Emilie BRAY nous partage son expérience de raid à ski de randonnée en Norvège dans le massif du dans le Jotunheimen
Informations pour préparer un voyage ski de randonnée en Norvège dans le Jotunheimen
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Quand ?
Mars 2011
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Où ?
En Norvège dans le massif du Jotunheimen.
Partis en avion de Lyon jusqu’à Oslo, nous avons ensuite pris un bus jusqu’à la petite ville d’Otta. Puis, nous n’avons pas eu d’autre choix que de nous rendre en taxi jusqu’au refuge de Gjendesheim, porte d’entrée du massif situé à 984 mètres d’altitude. C’est de là que nous avons commencé notre traversée.
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Participants à ce séjour ski de randonnée en Norvège
Lucas, Emilie, Alexandra
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Pourquoi ce Trip ski de randonnée en Norvège ?
L’hiver, la Norvège est réputée pour ses étendues blanches à perte de vue. Le ski de randonnée à la journée ou en bateau-ski y est très développé, notamment autour de la ville de Tromsø dans les Alpes de Lyngen, au-delà du cercle polaire. Nous voulions nous aussi aller skier les pentes de ce pays scandinave, mais en ajoutant une dimension d’itinérance en autonomie.
Après quelques recherches, c’est le massif du Jotunheimen qui nous a semblé être le plus adapté à notre projet. Situé à l’ouest de la Norvège, le parc national du Jotunheimen peut s’enorgueillir d’abriter quelques-uns des plus hauts sommets du pays, comme le Galdhøpiggen qui culmine à 2469 mètres. Notre objectif était d’effectuer en autonomie sur dix jours une traversée du massif à ski à l’aide de nos pulkas chargées de notre matériel de bivouac et de montagne.
Si nous avons emprunté les vallées du massif avec notre chargement, nous avons également gravi quelques sommets pour les redescendre en ski et en splitboard.
Ce projet nous a demandé beaucoup de préparation en amont puisque nous avons tout organisé nous-même. L’aspect le plus chronophage a été sans aucun doute la fabrication maison de nos trois pulkas.
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Où dormir en Norvège ?
A l’origine, nous avions prévu de dormir tous les soirs en tente. Dans la réalité, nous n’avons passé que la première nuit sous la tente.
En effet, la Norvège est dotée d’un réseau assez dense de refuges. Lorsque nous avons découvert l’intérieur de ces refuges, nous avons cédé à la tentation d’un confort supérieur à la tente. Etant donné les conditions climatiques extrêmes que nous avons rencontrées dans la deuxième partie de notre voyage, nous avons béni ces refuges norvégiens. Vous pouvez trouver la liste de tous les refuges de Norvège sur le site de la DNT.
Normalement, pour accéder à ces refuges hors des périodes de gardiennage, il faut se procurer LA clé qui permet d’ouvrir tous les refuges.
Dans les faits, nous ne l’avons pas utilisé une seule fois car la porte de tous les refuges dans lesquels nous avons dormi était ouverte. Pour qui connaît les refuges d’hiver français, la découverte des refuges norvégiens est un véritable choc. Spacieux et propres, ils disposent généralement d’une cuisine équipée, de plusieurs chambres, d’un salon avec cheminée et parfois même ce qu’ils appellent la tørke rom : la « salle de séchage », spécialement aménagée pour faire sécher ses vêtements et chaussures pendant la nuit.
Les placards de la cuisine sont remplis de victuailles. En dehors des période de gardiennage, le principe de fonctionnement de ces refuges repose sur la confiance. Ainsi, les personnes qui fréquentent ces refuges paient leur nuitée ainsi que la nourriture qu’elles consomment (si elles se servent dans les placards) en laissant du liquide ou en remplissant une feuille avec leurs coordonnées bancaires !
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Où manger en Norvège ?
Pour se restaurer, nous avions fait le choix de l’autonomie. Nous avions donc amené environ 20 kg de nourriture de France. Mais si vous ne souhaitez pas vous encombrer, vous pouvez très bien faire comme ce groupe de hollandais que nous avons rencontrés au cours de notre première nuit en refuge. Ils effectuaient aussi une traversée du massif mais en mode ski nordique et surtout, en se déplaçant chaque jour de refuge en refuge.
Ils mangeaient donc tous les soirs la nourriture du refuge et se préparaient des sandwichs pour le lendemain midi. De notre côté, nous n’avons testé qu’un seul refuge gardé : celui de Fondsbu, et la nourriture était excellente.
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Bibliographie pour préparer un raid ski de randonnée en Norvège
Topo-Guide sur la Norvège
En France, il n’existe pas vraiment de guides spécialisés sur le ski de randonnée en Norvège. En revanche, il y a pléthore de guides touristiques, sans grande utilité lorsqu’on prépare un raid à ski, hormis pour apprendre des choses sur le pays de manière générale.
Cartes sur la Norvège
La Norvège est très bien cartographiée. On trouve plusieurs séries de cartes qui couvrent tout le pays à des échelles différentes. Pour notre voyage, nous avions acheté les deux cartes de l’éditeur Nordeca (série Turkart) qui permettent de couvrir tout le parc du Jotunheimen à l’échelle 1/50 000 (partie ouest et partie est).
Site internet
Le site Internet incontournable pour préparer un voyage en Norvège, c’est le site de la DNT (Den
Norske Turistforening), comprenez Association Norvégienne de la Randonnée Pédestre, un équivalent norvégien de notre CAF
Notre séjour ski de randonnée en Norvège
Traversée du lac de Gjende
Le simple survol en avion du sud de la Norvège avec ses lacs gelés et ses grandes étendues blanches suffit à nous procurer le grand frisson de l’aventure nordique. Nous avons hâte de nous frotter aux éléments ! Pour le moment, il nous faut rejoindre Otta en bus. Quatre heures de trajet sur une route en lacet nous permettent d’arriver dans cette petite ville tranquille située à près de 80 km à l’est du massif du Jotunheimen. Il est tard, nous nous endormons sur des bancs d’une salle hors-sac.
Le matin, le taxi que nous avions réservé nous emmène nous trois, nos sacs de voyage, nos skis et nos pulkas jusqu’au refuge de Gjendesheim, situé à l’extrémité est de l’immense lac de Gjende.
Le ciel se charge de nuages menaçants.
A notre arrivée, c’est un petit grésil de bienvenue qui nous accueille fraîchement. Le refuge est ouvert et on peut y acheter nos cartouches de gaz. Nous bouclons les sacs, chaussons les skis, ajustons les harnais des pulkas et partons sur le lac gelé. C’est une sensation étrange que de marcher pour la première fois sur un lac gelé. Notre première étape nous mènera jusqu’à Memurubu, à mi-distance de l’autre extrémité du lac.
Nous y arrivons après quelques heures d’une marche silencieuse, enrobée par le brouillard. Nous installons le campement et, après un bon repas, nous rejoignons bien vite nos duvets accueillants.
Au réveil, le soleil brille
et c’est sous un ciel d’un bleu intense que nous repartons. Nous reprenons pied sur le lac et passons encore plusieurs heures avant d’apercevoir les rives occidentales. Tout au bout, nous apercevons le refuge DNT de Gjendebu. En fait, quand on parle de refuge, on devrait plutôt parler au pluriel car, en réalité, c’est un petit hameau constitué de plusieurs refuges.
Premier sommet en ski de randonnée en Norvège
C’est sous un ciel laiteux que nous partons du refuge. La veille, nous avons repéré un sommet qui domine le lac et que aimerions descendre en ski et en surf. On part dans la vallée qui monte au nord-ouest. Dans cette combe, la neige est bien poudreuse. Lucas surveille les accumulations, d’autant plus qu’Alexandra nous révèle qu’elle a oublié son DVA.
Le temps alterne entre nuages et soleil, avec un fort vend de sud. Nous arrivons au sommet dans une tempête de vent. Les visibilités sont médiocres. Nous ne nous attardons pas car le vent nous procure de sacrés frissons bien que la température ne soit pas très froide. Le jour blanc nous empêche de profiter pleinement de la descente. Au début, la neige est soufflée mais rapidement, c’est dans une poudreuse de rêve que nous évoluons. Un rayon de soleil s’invite à la fête. Nous redescendons tranquillement vers le refuge.
Cap sur le refuge d’Olavsbu
Jusqu’à présent, se déplacer avec les pulkas était un jeu d’enfant. La traversée d’un immense lac comme celui de Gjende constituait un terrain idéal. Aujourd’hui, 400 mètres de dénivelés nous attendent. Après la grisaille d’hier, c’est le soleil qui prédomine. Les premières pentes sont douces et la montée avec les pulkas se révèle plus facile que prévue. Malgré le ciel bleu, le vent se lève, tempétueux et nous oblige à nous emmitoufler sous plusieurs couches de vêtements.
Pas la moindre parcelle de peau ne dépasse entre le bonnet, le masque de ski, le cache-nez et la doudoune. Au col, on bifurque vers le nord-ouest. Autour de nous, les paysages sont superbes et bien plus alpins que ce que la carte au 1/50 000 laisse imaginer. Pour les amateurs de ski de rando, il y a vraiment de quoi faire. Les sommets sont abruptes, ornés de belles corniches ou d’arêtes effilées plâtrées de neige. Nous arrivons enfin au refuge. Nous sommes seuls mais nous voyons bientôt arriver un groupe de jeunes norvégiens. La nuit tombe, il fait -12°C.
Deuxième sommet en ski de randonnée
Ce matin, le temps est incertain. Depuis le début de notre traversée on alterne un jour de beau, un jour de mauvais. On se prépare tranquillement pour notre rando qui nous emmènera vers un joli sommet d’où nous verrons l’impressionnant massif voisin du Hurrungane et les vallées que nous emprunterons par la suite. L’ascension nous demande de l’attention et surtout, ma splitboard se révèle incommode dans certains terrains.
Les conversions me donnent du fil à retordre. La pente sommitale est franchement raide. On termine l’ascension par une épaule soufflée, crampons aux pieds. Avec ses modestes 1808 mètres d’altitude, notre sommet n’est pas le plus haut mais la vue est splendide.
Pour redescendre, on choisit une belle combe avec de la neige tassée vraiment excellente à skier/surfer. Avancer avec les pulkas, c’est bien mais tracer des courbes dans la neige, c’est encore mieux ! De retour au refuge en milieu d’après-midi, on en profite pour se reposer et se coucher tôt.
En route vers le refuge de Leirvasbu
Il a neigé près de 15 cm dans la nuit. Les conditions au petit matin ne sont pas encourageantes : grésil, nuages et froid sans vent (-10°C). On commence par une montée plein nord vers un col. La piste est repérée par des branches plantées dans la neige tous les vingt mètres environ pour baliser le chemin. Par beau temps, on ne comprend vraiment pas pourquoi il y en a tant mais une fois qu’on se retrouve dans un désert blanc aveuglant, on remercie la DNT d’avoir si bien fait les choses.
Ce jour-là, la météo hésite : parfois le soleil se montre mais bien vite, les nuages reprennent le dessus.
Une belle descente suivie de la traversée d’un lac terminent notre étape du jour. Le refuge de Leirvasbu est fermé, comme beaucoup d’autres à cette période. Deux kilomètres plus au sud, une cabane de secours est indiquée sur la carte. On décide d’y passer la nuit. Le lieu se révèle assez sommaire comparé au confort des refuges norvégiens mais nous sommes tout de même bien contents d’y passer la nuit. Il faut d’abord déneiger la porte.
A l’intérieur, le sol est en terre battue. Pendant la nuit, on s’aperçoit que cette cabane n’est pas aussi déserte que ce qu’elle laissait voir : c’est le royaume des souris qui prendront un malin plaisir à signaler leur présence à Alexandra, pas vraiment fan de ces petites bêtes.
Arrivée d’une grosse perturbation
Le vent a soufflé fort cette nuit, si bien qu’au petit matin, Alexandra ressemble à un bonhomme de neige car la poudreuse s’est infiltrée entre les planches. Une très longue journée de ski s’annonce. On part sous le soleil.
Vers 13 heures, une perturbation se profile avec des voiles d’altitude qui semblent arriver rapidement. Les paysages changent, en même temps que nous perdons de l’altitude : montagnes acérées, lacs gelés, puis de belles forêts. On arrive à bout de force au refuge de Skogadalsboen après avoir avancé pendant plus de 8 heures.
Petite sortie ski de rando autour du refuge
Comme les voiles d’altitude de la veille le laissaient présager, le temps est maussade aujourd’hui. Avec Lucas, on se motive pour aller tâter la neige autour du refuge. Sur la carte, on a repéré une pente pas trop raide qui a l’air sympa à skier. Effectivement, la neige est délicieuse. On rentre se reposer et préparer la journée du lendemain qui s’annonce longue et physique : beaucoup de dénivelés et de kilomètres pour rejoindre le refuge de Fondsbu avec une météo qui semble vouloir se détériorer.
On rentre se reposer et préparer la journée du lendemain qui s’annonce longue et physique : beaucoup de dénivelés et de kilomètres pour rejoindre le refuge de Fondsbu avec une météo qui semble vouloir se détériorer.
Echec cuisant
Nous partons à 7h15 du matin, prêt à en découdre avec cette fichue météo. Il fait étrangement chaud ce jour-là. Le vent de sud est installé, la neige fond à notre contact. En moins d’un quart d’heure, on est complètement trempés. Avec toute cette poudreuse, les pulkas se retournent sans cesse. On avant tout doucement, trop doucement. L’heure de la retraite a sonné ! Nous rebroussons chemin. De retour à la cabane, nous nous déshabillons entièrement pour faire sécher tous nos vêtements.
Dehors, il ne cesse de neiger. Nous risquons de devoir attendre le refroidissement pour repartir. Dans l’après-midi, on constate que la température est passée de 2 à 5°C. Il pleut maintenant ! Entre la neige humide qui colle aux peaux de phoque et les tonnes de poudreuses au-dessus de 1300 mètres, il va être très difficile de se frayer un chemin. On occupe le temps à grignoter, faire des photos, lire… en attendant le lendemain.
Un jour sans fin
Je ne pense pas exagérer en disant que cette journée restera gravée à vie dans nos mémoires. On se réveille à 6h du matin. Dehors, il pleut toujours. Lucas est anxieux car il sait qu’Alex n’a pas de DVA et qu’avec les quantités de neige tombées au cours de ces dernières 48 h, les indicateurs sont en train de virer au rouge vif. En même temps, nous ne pouvons pas nous permettre de patienter une semaine dans ce refuge en attendant le retour du beau temps. Nous décidons de nous mettre en route.
La traversée de la forêt se révèle aussi pénible que la veille mais, en gardant les yeux rivés sur la carte, ça passe. On s’engage vers le col. Le vent commence à rentrer, heureusement dans notre dos. On rencontre l’iso 0°C vers 1000 mètres en même temps que les branches plantées dans la neige pour matérialiser l’itinéraire à ski. La neige se remet à tomber.
Vers 1200 mètres, le combat commence
le vent se renforce, la neige nous pique le visage, les skis doivent casser une petite croûte avant de s’enfoncer dans 10 cm de poudreuse. De rares et éphémères éclaircies nous permettent de nous situer l’espace d’un instant et d’évaluer notre engagement par rapport aux avalanches potentielles. A priori, on ne risque pas grand chose là où nous nous trouvons mais sur toutes les pentes abruptes qui nous entourent, ça purge.
Au cours d’une trouée dans le nuage, on assiste à une belle descente de plaque à vent. La peur s’installe. Le vent soulève tant de neige que l’on ne voit plus grand chose. Nous envisageons un moment de faire demi-tour puis, après réflexion, nous préférons poursuivre. Le col n’est plus très loin.
La pression retombe un peu pendant la descente sur le lac malgré une visibilité si mauvaise qu’on ne parvient même pas à savoir si l’on descend ou si l’on monte. L’arrivée près du lac nous fait encore davantage monter en pression : il est en plein dégel ! Passer sur les côtés par des pentes abruptes et exposées aux avalanches est inenvisageable. On décide de traverser le lac. Pour gagner la glace épaisse loin du rivage, on traverse une zone de soupe plus que douteuse. On retient notre souffle en essayant de se faire léger, léger.
Ouf, ça tient ! Le vent devient franchement tempétueux. Les rafales sont si fortes qu’on se retrouve en chasse-neige pour tenter de s’arrêter, poussés par un vent qu’on estime à près de 80 km/h. La visibilité tombe à 5 mètres environ. Le doute s’installe mais on préfère continuer. Encore un lac à traverser. Là, c’est encore pire, il y a d’immenses flaques sur les bords et de belles fissures qui descendent jusqu’à l’eau.
La fatigue nous gagne et je fais une crise d’hypoglycémie.
Depuis le début de la journée, on ne s’est pas arrêté une seule fois. On fait une pause dans un trou à neige creusé par le vent et nous grignotons de la pâte d’amande et des fruits secs. On repart dans un brouillard effrayant. Il devient difficile d’apercevoir les branches plantées dans la neige. On prend un cap à la boussole. Tout d’un coup, des maisons apparaissent… ou plutôt des toits car c’est tout ce qui émerge de la neige.
On a l’impression d’avancer dans un village fantôme. Il nous reste encore un kilomètre à parcourir. Le GPS nous aide à trouver l’emplacement exact du refuge. La transition est brutale et finalement assez cocasse.
Ce refuge, le dernier de notre parcours, est gardé et il ressemble davantage à une auberge cossue qu’à une petite cabane. A l’intérieur, l’ambiance est feutrée. Des gens lisent des journaux dans des fauteuils confortables, sans aucune attention pour la tempête qui se déchaîne à l’extérieur. Pour récupérer de notre folle journée, on part se calfeutrer dans la tørke rom où règne un climat tropical.
You can check-out any time you like, but you can never leave!
Après une bonne nuit réparatrice dans un vrai lit, on se lève pour constater que, dehors, la tempête ne s’est pas essoufflée. Les prévisions pour la fin de semaine ne sont pas bonnes. On avait dans l’idée de prendre une sorte de bus sur chenillette qui roule sur la neige pour rejoindre la petite ville au sud du lac de Tyin. Mais le risque d’avalanche sur la route 53 est trop grand. Cela fait deux jours que le chauffeur ne peut pas venir. Après avoir été bloqués à Skogadalsboen, nous voilà bloqués à Fondsbu. Cela étant, les conditions de détention sont plutôt agréables.
On tente tout de même de sortir le bout du nez dehors. L’excursion sera de courte durée : on a eu notre dose hier ! Dans le refuge, l’ambiance est sympa : il y a un groupe de belges adorables, des anglais flegmatiques, un couple d’allemands timides, un aventurier venu d’Australie… et la patronne, sacrée bonne femme, qui pousse la chansonnette pendant les repas. Le soir venu, on se couche tôt car il nous faut partir, même si le temps ne s’arrange pas.
Se perdre sur un lac, c’est possible
Au petit matin, il fait seulement -2°C, le vent souffle en rafales. La visibilité est si mauvaise qu’on commence par se perdre. On traverse le village à la boussole en butant dans toutes les congères de neige qu’on ne découvre qu’au dernier moment lorsque les skis tapent dessus ! On retrouve la piste. Le lac de Tyin est devant nous. Il n’y a plus qu’à descendre plein sud. A travers le masque de ski, le paysage ne laisse apercevoir que du blanc ponctué de quelques branches de temps en temps.
Le vent balaie la neige de côté sur le sol, un peu comme un tapis roulant défilant à 60 km/heure de travers : on a presque mal au cœur et surtout, on peine à conserver notre équilibre. On avance et on finit par monter à flanc de montagne alors que nous devons traverser le lac.
Mais où sommes-nous ? Heureusement, le GPS, dans lequel nous avions enregistré des waypoints importants, nous permet de nous remettre sur la bonne piste. Par endroit, on traverse de grosses flaques et des fissures hérissées. On chemine ainsi sur plus de 15 kilomètres. Vers 14h, on parvient enfin sur la rive opposée du lac. Maintenant, il ne nous reste plus qu’à rallier la petite ville 4 km plus loin et 300 mètres de dénivelés plus bas.
Et là, miracle ! Des phares émergent du brouillard : c’est le norvégien en ski-doo qu’on avait croisé un peu plus tôt sur le lac dans le sens opposé au nôtre. On comprend que la piste que l’on voulait prendre est dangereuse à cause de la rivière et que la route est fermée à cause des congères et du risque d’avalanche.
On comprend aussi qu’il nous propose de nous emmener sur cette route avec son ski-doo et sa remorque. On embarque nos skis et nos pulkas et c’est parti. Je suis assise sur le ski-doo derrière notre sauveur bourru, Lucas et Alexandra bringuebalant dans la remorque au milieu de notre matériel. La route est épique. On heurte une congère rendue invisible par le brouillard mais heureusement on ne se retourne pas. Au bout d’un quart d’heure seulement, on arrive en ville, heureux et fatigués.
Conclusion de notre trip ski de randonnée en Norvège
La Norvège est un pays superbe, d’une grande sauvagerie. On y allait pour ça et on a été servi. Les conditions climatiques difficiles à cette période n’ont rendu l’expérience que plus inoubliable, même si, dans le moment, on se demande bien pourquoi on s’est embarqué dans cette galère ! Cela m’a donné envie de découvrir d’autres régions de ce pays mais la prochaine fois, on y retournera en été !
Matériel utilisé pour ce séjour ski de randonnée en Norvège
Nous avons porté une attention toute particulière au matériel en raison des conditions climatiques que nous avions imaginées rencontrer en Norvège et du choix du déplacement en autonomie. Habitués aux courses hivernales dans les Alpes, nous possédions déjà du matériel adapté aux grands froids mais il nous a fallu néanmoins investir dans certains équipements comme des sacs de couchage vraiment performants.
Equipements utilisés pour ce voyage ski de randonnée en Norvège
CATÉGORIE | MODÈLE | MARQUE | COMMENTAIRE |
SAC À DOS | Guide 35+ | DEUTER | Le sac à dos a été acheté pour faire de l’alpinisme. Il se prête très bien aussi au trekking. Agréable à porter, il présente une grande fermeture éclair en latéral, ce qui permet d’avoir accès au volume intérieur sans ouvrir le sac par la tête. |
SAC PULKA | Duffle | THE NORTH FACE | Doté d’un grand volume intérieur, très résistant, c’était le sac parfait pour contenir toutes nos affaires pendant cette traversée. Un très bon choix. |
PULKA | Pulka fabrication maison. Par défi et par refus d’investir des sommes colossales pour 3 pulkas, Lucas s’est décidé à les réaliser lui-même. Il y a bien sûr des améliorations à apporter mais elles ont très résistées. | ||
SPLITBOARD | Mojo RX | VOILE USA | Ne pratiquant pas le surf, j’ai investi dans une splitboard pour bénéficier des plaisirs du surf en descente et de la facilité de déplacement des skis sur le plat ou en montant. Malheureusement, la splitboard ne présente pas que des avantages. Depuis, je l’ai vendue et j’ai investi dans une paire de skis de rando. |
BOOTS | Decade | NORTHWAVE | Des boots où on se sent comme dans des chaussons moelleux. Je n’ai jamais eu froid aux pieds grâce à elles. |
CRAMPONS | G10 | GRIVEL | Excellents crampons légers. Je ne m’en suis servi qu’une seule fois au cours de notre voyage mais j’étais contente de les avoir. |
TENTE | VE25 | THE NORTH FACE | Prêté par un ami, la tente ne nous a servi qu’une seule nuit. C’est la tente d’expé par excellence. |
SAC DE COUCHAGE | Snowline | MOUNTAIN EQUIPMENT | C’est l’investissement le plus lourd de notre voyage mais c’était vraiment utile. Lors de notre première nuit sous la tente, la température est descendue à – 10°C et je n’ai pas eu froid du tout. Un vrai bonheur. Le seul bémol, c’est que le duvet est un peu gros mais je pense que dans cette catégorie de duvet, il est impossible de trouver un duvet résistant à des températures inférieures à – 10°C tout en étant léger et peu encombrant. |
MATELAS DE SOL | Prolite plus woman | THERMAREST | Confortables et peu encombrants, ils ont parfaitement répondu à nos attentes. Ils nous accompagnent désormais dans tous nos bivouacs. |
RÉCHAUD | Gravity II EF | PRIMUS | Excellent réchaud, léger, performant, et qui sait se faire tout petit dans le sac. |
CASSEROLE | Eta Power pot | PRIMUS | Casserole à ailette ayant une contenance importante. Rien à redire, elle remplit bien sa fonction. |
THERMOS | PRIMUS | Thermos à double paroi résistant et bien isolant. C’est un élément à ne pas oublier lorsqu’on part en voyage dans un pays froid ! | |
TASSE PLIANTE | X Mug | SEA TO SUMMIT | Nous avions tous acheté cette tasse car, une fois pliée, elle ne prend presque pas de place : seulement 15 mm d’épaisseur ! Le gros inconvénient de cette tasse, c’est que le matériau (silicone alimentaire) conserve le goût des aliments que l’on met dedans. Je ne l’utilise plus pour manger et je suis revenu au bon vieux bol en plastique. |
COUTEAU | N°8 | OPINEL | Le couteau classique par excellence. Il est de tous les voyages. |
FRONTALE | Tikka XP | PETZL | Légère et largement assez puissante pour servir le soir au bivouac. |
ALTIMÈTRE | Core | SUUNTO | Un peu gros au poignet mais vraiment très pratique quand on est montagne. C’est devenu un outil de sécurité, au même titre que la boussole et la carte. Et puis, ça nous permettait de connaître avec précision tous les cumuls de dénivelés de la journée. |
GPS | GPSmap 62x | GARMIN | Il nous a sauvé la vie par deux fois. Je ne peux que lui être reconnaissant de nous avoir remis sur le bon chemin ! Indispensable pour un voyage comme celui-ci. |
BOUSSOLE | Expedition | SILVA | Boussole à plaquette très complette. Indispensable également même si le GPS possède également une boussole électronique. |
Vêtements utilisés pour ce raid ski de randonnée en Norvège
BONNET | Bonnet péruvien qui protège les oreilles et doublé en polaire. | ||
MASQUE DE SKI | BOLLE | Modèle destiné au mauvais temps. C’était un bon choix pour ce voyage qui nous a réservé tout ce qu’on peut imaginer en matière de météo tempétueuse. | |
LUNETTES DE SOLEIL | Whoops | JULBO | Lunettes larges et couvrantes, catégorie 3. Lorsque le soleil était là, elles ont bien protégé mes yeux. |
CACHE NEZ | Masque pro thermo line | ARVA | Vraiment pratique pour protéger le visage du froid, du vent et de la neige. J’essayais de le porter le moins possible car j’avais la sensation d’étouffer un peu mais j’imagine que c’est très personnel comme sensation. |
MOUFLES | MILLET | Moufles double épaisseur très chaudes. Parfaites. | |
SURMOUFLES | P A C | CO.TE.NOR | Indispensables pour couper du vent et protéger les moufles des intempéries. |
T-SHIRT CHAUD | Icebreaker GT baselayer 200 | ICEBREAKER | T-shirt en laine mérinos à manche longue et col zippé. C’était un investissement qui valait le coup. Pourtant porté tout au long du périple, aucune odeur ne s’en dégage et il apporte vraiment de la chaleur. |
POLAIRE | MILLET | Polaire à poils très chaude avec capuche. Indispensable. | |
VESTE COUPE-VENT | Dome pac Gore Tex Snow Woman | SALEWA | Légère et bien compressible dans le sac. Néanmoins, pas suffisamment imperméable pour supporter la neige humide ou la pluie, même sur des périodes courtes (1h de précipitations). |
DOUDOUNE | MILLET | Bonne doudoune mais elle a une tendance marquée à perdre ses plumes ! | |
COLLANT POLAIRE | MILLET | Je l’avais pris uniquement pour le porter le soir au refuge. Il est bien chaud. | |
PANTALON DE SKI | Windy summit | VERTICAL | Encore un investissement que je ne regrette pas. Avec le vent que nous avons eu, je n’ai pas eu froid une seule fois grâce à ce pantalon doublé et exceptionnellement coupe-vent. En revanche, côté imperméabilité, il doit y avoir mieux. |
CHAUSSETTES | Tepap expedition | PROPEN | Un cadeau bienvenu : je n’ai jamais eu froid au pied avec ces chaussettes. Il faut dire qu’elles sont extrêmement épaisses. |