Violette Roche nous partage son expérience sur la Senda sentier de grande randonnée des Pyrénées sur le GR 11 en Espagne.
Informations pour préparer une randonnée sur la Senda
Date :
Début Aout 2012
Participants à cette randonnée sur la Senda:
Violette ROCHE (rédaction), Jessica, Jérémy
Un air frais, des paysages grandioses et le plaisir de se retrouver immergé au cœur de la nature. Chaque année nous parcourons une partie du GR11 espagnol, chemin de haute montagne situé sur les pentes espagnoles des Pyrénées. Beaucoup moins fréquenté que son cousin Français le GR10, on savoure chaque rencontre faites en chemin.
Cette année nous marchons à travers le massif minéral des Posets, celui majestueux de la Maladeta qui domine les Pyrénées à plus de 3404 mètres avec l’Aneto, et le parc d’Aiguestortes, bijou de prairies et de lacs. Neufs jours d’immersion au total, dont 6 jours de marche pour traverser en un peu plus de 80 km, ces 3 massifs.
Bibliographie pour préparer notre itinéraire sur La Senda
- Le topo guide du GR11 : La Senda de Pierre Macia
- Un lieu mythique pour les accrocs de la montagne : la cordonnerie et la maison de la montagne de Pau avec ces « figures » et leurs conseils avisés.
- La carte au 1/50000 Pirineos N°23 Aneto Posets (elle suffit, mais sa précision est un peu « limite »)
- Stephane Pois, AMM et randonneur chevronné qui m’a transmis ses connaissances sur le bivouac, la cuisine avec les plantes, l’art de se fondre dans la nature et qui m’a conseillé sur notre parcours.
- Pour la météo, nous nous arrêtions au refuge ou camping sur notre route pour demander ou consulter les bulletins actualisés chaque jour.
Notre itinéraire : Du départ à l’arrivée
Nous avons pris deux voitures placées sur les axes routiers pour rejoindre le départ et l’arrivée : sur la D929 à Arreau et sur la national 125 au lac de Barbazan (idéal pour le bain de retour).
Puis, nous avons fait les distances qui nous séparaient de notre départ, Bielsa, et de notre arrivée, lac de Colomers, en stop et à trois sans trop d’attente. Pour le retour, une navette est en service l’été pour 4 euros qui mène du départ du chemin pour le lac de Colomers au parking en bas de la piste (4km de piste). De ce parking, la plupart des véhicules rentrent à Vielha.
Ou dormir sur La Senda
- Une tente et un peu de temps pris pour chercher sur le terrain et la carte où planter son bivouac à plat et loin des regards.
- Le camping Ixea sur le chemin du GR11 proche de Benasque.
- Il y a de nombreux refuges et cabanes qui souvent sur le chemin vous permettront de dormir ou de vous sustenter (bière,soda, confiserie ou repas pour les plus affamés : Pyrénées-Refuges et Mendiak.net)
Ou se ravitailler sur La Senda :
Nous sommes partis avec 3 jours d’autonomie puis 5 pour la seconde partie. Entre les deux nous nous sommes ravitaillés à Bénasque et à la supérette du camping de Bénasque notamment pour une bouteille de gaz.
Quoi faire d’autres autour de La Senda:
Voix d’escalade, VTT, baptême de parapentes, mais aussi de nombreuses randonnées, sommets, lacs d’altitude et le sentier au long court du GR10. Pour récupérer après l’effort, les termes de Luchon proposent des tarifs découvertes intéressants.
La Senda des Hautes Pyrénées Espagnoles
Notre départ en stop se fait de Arreau pour Bielsa où nous posons notre premier bivouac non loin du camping de Pineta : premier repas et première nuit dans la nature.
1100m positif, 7h30 de marche
Nous nous réveillons chaque matin tôt, entre 6h et 7h pour finir nos journées de marche avant les grosses chaleurs ou les orages de fin d’après midi. Cela nous permet aussi de profiter d’une sieste au coeur de paysages somptueux avant de monter le bivouac.
Nous entamons déjà par quelques infidélité au GR11 puisque la piste de 11 km qu’empreinte celui ci de Parzan à Biados nous semble trop longue et monotone. Nous partons donc sur le GR19 jusqu’au col de la Cruz de Guardia puis le col de Pardinas (2263m), en dehors des chemins balisés mais qui se repère très bien par temps clair. La vue est splendide sur le massif du Mont Perdu à l’Ouest.
La descente fait face à l’imposant massif des Posets. Nous empruntons des sentes creusées par le bétail jusque à la cabane de Monzarro puis la piste qui mène au refuge de Biados. En cas de brouillard, il est important de prendre des azimuts sur la carte pour rejoindre la cabane de Monzarro d’où démarre une piste. Nous montons le camp un peu avant Biados. Il y a des fontaines sur la route pour refaire le plein d’eau.
1400m positifs, 6h30 de marche
De Biados nous empruntons la variante du GR11 qui traverse le massif des Posets. La montée et rude et longue en direction du col d’Eriste (2804m). Nous délaissons petit à petit les prairies et sous bois pour nous enfoncer dans un paysage creusé par des torrents agités et burinés par le passage d’anciens glaciers. 1400m de dénivelé positif pour arrivé au col qui semble reculé à chacun de nos pas.
Col étroit qui plonge tout de suite à l’Est par une sente escarpée et rejoint le sentier d’ascension du pic des Posets (3371m). Nous filons pour notre part en direction de la cabane Llardaneta à proximité du refuge de Angel Orus. Le toit de la cabane est éventré et nous préférons camper un peu avant dans un vallon accueillant où le torrent et la prairie nous offrent boisson et matelas confortables.
400m positifs, 7h de marche
Je ne m’attendais pas à un tel paysage dans le massif des Posets. Les lacs reposent au milieu d’un assemblages imposant de rochers, de blocs et de falaises. L’ensemble est extrêmement minéral. Nous évoluons entre les rochers à la recherche des cairns et marques du GR pour rejoindre le col de Plana (2702m). Nous profitons d’un très bref temps de contemplation au col car les nuages s’accumulent et nous préférons plonger à l’Est pour arriver avant un éventuel orage.
Puis, nous descendons en direction des lacs de Batiziellas (quelques beaux endroits pour un bivouac) et la cabane du même nom avant de rejoindre une faune éclectique de promeneurs car de là, les départs de rando ne sont pas loin. La descente est longue en direction de Bénasque et nos genoux souffrent un peu tout au long de ces 1500m de dénivelé négatifs jusqu’à la vallée de Bénasque.
Nous nous arrêtons 2 jours au camping Ixea pour laisser passer les orages et nous ravitailler.
1500 de dénivelé positifs et 7h30 de marche
Puis c’est à nouveau le départ, cette fois-ci avec 5 jours de ravitaillement dans les sacs. Ixea, lac del Paso Nuavo, piste et chemin de travers dans un bois mousseux et sombre pour arriver au refuge de Coronas où nous retrouvons de somptueux paysages de montagne.
Sur notre gauche, au Nord, nous longeons les pics mythiques de la Maladeta et de l’Aneto, les 3000 de Tempestats, Margalida et Russell. Nous nous engouffrons un moment dans un vallon qui s’ouvre sur 2 lacs splendides et gravissons les derniers mètres avant le col de Ballibierna (2720m). La vue est magnifique à l’Est comme à l’Ouest d’où l’on peut nommer de nombreux sommets (et le pic de Ballibierna au Sud, 3062m).
Nous continuons à l’Ouest sur le GR11 par le lac du Cap de Llauset (beau lieu pour le bivouac), le col de Llauset et une descente sur pierrier pour rejoindre le lac de Cap d’Anglos (à proximité du refuge d’Anglos). Le ciel et clair, le lieux est à couper le souffle. On se perd à rêver d’y rester plusieurs jours, lové entre prairies et lacs dans un écrins de monts colorés et de cimes affutées. Dans tous les cas, pour y planter ça « résidence secondaire », il faut un bon duvet !
1100m de dénivelé négatif et 5h30 de marche
Pas facile de s’arracher à ce panorama le lendemain pour descendre jusqu’au Pont de Salanque où l’on reconnecte avec la circulation bruyante qui file en direction du tunnel de Vielha. Le chemin longe la route à travers des praires et des bois qui nous épargnent un peu du bruit.
A midi, c’est taboulé agrémenté de feuilles de violette, de fraisier, d’achillée mille-feuille, de plantain, etc., et des framboises en dessert ! Et nous prenons souvent du temps en chemin pour récolter quelques légumes et fruits sauvages qui viennent donner de la fraîcheur à nos plats en même temps que des protéines et des fibres.
Nous montons le bivouac dans la montée pour le col de Rius, 1h00 après le refuge de Sant Nicolas à l’Hospital de Vielha.
GR11 et variante par la HRP, 7h de marche
(Itinéraire)
Au matin nous franchissons le col de Rius (2320m), puis au bout du lac de Rius, nous bifurquons Sud-Est sur la HRP (Itinéraire de Haute Randonnée Pyrénéenne) pour rejoindre le col de Mar (2510m). L’itinéraire est un régal pour les yeux et la vue du col de Mar vaut vraiment le détour par la HRP.
Du col, la descente est très raide et pénible par endroit pour atteindre l’extrémité SW du lac de Mar. Nous rejoignons l’extrémité NE du lac par la rive droite et plongeons en direction du refuge de Restanca par quelques lacets raides. Au refuge, nous prenons le GR11.18 qui monte au lac de cap de Port où nous montons le bivouac pour la nuit : sieste, bain frais, observation des isards et nuit salvatrice.
Massif des Encantats, 6h de marche
Nous entrons dans le parc d’Aiguestortes (dans le massifs des Encantats) par le col de Crestada (2470m) : vue sur le lac des Monges. Le GR11 passe un second petit col pour rejoindre le lac des Mangades puis monte en lacets serrés au Portillon de Caldes (2570). A l’Ouest, on peut admirer encore une fois le massif de la Maladeta et le pic de l’Aneto. Et a l’Est, l’on se perd dans les multitudes de lacs du parc d’Aiguestortes.
Plus nous avançons vers le lac majeur de Colomers, plus nous rencontrons du monde. Ce retour à la civilisation nous dissuade de rester un jour de plus pour randonner dans le parc d’Aiguestortes, très beau mais très couru.
Nous quittons le GR11 au niveau du barrage du lac de Colomers pour emprunter un chemin qui descend pleins nord et rejoint le départ des taxis pour Banios de Tredos. De la les voitures rejoignent, pour la plupart, Salardu puis Vielha. Nous n’avons pas de difficultés à faire du stop de Vielha à Barbazan.
Après 5 jours de bains dans les rivières et lacs de glaciers, nous plongeons sans hésitation orteils, cuisses et tête dans le lac de Barbazan !!!
Nous finissons cette randonnée sur le GR11 une fois de plus enchantés. Nous avions précédemment parcouru le GR11 de Sallent de Gallégo à Parzan (proche de Bielsa) et nous voilà une fois de plus convaincu par la beauté de ce sentier. D’autant plus qu’il y a peu de monde et que la météo semble aussi meilleurs que du côté français.
En deux expéditions de 6 jours, nous avons croisé la route du Balaitous, du Vignemale, du Mont Perdu, du Néouvielle, des Posets, de l’Aneto et abordé le parc d’Aiguestortes. L’année prochaine, nous partirons de Sallent pour rejoindre l’océan !
Matériel utilisé pour réaliser cette randonnée sur La Senda
Sac à dos et vêtements pour La Senda
Catégorie | Modèle | Marque | Avantages | Inconvénients | Si c’était à refaire |
Sac | Skyline 55 | Lowe Alpine | Prix et solidité | Peu de réglage | Avoir la possibilité de régler le portage efficacement pour les montées et les descentes et en fonction de la charge |
Chaussures | Baffin | Lowa | Maintient | Poids | Bien penser à les entretenir ! |
WindStopper | Gore-Tex Performance Shell | Mammut | Poids et polyvalence | Solidité | Ce matériel s’use rapidement. Il est très efficace contre le vent mais moins contre la pluie. Une cap de pluie en plus peut-être utile. |
Doudoune | alpineXtrem | Salewa | Chaleur et poids | Fragilité | Super efficace pour le soir, mais trop chaude pour l’effort. A toujours prendre avec soi en montagne ! |
Pull | Carline Sportwool | Millet | Léger, thermique et respirant | – | Très bien pour démarrer la randonnée lors des faibles températures matinales |
Brassière | Seamless Zone | Odlo | Respirante, très bon maintient | – | Le maintient de cette brassière est plus adaptée à la pratique de la course à pieds. |
Pantalon | – | Adidas | Pantalon en lycra. Il est léger et sèche rapidement. | Il est peu thermique | Suffisant pour la randonnées d’été mais il atteint ses limites le soir à plus de 2000 mètres. |
Autres petits matériels : 2 T-Shirts dont un manche longue pour s’abriter du soleil, sous vêtements, bonnet, gants polaire, chapeau.
Tente et Sac de couchage pour La Senda
Catégorie | Modèle | Marque | Avantages | Inconvénients | Si c’était à refaire |
Tente | Dolomite | Jamet | Poids, volume, double ouverture | Espace, montage de la toile intérieure en premier | L’idéal serait une tente du même gabarit et poids mais avec une toile extérieur qui se monte en premier ce qui permettrait de former un abri en cas d’intempéries |
Tapis de sol | Basique | Quechua | Poids, prix | Confort | Je l’ai coupé en deux pour minimiser le poids. Je couperais moins la prochaine fois ! |
Sac de couchage | Women Titan 650 | Mountain Equipment | Poids, volume, chaleurs et confort | – | Duvet très efficace mais j’ai rarement osé l’utiliser à l’extérieur de la tente, de peur de percer le revêtement et de perdre le duvet |
Autres équipements outdooor pour La Senda
Catégorie | Modèle | Marque | Avantages | Inconvénients | Si c’était à refaire |
Bâtons | Makalu | Leki | Léger, pliable, bonne prise en main | – | Indispensable lorsque l’on porte un peu de poids. |
Lampe frontale | Ticka | Petzl | Bon éclairage | Prix | Il peut-être utile d’avoir une lampe plus puissante si l’on se fait rattraper par la nuit et que l’on doit chercher un lieu de bivouac |
Gourde | Bidon aluminium 1,5L | Quechua | Solidité | Poids | Très bien pour sa solidité, je prends aussi une seconde réserve d’eau mais dans une bouteille plastique (moins lourde) d’1,5L également |
Penser à prendre du fil et une aiguille pour réparer le sac ou les vêtements, une trousse à pharmacie, une couverture de survie et un téléphone qui passe en Espagne.