Yoann FOULON nous raconte son expérience d’escalade Trad et Big Wall Yosemite aux Etats-Unis.
Informations pour préparer un séjour escalade Trad et Big Wall aux Etats-Unis
Date du séjour escalade aux Etats-Unis
Du 04 au 12 octobre 2013
Quand partir faire de l’escalade aux Etats-Unis
L’automne est une excellente période pour grimper au Yosemite , Indian Creeks et Needles
Lieu :
USA – Nous devions concentrer notre séjour dans le Parc national du Yosemite, mais les grèves du mois d’octobre ont entraîné la fermeture des Parcs durant 2/3 de notre séjour. Nous avons pu y grimper que la dernière semaine. Ce n’est qu’un moindre mal car ça nous a permis d’aller découvrir des falaises très différentes : Les Needles et les murs rouges de l’Utah avec « Indian creek » et les fameuses tours du « White Rim Road ».
Participants à ce séjour escalade Trad et Big Wall au Etats-Unis
Yoann Foulon et l’équipe nationale d’alpinisme masculine FFME
Caractéristiques des Etats-Unis :
Le pays des excès : grosses voitures, villes énormes, paysages gargantuesques, forêts disproportionnées et bien sûr, des kilomètres de falaises d’une ampleur incroyable.
Quoi d’autre dans les environs :
Pour trouver d’autres spots d’escalade, vous pouvez jeter un coup d’œil à cet article présentant une sélection des plus beaux parcs nationaux des USA, où l’escalade est régulièrement pratiquée pour certains.
Retrouvez d’autres activités à faire aux Etats-Unis dans les articles ci-dessous : rando, trekking, alpinisme…
- Les plus belles randos autour de Las Vegas
- Le Continental Divide Trail
- Le Pacific Crest Trail
- L’Ascension du Denali en Alaska
Bibliographie :
- « Yosemite Big Walls », Super Topo, Chris McNamara et Chris Van Leuven
- « Desert tower select », Super Topo
- « Indian Creek – a climbing guide », D.Bloom ed Sharp End Publishing 2013
Lien internet :
Escalade sur les Big Wall des Etats-Unis au Yosemite
Escalade au milieu des forêts californiennes, aux Etats-Unis
Le 4 Octobre nous arrivons aux Etats-Unis, jour où le « shut down » (grève nationale entraînant la fermeture des parcs nationaux) commence. Il est impossible d’aller grimper sur les vertigineux murs du Yosemite, il faut trouver un plan de rechange. C’est dans un des nombreux fast-foods americains, burger bien gras dans les mains, que nous trouvons une alternative. Il existe, proche du parc convoité, un site d’escalade appelé les Needles. Nous décidons d’aller y grimper 3/4 jours en espérant que les Parcs réouvrent leurs portes après.
Escalade aux Etats-Unis : Les Needles
Les Needles, c’est un spot magique caché au beau milieu d’une immense forêt californienne. Des tours granitiques s’élèvent bien au-delà des arbres et forment des dômes. Un lichen jaune fluo prospère sur ce rocher et lui donne une allure des plus fantastiques.
L’approche du parking nécessite un bon quart d’heure de piste (il vaut mieux avoir un bon 4×4), ce qui nous éloigne encore plus de toute civilisation et nous fait clairement entrer dans le monde sauvage. Les arbres sont géants et il vaudrait parfois mieux marcher avec un casque tant les pommes de pins qui tombent des arbres (ou du ciel, parfois on ne sait pas trop) sont énormes (ballon de rugby).
Du parking, 1h de marche est nécessaire pour atteindre les dômes granitiques. On traverse ainsi une forêt sauvage au sol sableux. Quelques curieux écureuils croisent notre chemin, et on s’attend à rencontrer un ours à tout moment. La découverte du granit écarquille nos yeux. Ces dômes à la couleur si fluorescente semblent sortir du réel. L’impatience de l’escalade se ressent dans nos pas qui sont de plus en plus grands et rapides.
Atlantis
L’escalade ici est synonyme de terrain d’aventure. Les voies représentent des lignes de fissures évidentes où la protection nécessite la mise en place de coinceurs. La première ligne qui attire notre attention s’appelle « Atlantis », elle présente un niveau d’escalade peu élevé, 6b max, mais il faut se méfier des cotations du site (c’est plutôt très sévère).
L’escalade aux Etats-Unis requiert des techniques peu développées chez les Européens : les verrous dans les fissures (de mains, de doigts, de pieds, de genoux, coudes…). Cette première voie est un vrai régal et nous certifie un beau séjour dans cette forêt californienne. Les gants de straps sont indispensables dans ce style d’escalade. Cela permet de protéger les mains des verrous un peu douloureux.
Don juan
Le lendemain, deux autres voies nous permettent de nous élever au-delà la fôrêt. « Don juan » est vraiment une belle voie à faire, son niveau max en 6c+ demande de nous employer un peu plus. C’est pas facile d’accepter une telle lutte dans un niveau qui en Europe nous demanderait quasiment pas d’effort. Mais nous avons été prévenu !
Romantic warrior : voie d’escalade aux Needles, Etats-Unis
La plus belle voie que nous réalisons sur ce site s’appelle « Romantic warrior », niveau 7b max. Elle représente une escalade très raide, par endroit déversante, et demande un peu de technique en matière de pose de coinceurs qui ne sont pas faciles à positionner. C’est difficile de rester concentrer et de garder le moral sur de telles longueurs, cela demande un vrai combat émotionnel. Certains passages difficiles nous incitent à artifer pour rester prudent. L’arrivée au sommet coïncide avec le coucher du soleil, offrant des couleurs flamboyantes. Fatigués mais heureux de l’escalade accomplie, ces journées représentent souvent un magnifique partage de bonheur avec les amis.
Ces trois jours d’escalade granitique aux Etats-Unis ont eu raison de la peau de nos doigts et de nos muscles, un break s’impose. Il est temps de retourner vers la civilisation pour obtenir des informations sur l’état d’ouverture des Parcs nationaux. Malheureusement, le « shutdown » continue et le parc du Yosemite ne risque pas d’ouvrir ces portes avant une dizaine de jours.
Nous décidons donc de découvrir les spots de l’Utah… Direction Moab et ses falaises de grès rouge !
Escalade dans le desert aux Etats-Unis : Indian Creek et la White Rim Road
Treize heures de voiture sont nécessaires pour atteindre l’Etat de l’Utah. Les routes représentent le plus souvent de longues lignes droites interminables (vive les voitures automatiques). En arrivant à Moab nous observons un paysage digne d’un western : désert, falaises rouges, la ville est tout en ligne droite. Nous nous réapprovisionnons au supermarché pour prévoir le séjour de 3 jours d’escalade à Indian Creek.
Escalade à Indian Creek, aux Etats-Unis
Comment définir « Indian Creek » ? C’est d’abord un canyon, bordé de kilomètres de falaises de grès rouge. Sur ces falaises il y a des milliers de fissures rectilignes et pures. Toutes ces fissures sont autant de lignes évidentes à grimper. Cela fait un sacré nombre de voies potentielles ! Toutes ces voies s’escaladent donc en mode terrain d’aventure, et il est nécessaire d’avoir plusieurs jeux de Camalot pour en apprécier l’escalade. Ce site représente essentiellement des voies de couennes de 15 à 40 m de haut. Pour choisir une voie il suffit de longer la falaise et s’arrêter devant une fissure qui vous plaît. Un relais chaîné est généralement présent en haut des fissures pour descendre ou installer une moulinette.
Nous nous sommes installés au camping sauvage présent dans le cayon. De là, tous les secteurs sont à moins de 10 minutes de voiture.
Rubis café : voie d’escalade à Indian Creek aux Etats-Unis
Le premier jour nous avons grimpé au secteur de « Rubis café ». Nous avons commencé par une fissure dièdre en 6a. Pour des grimpeurs français plus habitués aux arquées et aux colos, il nous est difficile d’avoir l’automatisme de faire des verrous et nous nous épuisons à grimper en Dülfer… Voie après voie, nous nous habituons peu à peu à ce style d’escalade et nous y prenons goût.
Une belle petite fissure attire notre regard dans l’après midi. Verticale au début, elle franchit un petit toit dans le tiers supérieur : il s’agit de « Rubis café » une voie en 7c. On ne résiste pas longtemps à la tentation et Dimitri se dévoue pour aller poser les coinceurs dans cette merveilleuse ligne. Le problème avec ces fissures, c’est qu’en général, elles nécessitent des coinceurs de même taille ou très proches. Il faut beaucoup de jeux !
Après avoir réquisitionné les coinceurs petites tailles de toute l’équipe, Dimitri se lance dans la ligne. Cette voie nécessite d’avoir de petits doigts et de grimper avec le plus de finesse possible. Au vu de la difficulté, nous essayons fanatiquement de grimper cette ligne en moulinette tout le reste de la journée. Aucun ne parvint à un enchaînement et nous rentrons tous avec les doigts bien amochés. La lumière de fin de journée nous rappelle que nous grimpons dans un lieu magique, quel bonheur…
Deuxième jour sur « Rubis café »
Le deuxième jour les doigts piquent déjà. Nous sommes contraints de grimper dans des fissures un peu plus larges que la veille, mais cela n’est pas pour autant plus facile. Il y a une taille intermédiaire de fissure (Camalot violet / rouge) où la fissure est trop large pour les doigts mais trop étroite pour les mains. Ces fissures de tailles moyennes demandent plus de ressources dans la poussée du pouce et on rentre assez vite dans une résistance insoutenable. Pour ma part, la taille parfaite de fissure est le Camalot vert, ou plus large en jaune ou bleu.
Pendant deux jours nous grimpons donc des lignes de fissures variées mais toujours belles et dont l’esthétique linéarité entraîne notre regard et notre corps vers le haut. Le ciel bleu fait un fantastique contraste avec la couleur rouge de la roche. Quelques belles coches sont à l’honneur…
White Rim Road :
Le quatrième jour, il est temps d’aller refaire surface avec le monde réel à Moab, l’occasion de prendre une douche, faire à nouveau le plein d’eau, et surtout de manger un bon burger à l’américaine ! Nous en profitons également pour prendre des nouvelles de l’état de la grève dans les Parc nationaux… Toujours fermés en Californie, mais les parcs de l’Utah permettent à nouveau leur accès. Un projet intéressant se tisse : aller grimper trois jours dans le désert le long de la « White Rim Road ».
Il s’agit de faire un circuit dans le dessert en 4×4 et de s’arrêter grimper chaque jour sur une belle tour de grès. Après avoir fait les réserves d’eau et de nourriture, nous nous procurons un permis pour entrer dans le parc. Le parc est constitué de plusieurs canyons imbriqués les uns dans les autres. Cela donne une dimension irréelle. Nous pourrions nous croire dans les fonds océaniques. L’entrée du parc se fait par le haut, une route surplombant les falaises permet de descendre en serpentin dans les canyons gigantesques. Les bords du canyon sont évidemment constitués de falaises. Nos yeux sont rivés sur ces murs immenses, on imagine dans les secousses du 4×4, des lignes d’escalade partout.
« Washer woman » ou « Monster tower »
Le premier jour, deux tours s’offrent à nous : « Washer woman » ou « Monster tower ». Nous divisons le groupe en deux,. Kevin et Renaud vont grimper dans « Monster tower », Philippe et moi dans « Washer woman ». Il s’agit d’une tour d’une centaine de mètres de haut qui se grimpe en prenant un cheminement de fissures. C’est très esthétique mais le rocher est assez friable par endroit, l’ambiance est nettement plus « montagne » qu’à Indian creek. Un bon entrainement avant les Big Wall du Yosemite.
Le paysage derrière nous est prodigieux, on a la réelle impression de planer au dessus des canyons. La dernière longueur constitue la tête de la « Washer woman ». Du bas, elle donne l’impression d’être posée en équilibre au sommet de la tour. Une petite boîte au sommet abritant un carnet et un crayon permet de laisser ses émotions par écrit. A la descente, un rappel surprise en fils d’araignée permet d’admirer le paysage à travers un trou immense de la tour.
Standing rock
Le lendemain nous grimpons sans doute la tour la plus exceptionnelle : « standing rock ». Véritable tour de Pise, elle ressemble à une pile d’hamburgers et se trouve dans un canyon secondaire, il faut se creuser les méninges pour trouver un chemin de descente. Trois longueurs permettent d’atteindre son sommet de 3m de diamètre. On y éprouve un sentiment vraiment unique, c’est un vrai sommet auquel rien n’est attaché. Nous sommes au milieu du ciel.
Quatre bonnes heures de 4×4 sont nécessaires pour atteindre la dernière tour « Moses ». L’escalade de cette dernière par la voie « Primrose dihedral » est sans doute la plus belle de cette traversée désertique. Le rocher est parfait et les lignes de fissures sont très esthétiques. Ce fut une journée magique avec la rencontre au sommet de Steph Davis qui nous fit une belle démonstration de BASE JUMP.
De retour à Moab, nous apprenons l’ouverture du parc national du Yosemite et décidons d’y partir sans plus attendre. 13-14 heures de voitures nous déposent au pied des Séquoias géants.
Une semaine pour grimper au Yosemite
Le Yosemite est un parc national situé dans l’Etat de Californie. La géographie est plutôt montagnarde. On y trouve de vastes étendues de forets de conifères dont des Séquoias géants plusieurs fois centenaires. Et surtout des falaises d’une ampleur titanesque. Beaucoup de dômes de rocher granitique sortent de la forêt. Un peu comme dans les Needles mais en quatre fois plus grand. Nous concentrons nos objectifs sur la falaise d’El capitan, un mur raide de près de 1 km de hauteur. C’est surprenant lorsqu’on la voit pour la première fois, on se sent si petit. Presque irréel. C’est un lieu connu mondialement, mais ils ont su le préserver et malgré la fréquentation, on sent tout de même la nature sauvage. La présence des ours est bien là pour le rappeler.
Tangerine trip dit le « voyage de la Mandarine » : Premier Big Wall du Yosemite
Il nous reste plus qu’une semaine avant notre retour en Europe. Nous espérons avoir le temps de grimper une voie d’artif et une voie en libre. Pas le temps donc de faire du tourisme. Aussitôt arrivés, nous préparons les sacs pour passer 3 ou 4 jours en paroi. Nous constituons trois cordés : Antoine L, Eric J et Dimitri M partent dans le « shield » suivi de Renaud F, Mael B et Antoine P.
Alors que Kevin P, Philippe BATOUX et moi partons dans « Tangerine trip » dit le « voyage de la Mandarine », nos sacs sont énormes et très lourds, heureusement que la marche d’approche est courte. Il faut tout de même ¾ d’heure pour atteindre le pied de la face gargantuesque. Nous passerons la nuit au pied de la voie afin de partir directement à son assaut au lever du jour. Après avoir suspendu nos sacs de nourriture sur les premiers mètres de la voie afin d’éviter de se les faire voler par un ours, nous fermons les yeux sous cette immense paroi qui file droit vers les étoiles. Nous passerons nos prochaines journées perdus dans ces murs,… incroyables.
C’est parti pour l’escalade de la Tangerine Trip, aux Etats-Unis
Philippe attaque la première longueur déjà côté A3, contrairement a de l’escalade libre, l’escalade artificielle impose une certaine lenteur. Il faut trouver l’itinéraire le plus adéquat, utiliser les meilleurs outils de progression et de protection et les employer convenablement. Même Philippe qui est un grimpeur expert dans la matière, grimpe au ralentit, et il lui faut bien deux heures pour atteindre le premier relais.
C’est là que la logistique commence, on positionne les sacs pour leur premier hissage. Philippe utilise une poulie micro-traction et une poignée jumar pour hisser les sacs lourds de plus de 50 kilos. Pendant ce temps Kevin commence à déséquiper la longueur en montant au jumar et je monte rejoindre Philippe et me prépare à partir dans la deuxième longueur.
La concentration dans les longueurs est maximale, on ne voit pas le temps passer. Je tire sur un piton pour positionner un « friend », quand d’un coup je me retrouve attiré par la gravité. Le piton a lâché, c’est de ma faute je ne l’ai pas assez testé et j’aurais dû utiliser un piton plus long. La chute semble longue mais s’arrête en douceur, une belle plaquette a stoppée ma chute, juste quelques écorchures aux bras. Il faut repartir, re pitonner le piton, re tirer dessus en espérant qu’il supporte mon poids, et en avant… On enchaîne les longueurs chacun notre tour. L’un grimpe, l’autre assure et le troisième se repose pour partir dans la suivante. C’est intéressant de grimper à trois.
Fin de la première journée
À la fin de la première journée nous n’avons gravi que 5 longueurs. Suspendus sur trois plaquettes et à cheval sur nos sacs, nous installons le premier bivouac. Le dépliage des Portaledges (il s’agit d’un lit suspendu, qui permet d’acquérir un confort non négligeable au milieu de la falaise) prend un certain moment. Il aurait été préférable de s’entraîner à le déplier lorsque nous étions encore en bas. Après 20 bonnes minutes d’effort nous voilà enfin installés confortablement sur nos plateformes à savourer un bol de nouilles chinoises et un petit sandwich. C’est super d’être sur un Portaledge. On surplombe toute la face gravie. Sentiment d’être dans les airs entre le sol et les étoiles.
Deuxième jour d’escalade au Yosemite, aux Etats-Unis
Le deuxième jour c’est le même combat. Nous prenons vite les automatismes et des routines s’installent. Le rythme est donné et nous nous sommes lancés vers le sommet. On prend de plus en plus de hauteur et la mesure de l’immensité de cette étendue granitique semble impalpable. Nous sommes des naufragés de la verticale.
Le troisième jour, nous commençons à douter de la possibilité de sortir aujourd’hui, il nous faudra une journée de plus c’est évident. Il fait très chaud sur la paroi. Nous sommes contraints de nous restreindre en eau pour tenir une journée de plus. On grimpe avec la bouche sèche et quelques crampes font leur apparition. Au troisième bivouac, après avoir installé les portaledges, nous trouvons deux bouteilles de plus. C’est un grand soulagement, nous pourrons ainsi nous désaltérer convenablement… on revit.
Nous atteignons le sommet le lendemain à 15 h 00. Enlever ce foutu baudrier et pouvoir marcher de nouveau librement provoque une sensation de liberté.
Nous retrouvons les autres au camp. Nous échangeons nos impressions et l’aventure dans nos voies respectives. Tout le monde semble heureux et nous fêtons ça comme il se doit.
La triple direct 1000 m dans un Big Wall du Yosemite
Une journée de repos est nécessaire, boire et manger sera la ligne directrice de la journée.
Nous rentrons à San Francisco dans deux jours, autrement dit il reste une journée de grimpe aux Etats-Unis. Avec Kevin et Philippe nous sommes bien motivés pour exploiter ce dernier créneau afin de tenter une voie à la journée. Nous choisissons « la triple direct ». C’est une combinaison de voies sur El capitan qui commence dans « Salathé », puis passe dans une portion du « Shield » pour finir dans les murs raides du « Nose ». 1000 m d’escalade dans la journée, cela risque d’être chaud…
Nous partons à 4h du matin. La première partie du « free blast » est équipée de cordes fixes permettant d’éviter les 10 premières longueurs. Nous commençons l’escalade à partir de « Mamot terrass ». L’idée de départ était de grimper en libre mais on s’est vite rendu compte qu’avec un tel horaire à respecter ce serait difficile. Nous passons donc beaucoup de passages en « artif ». Nous grimpons tous 4-5 longueurs, chacun notre tour. Le rocher est très lisse et la pose de pied bien délicate. Bien que le cadre soit majestueux et l’ambiance très gazeuse, ce n’est pas la plus belle escalade du séjour. Toutes ces longueurs de fissures méritent pourtant d’être grimpées et je me dis qu’il faudra revenir pour tenter de grimper en libre cette magnifique voie. Au prix d’une grimpe marathonienne nous arrivons au sommet à minuit tout pile, heureux de l’escalade accomplie !
La descente du long sentier escarpé finit de nous achever. Nous arrivons au camp vers 3h du matin où nous ne résistons pas à un petit « graillon » avant de nous coucher exténués dans nos sacs de couchage.
Fin de ce séjour escalade aux Etats-Unis
De belles images plein la tête, le corps meurtri de fatigue. Nous rentrons à San Francisco pour prendre l’avion qui nous ramènera au pays du fromage et du bon vin trop longtemps délaissé… Mais une chose est sûre, il faudra revenir. Cette nouvelle expérience des Big Walls nous offre de nouveaux rêves. Rêves de falaises immenses perdues au fin fond des montagnes de notre belle planète.
Je remercie Michael, Audrey, Mélodie, Claire et Mathieu de m’avoir permis de prendre ces vacances pour vivre ces aventures.
Merci aussi à PETZL, ICEBREAKER, SCARPA, BEAL, Camp et GARMIN pour le matériel de qualité.
Et enfin, merci à Jade de toujours me soutenir.
Matériel utilisé durant ce séjour escalade Trad et Big Wall du Yosemite aux Etats-Unis
Matos | Nom | Marque | Premier sentiment | Remarques |
Veste | Quasar pullover | Mountain Hardwear | Légère, aucune gêne dans les mouvements. Elle semble très fine, présente-elle une bonne imperméabilité et une bonne résistance à l’abrasion? | Il s’agit d’une veste de montagne minimaliste : pas de poches, un zip 1/3, une petite capuche. Elle permet néanmoins une bonne protection face aux intempéries, j’ai pris la pluie et la grêle, l’eau ne pénètre pas. Sa finesse offre une bonne respirabilité pour ne pas étouffer dans les moments plus physiques. La Quasar pullover se plie en tout petit dans sa capuche et rentre facilement dans la tête d’un sac. La fine capuche permet sans gêne d’enfiler son casque par dessus et isoler ainsi correctement sa tête. Le seul inconvénient de cette veste c’est sa fragilité en escalade : en abrasion sur le rocher, elle n’a qu’une résistance limitée. Cependant elle est tellement légère que j’avais du mal à l’enlever, autant pour marcher que pour grimper, c’est un très beau produit. |
Première peau | Icebreaker | Légère, proche du corps mais bonne liberté de mouvement. J’apprécie les passants pour les pouces. Cela permet de maintenir les manches lorsqu’on grimpe avec les bras en l’air ou lorsqu’on enfile une couche supérieure. | Cette première peau est agréable à porter, même dans l’effort elle ne gêne pas (il n’y a pas cette effet colle qui peut y avoir avec du synthétique). Elle évacue facilement la transpiration. Sur les marches d’approches je ne portais qu’elle. Et dans les moments plus frais j’ajoutais seulement une micropolaire et la veste Quasar pullover. Le passant pour les pouces est très agréable, il permet le maintien des manches lorsqu’on grimpe ou lorsqu’on enfile une seconde couche de vêtement. | |
Caleçons | Icebreaker | Sceptique sur le confort de la laine : peur que cela gratte | Au final, très confortable, et cela limite grandement les odeurs : si tout le monde était habillé de la tête aux pieds en laine Mérinos, les dortoirs des refuges sentiraient meilleur… | |
Baudrier | Adjama | Petzl | Dans le magasin je l’ai trouvé plus confortable que les autres baudriers. Pour un harnais réglable je le trouve assez léger et compact. | Vraiment très confortable, c’est la première fois que je finis une course en montagne (rocher) sans marques du baudrier sur le corps. Réglable aux cuisses, 4 portes matos, porte caritool, léger, compact et confortable l’Adjama est un vrai baudrier d’alpinisme, il n’y a rien à en redire… |
Casque | Sirroco | Petzl | Casque léger, je m’interrogeais sur sa résistance et au vu de ses sangles fines j’avais un peu peur qu’il soit inconfortable | Sa légèreté est exceptionnelle, on ne le sent pas sur la tête, les sangles fines se calent correctement le long du visage, elles n’apportent donc aucune gêne. Un aimant permet de clipper facilement le casque (même avec des gants). Contrairement à d’autres casques celui-ci ne se marque pas, des tests indiquent qu’il est plus résistant que les casques Elios. |
Chaussons | Instinct Vs | Scarpa | Chausson rigide, pas de points douloureux, le pied comble bien tout le chausson. La tenue du pied par l’élastique en plus du scratch est agréable. Mais j’étais un peu sceptique sur le confort en grande voie… | J’ai pris ce modèle deux tailles en dessous de ma pointure de ville, mon pied est très bien maintenu. Ce qui est surprenant c’est qu’aucun point douloureux n’apparaît lorsque je grimpe. Le chausson est divisé en deux par une partie souple en son milieu. L’avant est très rigide et légèrement crochetant ce qui offre une merveilleuse griffe sur les réglettes. La structure souple sous la voute plantaire permet d’apprécier cette technicité sur tous les profils (même les à-plats en dalle ne sont pas gênants). En revanche je trouve le talon un peu trop rigide, la sensation des prises est difficile à appréhender. La gomme sur le dessus du pied m’avait parut gênante au premier abord. Mais on s’y habitue, et cela se révèle même être une arme redoutable pour l’escalade en fissure. L’instinct est à mon sens un chausson extrêmement polyvalent, j’ai enfin trouvé un chausson précis et confortable pour les grandes voies. |
Marteau | Brenva | Camp | Un gros marteau, mais qui semble facilement maniable | Le long manche permet d’avoir une meilleure inertie et un bras de levier plus important. Très efficace ! |
Echantillon du matériel présent au Yosemite :
Catégorie | Nom du modèle | Marque | Pourquoi avoir fait le choix de ce model au départ | Est ce que ce choix a répondu à l’expérience racontée dans ce roadbook | Si c’était à refaire |
Doudoune | M Vega jkt | Mountain Equipment | Très bon compromis entre légèreté, compacité et chaleur (vérifié, je l’emmène partout, c’est plus chaud que n’importe quel autre vêtement et en plus elle prend tout juste la place d’une petite polaire) | Oui, attention toutefois à deux points, (1) à la fragilité du produit : résistance à l‘abrasion réduite, donc à éviter dans les cheminées et autres étroitures (2) au pouvoir imperméable limité, produit seulement déperlant | A garder |
Veste | Quasar pullover | Mountain Hardwear | Imperméabilité, respirabilité, légèreté, et liberté dans les mouvements | Oui, ultra compact elle tient facilement dans la tête d’un sac. Seule inconvénient : elle peut être un peu fragile… | Difficile de la quitter… |
Première peau (haut) | Icebreaker | Un léger apport de chaleur avec une bonne respirabilité et la tenue des manches par des passants de pouces | Oui, en plus l’ouverture du col permet d’ajuster en fonction du ressenti de température | A continuer, pour l’hiver j’essaierai de trouver le même style en plus chaud | |
Première peau (pantalon) | ??? | Millet | Chaud et respirant | A renouveler | J’essaierai un caleçon en laine Mérinos |
Pantalon léger | Explorer | Cimalp | Léger, et très élastique, il permet une bonne aisance des mouvements | Oui | A renouveler |
Pantalon softshell | Arc’Teryx | Le caractère coupe vent du pantalon, Quand je l’ai reçu j’ai eu peur qu’il soit trop chaud pour grimper en falaise au Yosemite | Au final, j’ai fortement apprécié le pantalon, je n’ai jamais eu trop chaud dedans alors qu’on grimpait en tee-shirt par moment. Il peut même être utilisé en hiver pour le ski ou la cascade de glace (testé). Pantalon hyper polyvalent et hyper robuste. | A renouveler | |
Duvet | Phantom 0 | Mountain Hardwear | Chaud et léger | Oui, 4ans que je l’utilise, même en dormant dans la neige je n’ai jamais eu froid | A refaire sans hésitation |
Matelas confort | NeoAir | Thermarest | Il me semble confortable | Il est vraiment très confortable, on a l’impression d’être dans son lit | A refaire pour tout Camp de base. |
Matelas léger | Prolite 3/4 | Thermarest | Ultra léger et ultra compact | Prend peu de place | A refaire |
Réchaud | Optimus | Providus | Légèreté | Oui, Parfait pour des courses où le poids est un élément important pour la réussite de la course | A refaire, mais en big wall les réchauds type « jetboil » sont hyper pratiques car suspendables |
Sac à dos | Talon 22 | Osprey | Légèreté. Je doutais sur sa suffisance en volume. | Très confortable et la contenance est suffisante pour toutes les voies à la journée que nous avons grimpées | A refaire |
Sac de hissage | Touchstone haulbag 70L | Black Diamond | Hissage en parois et utilisation en sac de voyage | Bien, mais je le trouve un peu trop rigide dans le dos. Peu confort pour les longs portages. Le volume est parfait pour ce que nous avons fait | J’essaierai le modèle de chez Metolus |
Harnais | Adjama | Petzl | Compromis entre légèreté, compacité et confort | Oui, surpris du confort, c’est la première fois que je n’ai pas la marque du baudrier après des grandes voies | A refaire |
Mousquetons | Jumbo HMS | Simond | Grande ouverture, confortable pour les manips | Oui | A refaire |
Mousquetons | Attache 3D | Petzl | Forme poire de taille moyenne. Modèle léger | Oui, le seul point négatif est sa visserie qui a tendance a s’ouvrir facilement. | A refaire |
Poulie traction | Micro traction | Petzl | Indispensable pour réaliser un secours en crevasse | Oui | A refaire |
Corde à double | Cobra II 60m golden unicore | Béal | Fine et fluide | Oui | A voir la résistance à l’usure dans le temps, pour l’instant j’en suis très satisfait |
Corde à simple | Booster | Béal | Corde robuste | Oui, même avec les remontées au jumar au Yosemite elle ne s’est pas tellement abimé | A refaire |
Chaussures | Zen | Scarpa | Chaussures agréables | Oui | A refaire |
Montre altimètre | Fenix | Garmin | Prêt | Montre alti Fenix Garmin Prêt Très bien, peu volumineuse pour tout ce qu’elle apporte. | A refaire, une vraie station d’information, une aide précieuse pour la montagne |
Frontale | Tikka 2 plus | Petzl | Bon éclairage et différents modes d’éclairage (puissance) | Oui | J’essaierai bien les nouvelles Tikka R+ ou RXP pour comparer |
Coinceurs | Flit Flex | Kong | Le prix | Oui, mais attention leur stabilité est limitée | Je préfère grimper avec les Camalots de Black Diamond car ils permettent une meilleure amplitude d’ouverture, ils offrent une plus grande stabilité et ils sont plus résistants à l’usure : les câbles d’ouverture des « flit flex » ont tendance à se décrocher |
Coinceurs | Camalot C3/C4 | Black Diamond | Stabilité, bonne amplitude d’ouverture et robustesse (même sur les petites tailles) | Oui | A continuer |
Coinceurs | Camalot X4 | Black Diamond | Souplesse | Oui, en plus ils offrent un meilleur compromis de souplesse contrairement aux Aliens qui sont un peu trop souple (difficiles à placer) | Un jeu à avoir |
Dégaines | Spirit | Petzl | Bonne tenue en main | Oui | Un peu lourdes pour ce type d’escalade aux Etats-Unis. Pour des courses en montagne, il vaudra mieux privilégier les « Anges » de PETZL qui sont ultralégères |
Porte matos | Zion | Black Diamond | Faciliter l’organisation du matériel | Très pratiques, les portes matériels du bas sont peut-être un peu trop longs, à raccourcir | A refaire |
Assureur | Reverso | Petzl | Assurage du leader et du second avec corde à double | Oui | A refaire |
Sangle | Fin anneau 60 | Petzl | Pratique pour rallonger les points de protections (spits, pitons, coinceurs…) | Oui | A refaire |
Sangle | Fin anneau 120 | Petzl | Pratique pour faire des relais | Oui | A refaire |
Casque escalade | Sirroco | Petzl | Légèreté | Oui, et très bonne tenue sur la tête, le clip aimanté permet une mise rapide du casque même avec des gants | Je continue avec lui |