GR20 en 5 jours par les variantes alpines

par Jérémy BIGE
Vers le Monte Renoso durant le GR20.

Jérémy Bigé nous partage son expérience sur le GR20 qu’il a parcouru début septembre 2023 en 5 jours du nord au sud avec un sac de 3,5 kg comprenant tout son matériel de bivouac.

Tout juste venu à bout de la Trans’Alpes après 21 jours de marche du 8 au 29 aout 2023, j’embarque sur un ferry, destination l’ile de Beauté, avec l’objectif d’enchainer avec le GR20. Je bouclerais ainsi une grande traversée du lac Léman au sud de la Corse à pied !

N’étant pas repassé chez moi entre les deux marches (2 jours de transition), je me suis élancé sur le mythique GR20 le 1er septembre 2023 sans rien réserver et avec le même matériel que sur la Trans’Alpes : abris de bivouac, matelas, réchaud, etc. J’ai engrangé beaucoup d’informations au sujet de cette randonnée et cet article vise à les restituer. Que vous visiez 5 ou 15 jours sur le GR20, les informations à venir sont bonnes à prendre ! Promis !

Il existe d’autres articles au sujet du GR20 sur le blog. Par exemple, Julien Diot a effectué le même GR20 en 8 jours par les variantes mais l’article date de 2017 :

Celui que vous allez lire propose un découpage en 5 jours et les informations sur les refuges, les prix, les transports sont à jour (2023).

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Informations pour préparer le GR20

Date

Du 1er au 5 aout 2023.

Quand partir sur le GR20 ?

Je ne vais rien vous apprendre en vous disant que la période la plus appropriée est l’été. Les refuges sont gardés du 22 mai au 2 octobre. Les mois de juillet et aout sont peut-être à éviter si vous souhaitez un peu de tranquillité. Début septembre il y avait du monde, mais c’était supportable. J’ai trouvé de la place chaque soir alors que je n’avais rien réservé.

Il est aussi possible de faire le GR20 en hiver, ça s’appelle l’Altra Strada, mais c’est une autre paire de manches.

Lieu

Le GR20 traverse la Corse du Nord-Ouest au Sud-Est. Il s’étale sur environ 180km et 13 000m de dénivelé.

Le GR20 en 16 étapes.
Le GR20 en 16 étapes. (image GR20-infos)

Le tracé est découpé en 16 étapes officielles, mais il peut très bien s’effectuer en 10, 5 voir d’une seule traite ! Le terrain est granitique et très rocheux. Certaines portions demandent beaucoup de temps pour en venir à bout, car il est laborieux d’avancer dans un terrain si chaotique. Pour autant, en trouvant le rythme qui leur convient, de nombreux trekkeurs viennent à bout du GR20 chaque année.

Comment se rendre au départ et à l’arrivée du GR20 en transports en commun ?

Il est possible d’aller en Corse soit en ferry soit en avion. J’ai opté pour la première solution et j’ai débarqué à Bastia.

Calenzana

Il n’y a pas de liaison directe depuis un port vers Calenzana. Il faut rejoindre Calvi dans un premier temps soit en bus soit en train. Personnellement, je suis arrivé en ferry à Bastia vers 7h du matin et j’ai pris le train pour Calvi aux alentours de 10h. 3h plus tard, j’étais arrivé à destination pour 16€40. Le bus aurait été l’autre solution avec un départ de Bastia à 10h30 pour 18€ et 2h de trajet. Je trouvais sympa de prendre le train ! Si vous débarquez à l’ile Rousse, le train et le bus s’y arrêtent. Il y a un deuxième service pour chacun en fin de journée également.

De Calvi, une liaison régulière en bus est en place uniquement du 1er juillet au 31 aout avec deux services par jour : 13h15 et 19h30. Comptez environ 30 min de route et 9€. Il faut prendre son billet au guichet (42.56568, 8.75621).

À Calenzana, le gite communal permet de se loger à moindre cout (15€ en dortoir, 7€ pour un emplacement) et de disposer de sanitaires, douches, cuisine, etc.

Conca

Un service de navette est mis en place depuis Conca (41.73471, 9.33381) jusqu’à Porto-Vecchio (avec arrêt à Sainte-Lucie). Se renseigner auprès du Gîte la Tonnelle pour les horaires. Il y en a plusieurs dans la journée (9h15 11h15 13h15 ?). J’en ai pris une à 11h15. Il faut payer directement au chauffeur.

De Sainte-Lucie, j’ai pris le bus régulier pour Bastia (41.70033, 9.3488) à 13h50 pour une trentaine d’euros et 4h de trajet.

À Conca, le gite de la Tonelle propose une possibilité abordable d’hebergement en dortoir, chambre ou tente avec une possibilité de restauration de qualité.

Participant

Dégustation du koumis, le lait de jument fermenté sous une yourte au Kirghizistan.
Dégustation du Koumis sous la yourte, durant ma traversée de l’Asie Centrale à pied.

Je m’appelle Jérémy Bigé. Marcheur, et par pour de faux, j’ai effectué de longues traversées pédestres à travers des massifs montagneux isolés. En 2018, je parcours le Great Himalaya Trail népalais sur 1400 km durant 90 jours. En 2020 et 2021, ce sont au tour des Pyrénées et des Balkans d’avoir ma curiosité. De juillet à septembre 2022, je termine une traversée du Kirghizistan et du Tadjikistan en solitaire sur 2000km et 90000m de dénivelé avec mon sac de 5 kg. De cette dernière aventure est né un documentaire de 52 min : Fils du Vent dont voici la bande annonce :

Un article retraçant cette traversée de l’Asie Centrale est disponible sur le blog :

Quand je ne marche pas, je suis moniteur de ski à l’esf des Menuires et accompagnateur en moyenne montagne sur le plateau du Vercors.

Où dormir sur le GR20 ?

Il y a une règle à bien respecter sur le GR20 : il est interdit de bivouaquer en dehors des espaces dédiés du fait de la règlementation du parc naturel régional de Corse. Ainsi, vous pouvez dormir uniquement au niveau des refuges du parc (en orange sur la carte plus bas), des bergeries (en gris sur la carte) et des hôtels (en marron sur la carte).

Opter pour le bivouac n’a pas forcément pour conséquence de porter un gros sac. J’avais seulement 3,5kg dans mon dos et, dans l’article qui suit, je livre 2-3 astuces pour s’alléger en randonnée !

Refuges du parc

Refuge Ciuttulu Di I Mori.
Refuge Ciuttulu Di I Mori et son emplacement de bivouac.

Ils sont au nombre de 15 au total et correspondent à la fin de chacune des étapes officielles (sauf Conca). Sur la carte un peu plus bas, ils sont placés en orange. Puisqu’ils sont gérés par le PNR, il faut réserver à l’avance sous peine de payer double ou alors de ne plus avoir de place.

PrestationAvec réservation (2023)Sans réservation (2023)
Emplacement de bivouac9€/pers18€/pers
Emplacement + location d’une tente 1p (avec matelas)22€?
Emplacement + location d’une tente 2p (avec matelas)31€?
Nuit en dortoir17€/pers30€/pers

Il vaut donc mieux privilégier une réservation par internet sur le site dédié. Attention, il faut réserver plus de 48h à l’avance ! Il faut garder le mail de réservation pour le montrer au gardien une fois sur place. Pensez à vous munir d’un sac de couchage car il ne sera jamais fourni contrairement au matelas et à l’abri dans le cas d’une location. J’ai écrit un article pour bien choisir son sac de couchage Rab en randonnée :

Je ne voyais pas tout ce principe de bivouac localisé d’un bon œil, car cela représente une restriction dans l’organisation des étapes et j’étais très étonné qu’il faille payer pour poser sa tente ! Finalement, j’ai changé d’avis. Payer 9€ donne droit, non seulement à un emplacement, mais également à une douche (parfois chaude), des toilettes, de l’électricité, une gazinière, des poubelles, etc. Pour autant, je n’étais pas prêt à réserver à l’avance, ne sachant pas mes étapes exactes. Je suis donc parti sans préparer, quitte à payer 18€ si nécessaire. Finalement, ça s’est très bien passé.

Si les refuges demandent une réservation, ce n’est pas le cas des bergeries. Alors, j’ai compté sur ces autres lieux autorisés de bivouac pour ma traversée.

Bergeries

Par le terme « bergerie », il vaut mieux entendre « refuge non officiel ». Rien à voir avec l’une de ces estives d’altitudes où hommes et bêtes dorment ensemble. Les bergeries du GR20 présentent tout le confort au même titre qu’un refuge du PNR avec des douches, des toilettes, des gazinières, des locations de tente et parfois des lits intérieurs. Elles sont au nombre de 5 et sont représentées en gris sur la carte plus bas.

Formules de la bergerie de Ballone.
Formules de la bergerie de Ballone.

Aucune règlementation ne régente ces bergeries concernant les prix. Elles se sont tout de même calquées sur les prix des refuges du PNR, mais il n’y a pas d’obligation de réservation. Ainsi, même en arrivant à 18h sans prévenir, le prix pour un emplacement sera de 9€ environ, à condition qu’il reste de la place. Elles représentent de sérieuses options à considérer pour ceux qui n’aiment pas prévoir à l’avance.

Hôtels

Une dernière possibilité de logement ou d’emplacement de bivouac existe sur le GR20. Ce sont les hotels, qui, comme les bergeries, ne dépendent pas du parc naturel. Ils sont situés aux passages des routes à 5 reprises : station d’Asco, col de Vergio, Vizzavone, col de Verde et col de Bavella. Si les nuits en chambres sont onéreuses, il y aussi la possibilité de poser le bivouac. Ils sont représentés en marron sur la carte ci-dessous.

En tout, ce sont pas moins de 25 possibilités de logement ou de bivouac sur le parcours du GR20. En anticipant un peu, il est donc possible de découper l’itinéraire comme bon vous semble.

Où se ravitailler sur le GR20 ?

Avant le GR20

Il y a un Spar à Calenzana avec pas mal de choix (en jaune sur la carte). Attention, il ne réouvre qu’à 15h30 après la pause du midi. Du côté de Conca, je n’ai pas vu de gros commerce, autre que les cafés qui vendent 2-3 trucs pour dépanner. Il vaut mieux faire le plein à Porto-Vecchio.

Pendant le GR20

Un point clé pour réussir le GR20 : les ravitaillements. Chaque refuge, bergerie ou hôtel propose une épicerie de premier secours avec des barres énergétiques, des pâtes, etc. Certaines sont plus ou moins bien fournies.

D’autres sont très fournies :

Bien évidemment, si vous faites le choix de vous ravitailler que dans les refuges et les bergeries, les prix sont élevés ! Dans chacun de ces établissements, il y a également possibilité de manger sur place et de prendre des piqueniques à emporter. La très grande majorité des établissements n’acceptent pas la carte bleue. Prévoyez suffisamment de liquide, il n’y a aucun ATM le long du GR20.

Possibilités d'alimentation à la bergerie de Ballone.
Possibilités d’alimentation à la bergerie de Ballone.

Ces informations peuvent être complétées par un autre article du blog qui détaille la préparation pour le GR20 :

Ma stratégie

J’ai fait le choix de transporter ma nourriture pour le matin et le soir, et de prendre les piqueniques sur place. Bon, les quantités ne sont pas énormes. À Vizzavone, au milieu du parcours, en jaune sur la carte, il y a une petite épicerie plus fournie que celles des refuges avec des fruits, des pâtes, des fruits secs, des barres énergétiques, des chips, du fromage, des biscuits, etc. J’ai fait le plein à cet endroit. Il s’agit du restaurant Le Refuge en face de la gare.

Vous êtes novices en la matière ? Il peut être intéressant de lire sur le blog un article apportant des conseils sur l’alimentation en randonnée.

Concernant l’eau, il y a des sources à chaque refuge/bergerie/hôtel. J’ai ajouté les autres points d’eau que j’ai croisés début septembre 2023 sur la carte en bleu. J’ai été malade le dernier jour et je n’étais pas le seul. Avec tout le passage pendant l’été, il est possible qu’une source fût souillée. Prévoir un système de purification de l’eau au cas où ?

Caractéristiques du GR20

Du caillou et… encore du caillou ! Du sec et… encore du sec ! Le terrain est souvent chaotique, le chemin se fraie un passage entre de gros blocs qui s’amoncèlent les uns sur les autres. Pour autant, le tracé n’est pas plus technique que la Trans’Alpes. Loin de là. Ça reste un GR très bien balisé et avec beaucoup de passage. On est jamais vraiment tout seul !

L’itinéraire suivant souvent les crêtes, il faut faire attention au risque d’orage. Comme partout ailleurs en montagne, le temps change très vite. Les refuges sont très fréquents donc il est facile de s’abriter en cas d’intempéries.

Passage rocheux lors de la première étape du GR20.
Passage rocheux lors de la première étape du GR20.

Bibliographie

Si il y a un site qu’il faut aller voir, c’est celui de GR20-infos. Vous y trouverez absolument tout sur tout et c’est là que j’ai pioché les informations avant de m’élancer sur le sentier.

Trace GPS du GR20 par les variantes alpines

J’ai reconstitué la trace GPS de ma traversée du GR20 par les variantes alpines en y ajoutant les possibilités de logement/bivouac, les ravitaillements et quelques autres informations.

J’ai emprunté cinq variantes alpines, comprises dans mon itinéraire bleu ci-dessus. Les tronçons en rouge suivent le tracé officiel du GR20 et permettent de les éviter.

Variante du cirque de la Solitude

S’il y en a bien eu qui demande de se poser des questions, c’est celle-ci. Réouverte depuis 2018 suite à un accident mortel en 2015, tous les équipements (échelles et câbles) et les balisages ont été retirés. Il faut donc faire preuve de jugeote pour lire l’itinéraire entre les blocs et d’un pas délicat pour descendre les dalles lisses de granite.

Descente dans le cirque de la Solitude.
Descente dans le cirque de la Solitude.

Je conseille de rester sur l’itinéraire classique (pointe des éboulis) si vous n’avez pas une grande expérience de la montagne. Si vous tenez à arpenter ce haut lieu historique du GR20, vous pouvez également faire appel à un guide.

Variante des Crêtes de Petra Piana

Foncez ! Cette variante peu technique reste en altitude sur les crêtes et permet d’admirer des vues magnifiques. Tôt le matin, c’est quelque chose !

Variante du Monte d’Oro

Parfaite si vous cherchez à crapahuter dans encore plus de cailloux ! Je n’ai croisé que 2-3 personnes dans la descente. Celle-ci est assez raide et il faut faire attention à ne pas envoyer de pierres sur d’autres randonneurs. Il y a une petite source (en bleu sur la carte) en début de descente.

Variante du Monte Renoso

Comme la variante des crêtes, celle du Monte Renoso est à faire ! Aucune difficulté technique, mais un dénivelé un peu plus conséquent que l’itinéraire classique, elle permet d’admirer de superbes vues depuis le point haut. Si c’était à refaire, je n’hésiterais pas.

Variante par le Monte Renoso.
Variante par le Monte Renoso.

Variante des aiguilles de Bavella

C’est la dernière variante que j’ai empruntée sur le GR20. J’étais malade donc j’ai beaucoup subi et peu apprécié. Elle raccourcit l’étape tout en ajoutant 300m de dénivelé positif. Les vues sur les aiguilles de Bavella sont belles, mais il y a pas mal de randonneurs qui viennent à la journée depuis le col routier en contrebas. Un passage est un peu technique avec une chaine, mais rien d’insurmontable.

Variante par les aiguilles de Bavella.
Variante par les aiguilles de Bavella.

Pour ne louper aucune pépite du GR20, voici un article qui répertorie les coins inévitables sur le GR20 :

Découpage en 5 étapes du GR20

Voici comment j’ai découpé mon parcours en 5 étapes :

ÉtapeDépartArrivéeLongueur (km)Dénivelé positif (m)Temps de marche, pauses comprises
1CalenzanaBergerie de Ballone30388012h
2Bergerie de BallonePetra Piana37232512h
3Petra PianaCapanelle33241011h45
4CapanelleBergerie de Basseta38249011h15
5Bergerie de BassetaConca37204011h45
TOTAL1751314558h45

Le GR20 en 5 jours par les variantes alpines

Premières crêtes du GR20.
Premières crêtes du GR20.

J’ai enchaîné le GR20 après avoir traversé les Alpes durant le mois d’août. Le récit de ma Trans’Alpes 2023 est disponible sur le blog.

Jour 1 : de Calenzana à la Bergerie de Ballone

Point APoint BTemps de marche, pauses comprises
CalenzanaRefuge de l’Ortu di u Piobbu3h15
Refuge de l’Ortu di u PiobbuRefuge de Carozzu3h
Refuge de CarozzuRefuge Tighiettu5h30
Refuge TighiettuBergerie de Ballone15 min
TOTAL12h

Départ

Réveil 5h30. Les 3 israéliens qui occupent la chambre à mes côtés ont ronflé toute la nuit. Heureusement, je m’en sui tenu à ma règle de base : toujours emporter une paire de boules quies en randonnée. En une demi-heure, j’ai empaqueté mes affaires et pris mon petit déjeuner à base de muesli-banane. Il fait nuit noire quand je quitte le gîte vers 6h et je me joins aux quelques trekkeurs silencieux qui s’en vont vers le point de départ du GR un kilomètre plus loin. On ne peut pas le louper. Un panneau de randonnée orange indique la direction tandis que le balisage rouge et blanc est omniprésent. Une dernière foulée sur le bitume, un panneau informant sur les risques d’incendie et j’entame officiellement ce GR20 !

Bocca u Saltu sur le GR20.
Bocca u Saltu (1250m).

De Calenzana au Refuge de l’Ortu di u Piobbu

Je remonte la file de randonneur sur les premiers kilomètres le long d’un sentier bien tracé. Le jour se lève petit à petit et Calvi se devine au loin. La première étape est essentiellement montante. Un petit col est atteint rapidement puis la pente s’accentue plus sérieusement. Je double les randonneurs les plus matinaux au niveau du Bocca u Saltu (1250m). Les premiers obstacles rocheux arrivent juste après. Le balisage est clair. Le chemin se fraie un passage entre les barres rocheuses et offre une bonne mise en bouche avant les étapes à venir. Au passage de la crête j’aperçois le refuge de l’Ortu di u Piobbu terme de la première étape officielle. Il est 9h15 quand je passe l’espace de bivouac.

Il y a des tentes blanches (modèle fresh/dark 2p de Décathlon) qui occupent des emplacements de bivouacs alignés, terrassés et disséminés dans la pente. Elles sont permanentes et disponibles en location pour 18€. D’autres emplacements, vides, sont destinés aux bivouacs avec tentes personnelles (9€). Certains émergent seulement et n’ont pas encore démontés leurs abris. Chacun son rythme ! Des toilettes sèches types toilettes de chantier sont regroupées dans un coin. Plus loin, des espaces de cuisine avec lavabos et gazinières sont aménagés et en libre-service. Un vrai camping ! Je ne vois pas trace du refuge sinon un vieux bâtiment en ruine qui semble avoir subis un incendie. J’aperçois des bâtiments en contrebas mais je ne m’attarde pas trop. La source se trouve sur le sentier à la sortie de la zone.

Du refuge de l’Ortu di u Piobbu au refuge de Carozzu

Je rattrape très vite des marcheurs sur la deuxième étape. Le terrain est plus technique. Il faut rejoindre des crêtes par une montée dans la caillasse. Des zones sur dalles alternées avec des pierres instables s’enchainent. Une fois sur les crêtes après le Bocca Piccaia, le GR continue à flanc sans jamais vraiment descendre ni monter. La progression est lente car le terrain est raide et instable. Les pointes rocheuses rosées m’entourent de toute part. On passe d’un versant à l’autre à plusieurs reprises avant de redescendre vers le refuge de Carozzu que je passe vers midi. Je suis en avance sur le plan de route sur lequel je me suis basé sur GR20 info.

Peu avant le Bocca Avartoli (1898m).
Peu avant le Bocca Avartoli (1898m).

Au niveau de la passerelle de la Spasimata, je croise Diego, accompagnateur en montagne sur l’ïle, qu’il arpente tout l’été à de nombreuses reprises. Autant dire qu’il connaît le GR comme sa poche !

« Toi, tu m’as tout l’air d’être parti de Calenzana ce matin !?

En effet, je vise Asco ! Mais j’avance plus vite que prévu et je vais arriver tôt dans l’après-midi. C’est dommage car je ne peux pas aller plus loin, l’étape qui suit (n°4) est trop longue !

Il faut que tu prennes l’ancien GR puis le cirque de la Solitude ! Tu n’as même pas besoin de descendre à Asco comme ça ! Ce soir tu peux viser la Bergerie de Ballone. Dis-leur que tu viens de ma part ! On s’appelle plus tard, je te donnerai 2/3 autres variantes. »

Du refuge de Carozzu au Bocca di Stagnu

J’avais envisagé le cirque de la Solitude, mais après la nuit à Asco. Je n’avais pas connaissance du tracé de l’ancien GR qui suit les crêtes depuis le Bocca di Stagnu à 1979m. Je jette un coup d’œil à la carte. Je lève la tête vers le ciel. Aucun nuage à l’horizon. Tout devient possible.

Sur la passerelle, je prend une photo de la vasque turquoise en contre bas et là, catastrophe. Mon téléphone m’échappe des mains et je le regarde, hébété, plonger dans l’eau. Je fais immédiatement le deuil de mon mobile, de la cartographie, des photos, des appels à mes proches. Doucement, je désescalade le rocher, me mets en caleçon et je plonge récupérer l’appareil à 1m de fond. Quel est mon étonnement quand je découvre qu’il ne s’est pas éteint ! Il semble fonctionner à merveille alors qu’il a passé 3-4 min immergé. Je n’ose pas le déverrouiller et le laisse sécher, sorti de sa coque, dans une poche extérieure de mon sac. J’ai du mal à y croire mais je suis tout à coup plein d’espoir.

Du Bocca di Stagnu au Cirque de la Solitude

Je monte très vite au Bocca di a Muvrella (1987m). Mon téléphone à bel et bien survécu au grand plongeon ! Un peu plus loin, le GR20 redescend sur Asco tandis que l’ancien tracé part sur les crêtes de Culaghia. J’ai pris ma décision et pars plein sud. La sente a disparu mais de vieilles traces de balisage apparaissent encore sur les rochers. Le terrain n’est pas technique mais escarpé. Je croise un couple dans l’autre sens, qui fait la boucle depuis Asco. Ils me disent qu’ils ont croisé personne et que c’est très long.

Les crêtes de Culaghia, tracé de l'ancien GR20.
Les crêtes de Culaghia, tracé de l’ancien GR20.

Une descente cairnée dans les éboulis permet de contourner la Punta Stranciacone par le sud et de rejoindre le haut du vallon d’Asco. En cas de mauvais temps, il est possible de descendre facilement au village. Un sentier bien tracé poursuit en direction du Col Perdu (petite source sous un caillou vers 2000m).

Montée vers le col Perdu ou bocca Tumasginesca sur le GR20.
Montée vers le col Perdu ou bocca Tumasginesca sur le GR20.

Je crois un autre couple qui a fait l’aller-retour au col depuis Asco pour apercevoir le cirque de la Solitude. Je passe la crête à 2183m vers 16h. Le cirque est plongé dans d’épais nuages qui remontent depuis la vallée. On n’en voit pas le fond et l’entrée assez raide ne donne pas envie de s’y engouffrer. Pour autant le risque d’orage me paraît faible et je me lance.

Cirque de la Solitude plongé dans les nuages.
Cirque de la Solitude plongé dans les nuages.

Le Cirque de la Solitude

Le cirque de la Solitude (ou e Cascettoni) a été fermé entre 2015 et 2018 suite à un accident qui a coûté la vie à 7 personnes. Un glissement de terrain a eu lieu alors que la météo était mauvaise. Suite à cet évènement, le passage a été déséquipé des échelles et des câbles. Le balisage a également été effacé. Aujourd’hui, l’arrêté d’interdiction n’est plus d’actualité mais cette variante est technique et impressionnante, d’autant plus que les équipements ont été enlevé ! C’est la seule variante que je ne conseille pas si vous n’avez pas le pied montagnard, si vous n’êtes pas à l’aise en orientation ou si la météo est mauvaise. N’hésitez pas à demander les services d’un guide si vous souhaitez arpenter ce passage historique du GR20.

Il faut d’abord descendre sur des dalles de granite lisses mais qui accrochent très bien semelle à plat. Pour m’orienter, je m’aide de la trace visible sur les fonds Open Street Map. Parfois, je vois un vieux piton, un vieil encrage ou un vieux balisage à moitié effacé qui m’aide à choisir la bonne direction. Vers 2000m, il faut traverser le cirque pour passer sur le versant d’en face. La remontée se fait à nouveau sur des dalles où le balisage est un peu plus visible puis on débouche sur le Bocca Minuta à 2218m par des éboulis. Au sommet, un panneau indique une interdiction pour les piétons. Il n’a pas été retiré à l’expiration de l’arrêté.

Du Cirque de la Solitude à la bergerie de Ballone

Je suis bien soulagé d’avoir passé l’obstacle, d’autant plus que l’ambiance était assez mystique avec beaucoup de nuages. Quelques centaines de mètres plus bas, j’aperçois le refuge Tighiettu, terme de la 4ème étape. La descente est lente. Je suis bien cuit ! Suivant les conseils de Diego croisé plus tôt, je passe le refuge et je poursuis jusqu’à la bergerie de Ballone où je m’échoue vers 18h après 30 km et 3880m de dénivelé !

Pas besoin de réserver les bergeries qui n’appartiennent pas au PNR alors je bénéficie d’un tarif classique de 8,5€ qui comprend l’emplacement pour poser mon tarp, les toilettes, la douche chaude et l’électricité. En plus, je commande le pique-nique à 15€ pour le lendemain.

Jour 2 : de Ballone à Petra Piana

Point APoint BTemps de marche, pauses comprises
Bergerie de BalloneRefuge Ciuttulu Di I Mori2h15
Refuge Ciuttulu Di I MoriHôtel Castel de Vergio2h15
Hôtel Castel de VergioRefuge de Manganu4h30
Refuge de ManganuRefuge Petra Piana3h
TOTAL12h

De la bergerie de Ballone au col de Verge

Le tarp est trempé au réveil. Je le plie rapidement après avoir mangé mon muesli puis je pars sur le sentier, frontale vissée sur la tête, sur les coups de 6h15. Le soleil se lève alors que je quitte la forêt pour entamer la montée vers le bocca di Foggialle (1963m). Le terrain est très rocheux, mais tout est bien indiqué avec des cairns et de la peinture. Très vite, je passe le refuge Ciuttulu Di I Mori.

Début de la montée vers le bocca di Foggialle.
Début de la montée vers le bocca di Foggialle.

Le GR20 part à flanc sur la droite alors que la logique voudrait de plonger directement dans le vallon. Pourquoi pas. Les vues sont belles, le chemin est facile, c’est du bonheur ! La limite forestière passée, j’ai quelques difficultés à doubler des groupes assez conséquents vers la bergerie des Radule (uniquement buvette/snack). L’ambiance est tropicale dans les sous-bois qui me mènent au col de Verge et son Hôtel haut de gamme ! L’épicerie est bien fournie avec du matériel de randonnée tel que des sacs de couchage ou des chaussures de marche ! Je me délecte d’un espresso, tout en profitant de la connexion Wifi pour prendre des nouvelles de l’UTMB qui a lieu en ce moment même du côté de Chamonix.

Dans la forêt avant le col de Verge.
Dans la forêt avant le col de Verge.

Du col de Verge au refuge de Manganu

Je repars motivé par ces coureurs qui ont passé la nuit dehors et je me mets l’objectif de piqueniquer sur les berges du lac de Nino. Le chemin s’enchaine facilement jusqu’au bocca a Reta (1883m) qui surplombe l’étendue d’eau. Des chevaux vadrouillent sur l’herbe rase, des randonneurs prennent des photos. Je m’attendais à plus de monde ! J’étends mon tarp sur une grosse pierre afin qu’il sèche et j’attaque le piquenique fourni par la bergerie de Ballone la veille.

La suite est très roulante à travers de grandes plaines avec peu de végétation. Je passe avec 30 min d’intervalle la bergerie de Vaccaghja puis le refuge de Manganu. Il est alors 15h et la plupart des randonneurs ont terminé leur journée. Je les croise qui montent leur tente, qui boivent des bières ou qui partent la douche. Je fais rapidement le plein d’eau à la source et j’attaque la longue montée vers le bocca alle Porte (2270m).

Du refuge de Manganu au refuge de Petra Piana

Personne en vue durant toute l’ascension. Je monte très vite et j’atteins le col en moins d’une heure depuis le refuge. De l’autre côté, les magnifiques lacs de Melo et Capitello arborent un bleu très foncé. Je reste un instant assis sur une pierre pour admire la vue.

Lacs de Melo et Capitello depuis le bocca alle Porte (2225m).
Lacs de Melo et Capitello depuis le bocca alle Porte (2270m).

La redescente n’est pas de la tarte. Ni la longue traversée pour rejoindre Petra Piana. Une partie un peu raide avec une chaine permet de rejoindre la brèche de Capitello puis il faut être agile pour passer de bloc en bloc et atteindre le bocca Soglia (2050m). De là, une dernière traversée à plat puis le GR20 part droit dans la pente. J’entends souffler au-dessus de ma tête. Ce sont les retardataires de l’étape en cours que je suis en train de rattraper.

Comme souvent après un passage difficile, on est récompensé. C’est le cas ici avec les magnifiques lacs de Rinoso surplombés par des pics effilés.

Lac de Rinoso.
Lac de Rinoso.

Un dernier petit col et c’est la dernière descente vers le refuge de Petra Piana. Beaucoup de randonneurs occupent déjà les emplacements de tente et je dois fouiller un peu avant d’en dégoter un de libre. La vue est incroyable. La zone est perchée et j’aperçois déjà les crêtes que je m’apprête à arpenter le lendemain matin. Le soir, après le repas, je craque pour une mousse au chocolat minuscule à 5€ !

Jour 3 : de Petra Piana à Capanelle

Point APoint BTemps de marche, pauses comprises
Refuge Petra PianaRefuge de l’Onda2h45
Refuge de l’OndaVizzavone4h45
VizzavoneBergeries de E Capanelle4h15
TOTAL11h45

De Petra Piana au refuge de l’Onda

Réveil au refuge de Petra Piana sur le GR20.
Réveil au refuge de Petra Piana sur le GR20.

Les lumières au réveil sont saisissantes. J’assiste à un magnifique lever de soleil depuis les crêtes de Petra Piana, deuxième variante sur le GR20. Au lieu de descendre dans la vallée de Manganello, il suffit de partir à flanc depuis les emplacements en direction des crêtes. Un groupe est devant moi, j’aperçois leurs frontales au loin. Le balisage n’est plus rouge et blanc, mais jaune.

Refuge de l'Onda sur le GR20.

Du refuge de l’Onda à Vizzavone

Une fois au col de Manganello, l’itinéraire est logique sur l’arête. Sur ma gauche le soleil continue sa course montante alors que ma droite est plongée dans la pénombre. Rapidement et après une longue descente, je rejoins le bocca d’Oreccia au-dessus du refuge de l’Onda. La descente vers la bâtisse est facultative. Je m’en dispense en prenant le risque de ne pas remplir mes gourdes. Dans la montée qui suit, j’essaie d’économiser l’eau en ne buvant que ponctuellement de simples gorgées.

De la pointe Muratello (2138m), je quitte la trace du GR20 après quelques centaines de mètres pour suivre une sente balisée en jaune à nouveau. Il s’agit de la variante du monte d’Oro. Plus personne n’est devant moi, alors que je suis les cairns qui me mènent au pied d’une petite barre rocheuse qu’il faut escalader sur 5m. Sous le sommet, le chemin disparait à plusieurs reprises et je perds le balisage. Pour autant, l’itinéraire est assez logique. En début de descente, je tombe sur une source à l’écart du sentier (en bleu sur la carte) et non indiquée.

La descente dans une cheminée est très raide. Je croise d’autres randonneurs à la journée qui vont dans l’autre sens. Il faut faire attention à ne pas décrocher de cailloux. Les jambes et les pieds fracassés par les rochers et la végétation je finis par déboucher sur un chemin plus appréciable en forêt puis une piste qui retrouve le GR20 juste avant Vizzavone.

De Vizzavone au refuge de Capanelle

Vizzavone est le seul « village » sur le parcours du GR20. Il est constitué de quelques maisons, de restaurants et d’hôtels ainsi que d’une gare qui offre une bonne échappatoire en cas d’abandon ou de volonté de ne faire que la moitié du GR. En face de la gare se tient le café-restaurant le Refuge qui comporte une épicerie assez fournie. J’en profite pour me ravitailler en muesli, coquillettes et bonbons !

Étape entre Vizzavone et Capanelle sur le GR20.
Étape entre Vizzavone et Capanelle sur le GR20.

En une après-midi, j’effectue l’étape entre Vizzavone et Capanelle. Elle est longue (16km), mais ne présente aucune difficulté. Le chemin est bien tracé, les cailloux ont disparu, ça va tout seul ! Les couleurs des pins et des fougères offrent de beaux contrastes en ce début de septembre. J’arrive au refuge de Capanelle peu avant 18h, mais trop tard pour commander une pizza (rupture de stock !). J’achète un sandwich pour le lendemain midi, une canette d’Ice Tea, je passe sous la douche puis je vais me mettre à l’écart vers des bergeries inhabitées.

Jour 4 : de Capanelle à Basseta

Point APoint BTemps de marche, pauses comprises
Bergeries de E CapanelleBergeries des Pozzi3h
Bergeries des PozziRelais San Petru Di Verdi1h
Relais San Petru Di VerdiRefuge de Prati1h45
Refuge de PratiRefuge d’Usciolu3h15
Refuge d’UscioluBergerie de Basseta2h15
TOTAL11h15

De Capanelle au refuge de Prati

La bifurcation vers la variante du Monte Renoso se situe seulement à une centaine de mètres du refuge. Il faut monter droit en parallèle de la piste de ski. Les cairns sont fréquents et l’itinéraire est plus fréquenté que la variante du Monte d’Oro. Comme pour celle des crêtes, cette alternative au tracé classique du GR20 est facile et splendide ! Sauf mauvais temps, il n’y a aucune raison de ne pas l’emprunter. Ah si, peut-être les trois-quatre cent mètres de dénivelé supplémentaires. Mais vous serez récompensé !

Le lac de Bastani
Le lac de Bastani

Le lac de Bastani est la mise en bouche avant le sommet du Monte Renoso. Un sentier raide permet de rejoindre le plateau sommital. Je suis le premier sur place alors que le soleil émerge à peine. Il souffle un vent violent et je me sens très dépaysé par les lieux. Le sentier circule entre les blocs sur des crêtes qui offrent de belles vues de part et d’autre. Une descente sur un layon étroit permet de rejoindre la bergerie des Pozzi où se trouve une source. Je ne sais pas s’il est possible de dormir ou d’acheter quoi que ce soit ici. Le berger s’affaire à traire les brebis en maugréant des phrases en corse.

La trace du GR20 est vite rejointe. Elle m’emmène au col de Verde en fin de matinée. C’est le départ d’une nouvelle montée raide vers le bocca d’Oru à 1846m qui précède le refuge de Prati. Je ne croise que très peu de randonneurs ce matin. Au refuge, je prends un café et discute avec 2 trekkeurs qui prévoient de doubler l’étape et de poursuivre jusqu’à Usciolu.

Du refuge de Prati à la bergerie de Basseta

Il faut remonter sous la Punta della Cappella puis descendre le long d’un chemin escarpé jusqu’au bocca di Laparo (1525m) où je croise trois randonneurs qui font la sieste. J’ai de bonnes jambes et j’avale les montées qui suivent en doublant plein de petits groupes jusqu’au refuge d’Usciolu. J’y découvre une épicerie qui croule sous les denrées. C’est assez incroyable, d’autant plus que le refuge est loin d’être le plus accessible.

Je discute avec un gardien du parc sur les possibilités pour la suite. Il est possible de prendre l’ancien GR qui empruntait le vallon de Forcinchesi et le bocca de Luana, mais il n’y a aucune bergerie ni aucun refuge sur le passage, ce qui m’oblige à poursuivre tard le soir jusqu’au lointain refuge d’Asinau. L’autre solution est de rester sur l’itinéraire classique qui passe par des refuges et des bergeries. Le choix est vite fait d’autant plus qu’il est déjà 15h30. Direction les crêtes en suivant le balisage rouge et blanc.

Crêtes de l'Usciolu.
Crêtes de l’Usciolu.

L’itinéraire sur l’arête est très beau. Il faut traverser de nombreuses dalles de granite qui accrochent bien les semelles des chaussures. J’aide un petit groupe dans l’autre sens à passer un petit collet escarpé et je descends vite vers la bergerie de Basseta. Je retrouve l’accompagnateur Diego qui enchaine sur un nouveau GR20 avec un nouveau groupe ! L’endroit est charmant avec douches chaudes, et beaucoup de place pour monter le bivouac (seulement deux tentes !).

Jour 5 : de Basseta à Conca

Point APoint BTemps de marche, pauses comprises
BassetaRefuge d’Asinau3h45
Refuge d’AsinauCol de Bavella2h30
Col de BavellaRefuge Paliri2h
Refuge PaliriConca3h30
TOTAL11h45

De Basseta au refuge d’Asinau

La nuit est terrible. Le vent souffle si violemment que j’ai l’impression qu’il va arracher mon tarp. Malgré les boules quies, le bruit de la toile est insupportable. S’ajoutent à cela, des maux de ventre et des nausées. Je n’arrive pas à digérer mes coquillettes ! Résultat, je ne ferme pas l’œil de la nuit et je déguerpis sur les coups de 5h45 sans avoir pu avaler quoique ce soit. Je le sais, la journée va être très longue, car je suis à plat. Étonnant étant donné la forme de la veille !

Malade, départ en mode automatique à 5h45.
Malade, départ en mode automatique à 5h45.

Je passe successivement le refuge de Matalza et la bergerie de Croci comme un fantôme. Je tourne à peine la tête vers les bâtisses. Je traine la patte et regarde le sol en mode automatique. Je fixe un rythme lent et j’essaie de le maintenir sans penser à rien d’autre. Au niveau du col de Chiralba, le vent est si violent qu’il me déporte sur le côté à plusieurs reprises. Au col de Stazzunara (2021m), je croise des personnes en sens opposé.

« Il y a moins de vent de l’autre côté ? Des tentes se sont envolées cette nuit au refuge d’Asinau ! »

Refuge d'Asinau.
Refuge d’Asinau.

Je comprends que mon calvaire n’est pas terminé. Comme un pantin, je descends vers le refuge d’Asinau, la tête enfouie sous la capuche, et toujours s’en n’avoir rien avalé depuis la veille au soir. Je prends le soin de mettre des pastilles dans l’eau de la source, car j’ai peur d’être tombé malade à cause d’une source souillée. C’est possible avec la quantité de marcheurs qui passent par là tout l’été. Je prends mon courage à deux mains pour grimper sur la variante de Bavella qui augmente le dénivelé, mais raccourcit l’étape et par la même occasion la durée de mon calvaire.

Du refuge d’Asinau au refuge de Paliri

Je fais une pause tous les 50m de dénivelés en me reposant sur mes bâtons. Au sommet, les aiguilles de Bavella m’entourent de toutes parts. Pour autant, je ne suis pas subjugué par cette variante. La vue est belle certes, mais il y a beaucoup de randonneurs à la journée qui font une boucle depuis le col routier en contrebas. Je traine ma carcasse jusqu’à la route où je suis accueilli par une foule de voitures !

Il est 12h, quoiqu’il arrive, j’en aurais fini avec le GR20 ce soir. J’appelle l’auberge de la Tonelle pour réserver un lit puis je pars en direction du refuge de Paliri, le dernier du GR ! Un dernier raidillon de 200m, une dernière traversée en forêt et j’y suis. Il faut prendre garde à faire le plein d’eau juste avant la bâtisse, car après il n’y a plus rien jusqu’à Conca ! Je m’affale sur une table en commandant un coca. J’essaie de manger les pâtes du piquenique commandées la veille, mais rien n’y fait. La dernière étape se fera le ventre creux.

Du refuge de Paliri à Conca

Dernière étape vers Conca.
Dernière étape vers Conca.

Le panneau annonce 13km. Qu’est-ce que ces 13 km sont longs ! Mon état combiné à l’approche de l’arrivée contribue à distordre le temps qui passe beaucoup plus lentement qu’à l’accoutumer. La descente est à n’en plus finir. Des montées surprennent. On croit passer une crête, mais jamais elle n’arrive. Après 3h de marche, je finis par basculer. Conca apparait en contrebas ! Je n’ai plus de force et me laisse aller par gravité. Un dernier petit pont en bois, un panneau qui annonce un restaurant et le bitume ! J’y suis ! Après 5 jours de marche, dont une ultime étape sans aucune énergie ! Cela fait 25 jours que je marche depuis le lac Léman. Repos ! Avant la prochaine !

Arrivée du GR20 !
Arrivée du GR20 !

Conclusion de ce GR20 en 5 jours

Plein de préjugés avant de me lancer sur cette grande randonnée, je suis heureux d’avoir foulé les sentiers de cet itinéraire mythique ! Évidemment, je n’ai trouvé ni la solitude au bivouac ni la solitude sur le chemin. Quoique ! Au sujet de cette dernière, il est possible, même aujourd’hui, de dénicher quelques routes de traverse peu empruntées ! Les variantes décrites ci-dessus permettent de déjouer les pronostics d’une itinérance toute tracée et ainsi de provoquer l’aventure !

Il faut saisir l’opportunité des espaces de bivouacs et leurs installations pour alléger son sac à dos ! La marche n’en sera que plus agréable et les difficultés plus assimilables. Alors, relevez-vous le défi ?

Matériel emporté sur le GR20 en 5 jours

Comme j’ai enchainé avec la Trans’Alpes juste avant, j’avais le même matériel soit un sac de 3,5kg. Je vous invite à jeter un coup d’œil sur l’article en question pour voir mon matériel dans le détail !

La doudoune Microlight de chez Rab a fait l’objet d’un article test sur le blog !

Ainsi que le sac de couchage Rab Mythic Ultra 180 !

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