A travers les montagnes des Alpes, 7 Summits Company nous partage leur voyage dans l’arc Alpin Slovénie, Autriche, Allemagne, Liechtenstein, Suisse..
Informations pour préparer la traversée de L’Arc Alpin
Date du voyage en vélo
Du vendredi 13 mai au vendredi 03 juin 2016.
Lieu
L’Arc Alpin – La Slovénie / L’Autriche / L’Allemagne / Le Liechtenstein / La Suisse / L’Italie / La France
Le projet
Nous nous sommes mis en tête d’enchaîner, en 21 jours, l’ascension des plus hauts sommets des 7 pays alpins, en reliant chacun d’entre eux sans aucun moyen motorisé et en semi-autonomie. Soit un programme de 1 400 km d’approche parcourus à vélo, auquel il faudra ajouter 7 ascensions qui représentent environ 100 km de marche.
Outre l’aspect purement sportif, nous souhaitions également profiter de cette grande traversée pour aller à la rencontre d’hommes et de femmes avec qui partager nos visions de la montagne et de son écosystème.
Pour cela, nous sommes partis avec le nécessaire de couchage (tente, duvet), l’équipement d’alpinisme complet (cordes, crampons,….), l’équipement vélo, le matériel vidéo, photo,… Bref, un package de près de 50 à 60 kg par personne.
L’itinéraire en vélo
En pointillé, l’itinéraire bis finalement emprunté. Découvrez pourquoi un peu plus loin !
Les Étapes du voyage
Les 7 sommets :
- LE TRIGLAV – 2 864 m: Point culminant de la Slovénie, il domine un territoire de hautes montagnes rocailleuses et de gorges profondes et étroites, le sommet mythique veille sur de nombreuses espèces animales et végétales endémiques.
- LE GROßGLOCKNER – 3 798 m: Point culminant de l’Autriche, situé entre la Carinthie et le Tyrol. Ce pic, appartient au chaînon du Glockner situé au centre des Hohe Tauern et est considéré comme le sommet le plus important des Alpes orientales.
- LA ZUGSPITZE – 2 962 m : Situé dans la chaîne des Alpes, dans le massif du Wetterstein, dans les Alpes bavaroises, c’est le point culminant de l’Allemagne. La Zugspitze se situe exactement sur la frontière autrichienne, mais le point culminant est en Allemagne.
- LE GRAUSPITZ – 2 599 m : Le Grauspitz, est un sommet du massif du Rätikon, situé dans les Alpes orientales centrales, à la frontière entre la Suisse et le Liechtenstein. D’une hauteur de 2 599 mètres, il est le point culminant du Liechtenstein.
- LA POINTE DUFOUR – 4 634 m : La pointe Dufour est le plus haut sommet de Suisse et le plus haut sommet des Alpes en dehors du massif du Mont-Blanc. Elle est située sur la ligne de crêtes du mont Rose, à quelques centaines de mètres de la frontière entre l’Italie et la Suisse.
- LE GRAND PARADIS – 4 061 m : Le Grand Paradis est un sommet des Alpes italiennes occidentales. Il fait partie du massif du Grand Paradis dont il est le plus haut et le seul à dépasser les 4 000 m. Au Val d’Aoste, il est appelé aussi « Mont Iseran ».
- LE MONT BLANC– 4 809 m : C’est le plus haut sommet d’Europe occidentale et le sixième sur le plan continental, en considérant les montagnes du Caucase. Il se situe entre la Haute-Savoie en France et la Vallée d’Aoste en Italie
Participants
Armel Vrac
Age : 43 ans
Résidence : Le Havre – Seine Maritime
Amoureux des grands espaces, apprenti aventurier, alpiniste en herbe, surfeur à mes heures perdues, en fait un peu touche à tout. Ma sortie idéale commence sitôt la porte de mon domicile franchie. Mon terrain de jeu de prédilection : la montagne, à moins que ça ne soit l’océan, pourvu que l’aventure soit belle.
Depuis mes premières pentes gravies avec les chasseurs alpins, je n’ai cessé d’imaginer de nouvelles routes qui me mèneraient vers les cimes. Depuis quelques années, mon appréhension des activités outdoor a évolué. Prise de conscience, regard critique, j’ai senti le besoin d’associer davantage mes aventures à une démarche responsable et durable, contribuant à la préservation des étendues naturelles.
Mon expérience, bâtie au fil de l’eau, m’a permis de développer un mental à toute épreuve. Respect, écoute, envie et persévérance sont mes atouts.
Mon souhait est de pouvoir partager ces aventures, mes expériences, avec le plus grand nombre, initié, débutant ou simple curieux.
Thomas Prud’Homme
Age : 33 ans
Résidence: Saint André d’Hébertot – Calvados
Toujours partant pour un défi ! Si celui-ci mêle partage, découverte et activités sportives, c’est encore mieux.
Je viens de sports davantage « conventionnels » comme le football dans ma jeunesse, puis le badminton, de la compétition jusqu’au niveau national. S’en suit une orientation outdoor via la randonnée, le trail, le vélo et des voyages dans les Alpes, en Norvège, Irlande, Amérique du Sud…
J’aime partir à la découverte de nouveaux terrains de jeu et de nouvelles cultures, parfois avec l’esprit « pionnier », sans avoir préparé́ en détail le projet. La surprise apporte une touche supplémentaire et aiguise les différents sens de notre corps.
Mes différentes expériences, qu’elles soient solitaires ou en équipe, m’ont apportées humilité́, écoute et confiance. Vivement la prochaine aventure !
Sylvain Bazin
Age : 37 ans
Résidence: Paris
Tous les enfants courent, moi je n’ai jamais arrêté. C’est par la course à pied que j’ai découvert le sport et développé un amour profond de la nature et des grands espaces.
J’ai débuté la compétition en course à pied à l’âge de onze ans, en parvenant en junior et espoir au meilleur niveau national. Dès 1999, j’ai découvert le trail et l’Ultra-marathon. C’est vers ces disciplines que je me suis davantage tourné par la suite, avec une attirance vers les grandes échappées hors de toute compétition.
Depuis 2012, même si je participe encore à quelques courses, j’échafaude surtout mes projets de voyages actifs personnels. Journaliste et auteur, ces voyages sont aussi pour moi l’occasion de partager mes découvertes et mes rencontres. J’aime particulièrement les aventures porteuses de sens, entre histoire, beauté des paysages et démarche sportive et spirituelle.
Où dormir
Pas de règle et pas de planification, on a établi au fil des journées nos différents points de chute suivants la fatigue, la météo, la proximité des sommets, les autorisations (Le Bivouac est interdit dans le parc national du Triglav, en Autriche, en Suisse).
Dans la mesure de la compatibilité avec notre parcours nous avons sollicité le réseau Couchsurfing et Warm Shower. Nous avons passé de manière variée quelques nuits chez l’habitant, en auberge, en camping, en refuge et sur la toute fin de notre parcours à l’hôtel.
L‘auberge de jeunesse Nepomuk’s à Innsbruck est un bon plan. Située en plein centre-ville dans une grande bâtisse très cosy, nous avons pu y recharger les batteries également nous balader dans cette magnifique ville sans nous ruiner
Où se restaurer/où se réapprovisionner
Nous avions pris l’option de partir sans réserve alimentaire, option presque obligatoire tant nous étions chargés. Donc nous avons acheté notre alimentation au jour le jour dans les nombreux supermarchés, épiceries, bars des villes et villages que nous avons traversés. Nous avons également fait quelques passages dans des « restaurants », souvent des pizzerias aux rapports qualité prix très variés. Attention au coût de la vie en Suisse, nous n’avons pas les mêmes valeurs… !
Pour l’eau, nous nous sommes ravitaillés dans les nombreuses sources naturelles qui bordaient notre parcours. Lors de l’ascension du Grossglockner nous avons fait fondre de la neige. Nous n’avons jamais été en pénurie.
Bibliographie
- Dictionnaire encyclopédique ALPES – Editions Glénat
- Tour du monde des sommets – Stéfano Ardito / WS
- Mont Blanc 4 808 m, 5 voies pour le sommet – Francois Damilano / JMEditions
- Manuel du voyage à vélo – Cyclo-camping international
Liens Internets
- Warm Showers : La communauté Warm Showers est un système d’échange gratuit d’hébergement entre cyclo-randonneurs à travers le monde
- Couchsurfing : permet de se loger gratuitement dans le monde entier et, surtout, offre la possibilité de rencontrer les habitants des pays visités
- Camp to camp : org est un site communautaire dédié aux sports de montagne. Vous y trouverez un topoguide, les conditions de courses, des articles, des forums, un album…
- Graphhopper Maps : Des cartes dédiées à l’outdoor en Open source, l’outil idéal pour préparer vos sorties
Mais aussi :
Également un site communautaire aux sports de montagne
La météo sur toutes les montagnes du monde et quelques infos utiles sur les massifs : ICI
Nepomuk’s Bed & Breakfast Backpackers Hostel Innsbruck
Chez annette et Eddi, maison d’hôtes et Couchsurfing à Irshen
A kals, maison des guides si besoin d’infos sur conditions météo ou autres infos sur la course (brochure sur l’itinéraire,…). / Tél : +43 4876 82 63 / Email : [email protected]
Applications
S’il ne fallait en garder qu’une…
GPX Viewer
Très pratique, cette application simple charge des pistes, des itinéraires et des points de cheminement de fichiers GPX, KML et KMZ et les traces sur différents types de cartes telle que Google Maps, MapBox, HERE et de nombreux types de cartes OpenStreetMap. L’application affiche des informations détaillées sur chaque piste, itinéraire et points de cheminement. Il montre également la position GPS actuelle sur une carte et suit cette position en continu, de sorte qu’il peut être utilisé comme une aide simple à la navigation. Si l’on zoome sur une zone on a même les courbes de niveaux et cerise sur le gâteau elle fonctionne même hors réseau ! Forcément, à minima, il faut quand même avoir un smartphone chargé !
Et si vous voulez plus d’infos…
La page Facebook
L’album photos
LAUREATS DES BOURSES AVENTURE LABALETTE AVEC LE CONCOURS DE LA GUILDE
Nous sommes très fiers de faire partie des lauréats 2016 des Bourses Aventure Labalette avec la Guilde !
CHANGER D’APPROCHE
La campagne « Changer d’Approche » est une initiative lancée et portée par Mountain Wilderness, association nationale de protection de la montagne.
Changer d’approche c’est adopter une approche douce, en utilisant des modes de transports alternatifs à la voiture individuelle. Changer d’approche c’est aussi s’immerger davantage en montagne en goûtant aux saveurs locales et en contribuant à faire vivre l’économie locale.
Voyage dans l’arc alpin
De la mer à la montagne
Quand on habite en bord de mer, qui plus est en Normandie, prétendre parcourir les cimes enneigées, s’aventurer à des altitudes dont le simple énoncé laisse songeur plus d’un marin, tend souvent à créer l’étonnement, voire à être pris comme une erreur de parcours.
Mais, quand on y regarde de plus près, océans et montagnes partagent beaucoup de similitudes. Ils ont en commun cette immensité, cette demande d’engagement, le danger. On les parcourt parfois avec émotion, toujours avec respect et humilité. Face à une nature mystérieuse, authentique, envoûtante, nos esprits se laissent volontiers aller à vagabonder sur les sommets et les routes légendaires qui ont marqué l’imagination de plusieurs générations, soit par leur forme, soit par leur histoire.
Apprentis aventuriers, sportifs passionnés, c’est un peu tout cela qui nous réunit. Soif d’émotions et de découvertes, de rencontres, le dépassement de soi, la conscience commune des innombrables liens qui s’établissent entre les valeurs écologiques, valeurs éthiques et notre comportement.
Or, quoi de plus excitant que la traversée du plus grand espace naturel européen, berceau de l’alpinisme et refuge pour une faune et une flore uniques ; mais aussi un territoire riche en traditions et depuis toujours marqué par les échanges culturels.
Un voyage unique au sein des gigantesques massifs qui modèlent le cœur de l’Europe formant une mer hérissée de sommets. Un voyage où l’atteinte des sommets devient autant un objectif qu’un prétexte à la découverte de ce qui nous entoure, aux rencontres. Accepter de se laisser transporter, prendre le temps, adopter une approche responsable qui prend sens grâce à chacune des étapes qui nous rapproche du but.
La montagne, comme une quête longuement préparée, patiente, l’effort pour remonter à la source de son acte, un changement d’approche qui redonne du sens à ce qui nous entoure, le partage.
Dimanche 8 mai, 6 jours avant le départ, plage du Havre
Le regard plongé vers l’horizon, j’ai du mal à penser à autre chose qu’à 7 Summits Company.
Jamais un projet ne m’aura procuré tant de doutes et d’interrogations. Partir à trois, pour moi qui est habitué au projet « solo », n’y est pas étranger.
Ce projet dont j’ai imaginé les premiers contours il y plus d’un an alors que je finalisais la préparation de « Ben Nevis, the South route* », va prendre vie…
Un travail de longue haleine, de longues soirées passées devant l’écran de mon ordinateur à déterminer parcours et voies, à préparer communiqués de presse ou articles, à construire un environnement numérique ou encore à rechercher avec plus ou moins de réussite partenaires et sponsors…
Si j’ai beaucoup rêvé la réussite du projet, l’ascension des 7 sommets, les rencontres, des paysages… j’imagine désormais beaucoup l’échec et la difficulté. Plus que la mienne, c’est la difficulté à assurer une cohésion d’équipe quand la nature, la météo, les aléas, nous mettrons à l’épreuve.
Et la difficulté devrait s’inviter dès les premiers tours de roues. La météo s’annonce hivernale : chute de neige en altitude, pluie en vallée, tout cela associé à la fatigue d’un voyage ferroviaire d’approche qui s’annonce déjà comme épique…
L’approche par train, avec tout notre matériel sur le dos, à bout de bras, sonnera le coup d’envoi de 7 Summits Company. Une première étape où beaucoup choses nous échappent, pleine d’incertitudes et de contraintes (la traversée de Paris, la connivence aléatoire des contrôleurs à nous laisser accéder aux trains avec nos bagages encombrants,…) Une étape où le chronomètre est de rigueur : heure de départ, heure de correspondance, temps de transfert,… Un grand tumulte avant de rejoindre enfin la quiétude de la montagne !
Vendredi 13 mai, jour de départ du voyage dans l’arc alpin
16h35, dans le train pour Zurich… La journée est déjà bien avancée.
La pression est un peu retombée. Après le tramway pour rejoindre la gare du Havre ce matin, puis le train jusqu’à la gare Saint Lazare, la traversée de Paris tant redoutée est derrière moi, derrière nous!
Gaële qui nous attendait sur le quai, en mode « surprise », aura largement contribué à rendre cette traversée plus facile et agréable. Dans la gare de Lyon bondée, alors que le poids du sac à dos et du sac à vélo m’arrache les épaules, je me repose sur elle pour me guider vers le bon train. Un peu en avance on en profite pour faire un brunch sur le quai. C’est aussi ça la philosophie de 7 Summits Company, chacun peut participer, une étape, un coup de main, tout le monde est le bienvenue.
Le temps passe vite et il faut bientôt partir à l’abordage du TGV aux couleurs suisses. L’abordage… ce mot n’est pas galvaudé. Si chacun a réservé sa place, il n’en va pas de même pour les bagages. Et là il n’est pas questions de scrupules, ni de bonnes manières, ni même de condescendance… Les premiers arrivés sont les premiers servis… Ainsi va le voyageur moderne !
Pas vraiment d’emplacement vélo dans ma voiture. J’avais pourtant signalé que je voyageais avec ma monture… Je squatte l’espace « téléphone », ça rentre pile poil!
Me voilà donc installé dans le train pour Zurich ! Thomas avec qui j’avais voyagé depuis la Normandie a rejoint Sylvain, gare de l’est, pour un cheminement plus au nord (via Munich).
Le voyage se fait tranquillement. Quelques messages de soutien via Facebook, par sms, ça fait plaisir!
Pas vraiment le temps de prendre racine, le train arrive dans la capitale suisse vers 20h30. Top chrono, j’ai 15 minutes pour rejoindre le train suivant. Il m’en faudra 10 !
En montant dans la voiture N°11, soulagé d’en avoir fini avec les transferts, je comprends vite que cette dernière étape vers la Slovénie va être compliquée. Couchette de 6 personnes sans espace pour stocker un vélo, voiture remplie, voyageurs souvent imprégnés par l’alcool et un contrôleur peu enclin à me faciliter la vie. Pour couronner le tout, 20 arrêts sont au programme de ce voyage de 11 heures.
Vers minuit, après avoir passé la première partie du voyage en bout de wagon avec mon matériel, alors que le sommeil a gagné la plupart des voyageurs, je négocie de pouvoir laisser mon vélo devant les couchettes. Il y a moins de passage… J’estime que cela ne pose plus de problème et le contrôleur finit par abdiquer. Je vais pouvoir aller m’allonger un peu, enfin m’allonger, c’est une façon de parler… Mes sacoches et mon sac à dos remplissent déjà une bonne partie de ma couchette!
Bref, je m’installe péniblement au 3eme niveau et je dors avec plus ou moins de succès.
Samedi 14 mai, premiers coups de pédales dans l’arc alpin
Le train circule en Slovénie depuis quelques minutes et le temps est bien gris en ce samedi matin. Quelques kilomètres encore et le train stoppe à Jesenice (585m), bourgade d’un peu plus de 13 000 habitants à 70 kilomètre en amont de Ljubljana. Il est 7 heures du matin, c’est la fin de ce périple ferroviaire. Ce voyage de nuit en train aura été plutôt pénible.
Thomas m’attend sur le quai, caméra à la main. Sylvain quant à lui garde le matériel en cours de reconditionnement et éparpillé dans le hall étriqué de la gare. Ils sont arrivés un peu plus tôt et pour eux aussi le voyage a été éprouvant.
Qu’importe, nous voilà réunis, prêts à nous lancer dans cette grande traversée des Alpes !
Il s’est écoulé près d’une heure avant que nous soyons enfin prêts à partir. Tout est reconditionné dans ou sur les sacoches, la pression des pneus est vérifiée, nous sommes parés ou presque. Affamés, nous prenons un petit déjeuner copieux à une centaine de mètres de la gare.
Vient enfin le moment de s’élancer pour de bon ! 20 kilomètres nous séparent de notre point de chute du jour, Aljazev Dom (1 015m). Puis nous devons grimper jusqu’au Triglavski Dom qui sera notre camp de base avant l’ascension du lendemain. Enfin ça c’était le plan d’origine.
Les premiers kilomètres à vélo sont un vrai rodage. Nous tournons d’abord en rond dans une zone commerciale en sortie de Jesenice avant que des passants, nous voyant en perdition, nous aide spontanément à retrouver la bonne direction. Sylvain, qui a perçu un nouveau vélo, peine à prendre ses marques. C’est la première fois qu’il roule avec sa monture si chargée. Nous faisons de nombreux arrêts pour régler hauteur de selle, de guidon ou dérailleurs chahutés pendant le voyage.
Dans l’ascension finale vers Aljazev Dom, la pente forcit ostensiblement et de nombreuses sections ne sont plus bitumées. C’est dans une de ces sections très exigeantes que la roue avant de Sylvain se dérobe, la chute est inévitable et lourde. Fort heureusement pas de gros bobos mais pour Sylvain le doute s’installe.
Nous reprenons notre chemin au cœur des Alpes Juliennes, tantôt en pédalant, tantôt en poussant. Le soleil a fait son apparition et nous tentons, malgré l’effort intense, de profiter du somptueux décor qui nous entoure.
Un choix difficile
Si le soleil avait pris le dessus sur la grisaille depuis quelques heures, dès notre arrivée à Aljazev Dom le temps change.
Les nuages noirs s’accrochent sur les reliefs, les lignes de crêtes disparaissent, quelques gouttes tombent, puis c’est le tonnerre qui raisonne. Un premier avertissement lointain, puis s’ensuivent quelques semonces plus proches.
Il est 14h30, nous sommes presque prêts à partir. Cordes, piolets, crampons vont remplacer les vélos mais nous devons encore manger. Nous profitons du menu proposé par le refuge. L’orage gronde à nouveau, toujours plus fort. Est-il vraiment raisonnable de se lancer dans ces conditions.
Pendant que nous mangeons la pluie devient plus forte. Nous échangeons : On y va ? On n’y va pas?
La gardienne du refuge appelle pendant ce temps les météorologistes de Triglavski Dom (que nous avons prévu de rencontrer). L’horizon est bouchée là-haut, chutes de neige modérées à fortes prévues jusqu’à dimanche… Décision est prise de ne pas monter. Reste à décider si l’on attend un créneau favorable ou non…
Les avis divergent un peu, la décision est difficile à prendre. Attendre une fenêtre météo favorable ici nous privera peut-être d’une autre pour le sommet suivant mais cette première ascension était tant attendue. La météo capricieuse et difficilement prédictible en ce mois de mai ne nous aide pas. Nous finissons par décider de renoncer au Triglav pour préserver la suite. J’ai bien du mal à cacher ma déception, notre premier rendez-vous avec les cimes est reporté !
Nous finissons la journée par une ballade dans la vallée (de la) Vrata, avec quelques photos souvenirs devant le mousqueton géant qui marque le départ de nombreuses randonnées. Le sommet du Triglav est perdu dans les nuages, nous ne le reverrons plus avant notre départ.
Dimanche 15 mai, direction l’Autriche
Réveil à 6hoo, aujourd’hui grosse étape vélo au programme : 120km. Nous avons passé la nuit au refuge d’Aljazev Dom très peu fréquenté en ce début de saison. J’ai pensé au Triglav toute la nuit je crois… Il faut passer à autre chose.
Après un bon petit déjeuner, œufs et polenta, nous reprenons la route à 8hoo sous un ciel très bas. La descente vers la vallée se fait avec prudence, il fait frais, le sol est glissant. Nous finissons par regagner la piste cyclable laissée la veille. Maintenant direction l’Italie. Oui, l’Italie ! Avant de gagner l’Autriche notre route fait un court passage dans la pointe nord est de Italienne. Nous immortalisons par quelques photos le franchissement de la frontière virtuelle entre la Slovénie et L’Italie. Ici plus de barrières, pas de barbelés, le bon côté de l’espace Schengen, circuler comme il nous plait…
Nous roulons à bonne vitesse, les kilomètres défilent à travers un paysage toujours aussi somptueux et comme la journée précédente, au fil des kilomètres qui nous éloignent du parc national du Triglav, le soleil prend le dessus sur la grisaille matinale.
Je suis souvent derrière Thomas et Sylvain. Je peine à suivre leur rythme notamment sur le plat où faux plat. Pas d’inquiétude néanmoins notre progression va bon train et je préfère ne pas puiser dans mes réserves en ce début d’aventure, la route est encore longue.
Pause ravitaillement à Tarvisio, petite et charmante station de ski. Un ravitaillement qui ressemblera à beaucoup d’autres à venir : cacahuètes, chocolat, jambon, fromage, fruits, pain (sans gluten pour Thomas) et boissons.
Après ce premier passage en Italie nous rejoignons donc l’Autriche. Dans cette première partie d’étape le parcours est assez favorable, plutôt descendant et quand les chemins ne sont pas bitumés, ils sont très bien entretenus et restent très agréables. Il y a tout de même quelques bosses à passer et c’est au sommet de l’une d’entre elle que Sylvain est victime d’une crevaison, un morceau de verre. Après la chute d’hier le sort semble vouloir accabler Sylvain. Réparation effectuée nous roulons jusqu’à Hermagor, un peu plus bas, ou nous nous arrêtons pour faire une pause déjeuner.
Confortablement installés sur une terrasse d’un glacier du centre-ville, nous trainons un peu avant de reprendre notre chemin. Mais une fois décidés, nous découvrons la roue arrière du vélo de Sylvain à nouveau à plat. Faute de chambre à air compatible, nous avons fait tout à l’heure une réparation à l’aide de rustine qui n’a visiblement pas porté ces fruits. Nous nous lançons donc dans une deuxième tentative qui, avec l’aide d’un passant très impliqué, sera plus efficace.
Un peu plus tard nous attaquons le premier col de notre aventure. Même s’il est modeste je suis en difficulté. Sylvain est loin devant, il s’est lancé en force dans cette ascension. Thomas d’abord dans ma roue finit par me dépasser et prendre plusieurs longueurs d’avances. A nouveau je ne m’inquiète pas outre mesure, le mot d’ordre « gérer ».
Pour la petite histoire Thomas progresse en vélo couché. Enfin il est plus assis que couché, le chargement à l’arrière du vélo ne laissant pas beaucoup de possibilité d’incliner son siège baquet. Ce moyen de transport « original » suscite beaucoup de curiosité et d’étonnement sur notre parcours.
La fin de journée approche, nous avons hâte de rejoindre notre point de chute du soir. C’est via le réseau couchsurfing que Thomas est rentré en contact avec Christina. Elle propose de nous accueillir pour la nuit, à proximité d’Irschen. « Ça monte un peu pour arriver chez moi », c’est à peu près le seul détail, hormis le fait que nous bénéficierons d’un lit ce soir, que nous connaissons sur notre destination. Un petit détour par rapport à notre route, un peu d’inconnu, mais la perspective de rencontres et d’échanges… What else !
Vivre à la montagne autrement
Quand nous partons en direction d’Irschen, le compteur affiche déjà plus de 120km parcourus ce jour et notre fraicheur matinale a laissé place à la fatigue. Les kilomètres passent, nous nous éloignons de la vallée et nous rapprochons inévitablement de reliefs abrupts. Effectivement ça va monter un peu…
Des pentes à 20% entrecoupées de quelques faux plats, nous voici à nouveau contraint de mettre pied à terre et de pousser nos montures. Alors que le soleil nous offre ses derniers rayons nous sommes impatients d’en finir. « Nous y sommes je crois », à quelques dizaine de mètres de nous un petit groupe, proche de 10 personnes tout de même, semble nous attendre. Quelques sourires, des applaudissements, plus de doute cette fois !
Toute la famille est là pour nous accueillir, on ne pouvait imaginer accueil plus chaleureux. Brèves présentations, échanges en allemand, en anglais et en français, parfois en un peu les trois mélangés…
Nous bénéficierons cette nuit d’un appartement complet dans le chalet concomitant. Avant cela, nous sommes invités à partager le repas de la famille. Une douche plus tard, nous voici attablés.
Les échanges sont chaleureux. Nous comprenons, au fil du repas et des discussions, que l’écologie et le respect de la nature sont des notions très importantes. La majorité des aliments viennent de la ferme (elle-aussi familiale). Le chalet, dans lequel nous sommes installés, a été réaménagé sur les bases de la permaculture. Les meubles de l’appartement ont été pensés et fabriqués sur place. Le bois qui a été utilisé pour de nombreux éléments a été récolté et traité selon les méthodes traditionnelles directement liées aux cycles lunaires.
Un système photovoltaïque, installé à proximité, permet de fournir l’électricité pour l’ensemble de la ferme. L’eau, issue d’une source, est également chauffée grâce à ce système. En contre-bas de la maison, un jardin d’herbes rares et diverses fournit les ingrédients à la fabrication de nombreux produits à base de plantes. Ici, on ne vit pas à la montagne, on la vit !
Nous discutons voyages, culture, montagne, météo… Le temps s’écoule. Bientôt, nous finissons inconsciemment par lâcher-prise, il devient difficile de se concentrer sur les échanges, la fatigue est là ! Nous remercions nos hôtes et partons nous coucher.
Lundi 16 mai, Grossglockner à l’horizon
8h30, le soleil brille, il est temps de quitter ce havre de paix. A nouveau, toute la famille est réunie pour notre départ, Christina, ses parents Annette et Edi, sa grand-mère, son grand frère, ses deux sœurs,…
Le vélo de Thomas suscite toujours autant de curiosité. Edi ne résiste pas à l’envie de prendre place dans le baquet. Encore quelques photos pour immortaliser cette rencontre, quelques mots dans le livre d’or et nous repartons pour ce qui doit être une courte étape. Seulement 65 km nous séparent de Kals Am Grossglockner.
Nous roulons dans la très agréable vallée de la Drave. La piste cyclable en terre battue nous éloigne de la circulation. Quelques sommets enneigés à l’horizon, la verdure qui nous entoure, tout est calme et paisible.
Nous arrivons très vite à Lienz, capitale de l’Osttirol (Le Tyrol oriental). Réputée pour son ensoleillement, son centre-ville aux façades colorées possède une belle place centrale où flotte une atmosphère assez méditerranéenne.
Au nord se dresse, quasiment sans transition, la barre abrupte du massif du Hohe Tauern. Le nom Hohe Tauern signifie à l’origine « hauts cols ». Il s’élève entre l’Autriche (Tyrol de l’est, land de Salzbourg et land de Carinthie) et l’Italie (province autonome de Bolzano). Le Grossglockner est le point culminant du massif et de l’Autriche. C’est aussi notre prochain objectif !
Nous nous arrêtons quelques instants afin de nous ravitailler et de trouver une chambre à air de rechange pour Sylvain. En vain ! On célèbre également la pentecôte ici et la plus part des commerces qui ne sont pas liés à l’activité touristique sont clos. Nous trouvons finalement de la nourriture dans une station-service. Pour la chambre à air, cela devra attendre…
Nous quittons la vallée de la Drave pour celle, plus encaissée, de l’Isel. Malgré la légère pente défavorable, nous roulons à plus de 25 km/h, à la faveur d’une piste cyclable bitumée et abritée des courants d’air. Quel plaisir d’évoluer à l’écart des voitures, dans une nature si généreuse.
Bientôt, nous apercevons, sur notre gauche, les premiers lacets que nous allons devoir parcourir. La pente semble raide ! Même si nous n’y sommes pas encore, notre allure diminue. Réflexe conditionné ?
En attendant, c’est le moment de faire la pause-déjeuner. Le ciel s’est un peu couvert et il fait un peu frais sur la terrasse du café que nous avons investi. A l’intérieur règne le brouillard des fumées de cigarettes. Entre les deux, le choix est vite fait !
Rassasiés, nous pouvons partir à l’assaut de cette grande montée qui doit nous mener à Kals am Grossglockner, notre camp de base en vue de l’ascension du toit de l’Autriche.
Nous évoluons d’abord en ordre dispersé. Gros braqué, danseuse, Sylvain part devant, comme à son habitude. Thomas reste en retrait. Les fortes pentes ne sont pas le point fort du vélo couché. Il est rapidement obligé de pousser son vélo. Quant à moi, je m’intercale donc entre les deux, à un rythme régulier de l’ordre de 6/7 km/h. Bientôt, je rattrape Sylvain. Nous faisons une courte pause pour attendre Thomas et repartons à nouveau, chacun à notre rythme. La pente finit par être moins raide, l’effort moins intense. Nous profitons davantage du paysage.
En cette fin de printemps, cascades et torrents généreusement alimentés par la fonte des neiges coulent à plein régîme. Celle de Lebensraum est la plus remarquable ! Après une dernière pente courte, mais très raide, nous arrivons à Kals à 1324 m d’altitude. Le village est quasi-désert. Office du Tourisme et Maison des guides sont clos, à notre grand désespoir. Nous voulons obtenir des infos sur les conditions de neige.
Kerrin représentante de Moutain Wilderness en Autriche, que j’ai eue ce matin au téléphone, m’a fait part de ses craintes sur l’instabilité du manteau neigeux suite au yoyo des températures de ces derniers jours. Coté prévisions météo, la fenêtre de beau temps se confirme. Mardi et mercredi devraient être ensoleillés avant une nouvelle dégradation.
Les choses étant bien faites. Nous réussissons néanmoins à entrer en contact avec Ingrid qui gère la maison des guides ! En grand weekend, elle n’a pas d’infos « actualisées », mais nous donne rendez-vous à 19h00 pour faire le point !
En attendant, nous établissons notre camp de base dans une auberge (la seule ?) où nous pourrons laisser nos vélos pendant notre absence. Le patron, au premier abord très rustre, ne parlant qu’allemand, finit par acquiescer à toutes nos demandes et, au final, s’avère très serviable. Il m’emmènera même chercher en 4*4, A.R.V.A, pelles et sondes à la station de ski, un peu plus haut dans la vallée.
En fin de journée, comme prévu, je vais à la rencontre d’Ingrid à la maison des guides. Elle a la cinquantaine, le visage marqué par la montagne. Avec un grand sourire elle me donne toutes les infos : topo, météo, conditions… Tous les signaux sont au vert !
Mardi 17 mai, Première journée de montagne, enfin!
Aujourd’hui nous débutons l’ascension du Grossglockner. Objectif du jour : rejoindre le refuge Stüdlhütte à 2800m où nous passerons la nuit avant un départ matinal vers les cimes autrichiennes. Au départ de Lucknerhauss, l’itinéraire passant par la Stüdl Hutte, est conseillé en conditions enneigées. Plus tard dans la saison, le passage par la Salm Hutte, plus long mais évitant le glacier de Küdnitzkees, est souvent privilégié.
Nous quittons notre confortable camp de base vers 11hr après avoir fait une réserve de nourriture au supermarché du coin. Nous partons pour deux jours en autonomie. La première partie du parcours du jour emprunte un chemin de randonnée avec quelques sections plutôt pentues. Dans les sacs, cordes, crampons, piolets, raquettes, kits avalanche, duvets, vêtements chauds, réchauds…
Tout cela pèse sur les épaules mais nous avançons à bon train. Nous mettons 2h 30 pour arriver à Lucknerhauss (1 920m). Traditionnellement les départs des randonnées et courses d’alpinismes se font de ce point qui est relié par la route à Kals et possède un large parking. Bientôt quelques sifflements retiennent notre attention. Pas très loin, un groupe de marmottes reprend possession du territoire après de long mois d’hibernation. Leurs cris, très distinctifs, raisonnent dans la vallée. La végétation, tout juste libérée de son manteau neigeux, reprend doucement des couleurs. Il faudra encore quelques semaines pour que la vallée verdisse. En attendant le paysage est presque terne.
De Lucknerhauss, nous gagnons le Luckner Hutte (2 241m), refuge intermédiaire qui est, à cette époque de la saison, fermé. A partir ce point nous chaussons les raquettes. La neige à cette altitude est lourde et offre une adhérence incertaine. Selon l’inclinaison, nous cheminons droit devant nous ou en réalisant de nombreuses conversions. Progresser dans le devers n’est pas l’option préférée de Sylvain. Passé en tête, il va droit dans la pente tant que l’adhérence le permet. Nous le moquons amicalement ! Quelques coulées sont visibles mais elles ne sont pas du jour. 5 heures environ après notre départ de Kals nous arrivons à la Stüdl Hutte (2 802m). Il n’y a pas âme qui vive à l’horizon, juste la montagne qui nous entoure à perte de vue. C’est grandiose !
Le refuge principal n’est pas encore ouvert, nous rejoignons donc le refuge d’hiver qui offre un confort minimum. Un toit, de quoi chauffer et se réchauffer, tables, bancs, matelas et couvertures.
Besoins primaires
L’effort de la montée derrière nous, il ne faut pas beaucoup de temps pour que le froid commence à nous piquer. Il fait moins de 10° à l’intérieur. Dehors, le vent qui s’est levé fait davantage fléchir la température. Ajouté à cela, nos réserves d’eau sont quasi à sec.
Il va donc falloir faire du feu pour réchauffer l’atmosphère et faire fondre de la neige. La domestication du feu par Homo Erectus a marqué un tournant dans la Préhistoire, l’être humain se distinguant alors des autres espèces animales, c’est à notre tour de nous lancer ! Nous partons néanmoins avec quelques longueurs d’avance, un poêle, du bois disponible, un restant d’allume-feu, du papier humide et un briquet. Il nous faudra, malgré tout, quelques essais et beaucoup de persévérance pour enfin voir apparaitre les premières braises.
Une fois le feu lancé, la chaleur rayonne rapidement à travers le poêle. Nous remplissons les casseroles de neige et laissons mijoter. Pendant ce temps-là, nous faisons une corvée de bois. Si plusieurs sections de tronc ont été acheminées jusqu’au refuge, il faut encore jouer de la hache pour les transformer en bûches. Si nous le faisons dans la bonne humeur, l’accident n’est parfois pas loin… L’ivresse de l’altitude…
La réserve de bûches constituée, c’est l’heure du repas. Bouillon, thé, les boissons chaudes sont privilégiées. A côté de celles-ci on retrouve au choix des plats lyophilisés ou des préparations « maison », inévitablement agrémentées par du chocolat. Le chocolat, nous en mangeons à tout moment. Noir, au lait, avec des noisettes, des raisins, biscuité, au rhum (le préféré de Sylvain), croquant dans le froid, fondant sous le soleil, cela devient très vite un des aliments de base.
Rassasiés, nous gagnons le dortoir à l’étage. Il n’est pas loin de 21h. La nuit sera courte.
Vue d’en haut tout est plus beau
Nous ouvrons les yeux à 3h00. Les alarmes de nos réveils réduites au silence, le calme règne. Le vent qui soufflait hier soir semble s’être apaisé. Le silence, c’est l’un des conforts les plus précieux qu’offre la haute montagne. Nous avons fini par nous habituer au « brouhaha » constant, imposé par la vie urbaine. Dans nos villes, dans nos maisons, le silence n’est plus. Ce silence, devenu si rare, est parfois déstabilisant, presque anormal.
La température dans le chalet est de l’ordre de 5°. Nous avions gavé le poêle hier soir, cela a maintenu un minimum de chaleur. Pour l’heure, il ne reste plus qu’une braise d’à peine 1 cm², mais c’est notre unique chance de relancer un feu avant notre départ. Comme la veille, nous domptons le feu et nous bénéficierons donc d’un peu de confort pour petit-déjeuner !
Dernière vérification des sacs, encordement, nous sommes prêts à partir. Le jour se lève, il est déjà 5h00. Pour cette journée de montagne plus technique et plus exposée que l’approche d’hier, seuls Thomas et moi sommes de la partie. Sylvain, se sentant moins à l’aise, redescendra tout à l’heure tranquillement dans la vallée.
Nous nous éloignons peu à peu du refuge, d’un pas décidé. Chacun fait la trace à tour de rôle dans une neige peu consistante et profonde. Les raquettes, qui sont sur le vélo un fardeau supplémentaire, prennent ici toute leur importance.
Nous longeons d’abord la pente en direction du sommet, avant de prendre pied sur le glacier du Küdnitzkees. A l’horizon, le soleil levant colore de rose les cimes enneigées. Splendide !
Nous remontons le glacier jusqu’à environ 3 250 m, puis nous filons à droite vers l’arête sud, issue de l’Adlersruhe. De là, nous enfilons alors les crampons pour la remonter jusqu’au refuge de l’Erzherzog Johannhütte, le plus haut du pays à 3 450 m. L’arête est sécurisée par un cheminement de câbles, mais les sections non recouvertes par la neige sont plutôt rares. En haut, le refuge, qui n’a pas encore ouvert ses portes, est largement recouvert par la neige. Nous profitons néanmoins quelques minutes de la terrasse, versant est, pleinement exposée au soleil.
Il faut désormais gagner le couloir donnant accès à l’arête dite du Glocknerleitl qui nous mènera d’abord au sommet du Kleinglockner, puis à celui du Grossglockner. Peu avant le pied du couloir, nous abandonnons nos raquettes, 1.6 kg en moins, c’est toujours ça. Nous les récupérerons au retour.
Thomas est motivé pour faire la trace. Sans les raquettes, nous nous enfonçons régulièrement jusqu’à hauteur du genou. Cela ajouté à la pente (40°), l’effort pour rejoindre l’arête est intense. A partir de l’arête, le parcours devient plutôt aérien et exclut tout faux pas. Nous prenons le temps d’échanger avec Thomas sur notre stratégie de progression. Nous le ferons au début de chaque section engagée.
A tour de rôle, au fil des sections, nous prenons la tête de la cordée. Nous nous sécurisons autant que possible sur les pieux métalliques qui sont installés sur la voie. Cette progression demande beaucoup de concentration, il faut rester à tout moment vigilant. Les « manip » d’assurage et de sécurité répétées tant de fois en salle prennent tout leur sens.
Le passage de la haute brèche du Glockner est impressionnant. Une section de 30 cm de large sur 5 mètres de long avec, de chaque côté, l’appel du vide. Vers 12h30, la croix sommitale est à portée de main. Nous sommes venus à bout du Grossglockner (3 798 m) ! Le panorama offert est fantastique. Nous prenons quelques photos et vient vite le moment de redescendre, la température est inférieure à 0° et la brise, même légère, ne tarde pas à nous glacer. Par un court rappel d’une vingtaine de mètres, évitant une phase de désescalade périeuse, nous regagnons assez vite la brèche du Glockner.
Dans l’euphorie de la descente, je discute avec Thomas sans me préoccuper de la corde que je suis en train d’avaler. Celle-ci à fait quelques nœuds, mais quand je m’en aperçois, il est trop tard, elle déjà presque au niveau du point d’ancrage. Impossible de la faire redescendre, impossible de la faire coulisser dans la broche… il faut remonter et démêler ! L’opération prendra prêt de 15 mn. Bref, l’histoire se finit bien, mais cela aurait pu être tout autrement avec des conditions météo moins clémentes.
Ce petit désagrément derrière nous, il ne nous reste plus qu’à rejoindre le refuge de Stüdle Hutte où nous avons laissé quelques affaires inutiles durant l’ascension (duvet, réchaud,…) et regagner Kals. Nous arriverons à l’auberge à 19h30, assoiffés et éprouvés par cette longue, mais belle journée.
Au loin, l’Allemagne
Le ciel bleu des deux journées précédentes a laissé place à la grisaille ce matin. Quelques gouttes de pluie rafraîchissent davantage l’atmosphère. Nous reprenons nos vélos pour prendre la direction de la Zugspitze, le plus haut sommet allemand. Nous y arriverons dans 3 jours si tout va bien. Les premiers kilomètres, 30 km tout de même, sont de la descente. En fait, les mêmes, montés péniblement 2 jours auparavant. Cette première partie de parcours est rapide et silencieuse, peu de mots sont échangés. Il est vrai que le bourdonnement du vent dans les oreilles n’aide pas.
De retour à Lienz, c’est la quête d’une épicerie, d’un supermarché, d’un endroit où trouver à manger pour la journée qui commence. Cette quête est d’autant plus compliquée pour Thomas qui mange sans gluten, mais il finit toujours mettre la main sur la denrée rare.
La pluie est revenue pour de bon cette fois. Nous mangeons dans le centre-ville, sous un porche, des sandwichs de fortune avant de remettre le pied à l’étrier. C’est déjà le début d’après-midi, il nous reste 90 km à faire pour venir à bout de l’étape du jour. Malgré une légère pente, les paysages de la vallée défilent. Comme très souvent depuis le départ, nous évoluons sur des pistes cyclables. Contre coup probable de l’euphorie générée par notre magnifique aventure sommitale d’hier, le parcours semble maussade, pluie et nuages bas n’arrangent rien.
Pourtant, les paysages alpestres autour de nous ne manquent pas d’intérêt. Nous évoluons à nouveau dans la vallée de la Drave qui devient bientôt Drava à la faveur d’un nouveau passage en Italie. Nous flirtons avec les limites des parcs Naturels de Tre Cimes & di Fanes-Sennes-Braies au sud et Parco Naturale Vedrette di Ries-Aurina au nord.
Effet de l’Italie ?
Le ciel s’éclaircit et la pluie cesse temporairement. Nous séchons au vent… Les kilomètres s’accumulent. Terrains cultivés, prairies d’alpages, forêts de sapins, un château par-ci, des églises par-là, notre horizon est varié. Dans la vallée, nous longeons régulièrement les rivières qui, au fil de leurs cheminements, deviennent torrents, ou encore, par le fait d’un barrage, d’un lac comme le Lago di Valdaora.
Les jambes commencent à être lourdes et il est déjà tard quand nous arrivons à Brunico, terme visé de cette étape. Mais, cette charmante ville aux façades colorées n’est pas propice à trouver un lieu pour dormir. Nous prolongerons finalement notre ballade de quelques kilomètres, jusqu’à St Lorenzo di Sebato (pour les latins) ou bien St Lorezen (pour les germaniques). Dans cette partie de l’Italie, proche de la frontière autrichienne, la langue allemande est souvent préférée à l’Italien. Peu importe, pourvu qu’on y mange et dorme bien !
Vendredi 20 mai
Une chose est sûre, connaître la géographie de l’arc alpin n’est pas inutile pour suivre le périple de
7 Summits Company. Après être partis de la Slovénie, être entrés en Italie, avoir parcouru l’Autriche, puis être revenus à nouveau en Italie (ou l’on parle allemand…), cette journée doit nous ramener en Autriche, plus précisément à Innsbruck, capitale régionale du Tyrol.
Les voyants sont aux verts en ce début de matinée, un petit-déjeuner copieux, le soleil qui brille, la température qui devrait atteindre les 20° (il faisait 9° au maximum hier). Nous nous élançons donc confiants.
Dès les premiers kilomètres, les premiers ressauts apparaissent, les quadriceps chauffent déjà.
Notre chemin est parfumé des odeurs des terres, des pâturages fraîchement ensilés, qui chauffent au soleil. Nous traversons moins de forêts aujourd’hui et restons souvent en bordure de rivières, de voies ferrées, de routes ou encore d’autoroutes qui cheminent au cœur de la vallée.
En début d’après-midi, nous stoppons à Vipiteno pour faire une pause -déjeuner. Nous investissons la place centrale de la ville et prenons place sur un banc public. Ce midi, nous agrémentons notre repas standard (pain, jambon, fromage, chocolat) avec du melon. Confortablement installés, réchauffés par un soleil généreux, nous avons bien du mal à repartir. La fatigue se fait doucement sentir, nous sommes sur les chemins depuis 7 jours et nous n’avons pas été avares d’efforts.
La plus grosse difficulté de la journée est devant nous. Nous devons passer le col de Brenner, perché à un plus de 400 m plus haut, pour rejoindre l’Autriche. En début d’ascension, la pente est forte, il faut parfois mettre pied à terre.
Consciemment ou inconsciemment, nous perdons la trace de la piste cyclable, moins directe, plus chaotique, consommatrice d’énergie… Nous progressons sur la route principale au cœur du val di Fleres, seule alternative à l’autoroute, un peu plus haut perchée, dont les ronflements des moteurs irradient inlassablement le calme de la vallée.
Si le col de Brenner a été rendu carrossable pour la première fois en 1772 pour des raisons surtout militaires, aujourd’hui, l’autoroute de Brenner est devenu le point de passage le plus important entre l’Italie et les états du nord des Alpes, emprunté chaque jour par quelques 10 000 camions et 30 000 voitures. Cela ne va pas sans de graves conséquences sur l’environnement et la population.
Si notre option bitume semble à première vue plus roulante et moins exposée aux soubresauts du relief, elle nous oblige à partager notre chemin avec quelques motos, voitures et autres véhicules motorisés. Certains nous rasent de très près, de trop près. Thomas, exaspéré, ne cesse de lever les bras au ciel.
Peu après 17h00, l’affaire est réglée. Nous passons Brennero, commune se trouvant à la frontière austro-italienne, aux confins de la province italienne de Bolzano et de la province autrichienne du Tyrol du Nord. A cette heure, même si le soleil est encore très haut, la ville est plongée dans l’ombre, cachée de l’astre solaire par les parois rocheuses abruptes qui l’entourent. Quelques semaines plutôt, des affrontements ont eu lieu entre les forces de l’ordre et des manifestants pro-réfugiés.
Le Col de Brenner et donc Brennero sont considérés comme un carrefour-clé pour les transports européens et une porte entre l’Europe du Nord et celle du sud. Mais, c’est aussi un sujet de discorde très fort entre L’Autriche et L’Italie.
En cause, le flux de migrants venant d’Italie, jugé hors contrôle par leur voisin. L’Autriche a fini par refouler sans concession ces innombrables migrants. Cette situation est très visible du côté italien de la frontière. Dès l’entrée de Brennero, les migrants sont très visibles, regroupés dans des logements de fortunes, attendant l’opportunité de filer vers le nord, l’Allemagne ou encore la Scandinavie.
Nous ne nous éternisons pas.
Il ne nous reste plus qu’à rejoindre Innsbruck, par une grande descente d’environ 25 km. Les virages coupés au cordeau s’enchaînent avec plaisir.
L’arrivée dans Innsbruck est très plaisante. Les maisons, dans la plus pure tradition autrichienne, sont souvent ornées de fresques bibliques. Ceci mêlé aux façades colorées et à une architecture typique du Tyrol garantit un dépaysement total.
Ce soir nous faisons halte dans une sorte d’auberge de jeunesse en plein centre ce qui nous permet de profiter de la chaleur de la ville en ce début de weekend.
Samedi 21 mai
Que cette journée fut longue et pénible !
Tout avait pourtant bien commencé. Un petit-déjeuner copieux à l’auberge de jeunesse, un dernier passage dans le centre d’Innsbruck et une piste cyclable, pour sortir de la ville, aux allures séduisantes.
Aux allures uniquement ! Jamais nous ne quitterons le bord de route et son « brouhaha » incessant. Mais ce n’est qu’un début. Nous nous engageons un peu plus tard sur une route très fréquentée pour gravir le relief de notre ballade du jour, 5 km de montée à plus de 10 %. Les voitures, motos et camions nous rasent, nous évitent…
Au-delà de la dangerosité de notre position, nous respirons à plein poumons les gaz d’échappements ! Je ne lève plus la tête de mon guidon, juste être concentré à rouler droit et ne pas se mettre en danger.
Après quelques lacets, nous nous échappons de ce piège, non sans soulagement. Malgré tout, nous n’avons peu ou pas d’alternative à la route principale. Nous tentons, quand c’est possible, quelques détours par des chemins plus calmes, mais ils nous ramènent tous, à un moment ou un autre, vers l’axe principal qui chemine dans la vallée.
Nous nous offrons un moment de calme lors de la pause déjeuner à Seefeld in Tyrol, à une dizaine de kilomètres de la frontière allemande, puis nous retournons dans le trafic, encore et encore. Pour une fois, ce n’est pas le froid qui nous transit, mais la chaleur qui nous assomme. Nous sommes passés en deux jours de 9° à 26° !
J’ai bien du mal à prendre du plaisir dans cette journée où la plus grande préoccupation sont les véhicules qui défilent si près de nous. Je sais également que cette chaleur n’est pas propice à nous engager demain sur les hauteurs de la Zugspitze, recouverte les jours précédents d’un frais et fragile manteau neigeux. Je m’agace très vite, ne parle plus, j’ai hâte que cette journée finisse.
Nous arriverons à Garmisch-Partenkirchen, destination du jour, vers 17h00 ! Située en Bavière, c’est la plus importante station de sports d’hiver d’Allemagne. Point de passage incontournable pour les amateurs de saut à ski, étape de la prestigieuse tournée des 4 Tremplins, son histoire contemporaine est également liée à l’organisation des controversés jeux olympiques d’hiver de 1936.
En ce samedi presque estival, la ville semble très animée. Les nombreuses terrasses du centre-ville sont bondées. Pour l’instant ce qui nous préoccupe ce ne sont pas ces terrasses quoique qu’un rafraichissement ne serait pas de refus. Nous cherchons à obtenir des informations sur les conditions de neige vers le sommet de la Zugspitze mais aussi à nous procurer l’équipement de via ferrata. L’utilisation étant spécifique au sommet allemand nous avons fait l’impasse sur le transport de cet équipement.
Mais il est dit qu’aujourd’hui rien ne sera facile : office du tourisme fermé, magasin de sport non achalandé… Nous nous en remettons à la bonne volonté d’un employé de magasin qui, via quelques coups de fils, tente de nous venir en aide.
Bredouilles, nous finissons par filer vers Grainau, à quelques kilomètres, où nous avons prévu d’installer notre camp de base. Nous plantons nos tentes au camping de la Zupspitze. D’ici nous sommes à une quinzaine de minutes par le bus de ce qui aurait dû être le point de départ vers la croix sommitale de la Zugspitze.
Mais la confirmation de mes craintes sur l’état du manteau neigeux vient de Gotlind, notre point de contact chez Mountain Wilderness en Allemagne, avec qui j’échange par SMS. Les conditions de sécurité pour entreprendre l’ascension ne sont pas réunies. Après le Triglav nous devons donc renoncer à la Zugspitze. J’accuse un peu le coup, 7 Summits Company s’effrite peu à peu.
Frustration, récupération & chaleur
Grand soleil, les prévisions météo ne laissent aucune place au doute, cette journée dominicale va être chaude. Je me réveille pas plus bavard qu’hier. La frustration apparait doucement, insidieusement. Sylvain et Thomas sont déjà au petit-déjeuner. Nous avons décidé de passer la journée sur place, ballade dans les gorges de la Hollental et autre tâches ménagères au programme.
Notre réserve vestimentaire est déjà bien éprouvée après cette première semaine et une grande lessive est la bienvenue. Je tergiverse un peu mais je décide de rester au camp, pas de ballade pour moi. J’ai besoin de digérer ce premier tiers de parcours, de recharger les batteries, besoin de me retrouver seul.
Pourtant, les Gorges de la Hollental sont toute aussi incontournables que la Zugpitze. Si l’approche est facilitée par les nombreux équipements, passerelles, ponts, tunnels, inlassablement installés, désinstallés et entretenus au fil des saisons, on y est constamment confronté aux forces et à la puissance de la nature. Ses chemins d’accès sinueux, son torrent alimenté par d’innombrables cascades et par les eaux de ruissèlement invitent à l’aventure… Tant pis, je reviendrai avec plus de forces et de conviction.
Thomas et Sylvain ne bronchent pas.
A l’heure du déjeuner, le thermomètre affiche 30°. Je me rafraîchis dans un premier temps dans la rivière voisine. L’eau qui arrive directement des montagnes avoisinantes est glaciale en comparaison avec la température extérieure. Puis je finis par me trouver un coin à l’ombre ou j’installe mon matelas et, après avoir extirpé quelques photos de ma GoPro, je me laisse aller à une agréable sieste. Quand je rouvre les yeux Thomas et Sylvain sont rentrés de leur périple, enthousiasmés par leur parcours dans les gorges.
Plus tard dans la journée nous reprenons la direction de Garmish afin de profiter d’une spécialité bavaroise : une bonne bière !
Thomas et Sylvain ont bien capté que je n’étais pas dans mon assiette, nous essayons de faire le point. Finalement, nous n’avons que très peu échangé sur nos convictions, nos attentes, sur nous même avant le départ de l’aventure. Nous n’avons eu jusqu’alors aucune expérience commune similaire, que cela soit dans l’intensité, l’engagement ou encore la durée. Nous nous sommes rencontrés en 2013 dans le cadre d’un trail au Maroc. Bloqués à l’aéroport de Marrakech en attendant le bus qui devait nous mener au cœur de l’Atlas, nous avions fait connaissance un peu par hasard.
Thomas est normand comme moi, il connaissait déjà Sylvain, et voilà comment sont nés les premiers échanges. Depuis 2013 j’avais eu l’occasion de recroiser Thomas sur quelques trails. L’an dernier alors que je remontais vers Ben Nevis*, Thomas et Sylvain traçaient à vélo, sur la côté Irlandaise, la Wild Atlantic Way. Avant leur départ j’avais glissé quelques mots à Thomas sur ce qui n’était qu’une ébauche de projet, relier le plus sommet des 7 pays traversés par les Alpes. En décembre 2015, Thomas reprenait contact pour avoir un peu plus de détails. Quelques jours plus tard, il embarquait dans l’aventure.
Sylvain, également emballé par le projet, nous rejoindra fin janvier. Sylvain habite Paris, Thomas dans le Calvados à une cinquantaine de kilomètre du Havre. Pendant les 3 mois qui ont suivis, nous avons échangé beaucoup par mail, un peu par téléphone, occasionnellement en face à face (uniquement avec Thomas). Les agendas de chacun sont chargés, la distance qui nous sépare importante, en tout cas, peu propice à des rencontres non planifiées. Nous avons donc parlé beaucoup logistique, sponsors, parcours, mais finalement très peu de nous.
Comme si la connaissance de chacun était une évidence, comme si c’était négligeable. Pourtant, nous le découvrons davantage au fil des jours, nous avons tous trois des caractères différents, des caractères forts. Nos convictions et nos attentes divergent parfois. Rien d’insurmontable, mais la mécanique grince un peu… Demain, nous reprendrons la route en direction du Grauspitze.
Lundi 23 mai
17h00, nous sommes assis autour de la table, nous nous réchauffons peu à peu, une tasse de thé à portée de main, un verre de digestif local à portée de l’autre…
Au moment d’ouvrir les yeux ce matin, la bonne nouvelle était qu’il n’avait pas plu la nuit et que nous pourrions remballer les tentes au sec. C’est ce que nous avons fait, sans trop perdre de temps. Il fait frais, le soleil des jours passés a disparu, le ciel etait bas, très bas.
En étant très positif, une autre bonne nouvelle est d’avoir l’opportunité de ne pas pédaler sous la chaleur. Après les 30° d’hier, la température ne devrait pas dépasser les 10° aujourd’hui, 7 à 9 selon les prévisions. Parfois, il faut voir les choses du bon côté… Et aujourd’hui il le fallait!
Très vite, la pluie s’est mise à tomber. Au moment des premiers coups de pédales je crois : une pluie fine et régulière. Les deux premières heures, alors que nous suivions le cours de la Neidemach à travers la forêt, oscillant entre L’Allemagne et l’Autriche, nous trouvions la situation simplement « humide ». Même la défaillance mécanique du vélo de Sylvain (roulement de pédales), même mon plongeon involontaire dans la rivière (seulement à mi-jambes), ne semblent pas nous affecter.
Quand après 3h00 de progression, la pluie s’est encore renforcée et qu’elle pénétre peu à peu nos multiples couches isolantes (blouson, chaussures, pantalon,…), il apparaît que la journée va être finalement longue et éprouvante.
Nous nous accordons une pause « chaude » en Autriche dans un café Italien tenu par des Portugais, mais la reprise est difficile. A l’humidité se mêle désormais le froid. Nous continuons notre route pieds et extrémité des doigts engourdis. Dans ces conditions, à vélo, la gestion de l’effort prend un autre sens. Plus l’effort musculaire est intense plus votre corps se réchauffe.
Mais, à l’opposé, cet effort génère intrinsèquement une augmentation de l’allure qui a comme effet d’augmenter la sensation de froid. Dans les descentes, je veille donc à ne pas trop prendre de vitesse même si je sais que je risque de payer l’élan perdu dans la montée suivante.
Le temps semble s’être arrêté et les kilomètres ne défilent pas comme les jours précédents. Recroquevillés derrière la visière de notre capuche, les yeux justes assez ouverts pour distinguer la chaussée, nous pédalons sans essayer de trop réfléchir, transpercés par l’humidité.
Dans l’après-midi, la neige commence à recouvrir les versants de la vallée, à peine plus haut que notre ligne de progression : nous évoluons, à ce moment-là, à une altitude de 750 m). Après 75 km passés sous la pluie, dans le froid, la question est ouvertement posée : « Et si on réduisait la distance du jour? » La réponse fait l’unanimité. Aucun de nous trois n’a l’envie ou la force de continuer encore 50km de plus dans ces conditions.
Le hasard fait que nous nous sommes retrouvés ici autour de cette table, à Rettenberg, dans une maison d’hôtes, accueillis par une « petite dame » (70 ans passés) sympathique et énergique !
La véranda dans laquelle nous sommes installés offre, par temps clément, une vue panoramique sur Le Grünten, le point culminant des Pré-Alpes d’Allgäu qui culmine à 1 738 m d’altitude. Mais, aujourd’hui, la seule vue dont nous bénéficions sont les flancs d’une montagne teintés de blanc et dont les cimes sont prisonnières d’épais nuages.
D’après notre hôte, c’est la première fois de l’année que la neige tombe à si basse altitude. La douceur a régné dans les Alpes ces derniers mois, on s’est même demandé s’il y avait eu un hiver. Ce dernier, vexé, semble vouloir tirer son baroud d’honneur, il reprend quelques heures, quelques jours au printemps. Dérèglement climatique, effet du réchauffement, difficile à dire.
Au centre de la maison, un imposant poêle à bois en céramique irrigue de chaleur l’ensemble des pièces. Nous étendons à proximité nos vêtements les plus humides. A vrai dire, lesquels ne le sont pas !? Mes sacoches censées être étanches ne le sont plus. Par « chance », seul le kit de réparation vélo et autres gamelles baignent dans l’eau.
La « petite dame »qui nous a quasi-kidnappés sur le bord de la route semble heureuse de notre présence. Un peu plus tôt alors que nous cherchions à rejoindre une chambre d’hôtes indiquée par l’office du tourisme, celle-ci nous avait presque barré la route avec son véhicule, avant de nous proposer avec vigueur de passer la nuit sous son toit.
La soirée passe vite. Nous sommes sortis dans le centre du village pour manger. Nous donnons et prenons quelques nouvelles sur Facebook, jetons un regard sur la météo des jours à venir, une mise à jour de notre parcours, l’étape de demain est verrouillée ! Il est temps de s’endormir.
Mardi 24 mai
La nuit à Rettenberg a été douce, on aurait même voulu qu’elle soit plus longue. Mais, après l’étape quelque peu rabotée d’hier, il faut repartir de l’avant. Pourtant, le ciel est toujours aussi bas et l’eau qui perle sur les vitres de la cuisine laissent imaginer l’humidité qui règne dehors. Chaque chose en son temps. Pour l’instant, nous sommes réunis autour d’un copieux petit-déjeuner : charcuterie, fromage, pain, œufs durs, confiture, café, thé,… Il y en a pour tous les goûts ou presque. Thomas a avec lui sa réserve de pain sans gluten. Nous faisons le plein d’énergie.
Derniers préparatifs avant le départ, je double mes sacoches d’un sac poubelle, nous nous équipons de sur-bottes réalisées avec des sacs plastiques. Nous sommes parés !
Sommes-nous mieux préparés psychologiquement ? Les premiers kilomètres sous la pluie sont moins pénibles qu’hier. Il pleut… Et alors ! A partir de Oberstaufen nous basculons sud-ouest en direction de Alberschwende, modeste station de ski autrichienne situé dans le land du Vorarlberg. C’est le land (état fédéré que l’on apparenterait à une région en France) le plus occidental et le seul Alémanique d’Autriche. L’Alémanique est un ensemble de dialectes ancestraux parlés en Suisse, dans le sud-ouest de l’Allemagne, en France (Alsace), dans l’ouest de l’Autriche, au Liechtenstein et dans le nord de l’Italie.
A la faveur d’une longue descente humide où nous redoublons de prudence, nous gagnons la vallée Dornbirn au large du lac de Constance.
Au fil de la matinée les routes s’assèchent. Le ciel reste chargé et les reliefs qui nous entourent ont bien du mal à se défaire de ces masses cotonneuses qui ne semblent pas prêtes à lâcher-prise. Néanmoins quand nous basculons de l’Autriche vers la Suisse, en début d’après-midi, le soleil a refait son apparition. Les températures, elles, sont à nouveau à la hausse.
C’est sur les berges du Rhin que nous cheminons, tantôt en Suisse, tantôt au Liechtenstein. Sur ce tracé quasi-plat, nous filons à prêt de 30 km/h. Puis, à une dizaine de kilomètres de Jenins, où nous stopperons ce soir, nous nous écartons du célèbre fleuve pour filer dans la pente à travers des champs de vignes. Il fait bon en cette fin de journée, le calme et la douceur de vivre règnent au pays d’Heidi. Dans les derniers hectomètres, nous rejouons avec Sylvain une arrivée du Tour de France ! A qui cédera le premier… De vrais gamins. A croire que les 730 km de vélo avalés depuis notre départ ne se suffisent pas à eux-mêmes.
Sur la ligne d’arrivée, Marion et Thomas (pas celui qui pédale) nous attendent. Les amis de Thomas (celui qui pédale cette fois) nous font le plaisir de nous accompagner pour l’ascension du Grauspitze demain. Pour cette occasion, c’est dans une auberge helvète que nous sommes tous réunis. La cuisine est bonne, il y a du vin et bière bien fraiche. Nous passons une bonne soirée !
Nous essayons d’extirper quelques informations sur les conditions de neige à notre hôte, en vain. Le Grauspitze lui-même lui semble inconnu. A vrai dire, il semble que le point culminant du Liechtenstein n’attire guère. Les informations et autres topos le concernant sont presque absents sur internet. Un sommet quasi-ignoré ! Sans repères, nous décidons de partir à l’aube demain matin.
Mercredi 25 mai, jour d’ascension
Il ne me faut que quelques secondes pour mettre fin à l’alarme qui provient de ma montre, il ne me faudrait pas plus de temps pour me rendormir… Mais il n’y a pas d’erreur, c’est bien l’heure du réveil ! Thomas a déjà jaillit de son lit. Je reste assis sur le mien quelques minutes, silencieux. Quitter les bras de Morphée se fait en douceur. Il est 4h00 du matin, nous avons rendez-vous aujourd’hui avec le toit du Liechtenstein. Je m’habille, finis le conditionnement du sac version course de montagne, tout y est ! Je rejoins le reste de la troupe dans la salle à manger. Le petit-déjeuner englouti, nous devons réunir tout notre paquetage dans un appentis mis à disposition par la patronne de l’auberge. Pas de verrou, mais par ici, cela ne semble pas être un problème…
Quand nous nous mettons en route, les premiers rayons de soleil illuminent déjà les sommets voisins.
Nous montons par un chemin bien tracé à travers la forêt, la pente est raide, mais nous évoluons à un bon rythme. Les premières traces de neige apparaissent vers 1 650 m, il est presque 8h00. Nous avons à cet instant réalisé 900 m d’ascension, il nous en reste à peu près autant pour atteindre notre cible du jour. Les arbres ont disparu du paysage quand nous enfilons nos raquettes. Le soleil brille et la fraicheur du tout début de matinée n’est plus qu’un lointain souvenir. Ce n’est pas forcément bon signe, nous sommes encore loin du sommet, la température monte très vite… Nous devons aborder le sommet par la face sud, il faut souhaiter que la couche de neige là-haut ne soit pas trop abondante, sinon le risque de coulées et de départ de plaques pourraient compliquer les choses.
Nous franchissons un premier col. A l’horizon, tout est couvert de blanc. A cette altitude, je ne m’attendais pas à tant de neige à ce moment de la saison. Le paysage n’en n’est pas moins magnifique.
Relecture du parcours, la marche d’approche est loin d’être terminée. Nous évoluons tantôt sur le plat, tantôt à flanc de paroi. La neige lourde décroche parfois sous notre poids. Péché d’orgueil, manque d’informations sur l’approche de ce sommet, météo imprévisible, nous ne sommes pas partis assez tôt. Nous arrivons au pied du sommet dans la Fläscher Tal (Tal = vallée) à midi. Le soleil est presque à son zénith. Tout à coup, un grondement, un peu plus haut sur notre droite, un amalgame de neige et de pierre dégringole.
Des traces de coulées semblent apparaître un peu partout… « Elle était déjà là celle-là ? Hum, je ne sais pas trop… ». Que faire ? Nous sommes à moins de 45 minutes du sommet, on y va, on y va pas ? Un second grondement… Nous scrutons les parois voisines, il n’y a pas vraiment de plan B, l’ensemble de la vallée est exposée… Décision est prise de ne pas tenter le diable. Décision raisonnable sans doute, mais c’est une nouvelle désillusion. Ce modeste sommet, tenant plus de la randonnée par sa voie normale, ne sera pas conquis ! Nous pique-niquons tranquillement dans une zone sûre, profitons de la beauté du paysage et repartons à rebrousse chemin ou presque, en optant dès que possible pour un tracé en fond de vallée, moins exposé aux coulées.
La descente paraîtra très longue. Nous aurons parcourus 25 km et près de 1 800 m de dénivelé. Revenus à Jenins la chaleur est écrasante. L’effet « yoyo » du thermomètre depuis notre départ est incessant, les températures ont varié de plus de 20° en quelques jours ! Nous reconditionnons une énième fois nos sacs pour repartir à vélo. La fatigue se fait sentir, mais nous devons avancer de quelques kilomètres encore avant de mettre un terme à cette journée d’efforts.
Nous quittons Marion et Thomas pour démarrer, déjà, l’approche du prochain sommet. Nous Laissons cette fois définitivement derrière nous l’Autriche et l’Allemagne.
Jeudi 26 mai, à mi-chemin
Nous avons atteint la moitié de notre aventure, approché 4 sommets, tenté l’ascension de 2 et sommes parvenus au sommet d’un seul. Nous avons roulé par monts et vallées, sous la pluie, transis de froid, sous le soleil avec l’ombre des forêts comme seule alliée, sur des pistes de terre, sur le bitume, parfois loin de tout, parfois au cœur de grandes cités. Et nous avons fait de belles rencontres. Souvent, nous en avons pris plein les mirettes. Instable, imprévisible, surprenante, changeante, incertaine, incohérente, la météo ne nous a pas épargnés. Cette grande traversée des Alpes est loin d’être un long fleuve tranquille.
Ce soir, j’ai du mal à m’endormir. Enfermé dans mon duvet, je refais le parcours qui nous a menés jusqu’ici, et j’imagine également la suite. Aurons-nous plus de chance pour atteindre les autres sommets ? Physiquement, je suis bien, même de mieux en mieux. Thomas et Sylvain semblent parfois marquer le pas, il faut dire qu’ils enchaînent pas mal de projets depuis le début de l’année. Devant nous, la partie la plus physique de l’aventure, encore de nombreux cols à passer à vélo, l’enchainement de longues étapes, 3 sommets au-delà de 4 000…
Au petit matin, quand vient le moment de se réveiller, la nuit m’a semblé bien courte. Nous démarrons, à partir d’aujourd’hui, une grande traversée de la Suisse qui devrait durer près de 3 jours.
De Landquart, point de départ du jour, jusqu’à Tamins, petite ville suisse où se rencontre le Rhin postérieur (Hinterrhein) et le Rhin antérieur (Vorderrhein) formant ainsi le Rhin, la vallée est assez industrialisée. Puis, passé Tamins, le paysage devient plus agréable. Beaucoup de culture fruitière occupe les coteaux que nous traversons : fraises, framboises, quelques vignes… Un peu plus loin encore, dans les pâturages, l’herbe fraichement coupée parfume l’atmosphère. Et si l’herbe n’a pas été coupée, quelques vaches occupent le terrain. Autour de nous, les cimes enneigées sont omniprésentes. Nous sommes dans le canton des Grisons, le plus grand et le plus oriental des cantons de Suisse.
Nous avons pris de la hauteur quand nous surplombons les Gorges du Rhin antérieur, appelée localement Ruinaulta ou encore le grand Canyon Suisse. De l’étroite route qui serpente le long de la paroi abrupte, la vue est splendide.
Puis nous plongeons à nouveau en fond de vallée. Dans ces grandes descentes, entre cols et vallée, nous filons parfois à prêt de 70km/hr, 10 fois notre vitesse de montée… Et des montées, aujourd’hui, il y en a beaucoup. Pour récupérer de nos longs efforts, nous mangeons « presque » sans cesse, chocolat, fruit secs, fromage, jambon, il ne se passe pas une heure sans grignotage.
Ce n’est pas un souci en soi, nous avons fait le choix de ne pas partir en autonomie alimentaire, il suffit donc de trouver un supermarché, une épicerie et nous dénichons toujours de quoi nous rassasier. Toujours ou presque… Aujourd’hui, c’est férié et ça, nous ne l’avions pas anticipé. Tous les rideaux des magasins sont tirés. Après quelques détours et un peu de persévérance, nous finirons tout de même par trouver de quoi nous rassasier dans un point presse d’une gare.
Après une dizaine d’heure, nous stoppons à Tujetsch en aval du col de l’Oberalp 600 mètres plus haut.
Avant d’installer notre campement, nous prenons place dans le restaurant d’une auberge en bord de route. Nous optons pour une pizza et une bonne bière, récompenses d’une nouvelle journée à pousser inlassablement sur les pédales de nos lourds vélos. Un peu plus tard, l’addition réglée (22 euros la pizza, nous sommes bien en Suisse), nous montons rapidement les tentes et nous nous laissons aller à un repos bien mérité.
Vendredi 27 mai, entre renoncer et s’adapter
Le Rhin Antérieur, qui coule à 100 m de notre campement, n’est plus ici qu’un ruisseau. A vrai dire, d’où nous sommes, nous en apercevons à peine le lit. Notre route commune avec ce futur grand fleuve d’Europe s’arrête ici.
Nous sommes sur le point de reprendre notre parcours après une nuit calme et reposante. L’objectif du jour est ambitieux : nous devons franchir 3 cols, l’Oberalp, le Saint-Gothard, connu pour ses pentes assez sèches, puis le Novera, encore plus haut, qui culmine à 2 550 mètres d’altitude. La première ascension s’effectue sans difficulté. L’effort est intense certes, mais nous grimpons prudemment, chacun à notre rythme. Nous croisons un couple de sud-africains. Partis de Londres, ils traversent l’Europe en passant par les Alpes avec leurs vélos mono-vitesse. Au moins, pas de problème de dérailleurs… Chapeau tout de même !
Nous serpentons le long de la paroi au rythme des nombreux lacets. A l’Oberalppass, la neige est encore largement présente, ce qui est loin d’être habituel selon les locaux. Ici, comme ailleurs dans les Alpes cette année, l’hiver semble être décidé à défier le rythme des saisons.
Une longue descente à toute berzingue plus loin, nous abordons les pentes du St Gothard. Nous appliquons la même recette : rythme régulier, gestion de l’intensité. Rien ne sert de courir, il faut partir à point ! J’arrive le premier au col. Malgré le soleil la température chute sous l’effet du vent et très vite je passe la doudoune. Thomas puis Sylvain arrivent une vingtaine de minutes plus tard. La fatigue est là. Quelques photos et c’est reparti pour une nouvelle descente. Transis de froid, je suis raide comme un piquet, le début de cette descente est un calvaire.
Tout en bas se trouve Airolo. Cette modeste commune Suisse a été, durant la campagne d’Helvétie en 1799, le théâtre d’une défaite de l’armée Napoléonienne. Le valeureux Général Lecourbe et 600 soldats français, malgré une résistance de tous les instants, furent poussés à laisser place à l’armée russe, aux grenadiers beaucoup plus nombreux. Mauvais présage ?
Passé Airolo, une grosse surprise nous attend : un immense panneau indique que le col de Novena est fermé !
Que faire ? La route vers la pointe Dufour est barrée, il n’y a aucun itinéraire bis raisonnable… Peut-être prendre le risque d’essayer de passer le col tout de même ? Je ne vois pas comment convaincre mes camarades aux visages marqués et, d’un point de vue logistique, emprunter un terrain enneigé voire accidenté, en vélo couché n’est pas une solution viable. 7 Summits Company, tel que je l’avais imaginé, vient définitivement de prendre fin. J’accuse le coup et songe même un instant à gagner la gare la plus proche et à repartir en train. Nous restons au bord de la route un moment, discutons, réalisons des interviews vidéos. Rebondir, s’adapter, ressortent à plusieurs reprises.
Dans mon esprit, c’est plus le mot « renoncer » qui raisonne. Et la seule voie de sortie qui nous reste, outre le train, c’est bien celle du renoncement. Nous allons contourner les Alpes par le sud en traversant la Plaine du Pô pour revenir vers le Grand Paradis par la vallée d’Aoste. Par conséquent, nous ne tenterons ni n’approcherons, la Pointe Dufour, l’une des courses, si ce n’est la course, majeures du projet.
Nous retournons dans le centre d’Airolo. Nous passerons la nuit ici.
Au soir de ce 14ème jour de 7 Summits Company, je ne sais trop quoi penser. Entre déception de voir les sommets défiler sans pouvoir les gravir, le plaisir d’évoluer dans un décor magnifique, la météo à venir qui s’annonce humide… Peut-être que le timing n’était pas le bon, peut-être n’ai-je pas fait les bon choix… Reste maintenant à finir en prenant le maximum de plaisir. Deux sommets restent encore jouables, le Grand Paradis en Italie et le Mont Blanc.
Savoir s’adapter fait partie du jeu, soit! Demain, il fera jour.
Samedi 28 mai, l’Italie inattendue
Voilà deux jours que notre contournement de l’arc alpin par le sud a démarré (pour mémoire, nous avons été obligés de renoncer à la route originelle suite à la fermeture du col de Novena et la perspective d’une ouverture tardive du col du Grand St Bernar). Nous avons quitté Airolo, en Suisse mais où on parle italien, pour rejoindre Dumenza, en Italie, sur les hauteurs du lac Majeur, où l’on parle….. italien, ouf! Cette longue descente vers la plaine, près de 60 km, m’a semblé durer une éternité. Nous avons souvent dû partager notre chemin avec voitures, camions et motos. Puis, la vallée s’élargissant, nous avons pu profiter de moments plus calmes.
L’arrivée sur les rives du Lac Majeur est un véritable dépaysement. Après avoir franchi la veille encore des cols enneigés, évoluer sur les rives du lac, arborées de palmiers, est un sacré changement de décor. Il ne manque qu’un parfum iodé pour se croire en bord de mer !
Le dépaysement fut plus grand encore chez Francesco qui nous accueillait pour la nuit (via le réseau Warmshower). Passés en Italie, nous avons rendez-vous avec notre hôte au bout de ce que nous croyons une impasse. Après quelques minutes d’attente, surgit de nulle part Francesco.
Nous nous enfonçons avec lui dans la forêt voisine, laissons nos vélos dans une grange jusqu’à arriver, par un sentier accidenté, à la maison, plantée au milieu de nulle part, isolée du monde… Francesco vit ici, presque en autonomie, à la frontière de la marginalité. La maison lui a été prêtée pendant quelques mois par un autre compère parti en campagne contre la création d’une ligne de chemin de fer entre Lyon et Turin. L’eau provient de la source voisine, le pain est fait maison comme presque toute la nourriture ici, hormis, peut-être, la matière première, comme les farines ou céréales. Et ce n’est pas différent pour la bière que nous partagerons autour de la table de la cuisine.
Nous visitons la propriété. La maison, autrefois abandonnée, est en cours de reconstruction.
Bon gré mal gré, nous apportons même notre pierre à l’édifice. Nous montons à bout de bras une gazinière de « récupération », restée en aval de la maison faute de gaillards pour la conduire jusqu’ici. Sans cela, nous ne pouvions espérer manger chaud le soir… Les conditions de confort sont minimalistes mais suffisantes. Nous pouvons prendre une douche dans… la cuisine ! Nous disposont de deux chambres à la literie d’un autre temps. Qu’importe, l’accueil est chaleureux. Ce ne sont pas les nombreuses fourmis qui parcourent la table pendant le repas qui diront le contraire !
Après une nuit parfois éclairée par l’orage proche, nous repartons pour une journée de déluge. A peine quelques minutes après avoir mis le nez dehors, nous sommes déjà douchés.
La journée n’est qu’une histoire de pluie, fine, grosse,…. Il pleut sans discontinuer. Par deux fois, nous trouverons un peu de répit dans des halls de supermarchés.
Tandis que l’étape du jour du Tour d’Italie cycliste est annulée (pluie forte…) nous parcourons tout de même 80 km. Nous stoppons finalement à Gattinara, commune du Piemont connue pour son vin rouge du même nom, dans une auberge où nous surgissons tels des vagabonds au milieu d’une fête de mariage.
Ce matin, après une nuit tout confort, nous reprenons notre itinéraire de contournement, secs et reposés. A l’horizon, les montagnes ont disparu. Les marmottes ont laissé place aux oiseaux au long cou et autres huppés. Nous roulons dans la plaine du Pô. Ici, notre parcours se dessine au grès des rizières… (et oui, il faut bien le sortir de quelque part le riz pour le risotto !).
Nous traversons de nombreux villages : San Giacomo Vercellese, Salussola, entre autres. Les villages italiens ont quelque chose d’unique. Est-ce leurs façades colorées, usées par le soleil ? Les milles balcons en fer forgés tous différents ? Leurs églises délicatement ornées de peintures divines ? Ce décor, inattendu dans 7 Summits Company, est très plaisant.
A quelques kilomètres d’Ivréa, notre destination du jour, nous empruntons quelques sections de la Via Francigena. La via Francigena, pouvant se traduire par la « voie qui vient de France », est un réseau de routes et chemins empruntés par les pèlerins venant de France pour se rendre à Rome. Sylvain retrouve des lieux qu’il avait parcouru trois ans et demi plus tôt alors qu’il se rendait à Rome… en courant. Après 60 kilomètres, nous concluons l’étape du jour dans le centre piéton d’Ivrea. Voilà donc une journée de récupération ou presque : la quiétude de l’Italie, peu de relief… A deux doigts de la Dolce Vita! En soirée, nous retrouvons des amis de Thomas et Sylvain pour partager de délicieuses pizzas.
Stefano, l’un de nos sympathiques hôtes, nous accompagne le jour suivant à travers le Val d’Aoste. Le décor a, de nouveau, changé : nous retrouvons les montagnes. Le temps aussi a encore changé, le soleil brille ! Stefano mène le petit groupe à travers la vallée. Pour une fois, pas besoin de GPS, ni de carte, pas de doute sur la direction à prendre, il n’y a qu’à se laisser guider, un confort simple que l’on avait fini par oublier. Du coup, l’étape passe très vite et, malgré quelques kilomètres plus pénibles à l’entrée de la ville, nous arrivons assez frais à Aoste.
Le Grand Paradis n’est plus très loin, mais les prévisions météo sont, une fois de plus
, relativement pessimistes. Nous tenterons notre chance demain. C’est le seul sommet qui reste envisageable avant de mettre fin à l’aventure. Les infos sont tombées dans la journée, le Mont-Blanc, par sa voie normale, n’est pas envisageable à cause de nombreuses plaques à vent qui se sont formées ces derniers jours.
Mercredi 1er juin, pas de Paradis pour la 7 Summits Company
Quand nous quittons Aoste pour gagner Pont, point de départ de l’ascension du Grand Paradis, je suis persuadé que notre prochaine nuit se passera un peu plus près des étoiles.
Mais, la météo est décidément capricieuse en cette fin de printemps. Après une ultime montée à vélo, accomplie entre pluie et soleil et qui nous fait découvrir une vallée très sauvage et isolée, le constat est simple : les nuages, sombres, recouvrent entièrement le massif du Grand Paradis. Les prévisions météo n’indiquent aucune amélioration à venir, bien au contraire…
Le temps d’une rapide discussion et notre décision est prise : notre aventure s’arrête là. Le temps n’est pas avec nous, l’incertitude de pouvoir monter trop grande, l’usure et la lassitude font le reste.
Nous reprenons le chemin d’Aoste d’où nous organiserons notre retour vers la France, par bus entre Aoste et Chamonix, puis en train, puis en bus, puis à nouveau en train… Comme à l’aller ce trajet sera assez épique, la grève de la SNCF ajoutant un peu de piment.
Épilogue du voyage en vélo dans l’arc alpin
Aujourd’hui, un peu plus de 3 mois depuis la fin de notre aventure, je garde en tête ce message de Fred Marat de Moutain Wilderness, adressé alors que je lui indiquais que l’aventure se terminait :
« Merci pour ces news…nul doute que les démons des sommets est bien inscrit en vous…
Vous le ferez ce trip !
ET puis, la montagne se vit et se raconte sous toutes ces formes…
Hâte donc de vous suivre ! »
Même si les 7 sommets n’ont pas été conquis, nous aurons réalisé un sacré périple sur cette Via Alpina cycliste et pédestre, 1 400 kilomètres à la force de nos mollets, à travers l’arc alpin.
Les Alpes, ses chemins, ses sommets et ses secrets sont encore là pour quelques temps. Il y a tant d’histoires encore à inventer.
Un grand merci à mes deux coéquipiers, à tous nos partenaires, à ceux qui nous ont suivis, à ceux qui nous ont encouragés !
Matériel pour ce voyage dans l’arc Alpin
CATEGORIE | MODELE | MARQUE | POIDS | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | LE PRODUIT A-T-IL RÉPONDU AUX ATTENTES ? | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
TENTE | HUBBA HUBBA NX | MSR | 1540 | Résistante, Montage simple, habitabilité maximum, encombrement et poids mini | 2 grandes absides très pratiques, Gros empiècements moustiquaire sur la toile intérieure et donc grosse circulation d’air … avantage pas de condensation, inconvénient perte de chaleur, on ne peut pas tout avoir! Pas d’utilisation sur neige cette fois. | Un référence dans les tentes 3 saisons, Je reprends |
TAPIS DE SOL | FORCLAZ AIR | QUECHUA | 550 | Rapport Volume (1,5 L) / Dimensions (180 x 50) / Je souhaitais un matelas couvrant ma taille, peu encombrant et surtout gonflable à la bouche | Suffisamment confortable dans les conditions d’utilisation de base. Utilisation en « terrain accidenté » à tester. Housse de rangement trop juste, petite galère à reconditionner le matelas. | Je repars avec |
SAC DE COUCHAGE | CAT’S MEOW | THE NORTH FACE | 820 | le cahier des charges : sac de couchage synthétique (séchage plus rapide) / champ d’utilisation maximum (T°), de -5° à 10° / Prix raisonnable | Ce classique de chez North face est une valeur sûre. Utilisation standard sans problème, pas d’utilisation « limite » cette fois. Dans les moins… Un peu volumineux | Je repars avec ! |
RECHAUD | CRUX | OPTIMUS | 83 | Je souhaitais quelque chose de petit, léger, performant… | A mon sens un véritable bijou technique, conception bluffante. Un rapport poids / puissance restituée au top. Seul tout petit bémol, lors du montage surtout il faut penser à bien refermer le robinet. Celui-ci doit être en position ouverte lors du repliage pour qu’il s’imbrique correctement avec le bruleur. | Ne me parler pas d’un autre modèle… |
KIT PREMIER SOIN | First aid kit waterproof | CARE+ | Compact / Contenant étanche | Très compacte, l’avantage est que ce kit se glisse un peu partout, inconvénient, en mode urgence, seul, sortir le contenu ne dois pas être évident… Trousse à compléter suivant les besoins spécifiques ou vous vous déplacer et suivant vos besoins propres (allergies,…) | ||
BATTERIE / ACCU | Rugged™ Classic | X-Moove | 140 | Résister à la neige, la terre, la pénétration de liquides ou encore aux chocs violents ! 5600 mAh, soit 3 recharges complètes d’un smartphone | Oui | Je repars avec ! Un modèle à 9000 mAh serait parfait |
CAMERA | HERO4 Black | GOPRO | 575 | Je l’ai eu en promo à 372,00€ 😉 | L’interface avec le smartphone via l’application GoPro (Bluetooth) est très pratique. | Quitte à prendre 2 caméras, essayer d’avoir le même modèle ou au moins le même modèle de batterie… |
CAMERA | HERO4 Siver | GOPRO | 569 | Celle de Thomas | A quand le signal sonore qui avertit t 5 minutes avant que la batterie tombe en carafe…. | |
REFLEX NUMERIQUE | DMC-G7 | PANASONIC | 360 | L’appareil de Thomas ! Le mode manuel pour la vidéo est génial : avec modes PASM, pour contrôler vos ouvertures, vitesses, sensibilités en temps réel, avec focus peaking, zebras, réglage de la sensibilité du micro intégré ! | Il refera le voyage | |
PIED | GORILLAPOD 3kg | JOBY | 270 | Flexible, preci, pouvant aussi bien supporter une GoPro qu’un reflex | S’accroche un peu près partout, ne craint pas la pluie, boue, poussière, bref un pied tout terrain | Je reprends |
SOFTSHELL | ALPINE START HOODY | BLACK DIAMOND | 250 | Compressible, légère. | Mon coup de cœur. Une softshell confortable, légère, agréable à porter, une seconde peau. Techniquement irréprochable dans des conditions de progressions actives, vous protège du froid sans vous étouffer. Attention ce n’est pas une veste à porter en statique par contre la membrane et si fine que vous pouvez passer une doudoune par-dessus lors d’une pause. Prêtée par le Yeti mais j’ai fini par la gardée. | je ne la quitte plus |
VESTE GTX | KICHATNA JACKET | THE NORTH FACE | 560 | Polyvalence. Destinée au ski de rando avec des ouvertures garantissant une meilleure respirabilité, elle n’en reste pas moins une veste montagne. | Veste bien coupée, prête du corps mais n’empêchant pas des mouvements amples. Grandes ouvertures sous les bras permettant une bonne ventilation pendant l’effort, nombreuses et large poches. | Je reprends |
DOUDOUNE | FORCLAZ 300 | QUECHUA | 250 | prix, puis un essai concluant Garnissage 85% duvet 15% plumettes | Un rapport qualité / Prix bluffant! | Dans les mêmes conditions de température je reprends. Je serais curieux de pouvoir tester un modèle « similaire » chez TNF, RAB ou autres pour comparer. |
COLLANT | ENERGIZER – CHARCOAL | X BIONIC | 140 | j’avais besoin de renouveler ma garde de robe, pour l’occasion j’ai suivi les conseils de Mickael du Yéti | Utilisation uniquement en vêtement de bivouac. Chaud mais pas trop, confortable… | Je reprends |
SAC A DOS | UBIC 60+10 | MILLET | 1800 | volume important mais sac compressible permettant une utilisation intermédiaire. J’avais besoin d’un sac avec un encombrement acceptable pendant la phase d’approche vélo. | Parfait, ouverture facile, poche multiple, système d’attache matériel efficace. Un reproche néanmoins, sangle de maintien abdominale pas assez large et altérant le confort de portage. | Je reprends |
CHAUSSURE APPROCHE | MS WILD FIRE | SALEWA | 890 | Poids / Polyvalence / Confort | D’abord sélectionnée lors d’un précédent périple comme chaussures de dépannage, elles sont vites devenues incontournable. Super accroche (semelle Vibram) et chausson si confortable… | je reprends |
MONTRE ALTIMETRE GPS | AMBIT 3 | SUUNTO | 83 | Multifonction / application pc et téléphone permettant le chargement des données GPS | Oui, guidage GPS très utile et cohérent | Je reprends |
CASQUE | ELIOS | PETZL | 330 | Le modèle le plus adapté à mon tour de tête (61) – Utilisation à vélo si besoin | Oui, aucune sensation de gêne, bonne tenue sur la tête. | Je reprends |
POULIE TRACTION | MICRO TRACTION | PETZL | 30 | Pratique voire indispensable si besoin de sortie de crevasse | Pas utilisé pendant l’aventure | Je reprends |
DESCENDEUR | REVERSO 4 | PETZL | 59 | Polyvalence verso, reverso – Facilité d’utilisation | Oui, mon descendeur de tous les jours… | Je reprends |
BAUDRIER | AERO TEAM III | PETZL | 370 | Celui que j’utilise en salle et en falaise | Confortable, emplacement prévu pour les porte-matériels Caritool de la même marque, très pratique | Je reprends |
SANGLE | Fin anneau 120 | PETZL | 35 | Pratique pour les relais | Pas utilisé | Je reprends |
BROCHE A GLACE | LAZER SPEED (17cm) | PETZL | 143 | Materiel de base pour évolution sur glacier – dotation petzl | Pas utilisé mais très bonne impression à la prise en main | Je reprends |
CORDE | VOLTA® 9.2 mm | PETZL | 3300 | Corde multitype / poids mini Longueur 60 m | Oui, Manip de corde aisée et coloris la rendant très visible (ce qui n’est pas qu’un détail…) | Je reprends |
PIOLET | SUMMIT® | PETZL | 380 | Polyvalence | Très confortable dès que la pente devient forte | Je reprends |
DEGAINES | SPIRIT EXPRESS | PETZL | 93 | Dotation petzl | Pas utilisé mais très bonne impression à la prise en main | Je reprends |
MOUSQUETON (longe) | Am’D BALL-LOCK | PETZL | 75 | Forme adaptée à la préhension avec des gants | Une fois que le mouvement du pouce sur la « ball » devient presque un réflexe conditionné.. extra même avec des gants | Je reprends |
CADRE | VTT Alu – PRO RACE | LAPIERRE | Polyvalence / Robustesse. Utilisation depuis 2001, valeur sûre | |||
ROUES | CROSS RIDE | MAVIC | Robustesse / Polyvalence | Aucun souci malgré les 25 kg chargés à l’arrière et les 16 à l’avant | Je reprends les mêmes | |
PNEUMATIQUE | RANGE CRUIZER | SCHWALBE | 700 | Je voulais des pneus très orientés bitumes mais pouvant aussi être utilisés en « tout chemin » | Aucune crevaison, usure plus que raisonnable. Le compte est bon | Pour des conditions identiques, oui |
PORTE BAGAGES AV | Raider Front / Alu | ZEFAL | 750 | Légèreté / Prix / Adéquation avec le système de freinage à disque – Charge max : 18kg | Oui | Attention alu… si ça casse pas de réparation par soudage possible |
PORTE BAGAGES AR | Raider Universal / Alu | ZEFAL | 950 | Légèreté / Prix / Adéquation avec le système de freinage à disque – Charge max : 25kg | Oui | Attention alu… si ça casse pas de réparation par soudage possible |
SACOCHE GUIDON | MSX GUIDON 6L – Etanche | MSX | 920 | Une alternative à Vaude et Ortlieb, un prix plus raisonnable pour une sacoche technique et étanche | Hors le système de protège carte fragile et dont la fermeture reste pour moi un mystère, très bon matériel | Je garde la même mais j’améliore le système de protège carte. |
SACOCHES AV | ETANCHE – 40L (la paire), normalement destinées à l’arrière | CYCLO-RANDONNEES | Les sacoches étanches les moins onéreuses du marché. | Le système d’accrochage sur le porte bagage n’est pas très pratique. elles manquent de raidisseurs. Et après plus de 4 000 km d’aventure… ne sont plus étanches ! | Personnalisées par mes enfants, je vais avoir du mal à les laisser de côtés… | |
SACOCHES AR | 40L (la paire) – Etanche / avec rabat | MSX | 2460 | Une alternative à Vaude et Ortlieb, un prix plus raisonnable pour une sacoche technique. Pièces détachées disponibles pour les éléments de fixation | Mise à niveau avec un système d’accroche par poignée, rien à reprocher | J’avoue loucher sur les Vaude et ortlieb, mais les prix pratiqués sont un réel frein. L’investissement doit être comparé à l’utilisation. |