Christophe MUNCK nous partage son expérience de la traversée de l’arête des Spitzkoepfe dans les Vosges
Informations pour la traversée de l’arête des Spitzkoepf dans les Vosges
Date :
Le 23 août 2014
Lieu :
France, Lorraine, Vosges, La Bresse, Hohneck
Depuis Montpellier :
Avec péage : 721km, 7h30, péage : 54 euros
Sans péage : 684km, 12h20
L’arête des Spitzkoepf prend naissance en Alsace et se finit dans les Vosges.
Participants :
Papi, Papa, Théo
Où dormir et se restaurer:
Hôtel restaurant du Hohneck : situé au sommet du Hohneck (1366m) vous jouirez d’une vue magnifique sur l’Alsace et les Vosges. Mais cela a un inconvénient : la forte fréquentation du lieu
Où se renseigner :
Caractéristiques de L’arête des Spitzkoepf :
L’arête des Spitzkoepf se trouvant dans le massif des Vosges, petit massif de faible altitude (sommet le plus haut : le Grand Ballon 1424m), il est plus pertinent de parler de vosginisme que d’alpinisme…
Le terme le plus approprié pour cette course serait d’ ailleurs : escalade en terrain d’aventure.
Pour autant, il ne faut pas dénigrer ce petit massif de montagnes qui offre de belles possibilités dans un cadre verdoyant l’été (rando, VTT, escalade…) ainsi que l’hiver mais dans un environnement pouvant être très rigoureux (ski de piste ou de fond, ski de rando, et même cascade de glace…)
Le massif du Hohneck est l’endroit le plus « alpin » du massif vosgien. En effet, c’est ici, du côté alsacien que la montagne est la plus escarpée et qu’on y trouve le site d’escalade historique et toujours majeur : la Martinswand
La Martinswand est une formidable école d’escalade de granite située dans un site grandiose comptant près de 90 voies, d’une hauteur pouvant atteindre les 80 mètres pour les voies les plus longues. L’escalade est de type alpin : les voies sont parfaitement bien équipées mais les points restent espacés…
A noter que c’est dans ce lieu que fut ouvert en 1977 le premier 7a de France : L’extrême onction, par Jean-François Hagenmüller et Jean-Pierre Minazi.
(La même année que le 7a de JC Droyer : Echelle au Saussois)
Bibliographie :
Topo d’escalade des Vosges du sud : « EST » calades
Liens internet pour le topo :
Camp to camp : arête des Spitzkoepf
Vosginisme : l’arête des Spitzkoepf
J’aurai pu intituler ce roadbook « Vosginisme sur trois générations » : le papi, le papa et le fils. Le papi et le papa avaient gravi la première fois cette arête en 1991 lors de la formation alpinisme prodiguée par le Club alpin français. Aujourd’hui, c’est la troisième génération qui rêve de faire de l’alpinisme, et son choix se porte naturellement sur l’arête des Spitzkoepf.
Et ce, pour plusieurs raisons : la qualité initiatique du parcours (niveau PD : peu difficile), l’engagement minimal (les difficultés sont contournables), la longueur acceptable pour un enfant sportif de cet âge, l’aspect sécurité (le rocher est excellent), la proximité.
Alors, effectivement nous aurions pu aller faire le mont Blanc. Mais nous avons été devancés par ce père et son fils de 5 ans, ainsi que cet américain tentant de mettre un record avec ses deux enfants de 9 et 11 ans.
Non, bien sûr, chaque chose en son temps. Même si je peux le comprendre, le mont Blanc est un rêve de course immense pour un enfant (et pour certains adultes).
Ce fût d’ ailleurs ma première course en alpinisme. Je la réalisais, tout comme les Spitzkoepf, avec mon père. C’est celle qui me faisait le plus rêver. Car quand on n’est pas encore un «vrai » alpiniste (j’avais à peine 16 ou 17 ans et finissais ma formation CAF) la voie normale du mont Blanc apparaît comme la voie ultime car c’est le sommet le plus haut et c’est tout simplement aussi le seul nom de sommet connu. Ce n’est qu’ensuite, que la vision s’élargit petit à petit, laissant entrevoir des arêtes, des piliers, des éperons, des faces, des couloirs et que la magie du mont Blanc, du moins par les voies normales, retombe pour disparaître complètement…
Donc en avant pour les Spitzkoepf…
L’approche
II est possible d’accéder à cette arête de deux façons : par le bas du côté alsacien ou le haut du coté vosgien. Nous choisirons cette deuxième alternative car elle est beaucoup plus courte.
C’est ainsi qu’après s’être garés sur le parking du Hohneck (haut lieu touristique des Vosges) nous montons au col et descendons en direction du lac du Schiessrothried, 930m.
Et oui, fait rare, la course commence par la descente. L’itinéraire suit le sentier pédestre GR 531 balisé par le club Vosgien. Et bien qu’étant un sentier balisé, il est néanmoins escarpé. Il est fortement recommandé de porter de bonnes chaussures de marche afin de progresser en toute sécurité… Ce qui n’empêchera pas Papi de faire une petite zipette et d’atterrir sur son pauvre petit fils.
Avant d’arriver au lac, il ne faut pas manquer le petit sentier ascendant à droite (rectangle bleu) qui mène après 15 minutes de lacets entre le 1er Spitzkoepf à gauche (celui-ci ne se gravit pas) et l’arête des Spitzkoepf à droite.
Du panneau, le début est visible, mais il faut encore remonter une pente en terre très raide (une sente pas toujours bien visible et se perdant facilement existe néanmoins) avant de prendre pied sur le rocher.
Nous avons mis une heure depuis le parking. Maintenant place à la récompense, place à l’escalade !!!
A l’aventure !
Pas de précipitation hâtive. Nous prenons le temps de nous équiper, de manger et boire. Le temps aussi de contempler le paysage et le vide. Oui le vide… car si sur le versant droit les arbres viennent à la rencontre du rocher, il en va tout différemment du versant gauche. 120 mètres d’à-pic sont là pour nous rappeler qu’en montagne la vigilance est de mise et que l’erreur y est interdite…
C’est dans ce souci que nous avons « shunté » le premier gendarme (monolithe de rocher), car son accès se fait par des pentes herbeuses, raides, exposées et difficilement protégeables.
Nous évoluons toujours encordés sur l’arête des Spitzkoepfe.
En corde tendue dans les passages faciles et en faisant des relais dans les parties les plus grimpantes. L’escalade n’est jamais très difficile, la difficulté variant du 3 au 4. Mais du 4 quand on n’a pas l’habitude de grimper en grosses chaussures (et non en chaussons d’escalade) ce n’est pas si facile que ça, bien au contraire.
Nous sommes en terrain d’aventure : il n’y a aucun équipement en place : ni spit, ni piton. Nous posons donc nous-mêmes nos protections : friends et sangles sur becquets. Le but étant que nous soyons toujours reliés au rocher par au moins un point en cas de chute de l’un ou l’autre.
Ce n’est pas facile non plus de grimper corde tendue quand on n’a pas l’habitude. Ah cette corde qui nous tire tout le temps !!!
C’est qu’il faut être vigilant et ce n’est pas chose facile quand on discute tout le temps avec Papi qui nous distrait en nous montrant ceci et cela…
Mais il est vrai que le paysage est tellement magnifique qu’il est difficile d’y résister.
L’arête des Spitzkoepfe, proprement dite, est elle aussi magnifique, alternant des passages difficiles, des passages aériens ainsi que d’innombrables montées et descentes de gendarmes. Elle en paraît interminable, si bien qu’à mi-parcours les premiers signes de fatigue commencent à se faire sentir.
Passage technique
Mais les passages techniques imposant les postures les plus improbables se chargent vite de recentrer la concentration et de faire retrouver la motivation.
Le rocher est excellent, mis à part un court passage où de nombreux éboulis ont déjà eu lieu et de nombreux autres sont encore à venir. Il convient donc d’être particulièrement vigilant en choisissant ses prises et en se tenant plutôt côté droit (versant le moins abrupt). Car en plus cette zone est la plus vertigineuse. Mais munis de maintes précautions nous la passerons sans encombre et continuerons notre ascension.
Maintenant que nous avons franchi le passage le plus délicat, nous savons que nous parviendrons à rejoindre la crête du Hohneck sans avoir recours à la sente (balisage avec un point rouge) qui évite les zones d’escalade.
Encore quelques montées, quelques descentes. Puis encore quelques montées, quelques descentes.
Et encore quelques montées, quelques descentes…
Mais ça y est, à 18h30, nous sortons sur la crête. Nous avons mis 4h pour gravir l’arête. Maintenant, la voiture n’est plus qu’à un quart d’heure de marche.
Mais avant cela, jetons un coup d’œil éclairé à droite et à gauche. Car le massif du Hohneck regorge de pierriers, et donc de chamois. Nous ferons d’ailleurs bien plus que simplement les apercevoir, puisque nous en croiserons deux et resteront à 3-4 mètres de distance durant de longues minutes.
Conclusion sur la traversée de l’arête des Spitzkoepfe :
Une bien belle journée en pleine nature, riche en apprentissages mais aussi en émotions.
Des émotions diverses comme faire sa première course en montagne, mais aussi la faire avec son papa et son papi, faire abstraction du vide, côtoyer la faune des montagnes (de magnifiques chamois) …
Il faudra encore faire du chemin et patienter un peu avant de monter à 4810m mais c’est le temps nécessaire pour grandir, affirmer ses choix et ses envies et aussi donner le temps à Papi de se préparer physiquement…
Matériel utilisé pour la traversée de l’arête des Spitzkoepfe :
catégorie | modèle | Marque | Pourquoi ce choix ? | Satisfait ? | Si c’était à refaire ? |
Chaussures de rando Théo | Titanium | Columbia | Semblaient confortables en magasin | Non, douleur à l’avant du pied car trop rigides | Non |
Chaussures de rando de Papi | Keyland | Le prix et le confort | Très satisfait. Très confortables à l’usage. | Oui sans hésiter | |
Chaussures d’alpinisme de Papa | Trango cube | La Sportiva | La légèreté et l’imperméabilité annoncées par le fabriquant | Très satisfait. Chaussures très légères et précises dans le rocher. | Oui sans hésiter, même si évidemment du fait du poids faible elles sont fragiles. Évidemment, nul besoin d’une telle chaussure pour cette course. Une chaussure de trek suffit largement. |
Baudrier enfant Théo | Modèle junior | Singing Rock | Après essayage c’était le plus confortable (et le plus joli !) | Très satisfait. Facile d’emploi et belles finitions (look, couleur) | Je rachèterai sans hésiter |
Baudrier papa | Aspect | Black Diamond | Le confort grâce au matelassage | Très satisfait au niveau du dos, moins au niveau des cuisses | Je rachèterai néanmoins |
Corde : 1 brin de 50m | Serénity | Mammut | La triple certification. Corde à simple la plus fine et la plus légère du marché (8.7 mm, 51g par mètre) | La gaine s’est très vite usée les trois, quatre premières sorties. Mais maintenant j’ai l’impression que l’usure s’est stabilisé. Plutôt déçu au début je le suis moins maintenant. | Je prendrai peut être quand même une autre marque comme une Millet alpine hydro. Millet étant réputé pour la qualité. Pour les Spitzkoepfe un encordement à 20m suffit largement |
Assureur | Reverso | Petzl | La polyvalence d’utilisation, l’autobloquant pour assurer un second | Très satisfait. Mais s’use vite avec le frottement de la corde . Permet d’assurer 2 seconds indépendamment | Je rachèterai. |
Coinceurs | Camalots tailles 0.5, 0.75, 1 | Black Diamond | La robustesse, la plage d’utilisation. La notoriété | Très satisfait. Inconvénient : le prix plus élevé que la concurrence | La qualité se paie. Je rachèterai. |
Casque enfant Théo | Modèle junior | Camp | Après essayage c’était celui allait le mieux (+ la couleur : rouge)Le prix raisonnable | Très satisfait. Se porte bien mais à condition de bien régler les sangles (comme tous les casques) | Je rachèterai sans hésiter |
Sac à dos | Pro 40 (40 litres) | Millet | la robustesse | Très satisfait. | J’essayerai néanmoins de trouver un sac plus léger et avec un véritable rabat |
Pantacourt | Trangoworld | Pour la protection des genoux et le stretch du tissu | Oui | Oui |