Jérémie COINON nous partage son expérience de 3 jours d’alpinisme dans les Picos de Europa, massif de la cordillère Cantabrique.
Information sur les Picos de Europa
Dates :
Du 18 au 20 mai 2018
Lieu :
Espagne – Asturies – Picos de Europa
Pour y aller :
En voiture depuis Bayonne. Compter 4h30 de route pour arriver au village de Sotres en passant par Bilbao et San Vincente de la Barquera. Compter 30 minutes de plus pour monter au parking du col de Pandebano. La piste est carrossable et en bon état. Se garer au terminus.
Pour passer un meilleur trajet et économiser les frais, n’oubliez pas le covoiturage.
Participants :
Jérémie et Denis deux copains passionnés de montagne. Après avoir passés deux mois ensemble à arpenter à pied les hautes vallées des Himalayas, il était temps pour nous de rechausser les skis, crampons et chaussons d’escalade. Les créneaux sont rares dans les Picos de Europa alors quand nous avons vu les prévisions météo pour ce weekend, nous n’avons pas hésité une seconde.
Où dormir :
- A Sotres
Albergue Peña Castil : cette auberge de jeunesse propose des lits dans un dortoir avec petit déjeuner compris pour une somme raisonnable. Vous pourrez bénéficier de la vue sur les montagnes environnantes dans une atmosphère détendue.
Hotel Rural Peña Castil : pour les budgets un peu moins serrés, cet hôtel propose de jolies chambres et un petit déjeuner copieux et excellent
Refuge Vega de Uriellu : situé au pied du célèbre Naranjo de Bulnes, le refuge Vega de Uriellu est gardé du 15 mars au 15 décembre. Un coin hiver reste accessible lorsque le refuge est non gardé. Pour 15€ la nuit (10€ pour les licenciés), vous pourrez passer la nuit au milieu des montagnes. Couvertures fournies, il vous faudra juste ramener un drap de soie. Compter 15€ de plus pour le diner et 5€ pour le petit déjeuner.
Important : Il est nécessaire de réserver le refuge en ligne avant d’y aller. Vous pourrez réserver à l’adresse suivante.
Où se restaurer/s’approvisionner :
- Restaurants
Vous trouverez plusieurs restaurants à Sotres pour récupérer d’une belle bambée en montagne. Et si le cœur vous en dit, n’hésitez pas à faire quelques kilomètres de plus pour aller manger au bout du monde à la Teberna de Tresviso dans le village du même nom.
- En montagne
Deux possibilités pour manger : Soit directement au refuge Vega de Uriellu, soit en apportant vos propres provisions. Faites les stocks avant de partir. A part pour acheter du fromage, vous ne trouverez rien à Sotres.
Caractéristiques des sorties :
Un combo escalade/alpinisme/ski alpinisme sur trois jours autour du Naranjo de Bulnes. Magnifiques vues sur le Naranjo et les sommets environnants. Du sommet on peu profiter de la vue sur l’océan.
Jour 1 : Montée depuis le col de Pandebano et ascension de la voie « Wish you were here » (D+, V+, 150m) en terrain d’aventure. Puis montée au refuge Vega de Uriellu
Jour 2 : Ascension du couloir de la torca (60°, 2 ressauts) puis escalade de la face sud du Naranjo de Bulnes par une variante de la voie normale (6a, TD, 350m) et redescente à ski par le couloir nord-ouest
Jour 3 : Ascension du couloir Est du Neverron de Uriellu (65°) puis descente à ski jusqu’au refuge et redescente au col de Pandebano.
Prix : La randonnée ne coûte rien (à part des calories !). Par contre il faut prévoir son matériel, de quoi se nourrir et se déplacer.
Végétation : Au col l’herbe pousse drue et la forêt a repris des couleurs. Mais dès que nous nous sommes rapprochés du Naranjo, la végétation a fait place à la neige et au calcaire.
Faune : Si vous avez un peu de chance vous pourrez apercevoir des chamois et quelques marmottes dans le coin. Les Picos de Europa sont également un massif abritant le loup et l’ours, mais il semble plus compliqué d’en croiser.
Climat du weekend : Grand bleu toute la journée, de quoi profiter au maximum des paysages qui nous entourent. Il ne faudra pas oublier la crème solaire.
Difficulté : Difficile
Fréquentation : Seuls pendant les trois jours sur les ascensions. Plusieurs personnes présentes au refuge Vega de Uriellu
- Point sur les Picos de Europa
Situés à trente kilomètres à vol d’oiseau de l’océan atlantique, les Picos de Europa constituent un massif sauvage et fascinant. Décrire en quelques lignes ce paysage de sommets escarpés, de vallées encaissées, de grands lacs glaciaires et de forêts est une tâche difficile, voire impossible ! Tout impressionne dans cette région du Nord de l’Espagne. La meilleure façon de se les représenter, c’est d’y aller. Que ce soit à pied, à ski ou en escalade, les possibilités sont innombrables pour découvrir ce massif. Mais gare au mal de cuisses, ici les plats sont rares.
Randonnée : Les Picos de Europa offrent une grande variété d’itinéraires allant de la petite balade bucolique d’une heure à la traversée du massif sur plusieurs jours. Plusieurs entrées sont possibles dans chacune des trois parties du massif. La partie centrale est la plus fréquentée. Un téléphérique monte les randonneurs depuis Fuente De, leur évitant 1000 mètres de dénivelé en plus.
Escalade et l’alpinisme : Partout où vous tournez la tête, il y a de quoi grimper. Que ce soit en crampons-piolets ou en escalade traditionnelle, les faces et couloirs offrent un terrain de jeu quasi infini à tout amateur de course sauvage. Le clou du spectacle restant à mon avis l’ascension du Naranjo de Bulnes, figure emblématique de ce massif. Mais attention, même par la voie normale l’ascension n’est pas à prendre à la légère. L’escalade est engagée et les possibilités de protection relativement légères.
Quoi d’autre dans les environs des Picos de Europa :
Faire du surf à Llanes : si les Picos de Europa sont réputés pour la randonnée et l’escalade, les Asturies sont aussi un haut lieu du surf en Espagne. Plages désertes et vagues vierges attendent le voyageur qui ira chercher la petite crique perdue.
Manger du fromage et boire du cidre : Les spécialités gastronomiques des Asturies ne sont pas en reste. Si vous passez quelques jours dans les Picos, testez le fromage Cabrales avec un verre de cidre à la main. Vous ferez voyages vos papilles en plus des yeux.
Liens internet :
Camptocamp : LA référence pour préparer ses sorties en montagne. Un site collaboratif très actif et extrêmement bien fait.
Un excellent site d’un guide local pour se faire une première idée des courses hivernales et estivales
Les Topos en photo des couloirs et ascensions hivernales
Bibliographie :
Escaladas fáciles en Picos de Europa – 37 vías de escalada clásica del III al V grado : Un bon topo pour qui cherche à découvrir les sommets escarpés en terrain d’aventure.
Aventure verticale dans les picos de Europa
Le créneau météo parfait
Scrumph, scrumph scrumph. Le bruit de l’herbe broyée puis malaxée par nos voisines ruminantes nous sort de notre profond sommeil. Et dire que j’étais en plein rêve, gravissant de hauts sommets enneigés, seul avec mon compagnon de cordée. Scroutch, scroutch, scroutch. Les crampons crissent dans la neige encore gelée de l’aube. J’ouvre les yeux. Encore allongé sur la banquette, je regarde depuis la fenêtre de la voiture. Le ciel d’un bleu profond est prêt à accueillir un soleil intense pour le weekend. Nous profitons de ces superbes prévisions, d’autant plus qu’il fait mauvais dans les Pyrénées. Et avoir grand soleil ici pendant trois jours d’affilée relève de la gageure.
L’air frais du matin se réchauffe déjà vite et nous ne souffrirons pas du froid. Pourtant le programme parlait bien de ski et d’alpinisme, mais pour l’instant difficile de s’imaginer les faces enneigées et couloirs glacés. Deux randonneurs nous le confirment, il y a encore beaucoup de neige là-haut. C’est décidé, nous partirons avec l’ensemble des jouets. Skis, chaussures, crampons, piolets, cordes, broches, coinceurs, chaussons d’escalade, popote, réchaud et nourriture pour trois jours : les sacs sont chargés comme des sapins de noël et nous nous transformons en ânes de bat.
C’est avec près de 25 kilogrammes sur le dos que nous nous élançons sur le petit chemin qui monte au col. Mise en jambes rapide et efficace, trente minutes plus tard nous posons déjà les sacs pour notre premier objectif du jour : « Wish you were here ».
Session escalade
Cette jolie paroi calcaire de 130 mètres se dresse juste au-dessus du col et invite à se dégourdir bras et jambes avec un peu d’escalade. Nous enfilons les baudriers, récupérons quelques coinceurs et c’est parti pour l’échauffement de la matinée. Après quelques hésitations nous trouvons une jolie dalle sculptée de « canaletas » comme ils disent là-bas. Les pieds se bloquent parfaitement dans ces reliefs qu’on croirait taillés pour grimper.
Quel plaisir de lézarder au soleil. Une petite bifurcation à droite et je retrouve la voie normale. Je laisse la deuxième longueur à Denis : une magnifique dalle sur gouttelettes. Les points sont espacés mais tant mieux, cela laisse de la place à la grimpe. Le rocher est tellement bon que nous ne risquons pas la glissade. Je rejoins Denis en profitant de chaque instant, levant la tête de temps en temps pour admirer le paysage. Dans notre dos, le Naranjo de Bulnes se dresse fièrement. C’est à son pied que nous monterons cet après-midi, au refuge Uriellu.
Prendre le temps
Encore quelques efforts, une jolie fissure en Dulfer et nous prenons pied au sommet, ravis d’avoir profité des températures clémentes de la matinée. Une petite descente bien négociée et nous retrouvons nos sacs, prêts pour un déjeuner sur l’herbe. Les nymphes dénudées ne nous accompagneront pas mais nous profiterons au moins du pique-nique. Prendre le temps d’avoir le temps, voici notre crédo pour le weekend. La montagne nous offre ce luxe devenu trop rare dans nos journées de travail : discuter sans se soucier de l’heure, s’imaginer les aventures du lendemain tout en laissant le regard balayer le paysage. Il faut avouer que nous sommes très bons élèves pour adopter ce rythme.
Les nuages s’accumulent doucement en altitude et il est temps de reprendre le sentier. Je ne sais pas si le sandwich au jambon pèse dans le ventre ou si c’est plutôt le sac de vingt-cinq kilos, mais nous n’avançons pas vite. Ca n’est pas grave, nous avons tout le temps et notre cher Racine nous rappelle bien l’adage du jour
« Qui veut voyager loin ménage sa monture »
C’est donc à petit pas puis à petit ski que nous rejoignons le refuge où nous passerons les deux prochains jours.
To go or not to go ?
Lentement les nuages se dissipent, laissant apparaitre derrière nous l’imposante face ouest du Naranjo de Bulnes. Les voies qui le parcourent sont d’un autre niveau : le sixième degré est le ticket d’entrée pour cette face engagée et compacte. Et ici autant vous prévenir de suite : les équipeurs ne se sont pas ruiné en points. Il faut grimper entre chaque spit et dans cet océan calcaire difficile de poser quelconque protection. « Equipamiento un poquito alejado », l’équipement est plutôt léger, comme on peut le lire dans les topos.
Mais cette face ne nous attire pas : trop dure pour nous. Par contre la voisine plus au sud… La voie normale est engagée mais reste accessible aux piètres grimpeurs que nous sommes. Le gardien du refuge nous annonce que la face est dégagée. Ce pourrait-il que nous grimpions ce sommet mythique ? Ça n’était pas dans les plans mais plus nous y pensons plus l’idée nous semble bonne.
Mais d’un coup le doute me vient. Où ais-je mis mes chaussons d’escalade. Je les avais bien ce matin mais je n’ai pas le souvenir de les avoir vus dans mon sac lorsque nous sommes repartis du col. Frénétiquement je déballe tout mon barda, retourne chaque chose dans l’espoir d’y trouver mes chaussons mais rien n’y fait : ils ont dû rester en bas. La grimpe risque de ne pas être la même en basket. Nous décidons quand même de tenter notre chance. Denis grimpera en tête et je suivrai, tel est le plan. Après avoir dégusté quelque fondue savoyarde lyophilisée et vanté les progrès des fabricants de ces repas déshydratés, nous rejoignons nos duvets pour la nuit, la tête pleine de rêves d’ascensions épiques.
L’ascension du Naranjo
Pas un souffle de vent. Au-dessus de nos têtes la voute céleste scintille de mille feux. La nuit est encore noire à cinq heures du matin. Nous sommes les seuls réveillés à cette heure. Sans échanger une parole nous nous équipons : baudriers, crampons. Les sacs ont été allégés au maximum mais il reste les cordes, les skis et le matériel d’escalade. Nous remontons tranquillement la pente de neige située derrière le refuge. Devant nous la forme imposante du Naranjo nous domine. Nous sommes petits face à cette nature à la fois puissante et paisible. Encore quelques pas et nous entrons dans le couloir. En contrebas la plaine est couverte d’un tapis de nuages Seuls les reliefs des contreforts dépassent de cet océan de coton. La pente se redresse alors que nous sortons les piolets. Nous remontons prudemment sur une neige dure et rassurante jusqu’à un premier ressaut.
-Ça va le faire ou tu préfères que l’on sorte la corde ? Je demande à Denis
-Non c’est bon pour moi, je me sens bien
C’est parti pour une aventure en solo. Nous entrons dans un univers particulier où chaque erreur peut nous coûter la vie. Un monde ou l’instant présent prend toute sa signification. Mesurer chaque geste, chaque moment, ne laisser aucune place à la crainte d’un futur incertain.
Corps et esprit
Mais progresser en solo ça n’est pas progresser seul. Denis est derrière moi. J’entends son souffle et le crissement de ces crampons sur le rocher. Je suis pleinement concentré sur ce que je fais et en même temps je suis entièrement conscient de la présence de mon ami qui me donne la force et la confiance d’avancer. Chaque geste prend une signification particulière. Nous entrons dans un état de « Flow » où l’instinct et la maitrise prennent le pas sur la réflexion. La tête ne donne plus d’ordre. Corps et esprit ne font plus qu’un pour nous permettre d’évoluer dans ce monde si particulier.
Un deuxième ressaut
Denis part en tête. Nous nous rétablissons sur la neige avec la plus grande prudence. La sortie est proche, les premiers rayons du soleil caressent déjà la croupe blanche qui nous surplombe. Un dernier ressaut en traversée. Il nous faut poser les pointes avant sur une vire de quelques centimètres. Le pas n’est pas long, trois mètres au plus, mais le vide sous nos pieds est impressionnant. Il me faudra puiser dans mes ressources pour passer ce petit passage. Enfin le crissement des pointes dans la neige m’indique que je suis sain et sauf. Ouf.
Face à nous le cirque sud du Naranjo de Bulnes se réveille lentement. Les rayons du soleil viennent éclairer les faces raides que nous nous apprêtons à redescendre. La pente est raide mais je me sens mieux dans la neige. Tranquillement nous nous rapprochons du pied de la face sud.
– Tu vois l’attaque de la voie normale ? Je demande à Denis en scrutant le relief.
– Non mais cette fissure a l’air plutôt accessible, ça doit être ça. Répond Denis en m’indiquant une faiblesse dans la roche.
Ni une ni deux nous troquons les chaussures de ski pour les chaussons d’escalade… et les basket pour ma part.
Première longueur
La face est encore à l’ombre lorsque Denis s’élance dans la première longueur. Le rocher est gelé et l’onglet ne facilite pas la pose de protections. Quelques mètres et Denis arrive à une vieille sangle. La paroi se redresse au-dessus de lui et la fissure n’a pas l’air si franche.
– Ca pique quand même. Me lance Denis en essayant de s’extraire d’une position malcommode.
– Je t’avais prévenu le IV des Picos ça envoie ! Je lui réponds en l’assurant.
Un coincement de main, un rétablissement et Denis disparait dans la paroi.
– Relais, vaché ! J’entends que c’est mon tour.
C’est parti pour une escalade en basket. J’avais déjà expérimenté cela dans les Pyrénées mais sur des cotations n’excédant pas le III. Voyons voir ce que cela donne ici. Les premiers mètres grimpent bien mais très vite les pieds se font plus petit et les mains plus fuyantes.
– La vache c’est sacrément costaud finalement.
Je souffle, je tire et je zippe des pieds. Après de pénibles minutes je rejoins mon acolyte qui s’est réchauffé les mains à m’assurer. Heureusement la suite est plus facile mais je laisse Denis partir en tête. Vu la difficulté de la première longueur je ne tente pas le diable dans la seconde. Le soleil réchauffe le rocher au fur et à mesure que nous évoluons dans cet océan de calcaire. Les cannelures sont fabuleuses et malgré certaines portions de plus de quinze mètres sans protection nous grimpons confiants.
Neverron de Uriellu
La paroi se couche et nous avalons les 150 mètres restant en corde tendue jusqu’au sommet. Encore quelques pas dans la neige et nous y sommes. Seuls sur l’emblème des Picos de Europa. Le plaisir est intense. 800 mètre plus bas le refuge est encore dans l’ombre du matin, tandis que nous avons rangé vestes et doudounes dans les sacs. Face à nous le Neverron de Uriellu est fendu d’une grande faille oblique remplie de neige et de glace.
C’est notre objectif du lendemain. Le couloir parait raide mais le topo indique une pente accessible. Nous verrons bien demain matin. Pour l’instant il est temps de redescendre. Quelques noix pour reprendre des forces et nous entamons la descente en corde tendue. Il faut rester vigilant car même si la désescalade n’est pas dure elle reste très exposée. Nous rejoignons les relais puis profitons d’un rappel pour reposer les pieds sur la terre ferme…ou plutôt sur la neige ferme. Quel voyage, gravir ce Naranjo seuls et profiter de ce paysage d’hiver est incroyable. Nous avons le sourire vissé aux lèvres.
On chausse les skis
Changement de saison dans la journée, nous troquons les chaussons pour les skis, et tandis que le ciel nous gratifie d’un bleu éclatant, nous entamons nos premiers virages pour rejoindre le refuge. Le timing est parfait, la fine couche de surface a dégelé et nous traçons les courbes sur une moquette cinq étoiles. Un petit goulot étroit, quelques virages raides et nous lâchons les chevaux dans la grande combe qui nous ramène au refuge. Il est seize heures, nous avons vécu trois journées en une, nous pouvons bien en rajouter une quatrième en dégustant une bière bien méritée. Et tout en regardant les topos de cette face sud que nous venons de grimper, nous nous apercevons que quelque chose cloche.
– On a pas fait la voie normale, on a pris une variante en 6a ! m’annonce Denis en rigolant
Je comprends mieux pourquoi mes baskets étaient un peu limite pour cette portion de voie !
Lever de soleil sur le Neverron
La soirée a été vite pliée hier soir. L’appel des duvets confortable s’est fait pressent dès vingt et une heures et nous ne regrettons pas notre choix lorsque le réveil sonne à quatre heures. Il nous faut partir tôt car le couloir est exposé plein est et prend rapidement le soleil. Qui dit soleil dit chute de glace et de roches, et autant monter dans un couloir peut-être une aventure incroyable, autant débouler dans une avalanche nous attire moins.
Les préparatifs sont vite faits et nous nous élançons dans la nuit noire en direction de notre objectif du jour. Une grosse masse noire, ça doit être la base du Neverron. Nous le longeons sur la gauche pour chercher le fameux couloir est. J’avise une ligne mais quelque chose cloche : le couloir a l’air beaucoup plus fin et sinueux que sur la photo.
– Allons voir quand même ce que ça donne.
Nous progressons prudemment, la corde toujours dans le sac. Dans cette orientation la neige n’est pas de la même qualité, et lorsque nous abordons le premier ressaut la neige s’effondre sous notre poids.
– ça devient craignos, je n’aime pas ça. Je dis à Denis en m’extirpant d’un trou de neige.
Lever du jour sur le Naranjo lors de notre ascension dans les Picos de Europa
– Encore quelques mètres et j’arrive à un second ressaut. Plus raide et plus hasardeux encore.
– Non ça n’est pas possible je ne vois pas la sortie. On a du se tromper il faut redescendre.
La descente folklorique
Denis ne se fait pas prier. Les paquets de neige qui tombent sur son casque ne le motivent pas à rester deux secondes de plus ici. Dans ce goulet étroit et sinueux les skis fixés sur les sacs à dos tapent à gauche et à droite. Ça y est nous sommes sorti, et nous nous trouvons un peu bête de nous être trompés, mais heureux d’être entiers.
– On fait quoi, on rentre ?
– Bah, le soleil n’est pas encore levé, on peut chercher le bon couloir. Je réponds à Denis remonté après ce premier but.
Nous rebroussons chemin, et alors que nous trouvons la bonne voie vers notre couloir, le soleil se lève derrière le Naranjo, colorant le ciel d’une palette incroyable digne du plus bel arc en ciel. La neige prend une couleur dorée tandis que les premiers rayons du soleil viennent caresser les reliefs.
Instants uniques
Nous sommes émerveillés, enchantés. Être dans la montagne ça n’est pas uniquement grimper ou performer. Être dans la montagne c’est également profiter d’instants uniques qui nous rappellent la chance que nous avons de vivre dans ce monde. Certes tout n’est pas rose et les difficultés existent, mais il est également important de nous rappeler en quoi nous sommes chanceux de vivre ici-bas. C’est le cœur rempli de gratitude que nous abordons l’entrée de notre couloir, le bon cette fois-ci.
La neige est plus molle que la veille mais elle porte suffisamment pour que nous soyons en sécurité. Nous progressons à bon rythme dans ce couloir parfait. Ni trop raide ni pas assez, une belle ligne droite vers le ciel. Un dernier bouchon neigeux et nous basculons sur l’arête. Un joli rappel et nous rechaussons les skis, profitant du bonheur d’être de nouveau seuls. Quelques dernières descentes et remontées et nous basculons dans la pente finale qui nous ramène au refuge. Il est dix heures du matin et la journée est déjà remplie, autant que la tête et le cœur. Nous avons fait le plein d’émotions et de souvenirs au paradis, il est temps de rentrer dans le monde réel.
Conclusion de l’ascension dans les Picos de Europa
J’ai le cœur qui explose, les cuisses sont en feu. Depuis le col de Pandebano je remonte en courant vers le sommet de la première grande voie. Encore quelques mètres et j’y suis. Comme prévu ils m’attendent là, spectateurs paisibles d’un weekend d’aventure. Mes chaussons peuvent rentrer avec moi en France. Ca n’est pas qu’ils auraient été malheureux de faire leur retraite ici mais tant qu’à faire ils peuvent encore profiter d’autres parois mythiques et de belles bambées. Et en montagne j’y retournerai, c’est sûr ! Ces moments intenses de partage entre compagnons de cordée sont l’occasion de redécouvrir un monde qui correspond à mes valeurs. Un monde où technicité rime avec simplicité, où progression rime avec instant présent et où nous décidons chaque moment de vie afin d’être en accord avec nos valeurs profondes, celles d’êtres humains.
Matériel utilisé dans les Picos de Europa
Équipements d’alpinisme utilisé dans les Picos de Europa
CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | EST CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉ DANS CE ROADBOOK | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
SAC À DOS | Speed 30 | BLACK DIAMOND | Lot concours « raconte ton expérience outdoor » / Poids / Technicité | Un super sac d’alpi light. Vraiment bien pensé, j’ai pu rentrer le matériel de refuge, de grimpe, d’alpi et de ski. Très bien adapté pour ce type de course sur trois jours si l’on a un peu l’habitude d’optimiser son sac. | Je reprendrai le même sans hésiter. Parfat |
CHAUSSETTES | Trekking Merino Light | SIDAS | Lot concours « raconte ton expérience outdoor » / Confort / chaleur | Bonne chaussettes de randonnée qui ont très bien fait l’affaire dans les chaussures de ski. Pas d’ampoules et pas froid aux pieds du séjour | Je reprendrai les mêmes. |
GANTS | Hydra pro glove | MOUNTAIN HARDWEAR | Technicité | Gants techniques et près des doigts, qui permettent de facilement manipuler les piolets. Parfait pour ces courses de printemps où les températures sont plutôt douces. | Je reprend les mêmes. |
LUNETTES DE SOLEIL | Kayenta | ORAO | Prix / Légèreté / ventilation | Bonnes lunettes légères et bien enveloppantes; Qui protègent bien du soleil. | Je reprendrai les mêmes. |
Vêtements utilisés dans les Picos de Europa
CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | EST CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉ DANS CE ROADBOOK | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
PANTALON | Halo | LA SPORTIVA | Technicité / Elasticité | Bon pantalon, stratch et respirant. J’ai eu un peu chaud lors de la grande voie mais on ne peut pas tout avoir. Petit hic, en trois saison il a décoloré énormément | Je partirai sur un pantalon plus résistant type Norrona Lyngen driflex |
DOUDOUNE | Ultralight down shirt | PATAGONIA | Lot concours « raconte ton expérience outdoor » Légèreté Technicité Respirabilité | Une doudoune pour 167g ! Le rêve. Et en plus d’être légère, elle rempli bien son office d’apport de chaleur, que ce soit au relais ou lorsque les températures baissent. Avec un volume compressé ridicule, elle est maintenant au fond de tous mes sacs, été comme hiver | Je prendrai la même. |
VESTE ALPINISME | Trilogy GTX | MILLET | Légèreté Technicité Respirabilité | Veste encore plus légère que ma précédente, pèse le poids d’une plume et ne prend pas de place une fois rangée dans le sac. A fait parfaitement le boulot lors de ces journées sur les skis, crampons ou chaussons | Je reprendrai la même |
SOFTSHELL | Solution Hoody | BLACK DIAMOND | Lot concours « raconte ton expérience outdoor » Légèreté Technicité Respirabilité | Une softshell vraiment légère et chaude, avec une capuche pour mettre le casque. C’est parfait pour un gain de chaleur, elle ne m’a pas quitté des trois jours | Je reprendrai la même |
T SHIRT TECHNIQUE | Cold gear men’s evo mock | UNDER ARMOUR | Chaleur Respirabilité | Mon under armour me suit partout depuis plus de dix ans, m’apportant toujours chaleur et respirabilité. Il était logique qu’il me suive encore une fois | Je reprendrai le même. |
Accessoires d’Alpinisme utilisé dans les Picos de Europa
CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | EST CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉ DANS CE ROADBOOK | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
CRAMPONS | Sarken (semi automatique) | PETZL | polyvalence d’utilisation Poids raisonnable | Parfait dans ces couloirs neigeux avec un peu de mixte. En affutant les pointes de temps en temps ces crampons sont les 4*4 de la montagne. | Je reprendrai les mêmes étant donné la diversité des passages. Les deux pointes frontales m’apportent une grande confiance sur les passages techniques pour un poids qui reste correct |
PIOLETS | Aztarex | PETZL | Poids polyvalence d’utilisation | Parfait dans les couloirs peu techniques autour du Naranjo. Leur légèreté est un réel atout et l’ergot permet de passer des passages plus raides en toute confiance | Je reprendrai les mêmes |
BATONS | Cham | KERMA | Poids, technicité | Batons légers et disposant d’un grip pour le ski de randonnée. Très bien adaptés au ski. Ils ne se replient pas mais cela n’est pas utile pour le ski | Je reprendrai les mêmes |
PEAUX | Aspect pro | ATOMIC | Prédécoupage / Qualité | Une peau prédécoupée au ski en 100% mohair. Que demander de plus ? Très bonne accroche même sur neige dure. | Je reprendrai les mêmes |
Équipements de ski utilisés dans les Picos de Europa
CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | EST CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉ DANS CE ROADBOOK | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
SKIS | Aspect | ATOMIC | Poids, rigidité, skiabilité | Un très bon compromis montée /descente pour ce ski qui conserve une excellente skiabilité. Réservé à ceux qui ont un bon niveau. Sa rigidité lui donne un rebond qu’il faut savoir valoriser | Je reprendrai les mêmes |
FIXATIONS | Vertical FT | DYNAFIT | Poids / valeur de déclenchement | Une fixation suffisamment légère pour monter rapidement, mais suffisamment rigide pour descendre en grandes courbes. La combinaison idéale. | Je reprendrai les mêmes |
CHAUSSURES DE SKI | TLT6 | DYNAFIT | Poids / Rigidité / Confort | Des chaussures qui montent toutes seules, et qui descendent encore plus vite ! En remplacement de mes anciennes Garmont Radium, c’est le jour et la nuit. Une grande légèreté tout en gardant une belle rigidité. Tout ce qu’il faut pour se faire plaisir à la montée comme la descente | Je garde les mêmes |
Équipement d’escalade utilisé dans les Picos de Europa
CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | EST CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉ DANS CE ROADBOOK | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
CASQUE | Armour | CAMP | Polyvalence d’utilisation /Prix | Casque pratique et ajustable, couvrant bien la tête. Pratique pour y mettre la frontale. | Je reprendrai le même |
BAUDRIER | Lotus | BLACK DIAMOND | Technicité | Un bon baudrier, bien fait avec de nombreux portes matériel, parfait pour l’alpinisme. Il a été autant efficace en grande voie qu’en couloirs. | Je reprendrai le même |
CORDE | 2*60m | SIMOND | Longueur | J’ai choisi cette corde à double en 2*60m pour pouvoir faire quasiment toutes les grandes voies et ascensions que je voulais. Pour l’instant la corde répond bien, que ce soit en rocher ou en neige | Je reprendrai la même. A voir la durabilité |
DESCENDEUR | Reverso | PETZL | Poids /Versatilité | Un descendeur qui me suit à la salle, en falaise, en grande voie et en alpinisme. Un poids léger et une bonne versatilité. | Je reprendrai le même |
SANGLES | Fin’Anneau | PETZL | Poids | Ces sangles sont fines, légères et coulissent bien. Elles se manient bien sur le rocher | Je reprendrai les mêmes |
COINCEURS | Stoppers | BLACK DIAMOND | Polyvalence | Un set de coinceurs classique qui remplit bien ses fonctions | Je reprendrai le même |
FRIENDS | C4 | BLACK DIAMOND | Cadeau | Mes premiers friends. Bien utiles dans les fissures calcaires du Naranjo de Bulnes. | Je reprendrai les mêmes |
Matériel multimédia utilisé dans les Picos de Europa
CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | EST CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉ DANS CE ROADBOOK | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
ALTIMÈTRE | on gu’up 700 | QUECHUA | Fiabilité Prix | Le même capteur que sunnto pour moitié moins cher. Pourquoi s’en passer? Cet altimètre remplis toutes ses fonctions et s’avère d’une excellente précision. Robuste et fiable, c’est tout ce qu’on peut lui demander. | Je reprendrai le même |
APPAREIL PHOTO | RX-100 | SONY | Compact Poids Capteur de reflex | Un petit bijou cet appareil. Ouverture de 1,8 à 11, un capteur de réflex et un mode débrayable permettant de faire des photos plus belles les unes que les autres. Le must pour ceux qui recherchent une qualité d’image de reflex dans un compact robuste et léger. Très bon comportement de la batterie malgré le froid (4 jours sans recharger) | Je reprendrai le même. Pour une expédition plus longue je rajouterai une batterie pour être sûr de ne pas être bloqué |
Matériel de bivouac utilisé dans les Picos de Europa
CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | EST CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉ DANS CE ROADBOOK | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
FRONTALE | Tikka 2 plus | PETZL | Différents modes Puissance | Le mode lumière rouge est pratique au réveil et au petit déjeuner pour ne pas réveiller les autres. Eclairage classique suffisant pour la marche d’approche et le début des ascensions | Je prendrai peut être un modèle un peu plus puissant (type myo rxp) pour mieux trouver ma route entre les crevasses. |
SAC DE COUCHAGE | Panyam | CUMULUS | Chaleur Légèreté | La Rolls Royce des duvets. Impossible d’avoir froid, même par -5°C. Alors en refuge c’est juste le luxe. | Je reprendrai le même |
RÉCHAUD | Express | PRIMUS | Poids / Efficacité | Une grosse puissance de chauffe pour un poids ridicule. Le parfait allié pour chauffer sa soupe en montagne | Je reprendrai le même, tout en sachant qu’il faut le nettoyer de temps en temps pour qu’il ne s’encrasse pas |
PLATS LYOPHILISÉ | Lot concours « raconte ton expérience outdoor » | Des plats lyophilisés qui ont bon gout, c’est possible. Pour un encombrement réduit et un faible poids, nous nous sommes régalés | Je reprendrai les mêmes |