyage. Tout d’abord, il donne sur deux baies orientées différemment, ce qui est plutôt intéressant pour ne pas se faire bloquer par la glace en cas de coup de vent qui pousserait les icebergs vers nous. Ensuite il y a l’eau courante, et même une belle salle de bain (dalle bien propre au bord d’une petite vasque à l’eau pas trop gelée). Enfin il offre la possibilité de belles balades, avec un petit sommet d’où on peut voir la calotte mais aussi l’archipel d’îles environnant.

Bivouac au Groenland avec vue sur le glacier

Quentin, Agnès et JC partent le lendemain, kayaks vides, pour se rapprocher du glacier. Ils se fraient un chemin en zigzaguant entre les glaçons de toutes tailles. Mission accomplie, pas trop près tout de même pour ne pas être trop exposés à d’éventuelles chutes de blocs de glace.

Dans ce genre de navigation, on pense aux inuits avec leurs kayaks en bois et en peaux tendues. Comment faisaient-ils ? Se risquaient-t-ils dans les zones encombrées de glace ? Leurs kayaks étaient sans doute plus manœuvrants que les nôtres, mais on imagine que la première rencontre avec un bout de glace affûté devait être fatale !

Une photo par jour

Quentin a un appareil photo jetable, qui lui permet de prendre une photo par jour. Une seule. Comment a-t-il fait pour sélectionner LA photo qu’il prendrait ce 25 juillet ? Depuis que nous avons commencé ce voyage, tout est beau, tout le temps, on ne sait pas où donner des yeux. Mais cette journée nous donne à voir des paysages et des icebergs toujours plus beaux. Le ciel est tout bleu (ça aide), les falaises rouges font penser aux photos que l’on peut voir du Grand Canyon ou de quelque autre parc national des Etats-Unis, et là-dessus viennent se détacher les icebergs blancs immaculés. Pour couronner le tout, nous déjeunons face à une énorme arche de glace (attention danger, pas toucher, pas passer dessous, pas se rapprocher trop… mais qu’est-ce que c’est beau !).

Grande arche de glace durant notre itinérance Kayak de mer au Groenland

Le cimetière des icebergs

Des géants de glace, un peu cassés, penchant parfois dangereusement se sont arrêtés ici, dans la large baie de l’île Nuluk. Le vent, les courants, les ont entreposé là et ils nous font leur éblouissant spectacle (C’est le mot puisqu’avec ce beau soleil, y’a intérêt d’avoir les lunettes spécial glacier !). Les gros glaçons se reflètent dans le miroir d’eau de mer, de grosses bulles remontent parfois à la surface, le bruit de la glace perce le silence. Navigation digestive et contemplative en ce début d’après-midi. On s’endormirait presque !

Navigation en kayak de mer dans un cimetière d’icebergs au Groenland

Poursuivant notre route, on trouve encore pas mal de glace (gros et petits glaçons mélangés cette fois), ce qui nous oblige à progresser en file indienne, le premier ouvrant le passage.

Le jour de la glace

Aujourd’hui nous allons tenter un passage qui, sur la carte, paraît osé : une étroiture entre des îles et la calotte glaciaire. Mais les conditions observées hier (le glacier semble s’être bien retiré) et le fait que la carte commence à dater nous encouragent à le tenter, avec une solution de repli au cas où. Je m’habille chaudement : dès lors qu’on est au milieu des glaçons, le soleil a beau briller, il ne nous réchauffe plus tellement. JC trace le passage en évitant les gros icebergs et en bataillant avec des plaques de glace qui ont re-gelé la nuit précédente, agglomérant tous les petits glaçons. Malgré tout nous finissions par renoncer : le passage est trop long, la glace est trop dense. Demi-tour donc, et il nous reste encore une bonne partie de la journée pour arriver au prochain bivouac.

Dans le pack de glace durant notre itinérance de 3 semaines en kayak de mer au Groenland

C’est au cours de cette matinée glacée que Quentin a cassé sa pagaie. Lui qui ne navigue jamais qu’avec une pagaie groenlandaise, le voilà condamné à finir le voyage avec la pagaie « de secours » européenne. Si vous voulez voir la différence entre une pagaie groenlandaise et une pagaie européenne, c’est par ici:

L’instinct du grimpeur

Il y a bien (trop) longtemps que j’ai raccroché les chaussons d’escalade, mais les yeux ne peuvent s’empêcher de lire le paysage. L’instinct de grimpeur qui sommeillait en moi vient de se réveiller devant de magnifiques falaises de rocher gris, très compact, magnifique. De près, j’observe chaque prise, j’apprécie la qualité du rocher… Si peu de fissures, pas de quoi mettre le moindre coinceur ! On prend un peu de recul, une belle ligne apparaît, une fissure, un peu en biais, puis un dièdre et à la fin, cerise (ou noyau) sur le gâteau : un toit ! De part et d’autres, des dalles lisses, qui paraissent infranchissables. Grimpeurs aventuriers, venez dans la région de Upernavik, vous ne serez pas déçus !

Lichen orange du Groenland au bord de la mer

Après le minéral, le végétal. La végétation est aussi rase que les falaises sont hautes et verticales. Des bouleaux nains, se disputent avec les saules arctiques le privilège d’être les seuls « arbres » qui poussent ici. Et ils poussent plus horizontalement que verticalement si bien que vous pouvez très bien marcher dessus sans vous rendre compte que vous marchez sur un arbre qui a peut-être 100 ou 200 ans. Idem pour les lichens de toutes sortes, allant du gris clair à l’orange vif. En cette saison on voit également beaucoup de fleurs : sillènes, cassiopées, épilobes…   

Eau douce et canicule

16ème jour de voyage, et nous avons plutôt très bien avancé. Aujourd’hui ce sera une petite étape, qui nous mène à un bivouac plutôt confortable au bord d’un lac. Il fait vraiment très chaud, et nous arrivons à l’endroit dit à la mi-journée. C’est le moment idéal pour un petit rinçage de nos combinaisons étanches, qui auront donc le temps de sécher pour repartir demain. En 2 semaines, le sel s’est tellement accumulé qu’elles sont toutes raides. De plus, il faut savoir que tout ce qui est salé sera mouillé par temps humide car le sel aura tendance à absorber l’eau dès que possible. Alors hop, un petit bain en combi dans ce joli lac… et on en profite pour laver les cheveux !

Rinçage de la combinaison après une bonne journée de kayak au Groenland

Le tour du lac à pied vaut également le coup. Ici pas de chemins, il faut donc tracer sa propre route. Ce jour-là, le terrain était plutôt varié, allant de quelques passages en éboulis, à des petits marécages, mais la plupart du temps on évolue sur terrain végétalisé « adhérent mais non piquant ». Très agréable.

On tombe également sur une belle dalle grise plongeant dans le lac qui est vite transformée en salle de bains. Il faudra juste prévoir la prochaine fois de l’équiper d’un petit tapis antidérapant car ma tête se souvient encore du contact très dur et brutal avec la roche, alors que mon pied venait de glisser façon savonnette. Ça ne m’aura d’ailleurs pas vraiment servi de leçon puisque je referais une figure similaire deux jours plus tard, en allant faire la vaisselle. Ne pas sous-estimer les accidents domestiques…

Le Lac et la mer (avec des icebergs) en arrière-plan durant notre voyage au Groenland

A deux doigts de la sécheresse

Avec tout ce beau temps et cette chaleur, les ruisseaux que nous rencontrons sur les îles sont de plus en plus à sec. Nous avons pourtant besoin d’un ravitaillement en eau tous les 2-3 jours au moins. C’est ainsi que l’on se retrouve un soir avec une quantité d’eau un peu limite. Pourtant les environs semblent humides, mais JC revient bredouille après avoir cherché pendant plus d’une heure. Il finit donc par ramener un glaçon que l’on fera fondre au soleil (dans la nuit !).

Voyant que nos chances de trouver de l’eau potable à terre se réduire, nous sommes désormais à l’affût d’icebergs propices au remplissage de nos vaches à eau. L’iceberg parfait est de taille modeste, offrant un plateau en pente douce orienté au soleil et dont le bas est à hauteur de kayak (contrairement à la photo ci-dessous !). Une main armée d’un couteau planté dans la glace maintient le kayakiste à niveau tandis que l’autre tiens la poche à eau qui repose dans l’eau. Toute une technique que JC perfectionne au cours de cette deuxième partie de voyage.

Remplissage de vache à eau sur un iceberg au Groenland

Repos près d’un fjord

Ce 3 août, après une navigation particulièrement chargée en glace, on atteint un magnifique bivouac près d’un fjord. Camp posé pour 2 jours encore une fois, puisque nous avons le temps ! Nous recevons après le dîner la visite d’un renard arctique. Le genre de renard à se faire apprivoiser par le Petit Prince : il a la taille d’un gros chat, bouge comme un chat et semble plutôt familier. Nous avons tous quitté le coin cuisine mais il paraît beaucoup plus intéressé par les oursins en bord de mer que par nos maigres miettes de repas.

Renard arctique du Groenland

Depuis un promontoire à quelques minutes de marches de la tente, on observera également un phoque chasser tranquillement dans le fjord. On chronomètre ses apnées : environ 2 à 3 minutes.

On ne profite hélas pas si longtemps de ces beaux paysages puisque le brouillard tombe le lendemain et restera collé sur le camp presque toute la journée. Malgré cela, tandis que chacun hésite à sortir de son lit, Agnès pêche courageusement plusieurs kg de moules avant même son petit déjeuner (« la marée n’attend pas »), à mains nues, dans l’eau glaciale. Festin ce soir, et en plus le soleil revient en fin de journée !

L’arrivée : les derniers et les premiers

Le dernier dîner cuisiné sur le réchaud à essence (précédé d’un apéro conséquent : ‘faut bien finir le whiskey, le fromage et le saucisson !), la dernière nuit sous la tente, la dernière nav’ … le dernier matin, tout cotonneux. C’est même de la purée de pois. Une courte traversée doit nous mener sur l’île d’Upernavik mais on n’y voit goutte. Agnès et JC accordent GPS et boussole : ce sera cap au 195°, et attention à la déclinaison qui est de plus de 30° ici (c’est-à-dire qu’à la boussole nous suivrons non pas le 195° mais le 165°).

Au bout de 35 min, une masse noire apparaît (on a le nez dessus), c’est gagné. La « ville », apparaît alors que nous contournons l’île, l’émotion aussi. Quel sentiment étrange, la joie d’être arrivé, la tristesse que ce voyage extraordinaire se termine, les derniers coups de pagaies. Et puis vient le temps des « premiers-depuis-3-semaines » : la première douche chaude, le premier repas à table, la première nuit sous un toit… le premier avion d’une longue série qui nous emmènera bien loin des icebergs.

Conclusion sur notre itinérance de 3 semaines en Kayak de mer au Groenland

Je me disais « un jour dans ta vie, tu iras au Groenland », un peu comme ces paroles ou ces pensées lancées en l’air. J’avais peur du froid, de la pluie, de la glace, je ne savais pas trop ce que j’allais y trouver. L’expérience a été au-delà de tout ce que je pouvais imaginer. Aujourd’hui, je me dis qu’une fois n’est pas suffisant. Le Groenland est vaste, les paysages à découvrir pratiquement infinis. Une prochaine fois s’impose comme une évidence.

Matériel utilisé durant notre voyage en Kayak de mer au Groenland

Matos de bivouac pour le Groenland

CatégorieNom du ModèleMarquePourquoi ce choixChoix a t il été adapté à ce trip kayak de mer au Groenland ?Si c'était a refaire ?
TenteArco XTVAUDEImmense abside avec deux portes latérales. Nous l'avons même montée sur des dalles avec de grosses pierres : impeccable. Tiens très bien le vent si elle est montée et orientée correctement. Nous l'avons depuis plusieurs années et elle est toujours en parfait état.Oui.Oui. À coupler éventuellement avec un tarp pour plus de confort (pas facile de se changer dans la tente, surtout pour passer des habits mouillés de kayak aux habits "secs" et inversement).
RéchaudDragonflyMSRRéchaud à essence avec 2 bruleurs (à choisir en fonction du carburant), permettant de bruler tout type d'essence et donc de cuisiner partout dans le monde.Oui parfaitement. Grande puissance de chauffe, bonne taille des ailettes permettant de poser de grandes casseroles (pratique pour cuire de grande plâtrées de pâtes pour 5 !). Il était neuf lorsque nous sommes partis et nous n'avons pas eu besoin de le démonter pour le nettoyer en cours de route. Réglage de la puissance très pratique et permettant réellement de cuisiner.Oui, on pense même l'utiliser lors de prochaines sorties en France car très pratique, notamment en terme de volume de carburant à emporter. Seul inconvénient, il est assez bruyant.
Matelas LineProlite SmallTHERMARESTInitialement choisi pour la montagne, je m'en sers depuis des années pour tout type de rando. Bon rapport confort/poidsIl trouve là sa limite en matière d'isolation. J'ai eu un peu froid lorsqu'on dormait sur les dalles de granit.Pour ce type de voyage je prendrais un matelas un peu plus isolant, et peut être un peu plus confortable.
Sac de couchage LineW's EcoPro 15MARMOTSac de couchage pour l'hiver en méditerranée et l'été en montagne.oui, avec une thermolite pour le rendre un peu plus chaud.Oui, sans problème. Je pense cependant que si les conditions avaient été moins cléments j'aurais été un peu juste avec le Marmot et peut être aurais-je du dormir plus habillée.
Matelas JCTrek 700 airFORCLAZMatelas très compact donc facile à ranger dans le kayak et prix très attractifOui. Conseillé pour des températures > 20°c, mais je n'ai pas eu froid même si on a eu 5-6°cOui.
Sac de couchage JCCat's MeowTHE NORTH FACESac de couchage pour l'hiver en méditerranée et l'été en montagne.oui, avec une thermolite pour le rendre un peu plus chaud.Oui, sans problème. Je pense cependant que si les conditions avaient été moins cléments j'aurais été un peu juste avec le Marmot et peut être aurais-je du dormir plus habillée.

Matériel de navigation pour le Groenland

CatégorieNom du ModèleMarquePourquoi ce choixChoix a t il été adapté à ce trip kayak de mer au Groenland ?Si c'était a refaire ?
KayaksLaser 5.50RAINBOW KAYAKKayaks de location qui étaient déjà sur-placeoui.Oui, sans problème. Kayaks solides, avec une capacité de chargement adaptée à une itinérance longue en autonomie. Le pont bas est plus agréable pour pagayer. Par contre tout le monde n’a pas utilisé le gouvernail : cela rend les cale-pieds "mous", donc pas terrible pour transmettre l'énergie de pagayage au bateau. Petites adaptations à prévoir pour les petits gabarits comme moi J
PagaiesPagaies groenlandaises en boisFAIT MAISONNous naviguons depuis plusieurs années en pagaies groenlandaises bois et cela semble bien préserver nos articulations !Parfaitement, très agréable en rando.Oui. A noter qu‘avec les kayaks étaient fournies des pagaies européennes démontables que nous n’avons pas utilisé (contrairement aux autres membres du groupe)

Vêtements utilisés en Kayak de mer au Groenland

CatégorieNom du ModèleMarquePourquoi ce choixChoix a t il été adapté à ce trip kayak de mer au Groenland ?Si c'était a refaire ?
Combinaison étanche LineBoraPALMCombinaison pour la randonnée avec col néoprene et capuche avec un grand col permettant une excellente protection contre la pluie et le vent.Oui très. La fermeture étant située dans le dos, elle est très difficile à fermer seul mais comme je n'étais pas seule tout va bien.Oui, excellent produit
Combinaison étanche JCOne PiecePEAKCette combinaison a été choisie pour de la randonnée : présence d'une capuche et d'un col en néoprene réglable très confortable (à la différence des cols en latex, plus étanches mais pas très confortable en rando). Elle est par ailleurs assez épaisse.oui très adaptéOui, sans problème
Bottes Line/JCInverness 100SOLOGNACPremiers prix. Bottes tout caoutchouc de couleur noire : permet un séchage très rapide. Dans de nombreux cas il est possible de débarquer/embarquer sans remplir les bottes ce qui maintient la combinaison étanche au sec. En prenant quelques pointures au-dessus on évite d'avoir les pieds compressés : gain de chaleurOui, parfaitementOui

Vêtements de Line utilisés durant les 3 semaines en kayak de mer au Groenland

CatégorieNom du ModèleMarquePourquoi ce choixChoix a t il été adapté à ce trip kayak de mer au Groenland ?Si c'était a refaire ?
T-shirt manches longues et collant mérinosTechwool 190FORCLAZcontact agréable à même la peau, gestion des odeurs, prixOui. J'en avais pris 2 jeux identiques pour pouvoir les laver.Oui, c'est une première couche plutôt fine et qui apporte peu de chaleur, ce qui a été très bien porté seul sous la combinaison étanche les jours les plus chauds. Si c'était à refaire je prendrais en plus un jeu plus chaud (les conditions que nous avons eues étaient exceptionnellement chaudes, mais si les conditions avaient été "normales" j'aurais peut-être été un peu juste)
PolaireWomen's Power Stretch Pro Pull-OnRABune polaire polyvalente à mettre sous la combinaison étanche les jours froids, et à porter en France l'hiver (rando, escalade…). Le demi-zip apporte plus de confort lorsqu'elle est utilisée en plus d'une veste et sous la combinaison étanche. "dragonnes" de pouce.. toujours agréable par temps froid !Oui, je l'ai portée à terre comme en mer pendant tout le voyage. Elle est extrêmement confortable et évacue la transpiration très efficacement, même sous la combinaison étanche : la partie extérieure se trouvait très humide alors que j'étais au sec à l'intérieur.oui sans problème
pull laineZip Turtle Neck 200WOOLPOWERUne couche supplémentaire à mettre les jours de grand froid.Oui. Je l'ai utilisé surtout à terre (au bivouac), comme deuxieme couche.oui, très confortable et apport de chaleur conséquent.
DoudouneMicrolight jacketRABGagnée lors d'un concours Experience Outdoor, elle me sert à peu près à tout, du trajet quotidien en vélo l'hiver jusqu'au voyage au Groenland !Oui, parfaitementOui. J’avais hésité avec un autre doudoune plus chaude mais sans capuche. Le choix de prendre celle-ci, avec capuche et tissu déperlant a été le bon.
doudoune sans manchesTHE NORTH FACEune petite doudoune compacte et légère, bien utile en montagne l'été et en méditerranée l'hiverJe l'ai utilisée mais elle n'était pas indispensable pendant ce voyageOui, elle n'est pas très volumineuse et apporte pas mal de chaleur.
Veste gore-tex(proshell 3 couches)MOUNTAIN EQUIPMENTAchetée d'occasion pour protection vent et pluie.Oui très. Peu utilisée vue la météoOui, très bonne veste

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4 commentaires

Aude 29 novembre 2019 - 19 h 14 min

Très bel article Line, écriture sensible et enveloppante, on se prend à rêver (et à frissonner) au fil des mots, on s’y croirait ! Que dire aussi des magnifiques photos qui donnent envie, et chapeau pour avoir retranscrit une impression de houle depuis un Kayak (photo 3) 🙂 Bon, mais il faut pagayer, c’est ça ? M’en vais m’entraîner sur le Tarn, tiens…

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Line 8 décembre 2019 - 20 h 10 min

Un grand merci Aude pour ton commentaire, j’en suis très touchée. Le jour de la photo 3, je me souviens surtout d’un vent terrible ! Contrairement à JC je ne pouvais pas lâcher ma pagaie pour faire une photo 😅.

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Line 13 décembre 2019 - 21 h 38 min

Petite réponse suite à une question posée sur les réseaux : Les kayaks étaient déjà sur-place (à Kullorsuaq) et nous les avons laissés à Upernavik. Ils appartiennent à Planète Kayak… N’hésitez pas à contacter Agnès pour d’autres infos à ce sujet (ses coordonnées sont sur son site internet http://www.planetekayak.fr)

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Marie-Flore Blondelot 16 novembre 2022 - 5 h 02 min

Bonjour. De quoi vous êtes vous équipés pour les ours blancs.? Fusil, fusées d’alarmes? Nous sommes en pleine réflexion sur le sujet pour une préparation d’un mois a l’est du Groenland après 3 semaines en baie de Disko en 2022. Merci pour votre réponse

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