4 jours de raid à skis dans le Beaufortain

par Thomas SERAMOUR
4 jours de raid à skis dans le Beaufortain

.Thomas SERAMOUR, Accompagnateur en Montagne, nous partage son expérience de 4 jours de raid à skis dans le Beaufortain.

Une belle aventure en solitaire qu’il vous partage ici.

Informations pour préparer un raid à skis dans le Beaufortain

Date

Du 17 au 20 Avril 2023, un créneau météo se dessine …. c’est e bon moment

Lieu

Le massif du Beaufortain

A quel moment partir :

Ils représentent un moment très important du projet. C’est à ce moment-là que vous choisissez dans quelles conditions vous allez partir, mais également la nourriture et l’équipement que vous allez emmener. Habitués à partir en montagne sur plusieurs jours en toutes saisons de par mon métier d’accompagnateur en montagne, les préparatifs ont été assez rapides. D’autant plus que j’avais uniquement l’itinéraire de Moutiers à Bourg-Saint-Maurice en tête. Je n’avais pas du tout préparé mes étapes en amont pour me laisser le choix une fois sur le terrain.

Les conditions météo et le BERA

Nous sommes mi-Avril, le soleil chauffe rapidement et les journées deviennent assez longues. Pour ma part, j’ai eu le droit à 3 jours de soleil avec quelques giboulées les après-midi suivi d’une dernière matinée pluvieuse qui était annoncé. Les conditions météos étaient donc assez favorables pour dormir en bivouac comme je souhaitais le faire.

Vue sur la combe de la Neuva en pleine journée, encore pas mal de neige !

Du côté du Bulletin d’Estimation du Risque d’Avalanche (BERA), le risque était prévu comme marqué (risque 3) en début de raid pour ensuite devenir limité (risque 2) dès le deuxième jour. C’est donc un risque à ne pas négliger, d’autant plus lorsqu’on part en solitaire. Les principaux dangers d’avalanche étaient des avalanches de fonds sur les faces ensoleillées au vu des chaleurs annoncées et des avalanches de plaques sur les versants protégés du soleil. Ainsi, toutes les orientations étaient à surveiller.

Participant

Thomas SERAMOUR Accompagnateur en montagne

La nourriture

Pour la nourriture, j’ai fait au plus simple en comptant correctement mes repas. Sachant que je suis parti le lundi en fin de matinée pur une arrivée prévue le jeudi en fin de matinée, cela me faisait 6 repas et 3 petits-déjeuners. Pour les petits-déjeuners j’ai opté pour du Muesli type Crunch, avec environ 100g par matinée. Et pour les repas, j’ai varié entre semoule épicée, purée et quinoa, agrémenté de fromages et de charcuteries.

En plus de tout ça, j’avais pris une tablette de chocolat, des pâtes de fruits et quelques pommes. Pour cuisiner j’avais un réchaud au gaz et une popote en titane. Au final, je n’ai pas eu besoin de faire fondre de la neige pour l’eau puisque les ruisseaux étaient accessibles.

Repas du midi ; purée, tomme et jambon cru !

Quoi d’autres dans le Massif du Beaufortain

Le massif du Beaufortain offre un terrain de jeu en hiver comme été idéal pour les passionnés d’outdoor. Voici quelques expériences vécues :

Bibliographie

Le TOPONEIGE SKI DE RANDO DU MASSIF DU BEAUFORTAIN LAUZIERE aux EDITIONS VOLOPRESS

LIVRE TOPONEIGE SKI DE RANDO MASSIF DU BEAUFORTAIN LAUZIERE - EDITIONS VOLOPRESS

L’itinéraire du raid à skis : de Moutiers à Bourg-Saint-Maurice

Comme je vous l’ai dit plus haut, le tracé général était fait. L’idée était donc de traversée le Beaufortain en skis de randonnée de Moutiers à Bourg-Saint-Maurice. Seulement, les étapes journalières étaient a construire entièrement sur le terrain avec la carte, les conditions météos et le BERA ainsi que mon état de forme. Cela a été un réel plaisir une fois sur le terrain, puisque j’avançais en fonction de mes envies ! Les étapes représentent environ 1500m de dénivelé positif par jour.

Jour 1 : De Moutiers à la Crête de la Raise

Il est 10 heures passé lorsque je pose ma voiture à Moutiers sur une place gratuite non loin de la gare. Je vais au départ de la montée pour le village de Breuil. Après 20 minutes d’attente, un habitant du village m’emmène au lieu-dit Bois des Larges, départ de mon aventure à pied !

C’est parti pour chausser les skis !
Première descente : le Quermoz !

C’est donc chaussures de skis aux pieds que je commence à monter dans la forêt jusqu’à atteindre les chalets de la Faverge où je chausse les skis de randonnée. Cette première montée assez longue m’emmène jusqu’au sommet du Quermoz à 2297 mètres d’altitude. Cette première montée m’a permis de comparer le terrain face au condition annoncé par le BERA pour ensuite mieux cerner les risques.

Je suis ensuite descendu en douceur en face Nord-Est du Quermoz pour enchaîner quelques montées – descentes jusqu’au lieu de bivouac. Globalement, je suis passé par la Bagnaz, le col de la légette, le refuge de la Plagne et enfin le Col de Corne Noire. Puis j’ai monté mon bivouac sous tarp à côté de le Crête de la Raise pour m’abriter des quelques giboulées.

Au chaud, dans mon sac de couchage sous mon abri !

Jour 2 : De la Crête de la Raise au refuge de Presset

Réveil matinal à 6h30 pour profiter du lever de soleil avant de partir pour une deuxième journée sur les skis ! Je commence la journée en douceur avec une petite montée de 10minutes pour redescendre sur le Cormet d’Arèches ensuite. Puis, l’envie de faire un sommet me traverse l’esprit, je regarde alors la carte IGN. Bingo !

Le mont Coin semble facile d’accès en skis de rando et si les conditions sont bonnes je pourrai même redescendre sur les lacs de l’autre côté, en Nord-Est. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait pour profiter d’une bonne neige de printemps !

Mon campement après avoir retiré le tarp
Petit-déjeuner pendant que le tarp sèche

Ensuite j’ai descendu le vallon du Coin jusqu’à la montée qui rejoint le col du Bresson puis le Refuge de Presset. Il était 11 heures passé et le soleil tapait fort à ce moment-là. Malgré les lunettes de soleil et de la crème solaire 2 fois, le soleil tapait trop fort.

Je décide alors de manger au Refuge de Presset (non gardé a cette période) puis de faire une petite sieste. Au final, je suis resté l’après-midi là-bas et j’y ai même dormi. Au soleil couchant j’en ai profité pour faire un tour au col au dessus du refuge vers la combe de la Neuva pour voir ce qui m’attendait le lendemain.

Vue depuis le Mont Coin : Du Mont-blanc à la Pierra Menta

Jour 3 : Du Refuge de Presset à la Tête Nord des fours

Après une bonne nuit de sommeil, réveil à 6h30 encore, pour profiter des belles couleurs sur la Pierra Menta, magique ! Puis, je suis reparti pour quelques montées – descentes avec 2 autres skieurs rencontrés au refuge. Nous avons fait le col menant à la combe de la Neuva puis la Brèche de Parozan.

S’en ai suivi une belle descente en face Ouest avant de remonter sur les crêtes au Passage d’Arpire. Ensuite, j’ai continué mon chemin seul en direction du Cormet de Roselend. En redescendant dans la combe j’ai traversé un ruisseau où j’ai pu me recharger en eau.

Réveil magique depuis le refuge de Presset, face à la Pierra Menta !

Puis, je suis remonté jusqu’au refuge du Col du Bonhomme pour manger en terrasse et en profiter pour faire sécher quelques affaires. Dans la montée j’ai eu la chance de croiser un gypaète barbu, un aigle royal et quelques marmottes sortant d’hibernation, c’était top ! L’après-midi je suis reparti pour faire le sommet de la Tête Nord des Fours.

Une fois là-haut, j’ai observé quelques accumulations de neige juste à côté du sommet. J’ai alors sorti ma sonde et regardé l’épaisseur de neige. Il y’avait assez pour construire un trou à neige, parfait ! Je dors donc à 2750m pour cette nuit, royal ! La construction de cet abri m’aura pris 2 heures de temps environ, la neige était parfaite, dense mais sans être béton !

Ma cabane pour la nuit !
Au chaud pour manger et pour passer une bonne nuit !

Jour 4 : De la Tête Nord des fours à Bourg-Saint-Maurice

Encore une fois, je me lève à 6h30, mais cette fois-ci, c’est la tête dans les nuages. Je décide donc de prendre le petit-déjeuner et de ranger les affaires tranquillement. Puis je quitte mon superbe abri à neige pour rejoindre la vallée de Bourg-Saint-Maurice. La descente se fait dans le brouillard au début puis sous un voile nuageux donnant lieu à un jour blanc complet jusqu’au Chapieux.

Puis un peu après, au niveau du Pont Saint-Antoine je décide de ranger l’équipement de skis pour passer en mode marche. J’ai maintenant 7km à marcher pour rejoindre Bonneval les Bains où j’ai fais du stop pour descendre à Bourg-Saint-Maurice. Une fois arrivée, j’ai mangé avec un ami puis j’ai pris un covoiturage pour rejoindre Moutiers ! Une belle aventure qui se termine !

Dans mon abri à neige
Fini les skis, place à la marche !

Et si vous souhaitez découvrir autrement dans ce beau massif des Alpes, Julien Desfois a lui aussi écris un article sur une semaine de skis de randonnée dans le Beaufortain en étoile !

Conclusion de mon raid à skis dans le Beaufortain

Superbe vue sur le massif du Mont-Blanc depuis le Beaufortain

Je referais exactement la même chose ou presque ! J’ai adoré construire mes étapes au jour le jour en fonction des différents paramètres. Cela permet de ne jamais être déçu et de faire avec ce que l’on a sur le moment venu. Au niveau de l’équipement j’ai tout utilisé sauf le matériel en double (peaux et gants) et la trousse de secours. Partir à cette période de l’année est un vrai plus je trouve ! Certes, la neige n’est pas toujours bonne, mais le fait d’avoir de longues journées devant soi c’est vraiment agréable ! J’ai adoré découvrir le Beaufortain en hiver, je reviendrais à coup sûr ! Vivement le prochain raid à skis !

Matériel utilisé durant ce raid à skis dans le Beaufortain

Au total, mon sac à dos Ferrino de 45 litres faisait 11 kg pour les 3 jours.

Pour ce qui est du matériel de skis de randonnée, je suis équipé de manière plutôt légère avec des chaussures aliens de chez Scarpa, et des skis Trab Alatavia (2016). A cela s’ajoutent 2 paires de peaux colle-tex. En raid à skis je prends toujours 2 paires pour éviter les mauvaises surprises.

Point de départ à pied !
Le matos qui sèche en terrasse d’un refuge

Puis, vient l’équipement de sécurité en avalanche. Pour le détecteur de victime d’avalanche, je suis équipé du modèle Barryvox de chez Mammut, j’en suis très content. Et ensuite, cet hiver j’ai testé une pelle et sonde ultra légère de chez Arva. Cependant, je suis déçu par la pelle qui a cassé lors la construction d’un abri. Vous pouvez trouver mon compte-rendu sur le matériel Arva juste ci-dessous

Et enfin, pour ce qui est de l’équipement de bivouac, j’ai utilisé un tarp de chez Forclaz avec une couverture de survie réutilisable au sol. Un matelas Thermarest prolite plus women de r-value 3.9 (isolation thermique) sur lequel je dors confortablement depuis des années. Et un sac de couchage spécial hiver : le sac de couchage RAB Andes 800. Il m’a suivi pendant tout l’hiver 2023 en bivouac et j’en suis vraiment content !

D’ailleurs, cet hiver j’ai réalisé un compte-rendu sur ce sac de couchage, je vous laisse regardez-ça.

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