Julien DEFOIS nous raconte son séjour de 2 semaines de Ski de randonnée en Georgie pour découvrir les sommets du Caucase.
Informations pour préparer un séjour ski de randonnée en Georgie
Dates du voyage :
du 17 février au 4 mars 2018
Lieu :
Géorgie, découverte des montagnes autour de la station de ski de Gudauri et de la Svanétie (Mestia, Becho et Ushguli)
Depuis Marseille, un vol pour Istanbul et une correspondance pour Tbilissi : deux vols de 3h environ, 240€ aller-retour.
Participants au séjour Ski de randonnée en Georgie :
Charline (26 ans), Laurent (39 ans), Max (32 ans) et Julien (38 ans), nous nous sommes tous rencontrés au CAF de Toulouse. Nous avons fait un voyage ski de randonnée en 2017 au Japon. On se retrouve pour skier, courir, randonner et prendre des apéros.
Julien DEFOIS est aussi l’auteur de:
- Le Pacific Crest Trail High Sierra Trek ou une randonnée de 750 km à pied en Californie.
- Ski de randonnée sur l’ile d’Hokkaido : le rêve blanc au Japon
- Colorado Trail/Continental Divide Trail : 900km à pieds dans le Colorado
Où dormir en Georgie:
- Gudauri : nous avons séjourné à la Snow House. Personnel accueillant et chambre assez confortable, mais la demi-pension nous a posé problème. Le petit déjeuner était servi à partir de 8h, très tard pour un départ de ski de rando. Le repas du soir était très frugal et ne contenait pas assez de glucides pour bien nous nourrir. Si c’était à refaire, nous prendrions un hébergement qui ne fait pas la demi-pension.
- Mestia : hôtel Ori Beli. Chambres très spacieuses, très confortables, avec salle de bain privative. Petit déjeuner buffet inclus : il faut accepter de manger du salé le matin, mais c’est très bon. Hôtes très accueillants.
- Becho : Mila Guesthouse. Rustique et simple mais confortable et très chaleureux. L’accueil de Mila nous a beaucoup touché. Repas avec les ingrédients de la ferme, un régal !
- Ushguli : Ushguli Guest House. Hébergement trouvé en arrivant dans le village alors que celui qui devait nous accueillir était fermé. Un grand chalet tout neuf, avec un intérieur en bois et des salles de bain privatives. Confortable et bien pensé pour accueillir les skieurs de randonnée. Nourriture locale à découvrir !
- Tbilissi : Metekhis Galavani Hotel. Un standard un peu au-dessus de nos habitudes. Chambre spacieuse et très confortable, bien située en ville. Petit déjeuner qui laisse de bons souvenirs !
Tous ces hébergements ont été réservés via le site booking.com à l’exception de celui d’Ushguli, qui était juste le premier sur lequel nous sommes tombés dans le village.
Où manger en Georgie :
La plupart des hôtels servent à manger. A Ushguli, pas vraiment de choix : nous avons dû manger sur place faute d’alternative, mais aucun regret c’était excellent. La nourriture a toujours été très bonne, mis à part à la Snow House. Les restaurants géorgiens sont très bons marchés et servent beaucoup de plats à base de viande. Les légumes ont une bonne place sur le menu.
La Géorgie mélange des influences slaves et orientales. Le vin est bon, mais évitez celui servi dans des bidons en plastique. Les boulangeries cuisent un pain plat toute la journée, il est vraiment bon, mais demandez où les trouver, car vous ne comprendrez pas « boulangerie » écrit en géorgien ! Les épiceries sont très nombreuses, de même que les marchands de fruit/fromage de plein vent. Autrement dit, vous ne mourrez pas de faim en Géorgie !
Office du tourisme de Georgie :
- Gudauri : https://gudauri.travel/en/
- Svanétie : https://www.visitgeorgia.ge/about-georgia/svaneti/?lang=fr
- Tbilissi : https://www.visitgeorgia.ge/about-georgia/tbilisi/?lang=fr
- Tetnuldi : http://tetnuldi.com/
Caractéristiques sur les massifs montagneux de Georgie :
On nous avait dépeint la Géorgie comme un congélateur à ciel ouvert. Nous avons eu trop chaud ! Difficile de dire si c’était anormal, le temps ne semble pas très stable dans la région. L’enneigement n’était pas très important, de l’ordre de 80cm vers 2400m. Il n’y a pas eu de chute de neige significative pendant les 2 semaines où nous avons été sur place, mais une grosse perturbation a changé la donne peu après notre départ.
Les montagnes sont très skiables, si l’on trouve de la neige ! Par contre, ne comptez pas sur les topos. Elles culminent à plus de 5000m. Comptez skier à partir de 2000m, voir plus bas selon l’enneigement. Les reliefs proposent des pentes souvent modérées, très adaptées au ski de randonnée. Le vent dominant était au sud pendant notre séjour, d’où un risque de plaque sur les versants nord, qui restent plus froids que les autres. Les vallées sont généralement assez ouvertes. Par contre, les accès sont très hasardeux et il faut parfois juste tenter sa chance.
Les stations de ski sont de taille réduite. Gudauri est la plus grande, mais son équipement est assez vétuste. Mestia dispose de sa propre station, mais avec quelques remontées mécaniques et peu de pistes, ce n’est pas très attrayant. Préférez Tetnuldi, la toute nouvelle station de Géorgie, qui monte à plus de 3000m, à 45mn de taxi de Mestia. D’autres stations fonctionnent en Géorgie, mais elles sont plus éloignées des hautes montagnes.
Quoi d’autre dans les environs :
Il est possible de tenter l’ascension du Kazbek (5047m), à skis ou à pieds.
Un lien vers un reportage d’une ascension estivale : https://bakoufr.wordpress.com/2013/09/08/reportage-photo-lascension-du-mont-kazbek-5047m-en-georgie/
Bibliographie pour voyage Ski de randonnée en Georgie :
Un seul livre nous a été utile, et encore modérément : le Lonely Planet Georgia, Armenia and Azerbaïdjan (en anglais). Peu d’informations sur le tourisme hivernal, mais des plans et des idées, surtout pour Tbilissi.
Ski Rando Magazine a consacré plusieurs numéros à la Géorgie, mais aucun pour les zones où nous devions aller.
Pour les cartes topographiques, vous pouvez passer au magasin Geoland à Tbilissi.Ces cartes ne sont pas d’une précision suisse, mais elles donnent une bonne idée des itinéraires.
Liens internet :
Nous nous sommes appuyés sur des programmes d’agences pour construire notre voyage.
Nous avons aussi réussi à trouver des infos intéressantes sur les récits de voyageurs.
- http://www.skipass.com/forums/enmontagne/stations_ski_ailleurs/europe/sujet-133230.html
- http://polhovsky.com/?p=10366
- http://www.skipass.com/news/157728-a-la-decouverte-du-ski-en-georgie.html
- http://www.fall-line.co.uk/ski-georgia-valleys-svaneti-backcountry-touring/
Trip Ski de randonnée en Georgie sur 2 semaines
C’est reparti pour un tour. Il y a un peu plus d’an, notre petite équipe traversait le monde pour un premier voyage ensemble au Japon. Ces 2 semaines au Disneyland de la neige poudreuse furent tellement géniales que nous fûmes obligés de remettre ça en 2018.
On va où ?
En septembre 2017, les idées de voyage de rêves fusaient : Colombie Britannique, Géorgie, Kirghizstan, Alberta, Wyoming ou encore l’Ariège. Nous étions en quête d’exotisme et de dépaysement, aussi les terres américaines furent vite oubliées, car nous y étions tous déjà allés. L’Ariège remplissait tous les critères, mais nous préférions une contrée moins sauvage et plus accessible. La Géorgie sortait donc du lot : peu chère, billets d’avions accessibles, skiable sans pour autant drainer les riders du monde entier, avec une langue complètement incompréhensible et aussi très peu explorée à ski, ce qui donnerait à ce trip un petit goût d’aventure.
Longue journée
Samedi 10 février, le jour J. Nous prenons la voiture jusqu’à Marseille. Oui oui, il y a un aéroport à Toulouse mais les vols depuis Marseille étaient moins chers et plus rapides que depuis Toulouse, même si on devait faire 3h30 de voiture pour prendre l’avion ! Nous avions prévu un trajet tout en douceur : partir à 10h de Toulouse et arriver à Tbilissi à 2h du matin heure française, soit 5h heure locale, et enchaîner sur 3h de voiture de nouveau pour nous rendre à Gudauri, la grande station du pays, et là bien sûr avaler nos premières descentes sur les pistes. Nous ne nous faisions pas trop d’illusions sur nos chances de survie à cette première journée.
Tbilissi
5h du matin, heure locale. Georges le géorgien loueur de voitures nous attend à l’aéroport. Nous sommes frais comme du poisson pêché il y a 2 semaines. Après avoir pris possession de notre vieux Nissan X Trail dont les phares ne fonctionnent que si on leur tape dessus (Bienvenus en Géorgie ! C’est exactement ce genre de trucs qu’on espérait !), dit au revoir à Georges et fait le plein (« Tu es sûr que c’est bien cette essence qu’il faut mettre dans le réservoir ??? »). Nous conduisons sur les routes désertes vers Gudauri.
Je suis au volant, je tiens un moment avant de sentir que je vais m’effondrer. Je passe la main et quand je me réveille, tout est blanc autour. Enfin gris : la vieille neige s’est fait repeindre par les gaz d’échappement des nombreux camions de passage vers ou depuis la Russie toute proche.
Gudauri
Nous frappons à la porte de la Snow House, notre hébergement endormi à Gudauri. Après un long moment, une dame finit par nous ouvrir. Il est vrai que nous sommes un peu matinaux, les clients russes de l’auberge sont encore loin d’émerger de leur soirée arrosée. Elle ne parle pas plus anglais que nous le swahili et décide d’appeler un « manager ».
Le gars descend, semble n’avoir qu’un œil ouvert, l’autre finissant sa nuit. Il dormait il y a moins de 2 minutes c’est certain. Très gentiment, il nous dit que notre chambre n’est pas prête mais, voyant notre état lamentable, il nous propose de dormir dans une chambre inoccupée en attendant. Cadeau du ciel. Sans tarder, nous nous écrasons dans les lits et partons pour 3h au pays des rêves. Au réveil, notre petit déjeuner nous attend comme si c’était encore le matin : les géorgiens sont vraiment au top de la gentillesse !
Ski de piste
Gudauri c’est LA station de ski de Géorgie. Elle attire des clients de tout le Caucase, surtout russes. Les possibilités de hors-piste sont nombreuses, à condition d’organiser une récupération avec un taxi. Mais avec juste une dizaine de remontées mécaniques, Gudauri n’est pas la genre de station où on aimerait passer plus que 3h. Ce qui tombe bien, car nous comptons juste skier l’après midi sur le domaine. Si l’on évite les skieurs alcoolisés et les russes qui ne savent pas skier, les pistes sont assez sûres.
Par contre, les remontées mécaniques locales sont devenues célèbres dans le monde entier suite à l’accident survenu sur un télésiège peu après notre passage. Ce qui est vraiment sympa avec ces remontées, c’est qu’on peut profiter pleinement du vent glacial parce qu’elles vont lentement, très lentement. Chaque rafale prend alors une saveur particulière, celle des longues journées d’été qu’on regrette tant maintenant qu’on gèle sur le télésiège.
La dure réalité des skieurs-touristes-sans topo
Gudauri, vous l’aurez compris, ne nous a pas marqué à vie. Mais c’était juste un essai, avant d’aller chercher la vraie neige du Caucase. Enfin, c’est ce qu’on croyait. Un petit coup d’œil à la carte nous apprend qu’un sommet à 5000m, le Kazbek, se niche à la frontière russe. Nous comptons donc nous en approcher autant que possible. La balade en voiture dans ce monde post soviétique a un certain charme, entre les immenses bâtiments désaffectés à l’utilité improbable et les maisons grises, presque en ruine, ornées d’une parabole qui certifie que des gens vivent encore là.
Un petit arrêt dans une boulangerie locale pour se ravitailler en pain et nous prenons la route de Stepantsmida. Des nuages bas tentent de cacher la misère, mais le verdict est sans appel : il y a très peu de neige.
Nous cherchons des pentes qui voudraient bien accueillir nos skis mais sans grand succès. Nous tenterons donc d’approcher le Kazbek par le chemin d’été, en passant par l’église de la trinité de Gergétie. Le temps de réaliser que notre X Trail est aussi efficace sur neige qu’une Twingo aux pneus lisses, une heure s’est encore écoulé. Départ vers midi, parfait pour du ski de rando !
Heureusement, la neige se montre rapidement et le portage ne sera pas mémorable. Par contre, nous sommes rapidement dépassés par des véhicules, à notre grand étonnement. Une piste en très bon état monte vers l’église. En contre bas, une belle route toute neuve déroule des kilomètres de progression facile même avec un X Trail géorgien. Un coup d’œil aux cartes : cette route n’existe même pas pour Google…Nous aurions dû prendre un taxi local.
« C’est par où ?? »
Aujourd’hui, c’est le jour des déconvenues : lorsque nous débouchons à l’église de la Sainte Trinité de Gerguétie, on comprend que la neige est partie en vacances en France.
Ici, quelques langues blanches éparses sur les flancs herbeux nous sermonnent d’être venus si tard : la neige a fondu.
Heureusement, le soleil, lui, ne nous a pas abandonnés et les paysages sont sublimes, avec l’église en toile de fond et le Kazbek en mire.
Nous progressons quelques heures sur une crête débonnaire, éblouis par les montagnes alentour, avant d’aller déguster notre première descente de neige croûtée (fameuse comme il se doit) et de faire quelques virages sautés sur une crête accueillant les dernières neiges du secteur.
Nous trouvons encore assez de neige en forêt pour regagner la voiture sans portage mais, promis, demain on arrête les plans de la défaite.
Impro et fin des défaites
Le petit village de Juta, perdus à 2200m dans les montagnes, semble offrir le plan de rêve, avec des flancs nord bien enneigés et des cimes attrayantes. Direction donc le fond du bout de l’extrémité de la Géorgie, qui n’a absolument rien à envier à l’Ariège. La route, d’abord bitumée, se transforme en piste, puis en piste enneigée jalonnée de nids de poule que les suspensions usées de notre 4×4 ont du mal à supporter. Puis, soudainement, plus de route. Un cul de sac. Nous sommes bien au bon endroit. Sauf que Juta est coupée du monde : la route n’est pas déneigée.
Il ne nous restait plus qu’à avaler une pilule d’improvisation pour trouver une pente pas loin et enneigée. Une vallée adjacente offrait un terrain de ski last minute prometteur. En se rapprochant, nous nous rendions compte que nous n’avions pas été les premiers à avoir cette idée. Une bonne dizaine de vieilles traces nous souhaitaient la bienvenue dans ce plan B qui ne sentait pas la défaite.
Neige bien croûtée
Par contre, la neige bien croûtée au départ respirait un parfum assez nauséabond pour le skieur à la descente. C’est pas grave, ce n’est pas encore l’heure de revenir à la voiture. Sortis de la zone boisée, nous faisons face aux montagnes. Les traces ont maintenant presque disparu, recouvertes par la neige ventée. Devant nous, un terrain vierge, balisé par une cartographie imprécise. Nous allons tout faire à vue, pente après pente, pour monter le plus haut possible.
Sauna Suédois
Il fait aussi chaud que dans un sauna suédois. Heureusement la neige transforme peu dans ce versant nord. Enfin je ne sais pas si c’est une si bonne nouvelle parce que la croûte formée par le vent ça et là ne va pas fondre et puis la vieille neige qui a la consistance du sucre en poudre dans des pentes pas trop débonnaires peut avoir tendance à nous ramener en bas avant même d’avoir compris ce qui se passait, alors prudence.
Et puis en plus, le sucre en poudre, ça fait mal aux jambes quand on fait la trace. Avec la chaleur estivale, je me liquéfie.
Heureusement, quelqu’un, quelque part, a eu la bonne idée d’allumer un ventilateur et ça fait du bien quand l’air me passe dessus. Les paysages sont grandioses : au loin le massif du Chaukhi, dentelé et austère, rappelle un peu la Meije.
Nous nous arrêtons vers 2950m, sur une bosse accueillante pour y manger, avant d’entamer la descente.
Bonne neige
La neige est plutôt sympa jusqu’à ce qu’elle le soit un peu moins. On se croirait alors chez nous, dans les Pyrénées, avec 15 consistances de neige en 3 virages.
Nous nous en sortons bien mais à un moment la croûtée me fait un croche-pied et le crash est inévitable. Va falloir faire attention, il y a des pièges.
« Tu skies pas un peu trop en arrière Julien ?? »
Oui c’est vrai, la croûtée n’aime pas trop les gens qui skient trop en arrière, elle leur fait des mauvais coups. Nous finissons la descente en mode survie, le manteau nous servant tout ce qu’il a de plus infâme. Mais c’est une très belle journée quand même.
Snow House
Le Snow House est très un hébergement très accueillant, mais le dîner s’apparente un peu trop à celui servit pour des curistes en quête d’amaigrissement : soupe et salade. C’est un peu frugal, surtout pour moi qui suit végétarien : la soupe étant à la viande, mon repas se compose juste de salade…Heureusement, on peut commander sur place des petits plats en plus de la demi pension.
C’est ainsi que nous découvrons le Khachapuri, qui deviendra notre meilleur pote géorgien jusqu’à notre retour en France. Le khachapuri, c’est un pain traditionnel : basiquement, c’est une grande galette fourrée au fromage. Dire que ça cale bien ne reflète que modérément l’effet réel du khachapuri. Nous nous en servirons donc pour le midi aussi.
Ski pèlerinage
Demain dernier jour dans le secteur. Nous irons vers un monastère perché sur une crête, un itinéraire que j’avais repéré bien avant le voyage et qui semblait assez exotique et improbable. En attendant, je fais le bilan de ces premiers jours et je me rends compte que je ne prends pas tant de plaisir, j’ai du mal à rentrer dans ce voyage. L’an dernier, au Japon, c’était un peu comme quand j’étais gosse et que c’était Noël.
Là, je me sens moins joyeux, moins motivé pour le ski. La neige n’est pas au top et donc ça demande beaucoup plus d’attention. Et puis skier de la vraie poudre procure une joie et un plaisir très particulier. On sourit, on a le cœur ouvert, même si toutes les vestes sont fermées parce qu’il fait -20. Je suis assez surpris de l’effet profond que peut avoir le ski sur poudreuse. Ici, je n’en bénéficie pas ! Et je suis sûrement fatigué aussi par un boulot trop prenant. Alors je subis un peu ce voyage. Pour le moment.
le monastère de Lomisa
Départ vers le monastère de Lomisa. Nous ne savions que c’était un pèlerinage presque aussi fréquenté par les randonneurs que Compostelle…La zone est très tracée. Un gros groupe russe s’apprête à gravir les 800m jusqu’à la maison de dieu. Nous rigolons sur le parking, parce que faire un voyage sans raconter des bêtises et se marrer ça nous correspond pas trop. Par contre ce n’est pas trop du goût du guide russe qui vient nous demander de faire moins de bruit parce que nous sommes proches d’une église. Promis, on ne rigolera plus quand dieu n’est pas loin.
Dans la montée, plein nord, il fait enfin froid et nous portons plusieurs couches avec joie. On s’empresse de déposer les touristes russes et nous pouvons profiter de la montée, soufflée en 1h30 environ. Il n’y a qu’un petit groupe de slovaques et l’ambiance intimiste nous convient mieux.
Un moine nous accueille et nous invite à boire un thé et manger des gâteaux au chaud. Impossible de refuser, et encore plus difficile de partir quand on se fait adopter par la population locale, à savoir 2 beaux chats argentés.
Mais il faut bien descendre… « Merci pour l’accueil si chaleureux ! » Un peu de poudre nous comble sur les premiers virages, puis à nouveau de la croûte et enfin des pentes raides de neige traffollée gelée. Arrivé en bas, je râle et je me promets que ces pentes de neige pourrie c’est fini ! Il ne faut pas promettre ce genre de chose dans un voyage où chaque descente c’est comme une boîte de chocolat, pour paraphraser Forrest Gump…
Immersion en Géorgie non touristique
En route pour Tbilissi. Le plan consiste à prendre un train de nuit pour un bled au nom charmant, Zugdidi, puis de là un bus local jusqu’à Mestia, en Svanétie, région où nous devons rester une semaine.
Lors de la préparation du voyage, nous avions 2 options : soit garder le X Trail tout le long du voyage et faire la Svanétie avec, soit rendre le X Trail après Gudauri, et faire le reste en transport en commun, dont un train de nuit qui galvanisait tous nos espoirs d’exotisme et d’imprévu.
Outre la sympathique perspective de passer une nuit (j’évite délibérément le mot dormir) dans un train, les transports en commun nous évitaient la longue route jusqu’à Mestia et surtout jusqu’à Ushguli, sur une piste connue pour sa dangerosité. Nous avions donc choisi cette option et c’est avec une certaine impatience que nous attendions la nuit dans le train.
Tbilissi
Bien sûr, avant cela, un petit tour dans Tbilissi : bains chauds, vieille ville et restaurant.
Puis le train. Même si les voitures étaient de type moderne, nous ne nous faisions pas d’illusion sur le confort. Pour ne pas être déçus. Une fois devant l’entrée du compartiment qui devait nous accueillir tous les 4 pendant la nuit, je ne peux m’empêcher de rire. Mais dans quelle galère on s’est mis ??
Le compartiment est à peine plus grand qu’un coffre de twingo (j’aime bien exagérer des fois) et si on arrive à faire rentrer nos bagages (skis et tout le reste) il pourrait ne plus y avoir de place pour nous. Les couchettes sont tellement dures qu’elles pourraient rendre jaloux les matelas japonais. Et puis elles sont minuscules, surtout celles du haut.
Impossible pour un gars d’1m90 comme moi de rentrer. Laurent et Charline iront en haut, Max et moi en bas. J’ai devant la tête le radiateur qui diffuse l’air chaud dans une cabine déjà très chaude. La nuit s’annonce tropicale. Une fois au lit, on ne peut plus bouger. Cerise sur le gâteau : les géorgiens fument abondamment dans le train et tout le compartiment empeste le tabac. Si on arrive à dormir, on s’en sortira peut être avec un cancer des poumons.
Sortir de sa zone de confort
Mais le vrai voyage est là, quand on sort de sa zone de confort. La voiture de location, le chalet surpeuplé de russes et copieusement arrosé d’alcool, le ski en solitaires dans les montagnes, tout cela ne nous a pas amené à une vraie rencontre avec la Géorgie, ni avec les géorgiens. Nous avons tout au plus effleuré la gentillesse de nos hôtes, soucieux de notre confort. Il faut bien reconnaître que le ski n’est pas le sport national en Géorgie et que si nous cherchons une expérience authentique, nous avons peu de chance de la trouver sur les spatules. Ceci dit, on va aussi réfléchir à trouver une expérience authentique qui sente un peu moins le tabac.
Welcome to Svanetia !
Vers 6h, je mets un terme définitif à ma nuit dans le train. Zugdidi devrait bientôt arriver sous nos yeux. Du moins on l’espère, nous ne comprenons pas tout à fait les annonces en géorgien. Le train entre dans la ville, noyée dans la nuit. Les rues désertes, l’atmosphère brumeuse, la fatigue criante donnent une atmosphère de fin du monde à cet instant. Heureusement, pas le temps de faire du tourisme, un minibus nous attend à destination de Mestia. C’est parti pour 4h heures interminables en direction de la Svanétie.
Au cours d’une des nombreuses pauses, Max soulage sa vessie non loin du minibus. Peu après, il se fait agresser verbalement par un géorgien furieux car Max était dans le champ de vision de sa femme (mais de dos) lorsqu’il se soulageait. Le géorgien semblait assez remonté pour exprimer le souhait de pousser Max dans la rivière en contre bas.
Ces choses qui ne posent pas vraiment de problème en France peuvent devenir des préoccupations majeures dans un autre pays et prendre par surprise le voyageur bien intentionné mais peu informé. Devant notre attitude pacifique, le géorgien finit par passer à autre chose, mais nous comprenons bien que nous ne sommes pas comme à la maison ici. C’est aussi ça le voyage.
L’arrivée en Svanétie n’est pas saluée par la neige. Lorsque nous passons vers Etseri, d’où nous devions partir pour faire une traversée sur 2 jours, la pauvreté de l’enneigement nous impose de revoir nos plans. Nous espérions de la poudreuse bien fraîche, mais c’est plutôt le printemps qui nous attend ici.
Et si on ne skiait pas aujourd’hui ?
Mestia
Nous sommes accueillis chaleureusement à l’hôtel Ori Beli. Ou devrait-on dire guest house, car nous avons 2 chambres dans la partie privative de la maison et nous mangeons dans leur salle à manger. Hospitalité géorgienne oblige, un petit déjeuner nous y attend ! Il est 10h, dire non serait une insulte aussi bien pour nos hôtes que pour notre estomac. Après une sieste matinale, nous partons à la découverte de la ville. Fatigués par le voyage, nous renonçons au ski aujourd’hui.
Quelques immeubles récents lui donnent une touche de modernité qui contraste avec les petites rues au revêtement incertain, mélange glissant de neige gelée, de bouse de vache et de terre. Il faut dire que les ruminants sont chez eux dans les rues.
Le plus typique, à Mestia et en Svanétie, ce sont les tours qui hérissent chaque village. Ce sont des tours individuelles, il n’y a pas de système de fortifications coordonnées. Chaque famille construisait sa tour pour se protéger des envahisseurs et autres indésirables, tout en mettant aussi à l’abri ses provisions. Ces tours surplombant des maisons en pierre et des rues pavées nous ramènent au moyen âge. Heureusement que des 4×4 passent fréquemment pour nous rappeler à la réalité.
Et puis au loin, il y a la station de ski de Mestia, Hatsvali, accessible à pieds depuis la ville : ses quelques pistes courtes comme une blague carambar ne font pas d’ombre à Gudauri. Par contre, la nouvelle station, Tetnuldi, avec ses remontées mécaniques françaises toute neuves qui montent à plus de 3000m, constitue un attrait touristique certain et même si elle est située à 45mn de route de Mestia, c’est ici que sont basés tous les touristes qui viennent y skier. Car à Tetnuldi, il n’y a rien.
Improvisation, le retour
Après une sympathique soirée dans un resto très prisé des touristes russes, nous avons décidé de rallier la vallée de Becho à ski depuis Mestia, pour y passer la nuit avant de réaliser une petite sortie dans la vallée avant de se faire récupérer en taxi pour revenir sur Mestia. Faute de neige notre idée d’enchaîner sur un second jour en itinérance fut abandonnée.
Au petit matin, enfin vers 8h30, nous quittons Mestia skis sur le sac pour nous diriger vers des montagnes situées à 3000m ou plus. Les pentes sud qui s’annoncent juste devant nous promettent un portage interminable, qui n’enthousiasme personne. Je sors la carte et je regarde les chemins possibles, pas très convaincu par l’itinéraire initialement choisi.
A quelques kilomètres de Mestia, en direction de Becho, une vallée très étroite accueille une piste qui pourrait raccourcir notre itinéraire. Son encaissement pourrait offrir un enneigement acceptable et donc peu de portage. Après un « ça vous dit les copains ? » plébiscité, nous finissons dans un taxi en direction de cette vallée.
Pari réussi, nous chaussons quasiment de suite. La progression est longue mais sans encombre jusqu’au fond de la vallée, où les choses se gâtent. Devant nous, un grand cirque surmonté des sommets à 3000m que nous visions, des pentes plus ou moins débonnaires et surchauffées par le soleil, régulièrement barrées par des ravins.
Il va nous falloir trouver un chemin là dedans en essayant de ne pas finir sous une avalanche. Les différents visions de l’itinéraire possible se discutent, pas évident de trancher quand les cartes sont imprécises et que l’on ne sait pas ce qu’il y a derrière chaque petite croupe.
Guli Pass
Accablés par la chaleur, nous montons vers Guli Pass, qui nous ouvre la descente vers Becho.
Nous faisons tout à vue : aucun topo ne décrit notre itinéraire. Vers 15h, un nouveau ravin, massif celui-là, barre notre route. Il va nous falloir redescendre pour remonter vers Guli Pass, encore à 1h30 devant nous. Pendant ce temps là, les nuages ont envahi le ciel et promettent une perturbation sous peu. Jour blanc + horaire tardif + on ne sait pas où on va + on ne sait pas ce qu’il y a de l’autre côté= on fait demi tour. C’est la défaite, le moral est en berne : la neige pourrie et la mauvaise visibilité n’offrent même pas la consolation d’une belle descente.
Notre manque de connaissance du terrain et un horaire de départ beaucoup trop tardif nous ont conduits à cette petite déconvenue dont on saura se remettre facilement avec un bon repas géorgien.
Mila Guest House
Justement, c’est un peu le clou du spectacle qui nous attend, et nous ne le savons pas encore. Nous prenons un taxi qui nous amène à Becho, à la Mila Guest House. Becho, c’est pas vraiment le Val d’Isère de la Géorgie : une route qui n’en finit pas, des maisons vieillottes, pas de touristes, aucun bar, et un tire fesse posé sur une pente improbable. Quelques hôtels fermés rappellent que l’été doit attirer du monde ici, mais pour le moment c’est plus l’impression de village fantôme qui domine.
La taxi nous dépose devant Mila Guest House. Volets fermés, neige non déblayée, vague portail à l’abandon : « Euh on est bien au bon endroit ? On va dormir au chaud ce soir ? » Pas très rassurés, nous rentrons dans le lieu : la guest house est bien déserte mais dans une maison attenante, quelqu’un nous fait signe, nous sommes bien attendus et au bon endroit !
La suite se passera en langage des signes car Mila ne parle que le géorgien. Mila pourrait être une ambassadrice du tourisme géorgien, tant sa chaleur et son accueil touchent et s’affranchissent de toutes les barrières linguistiques. Nous n’avons pas pu échanger, mais nous nous sommes parfaitement compris, par des gestes, des attentions et l’envie de Mila d’aller vers l’autre. Nous mangerons dans leur maison : une simple pièce, avec des lits pour dormir, un canapé, une télé, un poêle pour la cuisine.
En passant une porte, on se retrouve directement dans l’étable, à la structure de bois magnifiquement décorée. Toilettes à l’extérieur, dans une cabane au fond du jardin. Toutes les femmes ont un fichu sur la tête. Impression de voyager dans le temps…Une salle de bain avec eau chaude dénote un peu, mais après une journée de ski, on ne va pas faire les difficiles !
Guli Pass, ça passe pas !
Le lendemain, réveil sous la neige. Nous montons vers Guli Pass, parce que nous aimerions bien voir à quoi ça ressemble quand même. L’itinéraire semble fréquenté, à en croire les innombrables traces de ski. Mais pas aujourd’hui : on ne voit rien, il neige, les gens restent au chaud. Enfin, il ne fait pas si froid : nous montons en T Shirt sous la neige. Etonnant hiver géorgien.
Bientôt, des valises se forment sous nos peaux : il fait trop chaud et la neige botte, même si il fait assez froid pour qu’il neige. C’est à n’y rien comprendre ! Nous avons profité de la trace faite par 3 autres skieurs, les seuls que nous verrons aujourd’hui. Puis nous dépassons leurs traces, espérant encore profiter d’une éclaircie.
visibilité nulle
Lorsque la pente se raidit, il faut se rendre à l’évidence : visibilité nulle, on ne sait pas ce qu’il y a au-dessus et se prendre une avalanche n’a jamais fait partie de notre projet de vacances.
Le temps de faire quelques virages, l’éclaircie arrive : dès lors, nous sommes à Disneyland, sans la foule et les forfaits d’entrée exorbitants. La neige est presque poudreuse, puis printanière, un régal.
Max et moi repartons pour une montée, espérant encore atteindre Guli Pass, sous le soleil.
Ce ne sera pas pour cette fois, les nuages masquant encore le col alors que nous y arrivions.
Pas grave, la descente sera excellente dans la poudre, puis plus tellement géniale dans la collante et enfin digne d’un film de survie dans la dernière partie. Nous sommes ravis quand même.
Ushguli, première tentative
Le meilleur moment du voyage : quelques jours passés dans le village du bout du monde culminant plus de 2000m d’altitude réputé le plus haut d’Europe habité à l’année, qui se gagne après 3h de route sur une piste incertaine et dangereuse. Ushguli n’est pas seulement célèbre pour son éloignement de tout : elle abrite une densité importante de tours typiques de la Svanétie, si bien qu’elle est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité. Le tout étant couronné de pentes alléchantes et du plus haut sommet de Géorgie.
C’est donc avec beaucoup de déception que nous faisons demi-tour 3/4h après avoir quitté Mestia, lorsque des véhicules croisés nous informent que la route est coupée par une avalanche. Retour donc dans la capitale de la Svanétie, en ayant repéré en chemin un itinéraire enneigé à l’est de la ville, celui-là même que nous aurions dû prendre si nous avions voulu traverser Guli Pass. Encore eut-il fallu que nous sachions qu’il y avait de la neige, encore eut-il fallu que nous partions tôt. Justement, à propos de partir tôt, nous nous lançons sur les pentes à 12h30, sans grands espoirs, si ce n’est celui de ne pas perdre complètement la journée.
Arrivés sur les crêtes, le temps tourne, nous redescendons donc. Nous avons vu filer un groupe dans une clairière à l’issue inconnue. L’idée de les suivre est irrésistible :
Tu crois que ça passe ?
Je sais pas.
Je crois que ça peut être merdique, on sait pas ce qui nous attend, c’est raide et dans la forêt.
Bah alors on y va du coup !
Ouais !
La suite fut à la hauteur de l’inconséquence de notre décision, mais néanmoins sympathique : une bonne descente raide, étroite et improbable en neige trafollée.
Ushguli bis
Cette fois ça passe. Zurab, chauffeur et propriétaire de notre hôtel à Mestia nous conduit sans encombre à notre destination. La piste est étroite et parfois on se sent plus en sécurité sur une pente de neige raide pas trop stable que dans ces gorges…Arrivés à Ushguli, nous apprenons que notre hébergement est fermé…Il ne faut pas plus de 30 secondes pour en retrouver un, partagé avec quelques catalans venus skier également.
Nous profitons de l’après midi pour grimper sur une butte au dessus du village.
Et skier encore ne pente forestière improbable parce que hier nous n’avons pas assez galéré, découvrir les géorgiens au ski, s’apercevoir que le mot « virage » ne doit pas exister dans leur langue.
Et enfin glisser dans un vallon pour se rapprocher du ChKhara, le plus haut sommet de Géorgie. Le soir, régal garanti par notre hôtesse qui nous offre les délices de la cuisine locale.
Plaques
La suite se décide après manger. Je propose une sortie exploratoire par des cols perdus afin de se rapprocher du Chkara, mais, allez savoir pourquoi, tout le monde a préféré aller vers de jolies pentes nord, terres promises de poudre, plutôt que tenter de skier de douteuses pentes sud, au charme certain j’en suis sûr, mais à la poudre beaucoup moins certaine.
Nous voilà donc lancés vers le Saint Graal, à conditions de trouver un passage à travers la forêt. Les espagnols nous avaient indiqués une ligne de faiblesse, facile, que nous pensons avoir trouvées : une succession de coussins à 40° en neige trafollée. A l’unanimité, nous décidons que nous avons assez donné dans le scabreux pour ce voyage et continuons à la recherche de pentes plus accueillantes en remontant vers l’est. Finalement, nous trouvons quelque chose qui s’apparente à une trace, des arbres pour nous accrocher quand c’est trop raide et assez volonté pour traverser. La forêt est derrière nous.
Chkhara
Bientôt, nous voilà en altitude, avec un festival de montagnes enneigées à perte de vue, le tout sous le regard impérial du Chkhara. Nous remontons des croupes pour tenter d’approcher par l’est un sommet de 3000m. Pas de traces, nos spatules s’impatientent d’aller laisser leur souvenir dans la neige.
Il nous faut vaincre les ultimes pentes avant cela. Le passage en lui-même n’est pas très raide, mais surmonté de pentes qui le sont vraiment juste sous la crête, et surplombant une jolie rupture de pente dont nous ne voyons même pas où cela mène. Donc nous passons dans une zone où si j’étais une plaque à vent, c’est là où j’aurais choisi de m’installer.
Fissure sous mes skis
Je me lance. Nous avons pris des écarts pour ne pas surcharger le manteau qui a pris le vent venant du sud. Nous sommes là où ça peut mal se passer. Une fissure apparaît sous mes skis. Je crie derrière « Plaque ! Plaque! » pour que Charline et Max s’arrêtent. Laurent est bien plus bas, hors de danger. Je me pétrifie. La neige ne coule pas. Je m’interroge : dépeauter ici ou sortir sur la crête. Je n’aime pas trop l’idée d’être là où c’est dangereux alors je décide de sortir, suivi de Max et Charline. Laurent, le sage, s’abstiendra.
Descente.
J’y vais doucement, ça tient. Une petite traversée et nous voilà plus protégés. Les copains me rejoignent. Je les laisse partir, prêt à agir si la neige voulait nous jouer un vilain tour. Elle ne fera rien d’autre que nous servir le meilleur. Une poudre de qualité royale. Sous le grand bleu, c’est le bonheur.
Skier de la neige poudreuse procure une joie particulière, et lorsque nous déchaussons pour manger, un grand sourire brille au-dedans comme au dehors. En plus on s’en est tirés sans utiliser nos DVA.
Un petit goût de reviens-y
Une neige comme ça, ça ne se refuse pas. Toujours seuls dans la montagne, nous avons la propriété exclusive des traces. On remonte donc, pour refaire la même chose, puisque ça tient. Enfin, ça ne tient pas pour tout le monde, puisque nous voyons deuxs skieurs de l’autre côté de la vallée couper une pente loin des crêtes et déclencher une plaque, heureusement sans conséquence.
Nous refaisons la pente méchante, qui n’apparait plus si méchante maintenant que nous l’avons tracée. Les espagnols se sont lancés dans la descente directement sous le sommet, là où c’est le plus raide, en faisant une prière pour que ça tienne, nous diront-ils le soir au gîte. J’aime bien faire ma trace, mais pas au point d’avoir à faire ma prière avant…Quant à nous, pur bonheur bis, jusqu’à ce que nous traversions une zone un peu croûtée par le vent.
Chute
J’ai un mauvais karma avec la croûtée. Je le sais lorsque je me retrouve de nouveau la tête dans la neige.
La chute n’a pas été violente, mais je suis étourdi par une violente douleur à la tête. J’ai du mal à reprendre mes esprits. Le froid me broie le crâne. Je n’ai rien, j’ai juste pris un coup de massue par les flocons de neige.
Tout cela sera vite oublié sous la douche, après la bière locale. Le dîner honore nos estomacs.
Re-rebolote et point final
Dernier jour à Ushguli, dernier jour de ski. Personne ne se manifeste pour aller explorer les pentes sud qui hier me semblaient si attirantes. On remet ça pour le sommet à 3000m déjà bien reconnu la veille, en passant par un autre itinéraire, au cœur du vallon.
Cette fois, on dirait que les skieurs se sont donné le mot et que notre spot n’est plus si confidentiel. Il y en a partout, il va falloir partager.
Nous remontons des pentes raides, non loin de là où la veille, le vent avait glissé un petit piège aux 2 skieurs. Avec un peu d’appréhension et quelques écarts, mais sans encombre. Le soleil ne nous abandonne pas et personne ne se plaint, surtout que l’hiver estival que nous avions connu semble terminé. Le panorama est somptueux, un beau cadeau d’adieu.
Sommet.
Nous partageons l’espace avec un groupe d’italiens monté par nos traces de la veille. Les pentes par lesquelles nous sommes montées sont quand même moins skiables que celles de la veille, alors devinez quoi ? On va miser sur l’originalité pour la descente ! Il reste encore des traces à faire sur notre itinéraire de la veille…Je pourrais toujours rêver du ski exploratoire toutes les prochaines nuits de ma vie.
La neige nous déroule un tapis rouge tout blanc, du coup Max et moi décidons de repartir vers le sommet dès la descente terminée, parce qu’il reste encore des endroits vierges. Laurent et Charline se la joueront plus tranquille.
« On remonte ou bien ?? »
« Moi, je ne remonte pas ! »
Au revoir Ushguli. Nous traversons une dernière fois les rues hérissées de tour, humant encore cette saveur du moyen âge qui donne au voyage ce goût si dépaysant.
Zurab nous attend pour nous ramener à Mestia, où nous devons prendre un minibus pour Tbilissi le lendemain.
Un trajet très long et très arrosé (par le ciel !), où nous apprendrons qu’il vaut mieux avoir des bagages étanches quand on les met sur le toit et qu’il pleut…Heureusement, arrivés à Tbilissi, nous pouvons faire sécher tout ça. La suite sera très touristique : visite de la vieille ville, du château, des églises, des magasins de souvenirs. Et puis après, retour en France !
Conclusion de nos 15 jours de ski de randonnée en Georgie
Skier en Géorgie c’est forcément dépaysant. Une langue incompréhensible, des bâtiments d’un autre temps, des stations de ski qui le sont aussi, la rencontre avec les russes, le train, tous ces aspects du voyage nous ont transportés très loin. Côté neige, par contre, c’est pas le Japon. Trop chaud, trop de vent, pas assez de précipitations. Venir skier en Géorgie, ce n’est pas venir pour la neige, mais pour le dépaysement, pour la générosité des géorgiens, pour la cuisine qui fait le bonheur des papilles.
Nous n’avons pas skié dans la toute nouvelle station de Tetnuldi, non loin de Mestia, et elle doit valoir le voyage. Et puis, en imaginant la neige fondue dans la Svanétie, il est facile de se projeter sur les sentiers de randonnée pour aller de village en village. L’été, ce voyage doit aussi valoir le coup.
Liste du matériel utilisé durant notre séjour ski de randonnée en Georgie
Matériel Ski de randonnée et équipement sécurité
Catégorie | Modèle | Marque | Pourquoi avoir fait ce choix au départ ? | Ce choix a-t-il répondu à mes besoins ? | Si c’était à refaire |
SKIS | Cham 87 | DYNASTAR | Ski accessible, très polyvalent et tolérant. | Pour les skieurs moyens comme moi, rien de mieux, il va bien en toutes neiges, même dans les neiges profondes du Japon. | Je ne changerais rien. |
FIXATION | Vipec 12 + couteaux | DIAMIR | Fixation à inserts avec un déclenchement avant normé. On peut mettre les couteaux sans déchausser. | J’ai parfois du mal à passer du mode marche au mode ski car de la neige gelée peut faire obstacle. Insertion compliquée, difficulté à verrouiller en position montée. | Je réfléchis à une nouvelle fixation. |
CHAUSSURE DE SKI | Maestrale 2.0 | SCARPA | Rigidité, confort, légèreté, 4 boucles. | C’est un grand plaisir de skier avec ces chaussures ; même la marche est agréable ! | Je ne changerais rien. |
PEAUX DE PHOQUE | Mix + étrier 41 + cam Lock | COLL TEX | Solidité et durabilité. | Très déçu par la colle qui dès la première saison donnait des signes de faiblesses. | J’essaierais une autre marque. |
SAC À DOS | Spindrift guide 35 | MAMMUT | Léger, grand espace à l’intérieur, des accessoires intéressants (accès latéral) et surtout une grande poche frontale qui accueille crampons et matériel de sécurité. | Je suis ravi de ce sac. On peut même l’utiliser en raid. | Je ne changerais rien. |
DÉTECTEUR DE VICTIME D’AVALANCHE | Element | MAMMUT | Efficace en mode multivictimes, mode contrôle de DVA pour le groupe, fiabilité. | Jamais utilisé en conditions réelles, ce DVA fait des merveilles en exercice. | Je ne changerais rien. |
SONDE | Tour Probe | BLACK DIAMOND | C’est un cadeau. | Généralement efficace, mais sa taille de 1.9m est un peu courte. | Je passerais sur un modèle de 2.4m. |
PELLE | Pro Alu | ORTHOVOX | C’est un cadeau. | Son manche télescopique permet de gagner beaucoup de puissance, le métal à la place du plastique est bien plus performant pour la neige dure et la possibilité de la transformer en pioche est un vrai plus. | Je ne changerais rien. |
CASQUE | 43382 | GIRO | Protection et aération. | Le revêtement plastique est un peu fragile. Sinon ce casque est tellement confortable que je l’utilise en alpinisme estival. | Je ne changerais rien. |
LUNETTES DE SOLEIL | Isola | ORAO | Protection 4 et prix. | Un modèle qui enveloppe bien les yeux et protège parfaitement sur neige. | Je ne changerais rien. |
MASQUE | Original | COREUPT | Double écran anti buée, vendu avec un écran beau temps et un écran mauvais temps. | L’écran rose livré avec le masque n’est pas aussi efficace qu’un écran jaune. Sinon ce masque est solide, le changement d’écran se fait facilement et la ventilation aussi. | Je prendrais un écran jaune. |
Vêtements utilisés pour le séjour ski de randonnée en Georgie
Catégorie | Modèle | Marque | Pourquoi avoir fait ce choix au départ ? | Ce choix a-t-il répondu à mes besoins ? | Si c’était à refaire |
VESTE | Santi Summit | VERTICAL | Robustesse, stretch, imperméabilité. Parfaite ! | Très bonne imperméabilité. | Je ne changerais rien. |
DOUDOUNE | Neutrino Endurance | RAB | Apport thermique pour les moments statiques. Pertex quantum Endurance imperméable. | Très chaude, solide, une grande amie par temps froid lorsque je reste statique. | Je ne changerais rien. |
GILET | D+ | VERTICAL | Apport thermique et coupe-vent près du corps. Légèreté et centrer l’apport thermique sur le buste. | Parfait. | Je ne changerais rien. |
T SHIRT ML | Warm Turtleneck Zip | ODLO | Chaleur, poids et stretch. | Parfait. Il ne sent jamais mauvais. | Je ne changerais rien. |
T SHIRT | Leaf Twist | LAFUMA | Respirabilité. | Parfait, la transpiration s’évacue vraiment vite, les odeurs sont peu présentes. | Je ne changerais rien. |
PANTALON | Windy Spirit | VERTICAL | Pantalon dédié au ski de randonnée : imperméable, stretch, avec des aérations et très solide. | Je recommande ce pantalon à tous les pratiquants du ski de randonnée ou des treks en conditions hivernale. Le stretch est un vrai plus et la protection thermique est réelle. | Je ne changerais rien. |
GANTS | G Comp Wind | CAMP | Modularité et chaleur avec la surmoufle qui se range dans le haut du gant | Parfait. Très bonne protection dans toutes les situations. | Je ne changerais rien. |
SOUS-GANTS | Trekking 500 | QUECHUA | Gagner quelques degrés à l’intérieur du gant principal. | Parfaitement. | Je ne changerais rien. |
Autres équipements pour ce voyage ski de randonnée en Georgie
Catégorie | Modèle | Marque | Pourquoi avoir fait ce choix au départ ? | Ce choix a-t-il répondu à mes besoins ? | Si c’était à refaire |
LAMPE FRONTALE | Storm | BLACK DIAMOND | Puissance, étanchéité, rechargeable, dispose d’une fonction de verrouillage. | Parfaite. Son régulateur de puissance est un vrai plus pour adapter facilement la luminosité. Cependant, même verrouillée, elle peut s’allumer dans le sac à cause de pressions d’autres objets. | Je prendrais une boîte pour la protéger et éviter qu’elle ne s’allume intempestivement. |
DRAP DE SAC | Thermolite Reactor | SEA TO SUMMIT | Gagner quelques degrés et protéger le sac de couchage des odeurs et de la saleté. | Très bon produit, même si je n’ai pas eu à utiliser les capacités de ce drap de sac pendant ce voyage où nous avons tout le temps dormi à l’intérieur ! | Je ne changerais rien. |
7 commentaires
Super article Julien !
Ca fait du bien de revivre tout ça, tu sais trouver les mots, c’est d’ailleurs ta plus grande qualité en voyage non ? 🙂
Superbe récit qui donne envie d’y aller!
Moi qui adore skier, j’aurai aimé participer à ce voyage… bravo pour ce récit !
Quel récit… bravo 😉
Merci pour le partage de ton expérience
Bonjour,
Félicitation pour votre blog et cet article très complet.
Bonjour,
Bravo pour le compte rendu très détaillé.
Apparemment, vous n’avez pas pris de guide, donc comment avez-vous trouvé les itinéraires ? et comment peut-on les préparer ? Capte-t-on les signaux GPS ? La météo ?
Merci pour vos conseils,
Sportivement,
Denis
Bonjour Denis
Nous n’avons pas pris de guide. Pour repérer les itinéraires, nous avions regardé ce que proposait les tours opérateurs français, locaux et internationaux. Cela nous a donné une idée des grands secteurs. Ensuite nous avons regardé la carto sur opencycle pour voir quelles pentes pouvaient se prêter à du ski. Et globalement, nous sommes allés devant la montagne et nous avons regardé par où nous avions envie de passer. Donc beaucoup d’improvisation. Nous n’avons réellement préparé aucun itinéraire et avons tenté des passages exploratoires (voir le chapitre du Guli Pass). Nous regardions juste les cartes et décidions du jour au lendemain voire dans l’instant! Aucun souci pour capter les signaux GPS. Météo chaude!! Difficile de te dire exactement comment elle est, nous n’y sommes restés que 2 semaines. L’idéal est d’y aller juste après une bonne chute de neige! J’espère avoir répondu à tes questions!
Julien