Le Gore-Tex ® dans le textile

par Expérience Outdoor
Comment choisir sa veste en Gore-tex?

Julien Assemat, connu maintenant sous le nom de Bonjour MonsieurMatos, nous partage son expérience et réflexion autour du Gore-tex.

Le Gore-Tex ® est aujourd’hui devenu un matériau majeur dans l’univers du textile de montagne et, plus largement de tous les sports de pleine nature.

Qu’est-ce que la membrane Gore-Tex ®

Tissu membrané en Gore-Tex

Le Gore-Tex ® est une membrane imperméable, respirante et coupe vent inventée par Bob Gore en 1970. En montagne ou, plus largement, dans tous les sports de pleine nature, ce matériau est aujourd’hui devenu incontournable et se retrouve dans de nombreux produits techniques.
Nous allons tenter de vous éclairer sur cette membrane et sur son mode de fonctionnement.

Le Gore-Tex ® : naissance et fonctionnement

Vêtement, chaussure et gant en Gore-tex

Alors imaginez que vous preniez du polytetrafluoroéthylène (PTFE) plus connu sous le nom de Téflon, (Matériaux que cela va sans dire, n’importe qui peut trouver à la droguerie du coin !) que vous le chauffiez, puis l’étiriez dans un accès de colère, imaginez que nous soyons au début des années 70 et que vous vous appeliez Bob Gore : Eh bien félicitations ! Vous venez d’être l’heureux inventeur d’une matière révolutionnaire : Le Gore-Tex®.

Et voilà ce qui arrive lorsqu’on a à la fois du pétrole ET des idées !

Maintenant jetons un coup d’œil avisé à votre découverte : vous venez d’obtenir une membrane complètement imperméable mais néanmoins respirante. 

Comment ?

Membrane Gore-Tex

Et bien regardez un peu au microscope.
Non, mais imaginez, je vous dis !
Bon, vous voyez ces petits trous qui perforent votre membrane ?
Et bien sachez que ces petits trous sont plus petits que les gouttes de pluie (d’où l’imperméabilité) mais plus grands que la vapeur d’eau et donc, que la sueur. (D’où, la respirabilité !)
Et voilà le travail !

Comment fabrique-t-on un produit en Gore-Tex ® ?

comment fabrique t on un produit en Gore-tex.

Imaginons maintenant que vous ne vous appeliez plus Bob Gore mais Millet, Arc’téryx, Patagonia ou Meindl, et que vous souhaitiez réaliser un produit en Gore-Tex®. Vous allez dans ce cas devoir acheter à la société Gore basée à Newark (Dans l’état du Delaware aux Etats-Unis) votre membrane sous une forme qui correspondra au produit concerné.

Il peut s’agir d’un laminé (un assemblage de matériaux dans lequel est intégré la membrane), d’un booty, d’une injection ou d’un insert. (Voir nos articles sur les gants et les chaussures)
A charge pour vous de réaliser ensuite votre produit dans vos propres usines et avec la qualité de fabrication qui vous caractérise. (Ou pas !)

Enfin vous serez tenu, avant la commercialisation de votre produit d’en envoyer un exemplaire à Gore afin qu’ils puisse lui faire subir une batterie de tests et vérifier que leur cahier des charge strict à bien été respecté et surtout, que l’imperméabilité du produit est irréprochable.

La qualité Gore

Malgré la systématisation et la rigueur de ces contrôles, certains produits défectueux peuvent parfois passer au travers des mailles du filet. (Là, je viens de perdre l’occasion de me faire des amis chez Gore !)

Pour en savoir plus sur Qu’est ce que le Gore-Tex® nous vous conseillons de lire notre guide complet :

Afin d’échapper à l’obscurantisme de la communication de Gore et de ses étiquettes, ô combien énigmatiques nous nous attacherons à parler davantage des constructions (et donc du produit réel qui se trouvera entre vos mains) que de la nomenclature sous laquelle Gore à choisi de le présenter.

Veste en gore-tex performance shell


Pour faire simple (C’est vite dit !) il faut raisonner en nombre de couches. Les Gore-Tex® peuvent être classifiés en 3 grandes familles : 2 couches, 2.5 couches ou 3 couches. (Nous verrons qu’il y a ensuite des sous-catégories !)

Mais avant quelques infos pour bien comprendre le fonctionnement d’une veste imper-respitante.

Imperméabilité/respirabilité : la guerre des chiffres !

La membrane Gore-Tex ® présente une imperméabilité de 28000 schmerbers, soit 28000 mm au cm², une performance qu’il est très difficile d’égaler. (Sauf peut-être par le bon vieux ciré breton !) Mais il est à noter d’une part que les standards de l’industrie considère comme parfaitement imperméable une membrane résistant à seulement 10000 mm et d’autre part, que les zone de coutures, elles, ne résistent qu’à 5000 mm au grand maximum.

Veste imperméable et respirante en Gore-tex

Les comparaisons entre les différentes membranes du marché sont sur ce point, rendues faciles, grâce à une unité de mesure commune.

Il est en revanche très difficile d’obtenir des chiffres fiables et comparables concernant la respirabilité. La première raison est simple : Deux laminés en Gore-Tex® utilisant le même type de construction peuvent avoir des propriétés respirantes. Il est impossible de se procurer les résultats de chaque laminé. (Le personnel de Gore interrogé à refusé de parler, même sous la torture !).

Qu’est ce que le RET pour une veste outdoor?

L’autre raison est la différence d’unité de mesure. Le RET (Resistance Evaporative Thermique) utilisé par Gore mesure l’énergie nécessaire pour faire passer la vapeur d’eau à travers un tissu tandis que le MVTR, (Moisture Vapor Transmission Rate) utilisé par la plupart des concurrents de Gore, mesure la quantité de vapeur d’eau capable de s’évacuer en 24h.

Il n’existe pas à proprement parler de grille de conversion fiable pour passer d’une unité de mesure à l’autre car les résultats obtenus peuvent être différents selon les conditions de test. D’autre part il faut rappeler que si une polaire de base (de type Polartec 200, par exemple) est parfaitement respirant (l’air peut y circuler librement dans un sens comme dans l’autre) elle ne vous empêchera pas de transpirer dans l’effort, du fait de sa chaleur excessive. Cette même polaire obtiendra d’ailleurs de très bons résultats avec le test MVTR et de très mauvais avec le RET !

A titre indicatif quelques ordres de grandeurs :

RETMVTRRESULTATS
inférieur à 430000Les meilleures respirabilités du marché
entre 5 et 9entre 10000 et 20000Respirabilité correcte à très bonne
supérieur à 105000Vive la bouilloire

Le Gore-Tex ® 2 couches

Tout d’abord : Il s’agit de la construction historique, telle qu’elle existe depuis maintenant plus de 20 ans. La membrane est laminée (Collée, pour faire simple…) au tissu extérieur, cela fait donc deux couches assemblées entre elles.

A l’intérieur, une couche « flottante », le plus souvent en filet évite le contact direct avec la membrane et protège cette dernière.
(et là, juste en dessous, vous avez la photo du fameux filet : « vachement » bien fait cet article, non ?)

Veste en gore-tex 2 couches

C’est entre parenthèses la seule construction qui permet d’apercevoir la membrane : mais si !…

Regardez : Vous voyez la couche blanche derrière le filet ? Eh bien, c’est ça qui coûte si cher ! Du fait de cette doublure, les vestes en deux couches sont plus épaisses, (quand je vous dis qu’ils essaient de vous embrouiller !) plus lourdes, et donc, moins techniques.

Idéal pour la randonnée

Ce sont généralement des vestes de randonnée assez classiques qui peuvent être appréciées pour leur souplesse, ou bien souvent pour leur accessoirisation très poussée. (Nombreuses poches, capuche se rentrant dans le col, etc…)

Question respirabilité, ces vestes présentent un RET compris entre 6 et 7

Certaines de ces vestes sont commercialisées avec une polaire directement intégrée : c’est ce que l’on appelle communément une 3 en 1 ; Des vestes à l’argumentaire de vente facile, très prisées notamment de la grande distribution, exploitant sans scrupule la naïveté de certains clients qui, dans un magasin, ne pensent pas toujours aux contingences réelles du terrain !

Il est bon de rappeler que les polaires que l’on trouve dans ce genre de produits sont généralement moins qualitatives et souvent trop chaudes pour pouvoir marcher mais pas assez pour être en statique. (Si vous marchez avec une telle veste, qu’allez-vous donc porter lorsque vous vous arrêterez et que le corps se sera refroidi ?) La veste en elle-même est elle aussi, souvent moins technique et surtout très lourde. (Dans les 800 g)

En résumé si les 3 en 1 proposent généralement un bon rapport qualité/prix, il est techniquement bien plus intéressant de choisir ses couches séparément de façon à trouver des produits plus qualitatifs.

Les 3 couches…

Veste en gore-tex pro shell

(Mais il a sauté les 2.5 couches… !? – Non mais j’y reviens après ! – Ah ! Bon !)

Les 3 couches reprennent l’idée de la construction précédente mais la doublure « flottante » est ici remplacée par une couche directement laminée (ça veut dire « collée », on l’a déjà dit !) sur les deux autres couches. 2+1=3, tout le monde peut suivre !

Cette construction certes un peu plus rigide a pour principal avantage d’être beaucoup plus robuste. Toutes les couches étant fixes, il n’y a pas de frottement et donc moins d’usure. (Aux épaules notamment) Autres avantages : le volume et le poids ! La couche interne est bien plus compacte puisque solidaire du reste ; Et bien moins lourde qu’une doublure « flottante », même en filet.

La peau de l’utilisateur n’étant pas en contact direct avec la membrane (cela peut arriver à travers le fameux filet) il y a également moins de sensation d’humidité par capillarité. (Dans les autres constructions, certaines personnes peuvent parfois avoir la sensation d’être mouillées alors que l’eau ne passe pas)

intérieur d'une Veste en gore-tex

Une déclinaison du trois couches est le Gore-Tex® PRO. (Egalement évoquée dans notre article « le Gore-Tex® dans les gants ») La doublure interne s’y présente sous la forme d’un chaîné/trame (gris foncé) très fin, très structuré, plus léger et plus robuste encore. Cette technologie baptisée « Microgrid Backer » est aujourd’hui la doublure interne la plus durable, surtout en cas de lourds portages. Elle permet par exemple de proposer des vestes réellement robustes d’à peine 500 g.

Question respirabilité les produits en 3 couches peuvent être très différents : le RET de certains d’entre eux peut avoisiner les 9 (ce qui n’est franchement pas terrible) quand un Gore-Tex® Pro pourra aller de 2.5 à 6. (Bien meilleur)

Ces énormes écarts pour des constructions pourtant identiques se justifient par le choix du tissu extérieur.

Comparaison de 2 vestes en Gore-Tex 3 couches

Si l’on compare par exemple une veste Arctéry’x Alpha LT et une Millet K pro Jacket , on constate que ces deux modèles en Gore-Tex® Pro (bénéficiant donc tous deux de la technologie MircoGrid Baker) affichent des poids, des respirabilité, et des touchers aux antipodes l’une de l’autre.

K Jacket Veste en gore-tex Millet
K pro Jacket Veste Gore de Millet
Alpha SV Jacket Veste en Gore-tex Arc'téryx
Veste en Gore-Tex Alpha LT ARC’TERYX

S’il est impossible d’obtenir les RET exacts de chaque tissu (Que Gore garde secrètement comme les secrets de la république !) cette différence ne fait aucun doute sur le terrain. Le poids, lui, parle de lui-même : 355g pour la première, 655g pour la seconde.

Enfin il suffit de prendre l’une et l’autre dans la main pour constater la différence de fluidité, de souplesse ou d’épaisseur. Cette différence s’explique par le choix du tissu externe très léger et très fin sur la première, très robuste et plus rigide sur la deuxième : Arc’Teryx a fait le choix d’une veste légère et minimaliste, plutôt estivale ; (version allégée de sa célèbre Alpha SV) Millet à voulu réaliser une armure à toute épreuve : Tout dépend de l’usage pour lequel est pensé le produit.

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Si l’on en croit la nomenclature établie par les communicants de Gore-Tex®, (qui vont encore m’adorer !) le Gore-Tex® Pro est destinée aux conditions difficiles, à l’alpinisme ou la randonnée engagée, tandis que le Gore-tex classique (ne bénéficiant pas de la technologie Microgrid Baker) s’adresse d’avantage aux pratiquants moins exigeants, voire aux randonneurs « du dimanche ».

Une veste 3 couches pour qui ?

Ces messieurs (Ou dames !) de Gore oublient seulement que les utilisateurs ayant les moyens de s’acheter un Gore-tex Pro n’en seront que mieux équipés même si leur pratique n’est pas extrême. (Je doute par exemple _mais je peux me tromper_ qu’un simple skieur alpin vêtu d’une veste d’alpinisme haut de gamme y trouve un quelconque inconvénient !)

Les vestes en 3 couches présentent généralement une accessoirisation plus technique : Les poches sont généralement rehaussées pour ne pas gêner, ni le baudrier ni la ceinture du sac et la capuche est le plus souvent attenante (Dans le prolongement du col) et non amovible afin d’être plus protectrice. Question prix, il s’agit bien de produits haut de gamme : Il est possible de trouver des trois couches autour de 300€. Pour un Gore-Tex® Pro, comptez entre 350€ et 650€. (Et oui, tout de même !)

Une autre construction en 3 couches consiste à laminer (c’est bon maintenant ?) une très fine ouate polaire en guise de couche interne. Ce procédé, anciennement appelé Gore-Tex® Softshell est désormais étiquetée sous l’appellation générique « Gore-Tex® », le service marketing de la firme américaine ayant considérée (à juste titre) qu’il s’agissait certainement là de la plus grosse bourde de com’ de leur histoire.

Rappelons qu’un softshell est un produit coupe-vent, déperlant et souple mais qui se distingue du hardshell par le fait qu’il n’est pas imperméable. Or, ce Gore-Tex® « softshell » est avant tout un Gore-tex et est donc parfaitement imperméable. Très peu polyvalent, cette construction se destine uniquement aux activités hivernales : le ski alpin, le free-ride, éventuellement la ballade ou la randonnée raquette du dimanche. Le manque de respirabilité dû à cette doublure déjà un peu chaude, pourra parfois même être handicapant en alpinisme (Même hivernal) ou en ski de randonnée.

Les trois couches comptent depuis l’été 2012, une nouvelle sous-famille :

Le Gore-Tex ® ACTIVE

Ici la couche interne se trouve directement « fondu » dans la membrane. (Son aspect est gris clair, presque argenté) Cela donne un laminé 3 couches, certes plus fragile mais très léger, très souple et extrêmement respirant. A l’origine, pensés pour les sport très actifs, tels que le trail ou le ski de randonnée où la respirabilité est capitale, ce type de produit peuvent être également détournés en usage « fond de sac » (en randonnée ou en haute montagne) en raison de leur grande légèreté.

Veste Gore Tex active shell Mountain Equipment

Petit rappel terrain : Si la pluie n’est pas une constante en randonnée ou en haute montagne, le vent lui, est rarement absent. Le choix d’une veste fond de sac est donc conditionné par l’utilisation d’un softshell. Ce dernier vous protégera des fureurs d’Eôle par temps sec et permettra d’économiser votre veste imperméable.

Une veste relativement simple en Gore-Tex® Active coûtera en moyenne entre 205 et 300€

Cependant, les marques ayant vu dans cette nouvelle construction, une innovation non négligeable commencent déjà à proposer des produits sortant de son cadre initial. Ainsi, voit-on apparaître des vestes en Active-shell très haut de gamme, accessoirisées, dotées de renforts et dont les poids se rapprochent des Gore-Tex® Pro les plus légers : loin de ce que l’on attendrait d’ordinaire d’un produit fond de sac. (Exemple : la Béta FL d’Arc Tery’x ou la Meru de The North Face)

L’intérêt ?

Veste Gore Tex 2 couches

Utiliser son Gore-Tex® Active quasiment comme on utiliserait un Gore-Tex® Pro, en bénéficiant d’une réspirabilité et d’une souplesse bien meilleure, tout en sachant malgré tout qu’il n’aura pas la même durée de vie. (Comptez entre 400€ et 500€ pour ce type de vestes)

Le 2.5 couches !

Ah ! Quand même !

Et bien, la fabrication de cette technologie, plus connue sous le nom de Paclite consiste à remplacer la couche interne (Le filet pour le 2 couches ou le chaîné/trame pour le 3 couches) par une projection de carbone. (Identifiable par sa couleur noire et un toucher « plastique ») Cette construction, plus fragile et moins agréable à porter que les autres constructions (le contact du carbone sur la peau manque de confort) a pour avantage d’être très légère, très compacte et très respirante. (Indice RET inférieur à 4)

Cette technologie est également moins onéreuse : il est effectivement possible de trouver des Paclite à moins de 200€ et plus haut de gamme iront chercher dans les 250€.

Avec un tel prix et un poids moyen compris entre 220g et 400g le Paclite était il y a encore peu de temps un produit plutôt attractif.

Veste fond de sac

Cependant non seulement les vestes en 2.5 couches sont le plus souvent des vestes « fond de sac » (inutile de revenir une fois encore sur l’aspect restrictif de cette utilisation) mais elles ont maintenant plus de mal à faire face au Gore-Tex® ACTIVE, bien plus resistant, plus respirant tout en étant aussi léger et compact.

Quoi qu’en dise les communicants de chez Gore, qui ont à cœur d’écouler leur production de Paclite, et qui continuent à présenter cette construction comme le fond de sac idéal, ce type de laminé est sans doute amené à disparaître face à un Gore-Tex® ACTIVE contre lequel il n’a techniquement  aucun argument. (Seul son prix reste intéressant)

Une veste en Paclite coûte entre 200 et 300€. Un Poids et un prix très attractifs et c’est pourquoi il était bon de rappeler les précautions requises et les limites d’un tel produit.

Autre inconvénient que nous avons déjà évoqué : la sensation d’humidité par capillarité. Si le Paclite est une construction très respirante, la vapeur d’eau « en attente de transfert » reste à l’intérieur de la veste, et donc, en contact avec la peau.

Des constructions différentes, donc, dont les propriétés imperméables sont identiques (28000 schmerbers, soit 28000mm de colonne d’eau)  mais qui s’opposent sur le terrains de la solidité, du confort, du poids, du volume, voire même la sensation générale d’humidité.

Le résumé en étiquettes !

Comme j’ai vaguement pu le sous-entendre la communication de Gore n’est pas toujours claire. Les constructions sont certes nombreuses mais les étiquettes n’aident pas forcément le consommateur à s’y retrouver.

Cette nomenclature est régulièrement modifiée au profit d’un étiquetage se voulant chaque fois plus simple et plus compréhensible, mais auxquels les gens n’ont pas le temps de s’habituer avant qu’il ne soit une nouvelle fois changé.

Depuis l’hiver 2012/2013, (Mais pour combien de temps) ne restera plus que 3 étiquettes différentes :

  • L’étiquette Gore-Tex® PRO ou hardshell, qui concernera donc les 3 couches utilisant la technologie Micro Grid Backer (hardshell)
Gore-Tex Pro
  • Etiquette Gore-Tex® ACTIVE, toujours en 3 couches, moins robuste, plus léger et plus respirantGore-Tex active

  • L’étiquette  Gore-Tex®, (oui, oui, Gore-Tex® tout court) qui réunira… et bien toute le reste, à savoir : Le 2 couches, le Paclite (2.5 couches), le Gore-tex softshell et le 3 couches ne bénéficiant pas de la technologie Micro-Grid Backer.Gore-Tex 

Afin de dissiper tout malentendu et prier la société Gore de ne pas trop me détester, je tiens à préciser que toutes ces piques, lancées à son égard ne remettent pas en cause la qualité de ses produits mais dénoncent simplement le flou labyrinthique de ses étiquettes qui auront nécessité à un bien maladroit rédacteur de verser tant d’encre pour tendre ce modeste fil d’Ariane !

Un mot sur le prix (c’est promis, je la fais brève !)

Tout d’abord, force est de constater que le Gore-Tex® reste une matière onéreuse quelque soit sa catégorie. Rare en effet sont les vestes coûtant moins de 200€.

Cela s’explique tout d’abord, comme nous l’avons vu, par le type de construction utilisé mais également par l’accessoirisation : Le nombre de poches, une capuche plus ou moins bien étudiée, des zips plus ou moins qualitatifs, présence ou non d’une jupe pare-neige, etc…

L’autre point important est bien entendu la finition, très variable d’une marque à l’autre.

Faites un test : Prenez par exemple une veste K pro Millet (encore elle !) et une Alpha SV Arc Tery’x (toutes deux construites en Gore-Tex® Pro 3 couches) et retournez-les. L’une et l’autre utilisent, comme tout textile en Gore-Tex®, des bandes thermocollées qui assurent l’imperméabilité entre deux empiècements. Or on remarque que la première présente des bandes d’étanchéité de 12 et 23 mm, quand l’autre n’utilise que du 12mm.

Cette différence jouera bien évidemment sur le poids global de la veste mais aussi sur sa respirabilité, puisque ces bandes forment une double épaisseur de tissus. Les bandes plus larges nécessiteront également plus de colle, ce qui influera là encore sur le poids et la respirabilité. Enfin si l’on s’arrête un instant sur la qualité du collage, on observe que la Millet est moins homogène, que les bandes d’étanchéité de la Alpha SV se remarquent à peine, se fondent dans le reste de la veste.

Comparatif des bandes d’étanchéités entre 2 vestes en Gore-tex

Bandes d’étanchéité d’une veste en Gore-tex Arc Tery’x :

Bandes d’étanchéité Arc'Teryx d'une veste en gore-tex
Bande d’étanchéité veste Arc’teryx

Bandes d’étanchéité d’une veste en Gore-tex Millet :

Bandes d’étanchéité Millet d'une veste en gore-tex
Bande d’étanchéité veste Millet

 Un autre détail, situé lui près de l’encolure, peut lui aussi justifier un écart de prix considérable : la mention « made in Canada » arborée fièrement par la Alpha SV ( encore en 2019 ) !

Cela ne remet en cause ni la qualité de la K pro Jacket, veste légendaire s’il en est, ni le travail de Millet qui n’est tout de même pas le dernier des cancres !

Cela explique simplement les écarts de prix mirobolants que l’on peut trouver entre deux vestes utilisant la même construction.

Est-ce bien utile tout cela ?

Beaucoup de gens désireux de s’équiper pour la randonnée ou la montagne, s’orientent immédiatement vers le Gore-Tex® et son image de matériau absolument incontournable. Néanmoins beaucoup d’entre eux se retrouvent à utiliser leur « Gore-Tex® » par beau temps, pour se protéger du vent, quand un softshell serait pour cet usage, plus confortable, plus respirant, plus souple et moins cher. En pratiquant notamment la randonnée autour de notre belle région de Montpellier vous avez toutes les chances du monde pour qu’il y ai du vent, la pluie en revanche est beaucoup plus rare (surtout en randonnant à la journée). Mettre 400€ ou plus dans une veste parfaitement imperméable ne sera donc pas forcément judicieux.

Du coup, qu’est-ce qu’on prend ?

Et bien, malgré la volonté de Gore-Tex® de définir un matériau pour telle ou telle activité, votre veste en Gore-Tex® fera surtout… ce que vous voudrez bien en faire!

Un Paclite ou un Active, qui sont des constructions légères, pas forcément très robustes, pourront très bien être utilisées en alpinisme, pour peu que l’on utilise également un softshell très protecteur.

Un Gore-Tex® Pro, bien que destiné à aux conditions extrêmes ne présentera pas spécialement d’inconvénient pour le simple chercheur de champignons ou le skieur alpin en station ! (Ils n’en seront que plus légers et mieux protégés)

Voilà la raison pour laquelle, nous avons d’avantage parlé ici des différentes constructions, des produits concrets. Pour que vous sachiez exactement ce que vous avez entre les mains, quels sont les avantages et les inconvénients de tel ou tel produit, et que vous puissiez faire votre choix, en toute connaissance de cause, en fonction de vos exigences personnelles.

Et si vous ne voulez pas de veste en Gore-tex

Pourquoi pas du Gore-tex?

L’un de ses premiers concurrents fut certainement le MP+. Cette membrane conçue et fabriqué en France par la marque Francital-Vertical a toujours été plébiscitée pour sa grande respirabilité. Son fonctionnement est assez différent de celle de Gore : Construite en Polyuréthane la membrane MP+ contient des molécules hydrophiles qui pompent la vapeur d’eau (Donc la transpiration) et l’évacue vers l’extérieur.

Bien que plus respirant (Et souvent plus souple) le MP+ affiche une imperméabilité inférieure à celle du Gore-Tex ® mais il est à noter qu’en randonnée, il arrive d’être d’avantage mouillé par sa propre transpiration que par la pluie ! Tel est l’argument du MP+ et de beaucoup de membranes concurrentes du Gore-Tex ® qui ont bien compris que Gore et ses 28000 schmerbers de colonne d’eau étaient difficilement attaquables sur le terrain de l’imperméabilité.

Le coût d’une veste en Gore

VESTE TRAIL EN GORE TEX

L’autre argument (Temps de crise oblige) est le coût de fabrication et donc, le prix final pour le client. Beaucoup de ses membranes ont été conçues par les marques elles-mêmes. (Pensez aux marques distributeurs dans les grandes surfaces : c’est la même chose mais avec des membranes !).

La logique est simple : Si vous fabriquez vous-même votre tissu, plus besoin de l’acheter à Gore et donc, une économie non négligeable pouvant servir, soit à proposer des prix plus « démocratiques », soit à augmenter votre marge (Et bien, oui !), soit… les deux ! (Ben voyons !)

Autre avantage, plus technique que financier, celui-ci : plus de liberté dans la réalisation du produit. Exemple : une veste dont les zips ne seraient pas protégés (étanchés ou sous rabat) ne passeraient pas les tests de Gore-Tex® et ne serait pas commercialisables. (Ex : La Léonidas Jacket de The North Face).

Un produit étiqueté Gore-Tex® devant être intégralement imperméable, il est très difficile de réaliser des produits « hybrides » (imperméables à certains endroits, déperlants à d’autres) avec cette membrane. Or les marques explorent de plus en plus ce type de produits : des vestes imperméables aux épaules et sur la capuche mais seulement déperlantes au niveau du plastron ou des pantalons d’alpinisme en softshell, imperméables aux fesses et aux genoux. (Ex : la gamme Mixed Guide de Patagonia, veste et pantalon)

Les autres membranes

Vous trouverez ainsi quasiment autant de membranes qu’il existe de fabricants de textile montagne : L’Hy-vent Alpha ou DT de The North Face, H2NO de Patagonia (Fabriqué à partir de bouteilles recyclées), le Defender de Eider, le Membrain de Marmot, le Dry Q de Mountain Hardwear, le Dry Edge de Millet, etc… Et parfois selon les saisons certaines marques reviennent au Gore-Tex.

D’autres firmes indépendantes proposent, tout comme Gore de vendre leur technologie aux fabricants de vêtements de montagne. C’est le cas de Polartec avec sa membrane Néo-shell ou de L’Event . Ces deux technologies mettant en avant leur souplesse et surtout une respirabilité bien supérieure à celle du Gore-Tex ®.

Les enductions

Enfin vous trouverez également dans l’univers des vêtements imper-respirant des constructions appelées « enductions ». C’est aujourd’hui la méthode la plus simple et la moins onéreuse de réaliser une veste imper-respirante. Prenez un tissus en nylon à peu près respirant. Passez lui une sorte d’enduit imperméable. Vous obtenez une enduction.

Bien entendu, l’imperméabilité d’un tel procédé reste limitée dans le temps (surtout au lavage) et sa respirabilité est plus que relative ! Cela permet d’obtenir des produits entrée de gamme, suffisamment imperméables pour beaucoup de promeneurs. Le plus connu d’entre eux est certainement l’Hy-vent (Attention : sans la mention DT ou Alpha qui désignent une membrane) élaboré par The North Face depuis de nombreuses années.

Malgré une domination du marché qui reste indiscutable la suprématie de Gore est aujourd’hui farouchement attaquée par des concurrents de plus en plus nombreux et performants.

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